Au moins 830 tués au cours de l’offensive « plus agressive » d’Israël

23 mars 2025. Des personnes rassemblées au Complexe médical Nasser à Khan Younis, dans le sud de Gaza, pleurent leurs êtres chers tués durant la nuit par les frappes israéliennes. (Photo : Doaa Albaz / ActiveStills)
Maureen Clare Murphy, 26 mars 2025
Au moins 39 personnes ont été tuées lors des attaques israéliennes contre Gaza mercredi, a fait savoir le ministère palestinien de la santé du territoire.
Quelque 124 autres ont été blessées alors qu’Israël a serré son étau contre la population de Gaza et se dirige, affirme-t-on, vers un contrôle direct prolongé du territoire sous une direction politique et militaire d’extrême droite plus unie.
Le ministère de la santé a déclaré que 830 personnes avaient été tuées à Gaza depuis que, le 18 mars, Israël avait repris ses attaques intensives par air, terre et mer. Près de 40 pour 100 de ces morts étaient des enfants, d’après le ministère.
Le nombre de morts à Gaza depuis le 7 octobre 2023 a dépassé ces derniers jours le seuil sinistre de 50 000 victimes confirmées, dont plus d’une moitié de femmes et d’enfants, d’après le ministère de la santé.

Le ministère de la Santé a publié un document de 1 516 pages répertoriant les noms de plus de 50 000 Palestiniens dont le décès a été confirmé à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Au total, 474 pages répertorient plus de 15 600 enfants. Sur les 27 premières pages, l’âge indiqué est 0 (enfants de moins d’un an).
Quelque 11 000 autres personnes ont été portées manquantes à Gaza, selon le bureau gouvernemental des médias à Gaza.
Entre-temps, Israël a émis de nouveaux ordres de transfert forcé affectant des dizaines de milliers de Palestiniens dans le nord de Gaza, y compris Jabaliya, Beit Lahiya, Beit Hanoun et Shujaiya, en recourant au prétexte du lancement de roquettes à partir de ces zones.
L’armée a également ordonné aux habitants de quitter des zones de Khan Younis et de Rafah dans le sud de Gaza.
Lundi, l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine, a déclaré que 124 000 habitants de Gaza avaient été déplacés ces derniers jours en raison de « bombardements incessants ».
Environ 15 pour 100 de Gaza fait actuellement l’objet d’ordres de déplacement forcé, estime le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui a déclaré que les 55 kilomètres carrés de Gaza affectés par ces mesures « correspondent à peu près à la superficie de Manhattan ».
L’armée israélienne a déclaré que, lundi, elle avait intercepté trois roquettes tirées depuis Gaza.
Le Djihad islamique, une faction palestinienne, a réclamé le crédit des projectiles qui, dit-on, n’ont fait ni blessés ni dégâts. Le Hamas a tiré des roquettes depuis Gaza en deux occasions, la semaine dernière, dont trois projectiles à longue portée visant la partie centrale d’Israël.
La plus longue suspension de l’aide à ce jour
Le bureau gouvernemental des médias à Gaza a déclaré qu’Israël avait coupé la fourniture d’électricité à l’usine de désalinisation de Deir al-Balah, menaçant de la sorte d’exacerber la crise de l’eau à Gaza et d’accroître la propagation de maladies
« parmi un environnement de santé en pleine détérioration et une grave pénurie de services médicaux ».
Depuis octobre 2023, Israël a empêché l’entrée du carburant destiné à la seule centrale électrique de Gaza, privant ainsi d’électricité des infrastructures vitales, y compris les hôpitaux et les ménages. Des milliers de lignes électriques et de transformateurs ont été détruits pendant la guerre, selon le bureau des médias.
Les passages vers Gaza sont restés fermés depuis le début mars, empêchant l’entrée de l’aide humanitaire et du carburant, en violation de l’accord de cessez-le-feu adopté en janvier.
Les Nations unies ont dit que l’actuelle fermeture des passages était « la plus longue suspension de ce genre » de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza depuis le 7 octobre 2023.
The Washington Post a rapporté que l’administration Trump à Washington avait été consultée avant qu’Israël ne coupe toute forme d’aide à destination de Gaza.
