Centres fermés : un jeune réfugié palestinien met fin à ses jours
Dans la nuit du 6 au 7 octobre, à 4 h du matin, Mahmoud, un jeune réfugié palestinien de 26 ans s’est donné la mort dans le centre fermé 127bis. Selon des proches, son suicide serait dû aux conditions inhumaines de détention.

Mahmoud Farag Ezzat Allah
Une enquête doit encore établir les conditions exactes de la mort de Mahmoud, mais une chose est certaine : ce sont les conditions de détentions et les violences structurelles imposées à Mahmoud et aux autres personnes détenues, qui sont responsables de sa mort.
Depuis trois mois, Mahmoud Farag Ezzat Allah était détenu aux côtés d’autres réfugiés palestiniens et personnes exilées enfermées. Cela faisait 3 ans qu’il essayait d’obtenir la reconnaissance de son statut de réfugié en Belgique.
Cette mort survient dans le cadre de la gestion politique raciste que l’Etat belge impose aux réfugié·es palestinien·nes, et ce en plein génocide. Depuis deux ans, des réfugié·es palestinien·nes sont arrêté·es et détenu·es en centre fermé. L’Etat belge fait peser sur chacun·e d’elles et eux le risque d’une déportation hors du territoire belge, alors que le peuple palestinien est systématiquement massacré par l’Etat israélien.
Selon plusieurs personnes détenues au centre fermé du 127bis, les conditions de détention sont terribles. La faim et l’insalubrité règnent. Les soins manquent et les violences des gardiens sont récurrentes.
Les codétenus de Mahmoud sont révoltés et entament une grève de la faim, informe Getting The Voice Out qui rapporte que ses codétenus déclarent
« Aujourd’hui c’est Mahmoud, demain c’est quelqu’un d’autre. Il faut faire quelque chose, la sécurité rigole de nous. Il faut faire quelque chose. »
Dans un témoignage publié le 7 octobre, Anas Hmam, un militant marocain lui aussi détenu depuis en centre fermé qui témoigne régulièrement des conditions de détention et des luttes avait rédigé une publication au sujet de Mahmoud :
« Il avait perdu sa mère. Il avait demandé à sortir pour faire son deuil. Il avait écrit. Il avait supplié. L’administration a ignoré. Le système l’a broyé. Le silence l’a tué.
Malgré une demande écrite de Mahmoud faite à la direction du centre afin de pouvoir vivre son deuil, rien n’a été mis en place par la direction du centre.
« C’est un meurtre politique. Un meurtre administratif. Un meurtre colonial. »
Un appel lancé pour manifester samedi 11 octobre, à 16h devant le 127 bis.
« Pas de recueillement. Pas de bougies. Du feu. De la rage. Du bruit. Les centres fermés sont des prisons racistes. […] Mahmoud est mort, d’autres sont [encore] enfermés. »
« Mahmoud était enfermé ici, comme tant d’autres gazaouis, non pas parce qu’ils ont commis un crime, mais parce qu’ils n’ont pas les bons papiers. Parce qu’ils ont fui une guerre, un blocus, un génocide, et on leur répond par des murs et des barreaux. »
De nombreux réfugiés palestiniens sont à l’heure actuelle détenus dans les différents centres fermés en Belgique. Depuis début septembre, la communauté palestinienne bruxelloise et le mouvement de solidarité avec la Palestine dénoncent une campagne de répression et des « rafles » à l’encontre des réfugiés palestiniens.
Près d’une dizaine d’arrestations et de mises en détention en centre fermé ont eu lieu depuis septembre, le plus souvent en marge de manifestation. Depuis plusieurs mois, des manifestations sont organisées devant le CGRA pour réclamer la reconnaissance du statut d’asile des réfugié·es palestinien·nes, la fin des détentions en centre fermé et contre les déportations vers la Grèce.
Les centres fermés sont des zones de non-droits où les conditions de détention sont déshumanisantes.
Chaque année des personnes détenues y meurent à cause de leur détention, parfois en se donnant la mort, d’autres fois dans des conditions plus floues. En 2024, nous dénombrions au moins 4 décès connus en centre fermé depuis 2020. Getting The Voice Out signale 2 à 3 décès par an en moyenne dans les centres fermés en Belgique.
Toutes nos pensées vont à ses proches ainsi qu’à ses codétenus.
Nous vous invitons à suivre le travail essentiel de Getting The Voice Out sur les luttes en centre fermés.
Suivez @anashmam52, qui relaye régulièrement les luttes en centre fermé et des informations.
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Sources :
Publications sur Instagram, @anashmam52
« Centres fermés en Belgique : décès et conditions inhumaines sous silence »
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Publié le 7 octobre sur Bruxelles Dévie
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En réponse à la détérioration des conditions de détention, Anas Siam, réfugié palestinien incarcéré dans le même centre de rétention dans lequel Mahmoud s’est donné la mort, a annoncé qu’il entamait une grève de la faim.
Il écrit : « Je suis détenu depuis 34 jours parce que je défends ma cause palestinienne. »
Anas entame sa grève de la faim en réponse à la mort d’un autre détenu palestinien dans un centre de rétention en Belgique, Mahmoud Farag Allah.
Le 7 octobre 2025, Mahmoud a refusé de continuer à vivre en détention, exigeant de pouvoir vivre libre, hors du contrôle de l’État fasciste belge.
Cette action fait également écho aux arrestations de trois autres Palestiniens en Belgique – Ahmed, Mahmoud et Ali, qui ont été arrêtés la semaine dernière.
Ils s’ajoutent aux quatre détenus connus – Hamouda, Fathi, Hussam et Anas.
Dans son dernier message avant de commencer sa grève de la faim, Anas déclare :
« Je me lance dans une grève de la faim parce que nous traversons vraiment des moments difficiles, moi et tous mes amis, et la police prendra mon téléphone car je vais entamer cette grève. J’espère que vous ne nous oublierez pas dans votre soutien. »
Alors qu’Anas met son corps et sa santé en jeu pour la libération de la Palestine et de ses camarades, il nous incombe de répondre à son appel. Alors que l’État belge et sa police cherchent à emprisonner le cœur du mouvement palestinien en Belgique, il nous revient de réagir. Il nous revient de clarifier que, peu importe combien ils tentent de nous intimider, combien d’entre nous ils arrêtent, combien ils forcent à abandonner notre lutte pour la vie, nous n’abandonnerons jamais la Palestine.