Frappes sur Tel-Aviv après la destruction par Israël d’immeubles de Gaza

La destruction rappelait des scènes de l’agression israélienne contre Gaza en 2014, quand Israël avait systématiquement détruit des immeubles à appartements – ce qui était un crime de guerre.

Tamara Nasser, 11 mai 2021

Mardi, malgré les mises en garde des groupes de la résistance palestinienne contre le ciblage des infrastructures civiles, Israël a délibérément choisi malgré tout de détruire une tour résidentielle à Gaza.

Des vidéos circulant sur les médias sociaux montrent comment un immeuble à appartements d’al-Hanadi s’est écroulé après avoir été frappé par un missile israélien.

La destruction rappelait des scènes de l’agression israélienne contre Gaza en 2014, quand Israël avait systématiquement détruit des immeubles à appartements – ce qui était un crime de guerre.

Mardi soir, en guise de riposte, l’aile militaire du Hamas, le mouvement de résistance palestinienne, a tiré quelque 130 roquettes sur Tel-Aviv et les zones environnantes.

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Il en est résulté qu’Israël a été forcé de fermer brièvement son principal aéroport pendant près de deux heures et de détourner les vols sur Chypre.

Apparemment, des roquettes de la résistance palestinienne ont également incendié un important oléoduc reliant la ville méridionale d’Ashkelon au port israélien d’Eilat :

 

Israël a donc pleinement anticipé la réaction qu’il allait déclencher après avoir frappé l’immeuble résidentiel à Gaza.

« Nous nous attendons à ce que cette puissante attaque contre cet immeuble de grande hauteur, qui a ébranlé tout Gaza, débouche sur de nombreux tirs contre Israël »,

a déclaré un porte-parole de l’armée israélienne à Haaretz, le quotidien de Tel-Aviv.

Les avions de combat et l’artillerie d’Israël ont frappé 140 sites de la bande de Gaza en état de siège, dont des logements civils, des quartiers résidentiels très peuplés, des usines, des terres agricoles et autres infrastructures, rapporte Al Mezan, une organisation des droits humains installée à Gaza.

Une frappe militaire israélienne a également touché la zone entourant l’hôpital indonésien dans la partie nord de Gaza, infligeant des dégâts à l’hôpital.  

« C’est un crime délibéré par lequel l’occupation vise des innocents et cherche désormais à les priver de soins médicaux »,

a fait savoir le ministère de la santé.  

Le ministère a ajouté que le centre médical Hala al-Shawa, dans le nord, était “complètement hors circuit “, suite à une frappe aérienne à proximité, ce qui empêche des milliers de Palestiniens, dont des mères et leurs enfants, de recevoir des soins.

Le tribut en vies humaines s’alourdit

Le ministère de la santé de Gaza rapporte que 32 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis lundi, dont 10 enfants, et qu’il y a plus de 200 blessés.

Le tribut en vies humaines pourrait encore s’alourdir vu l’annonce d’un nombre de plus en plus important de personnes grièvement blessées.

En Israël, trois personnes ont été tuées après que les factions de la résistance palestinienne ont lancé des barrages de roquettes en direction des villes d’Ashdod, d’Ashkelon et de la zone de Tel-Aviv.

Mardi, une frappe de l’armée israélienne a touché un immeuble de sept étages comptant treize appartements dans le camp de réfugiés de Gaza City’s Beach.

Amira Abd al-Fattah Subh, 63 ans, et son fils de 19 ans Abd al-Rahman Subh, qui requérait des soins spéciaux en raison d’une infirmité motrice cérébrale, ont été tués lors de l’attaque.

Quelques heures plus tard, des avions de combat israéliens ont frappé une haute tour résidentielle de quatorze étages à Gaza, tuant trois Palestiniens.

L’armée israélienne et son agence interne d’espionnage et de torture, le Shin Bet, ont admis que c’était une attaque ciblée visant à tuer Samah al-Mamluk, le chef de l’unité des missiles de l’aile militaire de l’organisation de résistance, le Djihad islamique.

La même frappe militaire a également tué Kamal Qreqe et Muhammad Abu al-Ata, eux aussi militants du Djihad islamique.

L’assassinat d’al-Mamluk par Israël fait écho à celui du frère de Muhammad Abu al-Ata, Baha, lui aussi dirigeant du Djihad islamique, en novembre 2019.

Des vidéos montrent des femmes et des enfants qui se précipitent vers l’extérieur du même immeuble enveloppé d’un nuage de poussière :  

 

Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a autorisé l’armée israélienne a rappeler 5 000 réservistes – mais on ne sait toujours pas exactement si l’armée va le faire.