« Depuis le début mars, 15 000 camions humanitaires et 1 250 camions de carburant étaient censés entrer à Gaza »,
a déclaré le bureau gouvernemental des médias. L’absence d’aide et de carburant laisse présager
« une véritable catastrophe et une profonde crise humanitaire »,
a ajouté le bureau des médias.

24 mars 2025. Des tentes appartenant à des Palestiniens déplacés depuis le nord de Gaza sont dressées dans la ville de Gaza après les nouveaux ordres israéliens de déplacement. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)
Du fait des pénuries de carburant, les boulangeries ont cessé de produire du pain, ce qui a aggravé la crise alimentaire à Gaza, exposant l’enclave au risque d’une « famine imminente », a ajouté le bureau des médias.
Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA, a également déclaré que le durcissement du blocus contre Gaza
« rapprochait la population d’une crise aiguë de famine ».
Malgré le risque de famine, les Nations unies ont annoncé en début de semaine qu’elles allaient « réduire leur empreinte » à Gaza après qu’un ressortissant bulgare avait été tué par ce que l’ONU a décrit comme un tir de char israélien sur un bâtiment d’accueil, la semaine dernière.
« Environ un tiers des quelque 100 membres du personnel international opérant à Gaza seront provisoirement relocalisés »,
a déclaré l’agence d’information de l’ONU.
Badil, une organisation concentrée sur les droits des réfugiés palestiniens, a dit que la décision de l’ONU
« reflétait la façon dont Israël et ses alliés coloniaux dictaient l’ordre international en toute impunité ».
L’organisation a ajouté que le retrait du personnel de l’ONU
« mettait en lumière l’incapacité d’agir des institutions mondiales » et que « la protection de l’ONU devait s’accroître et non décroître »
face au génocide commis par Israël à Gaza.
L’armée israélienne démolit l’hôpital contre le cancer
Vendredi, l’armée israélienne a détruit l’hôpital de l’amitié turco-palestinienne, le seul hôpital de Gaza consacré au traitement du cancer. Le site avait cessé de fonctionner en novembre 2023 après avoir été ciblé par l’armée israélienne et, plus tard, il avait été transformé en casernements militaires, a déclaré le Centre palestinien pour les droits humains (CPDH).
Une vidéo circulant dans les médias sociaux avait montré que l’on avait dynamité l’hôpital lors d’une démolition contrôlée.
Les médias israéliens ont rapporté que l’armée enquêtait « sur la démolition apparemment non approuvée » de l’hôpital. Yehuda Vach, un général de brigade israélien, est soupçonné, dit-on, d’avoir ordonné la démolition du site sans approbation.
Le CPDH a déclaré que la destruction de l’hôpital constituait un crime de guerre, selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale – qui a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense. De plus, la démolition de l’hôpital inflige délibérément à un groupe des conditions de vie censées provoquer sa destruction en tout ou en partie, ajoute le CPDH, et cela constitue donc un acte génocidaire.
Une autre organisation palestinienne des droits humains, Al-Haq, a déclaré que le dynamitage de l’hôpital
« prouve l’impunité éhontée d’Israël et sa volonté de détruire tous les hôpitaux sans exception de la bande de Gaza ».
Dans un rapport publié un peu plus tôt ce mois-ci, une commission d’enquête indépendante de l’ONU a déclaré qu’Israël appliquait
« une politique concertée de destruction du système de soins de santé de Gaze ».

Des gens fouillent les débris d’un immeuble appartenant à la famille Agha et détruit lors d’une frappe israélienne à Khan Younis, dans le sud de Gaza, le 23 mars 2025. (Photo : Doaa Albaz / APA images)
La Société du Croissant-Rouge de Palestine a déclaré mercredi que le sort de neuf de ses travailleurs médicaux
« reste inconnu après qu’ils ont été ciblés par les forces d’occupation alors qu’ils accomplissaient leur devoir humanitaire à Rafah »,
dans le sud de Gaza, dimanche dernier.
Dimanche également, Israël a ciblé le département de chirurgie du Complexe médical Nasser à Khan Younis, tuant deux personnes et en blessant huit autres, tout en endommageant sévèrement une partie du plus important hôpital de référence du sud de Gaza.
