Les coupes sombres de Trump provoquent la «pire crise financière » de l’histoire de l’UNRWA

La pire crise financière de l'UNRWA qui aura ses retombées sur les enfants palestiniens

Des enfants palestiniens dans une école dirigé par UNRWA à Khan Younis dans la bande de Gaza occupée, septembre 2014. (Hosam Salem images APA)

« C’est la pire crise financière de l’histoire de l’UNRWA », a déclaré mercredi, dans The Electronic Intifada, Chris Gunness, le porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens.

Gunness a exprimé sa sévère mise en garde un jour après que l’administration Trump a annoncé des restrictions draconiennes dans les contributions américaines à l’organisation qui assure des soins de santé élémentaires, un enseignement et des services humanitaires d’urgence à quelque cinq millions de réfugiés palestiniens.

Mardi, le ministère américain des Affaires étrangères annonçait que les États-Unis allaient retenir plus de la moitié des 125 millions de dollars de financement censés être versés à l’UNRWA ce mois-ci.

Alors que 60 millions de dollars pouvaient être payés immédiatement, la porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Heather Nauert, a déclaré que le reste allait être « gelé » et « mis de côté afin d’être reconsidéré ultérieurement ».

En 2016, les États-Unis ont été le plus important donateur de l’UNRWA, fournissant près de 370 millions de dollars à l’agence, dont le budget total s’élevait à 1,2 milliard de dollars.

Ces restrictions confirment les menaces du président Donald Trump et de son ambassadrice à l’ONU Nikki Haley, ces dernières semaines, de sabrer dans le financement des Palestiniens en guise de représailles contre l’opposition de l’Autorité palestinienne à ce que les États-Unis reconnaissent Jérusalem comme capitale d’Israël et à son refus que les États-Unis sponsorisent des négociations de paix actuellement non existantes.

Haley aurait également insisté pour que le financement par les États-Unis soit supprimé complètement, bien que, précédemment, elle ait soutenu publiquement le travail de l’agence, entre autres par le biais d’un reportage photographique où on la voit en compagnie de très jeunes réfugiés, en juin dernier.

À l’époque, Haley avait dit dans un message sur Twitter que sa visite à l’école de l’UNRWA lui avait donné « l’occasion de s’entretenir avec des filles et femmes à propos de leur existence, de leurs espoirs et de leurs rêves ».

Mais, selon The Washington Post, le ministre américain des Affaires étrangères, Rex Tillerson, l’avait emporté sur Haley, lors de la bataille interne autour du financement.

Tillerson aurait soulevé le problème « personnellement avec Trump et assuré l’accord du président pour appuyer la position du ministère des Affaires étrangères » demandant que le financement ne soit pas entièrement supprimé.

Israël a également réclamé le démantèlement de l’UNRWA, dans le cadre de son aspiration à éliminer le soutien aux droits des réfugiés palestiniens qui restent en exil en raison du refus d’Israël de leur permettre de rentrer chez eux pour le simple fait qu’ils ne sont pas juifs.

La crise financière met la santé et l’avenir en jeu

L’impact est susceptible d’être ressenti immédiatement par une population parmi les plus vulnérables de la planète.

« Il y a en jeu l’accès et l’avenir de 525 000 garçons et filles de 500 écoles de l’UNRWA. De même que la dignité et la sécurité humaine de millions de réfugiés palestiniens, qui ont besoin de l’aide alimentaire d’urgence et d’autres formes de soutien en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza », a expliqué le commissaire générale de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl, suite à l’annonce des États-Unis. « En jeu, il y a l’accès des réfugiés aux soins de santé élémentaires, y compris les soins prénataux et autres services absolument vitaux. »

Krähenbühl a invité instamment les autres États et personnes donateurs du monde entier à « s’unir pour soutenir » le travail de l’UNWRA via des financements et donations destinés à remplacer la contribution des États-Unis.

Il a offert aux réfugiés palestiniens des garanties de ce que « nous travaillons avec une détermination absolue afin de faire en sorte que les services de l’UNRWA se poursuivent » et il a dit aux étudiants que les écoles resteraient ouvertes « de sorte que vous puissiez recevoir l’éducation à laquelle vous aspirez tant ».

Mais, en dépit de ces assurances, l’agence a déjà licencié des douzaines d’enseignants en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, ainsi qu’une centaine de travailleurs en Jordanie, pouvait-on lire mardi dans le journal israélien Haaretz.

L’UNRWA emploie quelque 30 000 personnes, dont la grande majorité sont des réfugiés palestiniens.

Face à cette crise, Krähenbühl a appelé les médecins, infirmières, directeurs d’école, enseignants, gardiens, travailleurs sanitaires, travailleurs sociaux et autres de l’agence à « être présents sur leurs lieux de travail afin de servir la communauté avec le même dévouement et engagement dont vous avez toujours fait preuve ».

Nécessité du soutien public

Apparemment, la déclaration de Krähenbühl répond aussi aux allégations américaines disant que l’agence a besoin de « réformes ». La porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Heather Nauert, a déclaré que les États-Unis allaient « jeter un coup d’œil sur l’UNWRA pour tenter de s’assurer que l’argent était dépensé de façon adéquate ».

« Le gouvernement américain a toujours fait l’éloge de notre impact élevé, de notre transparence et de notre sens des responsabilités », a déclaré Krähenbühl. « La chose a été confirmée à nouveau lors de ma dernière visite à Wahsington, en novembre 2017, quand tous les hauts responsables américains ont exprimé leur respect à l’égard du rôle de l’UNRWA et de l’efficacité de sa gestion. »

Depuis longtemps, l’agence est la cible de campagnes de diffamation de la part d’Israël et de ses groupes de pression, qui croient que son existence même maintient à l’ordre du jour la question des réfugiés palestiniens – qu’Israël perçoit comme une « menace démographique » sous le prétexte raciste qu’ils ne sont pas Juifs.

Dans un effort de mitiger l’impact sur le plan humain, l’UNRWA se tourne vers le public pour obtenir du soutien.

Son site internet a publié un appel aux donations publiques en réponse à la « réduction considérable du financement américain » et elle invite instamment les usagers des médias sociaux à soutenir l’agence via le hashtag #ForPalestineRefugees (pour les réfugiés palestiniens).

Mardi, UNRWA USA, une organisation caritative qui soutient le travail de l’UNRWA avec les Palestiniens, a diffusé un courriel pour demander des donations et qui lance en même temps une pétition afin d’inviter la Maison-Blanche à reconsidérer sa décision.


Publié le 17/1/2018 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal

ali-abunimah-21Ali Abunimah, journaliste palestino-américain est le cofondateur de ’The Electronic Intifadaet auteur des livres  One Country : A bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse et The battle for Justice in Palestine

On peut suivre Ali Abunimah sur Twitter : @AliAbunimah

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