Menace d’accroissement de la violence

Les dirigeants israéliens ont promis plus de violence encore contre les Palestiniens à Gaza tout au long de cette journée de mardi.

L’armée israélienne a « le pied sur la pédale des gaz », a déclaré un porte-parole militaire, alors que les bombardements de Gaza par Israël entraient dans leur deuxième journée.

« Il y a une destination, à Gaza, et elle s’appelle le Hamas », a déclaré le porte-parole, ajoutant que l’armée israélienne allait l’attaquer « avec une grande intensité ».

Une telle déclaration pourrait être une reconnaissance tacite de ce qu’Israël traite Gaza comme une unique cible militaire massive, effaçant ainsi les distinctions censées protéger les civils et les infrastructures civiles, même si les enfants constituent en gros plus de la moitié de la population de Gaza.

« Nous intensifierons les raids et nous accroîtrons leur rythme », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahou ce mardi, après qu’on eut rapporté que deux Israéliens avaient été tués à Ashkelon.

« Le Hamas va souffrir de frappes auxquelles il ne s’attend pas. »

Mardi, Gantz, le ministre de la Défense, a menacé les Palestiniens en disant que « pour chaque jour où ils tireront sur des citoyens israéliens, nous les renverrons des années en arrière ».

Gantz, en fait, n’a fait que ressortir les rodomontades de sa campagne de 2019, disant qu’en 2014, les bombardements avaient renvoyé Gaza à « l’âge de la pierre ».

En 2014, il était chef d’état-major de l’armée israélienne et c’est lui qui avait commandé l’offensive de 51 jours qui avait tué plus de 2 200 Palestiniens, dont 551 enfants.

Cinq enfants d’une seule et même famille

Lundi, une grenade propulsée par roquette a tué huit Palestiniens à l’est de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Parmi les victimes figuraient six enfants, révèle une enquête d’Al Mezan.  

L’organisation des droits humains n’a pas spécifié l’origine de la roquette.  Defense for Children International – Palestine (DCI-P) n’a pas confirmé non plus la cause de l’explosion.  

DCI-P a expliqué qu’au moment de l’incident, des avions de combat israéliens survolaient Gaza au moment même où des organisations de la résistance palestinienne lançaient des roquettes vers le sud d’Israël.

Cinq des enfants tués provenaient de la même famille : Ahmad Muhammad al-Masri, 21 ans, sa sœur Rahaf Muhammad al-Masri, 10 ans, ainsi que leurs cousins, les frères Marwan Yusef al-Masri, 7 ans, et Ibrahim Yusef al-Masri, 11 ans. La plus jeune victime avait deux ans : Yazan Sultan al-Masri.

Muhammad Ali Nuseir, 20 ans, Hussein Munir Hamad, 11 ans et Ibrahim Abdullah Hasanein, 16 ans, ont également été tués dans cette explosion.

Lundi encore, un avion de combat israélien a pris pour cible un champ cultivé à l’est de Jabaliya, dans le nord de Gaza, tuant Sabir Ibrahim Suleiman, 38 ans, et son fils de 16 ans, Muhammad Sabir Suleiman. Tous deux sont morts de leurs blessures après avoir été touchés par des shrapnels.

Sabir Suleiman, dit-on, était commandant dans l’aile militaire du Hamas.

Toujours ce lundi, un avion de combat israélien a pris pour cible Muhammad Abdallah Fayyad, 25 ans, alors qu’il traversait à pied le quartier d’al-Salah, à Beit Hanoun, le tuant sur le coup.

Une frappe aérienne israélienne a touché Khan Younis ce lundi, blessant trois Palestiniens. L’un d’eux, Salim Muhammad al-Farra, 37 ans, est mort de ses blessures le lendemain, fait savoir Al Mezan.

Un châtiment collectif

Israël a imposé un châtiment collectif à Gaza en durcissant encore le siège du territoire, qui se poursuit depuis 14 ans.

Il a complètement fermé le check-point de Kerem Shalom, le seul passage par lequel Israël permet à des marchandises d’entrer à Gaza ou d’en sortir, de même que le check-point d’Erez, le seul passage pour les personnes entre Gaza et Israël.

Ceci « menace les existences des patients qui se déplacent afin de recevoir des traitements médicaux » indisponibles dans la bande de Gaza, a déclaré Al Mezan.

De plus, Israël a complètement restreint la zone de pêche, ce qui vise directement l’économie de Gaza et de ses deux millions d’habitants.

Al Mezan a condamné ces mesures en disant qu’elles « étaient la continuation de la politique de châtiment collectif »

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Ali Abunimah a contribué à ce reportage.

Publié le 11 mai 2021 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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