À l’aube de 2022, Hisham Abou Hawash en est à son 138e jour de grève de la faim

Hisham Abou Hawash, gréviste de la faim palestinien emprisonné par l’occupation israélienne, en est aujourd’hui à son 138e jour de grève de la faim. Alors que le monde se prépare à accueillir l’année nouvelle, 2022, Hisham Abou Hawash est confronté à tout moment à un risque de mort ou de dégâts irréversibles pour sa santé. Sa grève de la faim se poursuit, alors que ses compagnons de rétention administrative ont confirmé qu’ils boycotteraient collectivement les tribunaux militaires israéliens à partir du 1er janvier 2022.

 

Hisham Abou Hawash durant sa grève de la faim

Samidoun, 31 décembre 2021

Hisham Abou Hawash, 40 ans, marié et père de cinq enfants (Hadi, Mohammed, Izz al-Din, Waqas et Saba), a entamé sa grève de la faim le 17 août 2021 afin de réclamer que soit mis fin à sa rétention administrative, autrement dit à son emprisonnement par Israël sans accusation ni procès. Tout au long de sa grève, il a été obligé maintes fois de faire l’aller et retour entre la clinique de la prison de Ramle – tristement réputée auprès des détenus palestiniens en raison de ses carences et négligences médicales – et de brèves visites dans des hôpitaux civils. L’occupation israélienne a évité de « suspendre » sa rétention administrative jusqu’au tout dernier moment possible ; aujourd’hui, avec un état de santé très déficient, Hisham poursuit néanmoins sa grève de la faim alors qu’il est gardé pour l’instant à l’hôpital civil israélien Assaf Harofeh.

Il souffre d’une vision floue, d’une incapacité de s’exprimer, de sévères atrophies musculaires et il est incapable de se déplacer ; sa lucidité et sa perception de ce qui se passe autour de lui ont fortement décru. Il est très visiblement émacié et souffre de douleurs extrêmes, tout en continuant de refuser la moindre nourriture s’il n’est pas remis en liberté. L’occupation israélienne est totalement responsable de la vie et de la santé de Hisham Abou Hawash, actuellement en grand danger après plus de quatre mois et demi de grève de la faim.

Du fait que sa rétention administrative a été suspendue le 26 décembre 2021, Hisham Abou Hawash peut désormais recevoir des visiteurs, dont ses enfants et des partisans venus de la Palestine ’48 occupée. Toutefois, il ne peut quitter l’hôpital ni être transféré vers un hôpital palestinien. Par conséquent, il reste de fait un prisonnier et il refuse de mettre un terme à sa grève de la faim, parce que, dès que sa santé s’améliorera, les autorités d’occupation israéliennes le soumettront à nouveau au régime de la rétention administrative.

Sa famille et ses compagnons prisonniers palestiniens ont insisté pour que des actions aient lieu afin de le libérer. À Berlin, Samidoun Allemagne a défilé dans les rues à la veille du Nouvel An, afin de mettre en évidence l’affaire de Hisham Abou Hawash et de réclamer sa libération immédiate.

 

 

Hisham Abou Hawash est détenu sans accusation ni procès depuis le 27 octobre 2020 et, depuis, sa rétention a été prolongée à diverses reprises. Alors que ses appels juridiques ont été rejetés à diverses reprises, sa détention a une fois de plus été prolongée pour quatre mois, alors qu’il était en grève de la faim. L’occupation israélienne a également refusé de confirmer qu’elle ne serait pas renouvelée une fois encore. Au cours de ses multiples arrestations, il a passé en tout 8 ans dans les prisons de l’occupation israélienne, dont 52 mois sans accusation ni procès, autrement dit, dans le cadre de la rétention administrative.

 

 

L’affaire Hisham Abou Hawash illustre exactement pourquoi plus de 500 Palestiniens emprisonnés sans accusation ni procès, dans le cadre de la rétention administrative, ont annoncé qu’ils lanceraient un boycott collectif des tribunaux militaires et cours d’appel israéliens, et ce, dès le 1er janvier 2022, puisque le système des tribunaux n’apporte qu’un vernis de légitimité à un régime qui, lui, est absolument illégitime.

Actuellement, environ 500 des 4 550 prisonniers politiques palestiniens sont emprisonnés sans accusation ni procès dans le cadre de la rétention administrative. Les ordonnances d’arrestation administrative ont d’abord été introduites en Palestine par le mandat colonial britannique et elles ont été adoptées plus tard par le projet sioniste afin de cibler les Palestiniens. Ces ordonnances peuvent couvrir une période de six mois à la fois et elles sont renouvelables à l’infini ; par conséquent, les Palestiniens sont emprisonnés pendant des années d’un seul tenant sans accusation, sans procès et sans même savoir quand ils seront libérés et même s’ils seront libérés.