Israël a admis avoir délibérément ciblé l’hôpital quand son ministre de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Ismail Barhoum, un membre de l’aile politique du Hamas, avait été tué lors de la frappe.
Plusieurs responsables de la direction civile du Hamas ont été tués lors de frappes israéliennes depuis le 18 mars dans ce qui s’avère être un effort en vue d’annihiler la capacité de la faction à garder le contrôle des affaires internes de Gaza.
Lundi, Israël a tué deux journalistes – le correspondant d’Al Jazeera Hossam Shabat et le reporter de Palestine Today Mohammad Mansour.
L’an dernier, dans ce qui avait été largement perçu comme une menace d’assassinat à peine voilée, Israël avait prétendu que Shabat, dont la voiture a été touchée par la frappe ciblée d’un drone, et cinq autres journalistes étaient des agents des ailes armées des factions palestiniennes.

Hossam Shabat. Voici son dernier message : « Si vous lisez ceci, c’est que j’ai été tué – très probablement pris pour cible – par les forces d’occupation israéliennes. Lorsque tout cela a commencé, je n’avais que 21 ans, j’étais un étudiant avec des rêves comme tout le monde. Au cours des 18 derniers mois, j’ai consacré chaque instant de ma vie à mon peuple. J’ai documenté minute par minute les horreurs commises dans le nord de Gaza, déterminé à montrer au monde la vérité qu’ils tentaient d’enterrer. J’ai dormi sur des trottoirs, dans des écoles, sous des tentes, partout où je le pouvais. Chaque jour était une bataille pour la survie. J’ai souffert de la faim pendant des mois, mais je n’ai jamais quitté mon peuple.
J’ai rempli mon devoir de journaliste. J’ai tout risqué pour rapporter la vérité, et aujourd’hui, je suis enfin en paix – quelque chose que je n’ai pas connu au cours des 18 derniers mois. J’ai fait tout cela parce que je crois en la cause palestinienne. Je crois que cette terre est la nôtre, et mourir en la défendant et en servant son peuple a été le plus grand honneur de ma vie.
Je vous le demande maintenant : ne cessez pas de parler de Gaza. Ne laissez pas le monde détourner le regard. Continuez à vous battre, continuez à raconter nos histoires, jusqu’à ce que la Palestine soit libre ».
– Pour la dernière fois, Hossam Shabat, depuis le nord de Gaza.
Al Mezan, une organisation palestinienne des droits humains, a déclaré que Shabat et Mansour (qui a été tué lors d’une frappe sur sa maison à Khan Younis) avaient été « ciblés délibérément » dans une situation d’« impunité totale » qui a permis l’assassinat de près de 200 journalistes depuis octobre 2023.
Les tactiques « plus agressives » d’Israël
Entre-temps, le Hamas a déclaré qu’il étudiait une proposition de « pont » avancée par l’envoyé spécial américain Steve Witkoff dans le but d’étendre le cessez-le-feu au mois d’avril afin de dégager plus de temps pour négocier une fin définitive de la guerre.
Le Hamas, dit-on, a accepté récemment un plan similaire proposé par l’Égypte en vue de relancer l’accord de cessez-le-feu.
Selon Haaretz, le plan consisterait en la libération de cinq captifs vivants détenus à Gaza, dont Edan Alexander, un soldat israélien de citoyenneté américaine. L’initiative égyptienne inclurait également « la fourniture d’informations à Israël quant au bien-être des otages », en échange de l’autorisation par Israël de l’envoi d’aide humanitaire à Gaza et de la fin des attaques.
Mais Israël « insiste sur la libération de 11 otages en vie, ce qui correspond à environ la moitié du nombre total d’otages détenus par le Hamas », selon Haaretz, qui citait une source israélienne impliquée dans les négociations.
Sur les plus de 250 otages capturés le 7 octobre 2023, il en reste 59 à Gaza, dont on estime que 24 sont toujours en vie.
Lundi, l’aile armée du Hamas a diffusé une nouvelle vidéo montrant deux Israéliens détenus à Gaza et elle a dit par la suite que les bombardements israéliens mettaient leur vie en danger.
Mais il s’avère que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et Israël Katz, le ministre israélien de la Défense, ont peu d’intérêt dans un cessez-le-feu permanent qui assurerait la libération des derniers captifs à Gaza.
