Israël prolonge la détention militaire de Mahmoud Nawajaa (BDS)

Dimanche, un tribunal militaire a prolongé de 15 jours la détention de Mahmoud Nawajaa, coordinateur général du mouvement BDS

Ali Abunimah, 2 août 2020

Affiche exigeant la libération de Mahmoud Nawajaa

Nawajaa, coordinateur général du mouvement BDS – boycott, désinvestissement et sanctions – a été kidnappé à son domicile de Ramallah par toute une compagnie de soldats de l’occupation.

Il est détenu sans accusation ni procès sur base d’allégations secrètes en provenance du Shin Bet, la police secrète israélienne.

Le Shin Bet prétend que Nawajaa appartient à une organisation « proscrite », qu’il lui a rendu des services et qu’il a communiqué avec d’autres dans le but d’effectuer des attentats, prétend Addameer, l’association en faveur des droits des prisonniers, qui le représente.

Nawajaa, 34 ans et père de trois enfants, qui a participé à l’audience du tribunal militaire via un lien vidéo, a énergiquement réfuté ces allégations.

« Un manuel de la répression »

Nawajaa s’est vu refuser toute rencontre avec ses avocats et le juge militaire n’a pas daigné prendre la moindre mesure pour veiller à ce qu’il soit détenu dans des conditions humaines et qu’il ne soit soumis ni à la torture ni à des mauvais traitements, a ajouté Addameer.

« L’audience de ce jour a suivi avec exactitude le manuel de la répression du Shin Bet, qui rappelle grandement l’apartheid en Afrique du Sud », a estimé Omar Barghouti, cofondateur du mouvement BDS. 

« Sans accusation ni l’ombre d’une preuve, ils dégoisent des mensonges éhontés sur les défenseurs des droits humains palestiniens, comme Mahmoud, afin de les calomnier et de faire en sorte qu’il soit plus facile pour les tribunaux militaires, généralement très expéditifs, de prolonger leur détention, les mauvais traitements et, tout aussi souvent, les interrogatoires particulièrement cruels »,

a ajouté Barghouti.

Lui-même, Barghouti a subi des intimidations et harcèlements réguliers de la part des autorités israéliennes. 

L’association dublinoise des droits de l’homme Front Line Defenders a déclaré qu’elle croyait que l’arrestation arbitraire de Nawajaa résultait « de son travail pacifique et légitime en faveur des droits humains ». 

Il n’y a aucune garantie que Nawajaa sera accusé ou relâché au bout de 15 jours. Israël pourrait lui infliger ce qu’on appelle une détention administrative, accompagnée d’un emprisonnement prolongé sans accusation ni procès.

Amnesty International a déclaré que la détention administrative était

« utilisée par les autorités israéliennes pour arrêter arbitrairement des individus en guise de châtiment pour les opinions et leurs affiliations politiques supposées et pour détenir des suspects qui ne pourraient être poursuivis et jugés en raison d’un manque de preuves admissibles ».

Actuellement, il y a plus de 360 détenus administratifs (sur 4700 prisonniers politiques Palestiniens) dans les prisons israéliennes.

Appel à la solidarité

Vendredi, le Comité national BDS palestinien (BNC) a lancé un appel mondial à l’action afin de contribuer à assurer la libération de Nawajaa.

Il presse les activistes à exiger de leurs gouvernements qu’ils condamnent l’arrestation de Nawajaa et qu’ils insistent pour qu’il soit libéré.

Mick Wallace, parlementaire européen pour l’Irlande, a qualifié l’arrestation de Nawajaa de « comportement intolérable » d’Israël et il a instamment invité le principal responsable des Affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell, à ne pas « se cantonner dans le silence ».  

Miguel Urbán, un membre espagnol du Parlement européen, a écrit à Borrell en lui demandant d’entreprendre des actions pour libérer Nawajaa et mettre un terme aux violations des droits de l’homme commises par Israël.

Urbán a insisté pour que soit suspendu l’accord associatif entre l’UE et Israël, que l’on fasse cesser le commerce d’armes, de même que le commerce de marchandises en provenance des colonies israéliennes illégales, et que l’on contribue à traîner en justice les Israéliens soupçonnés d’être des criminels de guerre.

Manu Pineda, chef de la délégation du Parlement européen pour les relations avec la Palestine, a qualifié l’arrestation de Nawajaa d’

« acte manifeste d’agression contre la Palestine et le mouvement BDS, accompagné de l’impunité émanant du soutien de Trump et de la passivité de l’UE ».

Podemos, le parti politique de gauche au Parlement européen, a condamné l’arrestation et a appelé à l’action afin de protéger les défenseurs des droits humains.

D’autres organisations militantes du monde entier réclament également du soutien et nombreuses sont celles qui utilisent le hashtag #FreeMahmoud :

https://www.ipsc.ie/apartheid/freemahmoud-irish-government-must-act-for-release-of-leading-palestinian-bds-activist


Publié le 2 août 2020 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal

Ali Abunimah, cofondateur de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country: A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse.

 

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