Israël doit libérer tous les enfants palestiniens détenus dans ses prisons
DCI-Palestine : Vu la pandémie de COVID-19, Israël doit libérer tous les enfants palestiniens détenus dans ses prisons
Ramallah, 19 mars 2020 – En raison de la propagation rapide du virus COVID-19 dans le monde entier, Defense for Children International – Palestine invite les autorités israéliennes à prendre immédiatement des mesures en vue de libérer tous les enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Les enfants palestiniens emprisonnés par les autorités israéliennes vivent entassés les uns sur les autres, souvent dans des conditions sanitaires déplorables, avec un accès limité aux ressources nécessaires pour maintenir des habitudes hygiéniques minimales, montrent des documents rassemblés par DCI-P.
L’impact du COVID-19 est encore exacerbé par ces conditions de vie qui rendent de plus en plus vulnérables les enfants palestiniens enfermés dans les prisons et centres de détention israéliens.
À la date du 19 mars, quelque 573 Israéliens ont été déclarés positifs aux tests concernant le virus COVID-19, signale le quotidien Haaretz, qui dit encore que quatre Palestiniens détenus à la prison israélienne de Megiddo (au N-O de la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée), ont été placés en isolement après avoir été en contact avec un agent israélien positif au COVID-19.
La prison de Megiddo est l’un des divers centres de détention situés à l’intérieur d’Israël où sont emprisonnés les « prisonniers sécuritaires » palestiniens encore mineurs d’âge.
« Nous savons que la meilleure façon d’empêcher la propagation du COVID-19 est d’éviter que les gens se trouvent à proximité immédiate les uns des autres »,
a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation de DCI-P.
« En aucune façon, les autorités carcérales israéliennes ne sont en mesure de garantir la santé et le bien-être des enfants palestiniens détenus tant que ceux-ci continueront à devoir séjourner dans des conditions de détention. »
Une enquête de DCI-P avait révélé il y a quelque temps que les enfants palestiniens détenus à la prison de Damon étaient soumis à des conditions de détention très déplorables, dans des cellules exiguës, sans accès à des équipements de bain propres et privés.
De telles conditions accroissent les risques d’exposition à des conditions malsaines facilitant la propagation du virus COVID-19.
Selon les derniers chiffres émis par les Services pénitentiaires israéliens (IPS), fin décembre 2019, quelque 186 enfants palestiniens étaient détenus dans les prisons israéliennes.
Alors que les lois internationales requièrent que les enfants ne soient arrêtés que s’il n’y a vraiment pas d’autre recours, la détention « provisoire », avant procès, est la norme pour tous les enfants palestiniens arrêtés par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée.
Israël présente la particularité très douteuse d’être le seul pays au monde qui arrête automatiquement et systématiquement des enfants et les poursuit devant des tribunaux militaires où sont absolument absents tous les droits fondamentaux à un procès équitable ainsi que toute forme de protection.
Chaque année, Israël arrête et poursuit entre 500 et 700 enfants palestiniens devant ses tribunaux militaires.
Près de trois enfants palestiniens sur quatre arrêtés par les forces israéliennes font l’expérience de l’une ou l’autre forme de violence physique, renseigne la documentation collectée par DCI-P.
Depuis 1967, Israël recourt à deux systèmes juridiques bien distincts dans un même territoire.
En Cisjordanie occupée, les colons israéliens sont soumis au système juridique civil et pénal, alors que les Palestiniens vivent sous la loi martiale. Aucun enfant israélien n’entre jamais en contact avec un tribunal militaire.
Israël a ratifié la Convention (des Nations unies) relative aux droits de l’enfant en 1991, s’engageant ainsi a appliquer la totalité des droits et protections repris dans le traité, y compris le fait que les meilleurs intérêts de l’enfant doivent constituer une considération prioritaire dans toutes les décisions le concernant.
La Convention requiert que les enfants ne puissent être arrêtés que s’il n’y a vraiment pas d’autre recours, et elle oblige les États à garantir et protéger le droit à la vie, à la survie et au développement de l’enfant, sans oublier son droit à la santé.
À l’échelle mondiale, à la date du 18 mars, il y avait 191 127 cas de COVID-19 et 7 807 décès, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (BCAH ou OCHA) a rapporté que, le 19 mars, il y avait 47 cas confirmés de COVID-19 en Cisjordanie, la plupart à Bethléem et dans deux localités voisines. Il n’y avait pas de cas signalés dans la bande de Gaza, rapportait le BCAH.
Le 5 mars, dans une tentative d’endiguer la propagation du COVID-19, le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh a proclamé l’état d’urgence dans tout le territoire palestinien occupé.
Dans une déclaration prononcée le 19 mars, Michael Lynk, rapporteur spécial de l’ONU pour la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, a invité instamment Israël, l’Autorité palestinienne et le Hamas à se montrer à la hauteur de leurs responsabilités juridiques internationales en garantissant que le droit à la santé soit entièrement accordé aux Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, durant toute la durée de la pandémie de COVID-19.
« Le devoir juridique, fixé dans l’article 56 de la Quatrième Convention de Genève, requiert qu’Israël, la puissance occupante, doive assurer que tous les moyens préventifs nécessaires qui sont à sa disposition soient utilisés pour « combattre la propagation de maladies contagieuses et d’épidémies »,
a déclaré Michael Lynk.
Les autorités israéliennes doivent prendre des mesures immédiates en vue de libérer tous les enfants palestiniens détenus dans les prisons et centres de détention israéliens en raison de la vulnérabilité accrue occasionnée par la propagation mondiale rapide du COVID-19, et de sauvegarder ainsi leur droit à la vie, à la survie, au développement et à la santé, en conformité avec ce que requièrent les lois internationales.
Publié le 19 mars 2020 sur DCI-Palestine
Traduction : Jean-Marie Flémal
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