Samedi, le cabinet de Netanyahou a approuvé une proposition de Katz en vue de créer un corps administratif qui faciliterait la migration « volontaire » depuis Gaza vers ce que le ministre de la Défense a déclaré « conforme à la vision du président américain Donald Trump » de relocaliser la population palestinienne hors du territoire. Apparemment, Trump a fait marche arrière, par rapport à cette vision, puisqu’il a dit récemment à un reporter que « personne n’expulsera le moindre Palestinien ».
Amos Harel, un analyste qui écrit pour Haaretz, a déclaré que la décision du cabinet « reflétait les préparations continuelles en vue d’une nouvelle reprise de Gaza par Israël », Gaza où un gouvernement militaire sera restauré dans tout le territoire – quelque chose qui n’a toujours pas été décidé officiellement par le cabinet.
The Washington Post a rapporté dimanche que « les nouvelles tactiques plus agressives » d’Israël consisteraient en « une version plus intense » du siège imposé au nord de Gaza l’an dernier.
Le plan de cette offensive était ce qu’on a appelé « le plan des généraux » qui visait à dépeupler le nord de Gaza via un siège, la famine et l’extermination – et toute personne qui serait restée après avoir reçu l’ordre de s’en aller aurait été traitée comme un combattant, ce qui transformerait effectivement la zone en une zone d’extermination.

23 mars 2025. Une explosion consécutive à une frappe de l’aviation israélienne contre un immeuble de la ville de Gaza. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)
Les tactiques d’une version « plus agressive » de cette campagne comprendraient probablement
« un contrôle militaire direct de l’aide humanitaire ; le ciblage intensifié de la direction civile du Hamas ; l’évacuation des femmes, des enfants et des non-combattants authentifiés en provenance des quartiers vers des « bulles humanitaires » et la mise sous état de siège de ceux qui resteraient ».
Cette approche est facilitée par une plus grande unité entre le gouvernement de Netanyahou et l’armée – avec sa nouvelle direction éprouvant plus de sympathie pour les dirigeants politiques d’extrême droite que celle qu’elle a remplacée – et par l’absence d’une opposition, ne serait-ce que verbale, émanant de l’administration Trump, à toute minimisation des dommages aux civils, a estimé The Washington Post.
Mais il existe toujours des désaccords apparents entre l’establishment politique d’une part et la sécurité et l’establishment militaire, d’autre part.
Yossi Kuperwasser, un ancien responsable des renseignements militaires israéliens, a expliqué au Post que l’establishment sécuritaire s’était opposé à retirer le Hamas du pouvoir parce que, selon ce scénario, l’armée israélienne « allait devoir diriger Gaza ».
Alors que certaines personnes des establishments politique et militaire préconisent un contrôle israélien direct sur Gaza, le scénario le plus vraisemblable pourrait être que l’actuelle escalade à Gaza vise à mettre la pression sur le Hamas dans le contexte des négociations – tout en risquant la vie des captifs restants.
Un responsable israélien resté anonyme a indiqué au Washington Post que l’escalade à Gaza était une forme de diplomatie coercitive et que la proposition de « pont » émanant de Witkoff était « toujours sur la table ».
Le recrutement militaire israélien est en baisse
Comme le fait remarquer l’analyste Harel, si le contrôle militaire direct prolongé de Gaza est en fait l’objectif stratégique d’Israël,
« il ne va pas de soi que l’armée israélienne sera à même de trouver assez de soldats pour réaliser un but aussi ambitieux ».
Selon Haaretz, certaines unités recrutent des volontaires dans les médias sociaux et proposent des incitatifs économiques vu la crainte que les réservistes, doutant de la direction stratégique de la guerre, ne se présentent pas au service en cas d’une nouvelle mobilisation de masse.
Les réservistes sont aujourd’hui menacés d’amendes par leurs commandants, ce qui va à l’encontre des procédures militaires, s’ils ne se présentent pas quand on les appelle. Des médias israéliens ont déclaré que l’actuel taux de recrutement n’était que de 60 pour 100, dans certaines unités.