Le Réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens demande instamment à tous les partisans de la Palestine d’entreprendre des actions afin de sauver la vie de Hisham Abou Hawash et de soutenir tous les prisonniers palestiniens en lutte pour leur liberté, pour leur propre vie et pour le peuple palestinien. Il est confronté au système de l’oppression israélienne sur les lignes de front, sa vie et sa santé sont en danger à tout moment, et ce, afin de mettre un terme au système de l’arrestation administrative. Organisez des actions pour soutenir Hisham Abou Hawash et ses compagnons prisonniers politiques, y compris au cours de la Semaine d’action en vue de libérer Ahmad Sa’adat et tous les prisonniers américains, qui sera organisée du 15 au 22 janvier 2022.

L’arrestation administrative – comme tout le système carcéral israélien – est une arme coloniale destinée à cibler la résistance palestinienne et à isoler les dirigeants de la lutte du peuple palestinien. Qu’on mette fin à l’arrestation administrative ! Qu’on libère tous les prisonniers palestiniens !

 

Déclaration des détenus administratifs à propos du boycott des tribunaux de l’occupation israélienne :

Poursuivre les efforts nationaux bien déterminés afin de mettre un terme à la pratique injuste de l’arrestation administrative contre les Palestiniens par les forces d’occupation, et dans le cadre des consultations intenses menées par le mouvement des prisonniers partout où la chose est possible afin d’organiser un large mouvement, par le biais d’un programme de lutte nationale auquel les détenus administratifs ont participé dans toutes les régions, prisons et centres de détention.

Poursuivre les démarches précédentes entreprises par les prisonniers administratifs afin d’affronter cette politique arbitraire et cette détention injuste et, alors que les tribunaux militaires israéliens sont une composante importante des efforts systémiques de l’occupation pour écraser toutes les forces actives de notre peuple, pour assiéger, piller et confisquer tout droit palestinien, y compris le droit à la liberté, ces tribunaux sont un outil barbare et raciste qui a brûlé des centaines d’années des existences des enfants palestiniens. Notre peuple vit sous le marteau de l’arrestation administrative, par l’entremise de tribunaux fictifs et parodiques, dont les décisions ont été préétablies par le commandant militaire de la région. Cette politique est menée contre les enfants, les femmes, les personnes âgées, les gens malades et contre la population en général.

Les cadres et activistes du peuple palestinien sont emprisonnés sous des justifications bancales dans le but de briser la volonté et la conscience de notre peuple.

Par conséquent, nous, le Comité des prisonniers administratifs, représentant tous les prisonniers administratifs des prisons de l’occupation, et en coordination avec tous les corps organisationnels des factions nationales et islamiques, annonçons ce qui suit :

Primo : Lancement de notre projet en vue d’boycott total des tribunaux militaires de l’occupation relatifs à l’arrestation administrative, dès la date du 1er janvier 2022, à tous les niveaux (première instance, appel et cour suprême) et sous le mot d’ordre : « Nous avons décidé en faveur de la liberté – et non de l’arrestation administrative. »

Cette campagne lancera, en coordination avec la Commission des affaires des prisonniers, la Société des prisonniers et d’autres institutions concernées, une démarche contraignante et générale et nous demanderons à toutes les institutions juridiques, à tous les juristes et avocats de nous soutenir dans notre démarche via un boycott de ces tribunaux qui traitent de l’arrestation administrative, avec référence au front juridique de ce cadre.

Secundo : Nous appelons notre libre et fier peuple palestinien dans tous les secteurs de sa présence, de ses forces et de ses factions nationales et islamiques, de ses syndicats d’étudiants, de travailleurs et autres professionnels, et de ses divers mouvements, de se préparer totalement à soutenir notre projet en tant que projet national visant à repousser l’attaque de l’occupant et de lever sa main oppressante qu’est l’arrestation administrative et qui cible aujourd’hui le moindre mouvement populaire, la moindre expression ou position qui s’oppose à l’occupation.

Tertio : Ce que notre peuple peut faire dans le cadre de son combat uni, en formulant un programme complet de soutien, c’est ce qui peut garantir la victoire pour toute bataille, y compris ce qui peut être fait via les médias et les médias sociaux, et en suivant toutes les voies juridiques et médiatiques, en plus de mettre en évidence ce projet auprès de tous les mouvements nationaux et populaires avec votre soutien réel et efficace.

Quarto : Notre message à tous les peuples libres et forces démocratiques du monde, à toutes les nations du monde et à toutes les institutions internationales et des droits humains : Soutenez notre juste cause, cessez de poser sur notre cou la guillotine de l’arrestation administrative et faites le siège de l’occupant, de ses agents et de ses juges de mort dans ses tribunaux militaires iniques.

Quinto : Le projet de notre boycott total des tribunaux débute sous une forme stratégique dans laquelle nous bâtirons sur tous les efforts qui ont été consentis au fil des années et durant les mois à venir, en nous préparant à une grève de la faim ouverte et collective au cas où l’occupant ne répondrait pas à nos justes revendications en conformité avec les normes des lois internationales.

Notre décision est : la liberté – non à l’arrestation administrative

Comité des prisonniers administratifs, 20 décembre 2021

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Publié le 31 décembre 2021 sur Samidoun
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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