Entre-temps, même un Hamas affaibli « reste un adversaire puissant », comme l’a dit Reuters dans un rapport publié la semaine dernière après avoir interviewé des sources proches de la faction, ainsi que des analystes israéliens et palestiniens.
« Dans les semaines qui ont précédé l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en janvier, le Hamas a tué des dizaines de soldats israéliens en recourant à la tactique de guérilla consistant à frapper et s’encourir, l’une des plus meurtrières de ce conflit »,
a expliqué Reuters.
Si elle tente un contrôle direct prolongé, l’armée israélienne devra faire face à la résistance à Gaza alors que l’establishment politique doit déjà affronter des protestations massives réclamant un retour négocié des captifs.
Vicky Cohen, la mère d'(un soldat israélien détenu à Gaza, a déclaré dans une interview réalisée par un journaliste de Haaretz, lors d’une manifestation à Jérusalem la semaine dernière, qu’
« Israël n’a jamais eu l’intention de passer par la deuxième phase » du cessez-le-feu.
Elle a ajouté que le renouveau de l’offensive ne cherchait pas à récupérer les captifs à Gaza, qui ont été abandonnés par le gouvernement israélien.
« Dans l’optique du gouvernement, il est temps de retourner à la guerre, de prendre sa revanche sur le Hamas et de l’abattre », a-t-elle dit. « Il n’a pas pu éliminer le Hamas en plus d’un an, comment va-t-il y arriver maintenant ? »
Danny Elagart, dont le frère Itzik a été tué alors qu’il était prisonnier à Gaza, a accusé le gouvernement israélien de sacrifier les captifs au profit de sa propre sauvegarde.
« Israël n’est ni démocratique ni juif. C’est une dictature messianique qui se sert des vies des civils par souci de rester au pouvoir »,
a dit Elagart mardi à des personnes qui manifestaient devant le cabinet de Netanyahou à Jérusalem.
Troubles intérieurs au milieu d’une prise de pouvoir par l’extrême droite
On estime à 200 000 le nombre d’Israéliens massés dans les rues de Tel-Aviv et de Jérusalem samedi soir pour protester contre la reprise des combats à Gaza et réclamer la libération des captifs.
Nombreux étaient les manifestants, qui incluaient des Israéliens de droite, des centristes et des gens de gauche, qui s’opposaient aussi aux démarches de Netanyahou en vue de virer d’importants responsables, dont le chef des renseignements, Ronen Bar, et le procureur général, Gali Baharav-Miara, et de consolider ce faisant son contrôle des institutions de l’État.
« Ces décisions ont ouvert la voie à une crise constitutionnelle »,
a rapporté l’Agence télégraphique juive (JTA).
« Les manifestants les décrivent comme une abrogation de la volonté populaire qui mettra en danger les 59 otages restants (…) ainsi que la démocratie israélienne. »
Le parlement israélien a approuvé le budget de l’État mardi, sauvegardant ainsi le gouvernement de coalition de Netanyahou et empêchant par la même occasion des élections anticipées.
« C’est un budget de guerre et, avec l’aide de Dieu, ce sera un budget de victoire »,
a déclaré laconiquement avant le vote Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances, d’extrême droite.
La sauvegarde du gouvernement permet à Netanyahou et à ses alliés de l’extrême droite d’aller de l’avant dans leurs efforts en vue de saper l’indépendance du système judiciaire israélien – des efforts qui ont déclenché des protestations massives dans tout le pays à la veille de l’attaque du 7 octobre 2023.
La stabilisation du gouvernement de coalition lui permettra également d’approuver l’exemption du service militaire obligatoire des juifs ultra-orthodoxes et de faire avancer des projets de loi officialisant l’annexion de fait de la terre palestinienne de la Cisjordanie occupée.
C’est jeudi que le parlement israélien se prononcera sur la législation proposée en vue de réformer le système judiciaire.
Benny Gantz, l’ancien ministre israélien de la Défense, aurait prévenu l’actuel ministre israélien de la Justice de ce qu’aller de l’avant avec le vote serait une « erreur » et qu’Israël était « au bord d’une guerre civile » – se faisant ainsi l’écho des commentaires formulés par Aharon Barak, l’ancien président de la haute cour israélienne, et rapportés par les médias la semaine dernière.
*****
Publié le 26 mars 2025 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine