Archives de la Nakba: Israël occulte les preuves de l’expulsion des Palestiniens

Depuis le début de la dernière décennie, les équipes du ministère de la Défense parcourent inlassablement les archives locales et éliminent des séries entières de documents historiques afin d’occulter les preuves de la Nakba.

Il y a quatre ans (1), l’historienne Tamar Novick a été ébranlée par un document qu’elle avait découvert dans le dossier de Yosef Vashitz et qui provenait du Département arabe du parti de gauche Mapam, dans les archives de Yad Yaari à Givat Haviva. Le document, qui semblait décrire des événements ayant eu lieu durant la guerre de 1948, commençait ainsi :

« Safsaf [ancien village palestinien à proximité de Safed] – 52 hommes ont été capturés, on les a liés les uns aux autres, on a creusé une fosse et on les a abattus. Dix avaient toujours des soubresauts. Des femmes sont venues, ont imploré pitié. On a découvert les corps de 6 hommes plus âgés. Il y avait 61 corps, 3 cas de viol, un à l’est de Safed, une fille de 14 ans violée, 4 hommes abattus et tués. A l’un d’eux, on avait coupé les doigts avec un couteau afin de lui prendre sa bague. »

L’auteur poursuit en décrivant d’autres massacres encore, des pillages et des violences perpétrées par les forces israéliennes durant la guerre d’Indépendance d’Israël. « Il n’y a pas de nom sur le document et on ne voit pas clairement qui est derrière », explique Novick à Haaretz. « Il s’interrompt aussi au milieu. J’ai trouvé cela très dérangeant. Je savais que découvrir un tel document me rendait responsable d’expliquer ce qui s’était passé. »

Le village de Safsaf, en Haute-Galilée, a été pris par les Forces de défense israéliennes au cours de l’opération Hiram, vers la fin de 1948. Moshav Safsufa a été créé sur ses ruines. Au fil des années, on a prétendu que la Septième Brigade avait commis des crimes de guerre dans le village. Ces accusations sont étayées par le document découvert par Novick et dont les spécialistes ignoraient l’existence auparavant. Il pouvait également constituer une preuve supplémentaire de ce que les hautes instances de l’armée israélienne savaient pertinemment bien ce qui s’était passé, et en temps réel.

Novick décida de consulter d’autres historiens à propos du document. Benny Morris, dont les livres constituent des textes de base dans l’étude de la Nakba – la « catastrophe », comme disent les Palestiniens quand ils parlent de l’émigration de masse des Arabes du pays au cours de la guerre de 1948 – lui raconta que lui aussi était tombé sur des documents similaires dans le passé. Il faisait allusion à des notes réalisées par le membre du Comité central du Mapam, Aharon Cohen, sur base d’un briefing donné en novembre 1948 par Israel Galili, l’ancien chef d’état-major de la milice de la Haganah, qui allait devenir les FDI. Les notes de Cohen dans cet exemple, publié par Morris, disaient : « Safsaf – 52 hommes liés par une corde. Jetés dans un puits et abattus. 10 ont été tués. Les femmes ont demandé pitié. [Il y a eu] 3 cas de viol. Capturées et relâchées. Une fille de 14 ans a été violée. 4 autres ont été tuées. Anneaux de couteaux. »

La note de Morris (dans son ouvrage fondamental « La naissance du problème des réfugiés palestiniens, 1947-1949 ») explique que ce document a également été découvert dans les archives de Yad Yaari. Mais quand Novick y retourna pour examiner le document, elle fut étonnée de constater qu’il n’y était plus.

1949. Des réfugiés palestiniens initialement déplacés vers Gaza montent à bord de bateaux à destination du Liban ou de l’Egypte. (Photo : Hrant Nakashian/1949 Archives de l’ONU)

1949. Des réfugiés palestiniens initialement déplacés vers Gaza montent à bord de bateaux à destination du Liban ou de l’Egypte. (Photo : Hrant Nakashian/1949 Archives de l’ONU)

« J’ai d’abord pensé que Morris n’avait pas été exact dans sa note, qu’il s’était peut-être trompé », rappelle Novick. « Il m’a fallu du temps pour envisager la possibilité que le document ait tout simplement disparu. » Quand elle demanda aux préposés où se trouvait le document, on lui répondit qu’il avait été mis sous clé à Yad Yaari – par ordre du ministère de la Défense.

Depuis le début de la dernière décennie, le ministère de la Défense parcourt inlassablement les archives d’Israël et élimine des documents historiques. Mais il ne s’agit pas que de documents relatifs au projet nucléaire d’Israël ou aux relations étrangères du pays qui doivent être transférés dans des chambres fortes : des centaines de documents ont été dissimulés dans le cadre d’un effort systématique d’occulter les preuves de la Nakba.

Le phénomène a d’abord été détecté par l’Institut Akevot de recherche sur le conflit israélo-palestinien. Selon un rapport établi par l’institut, l’opération est dirigée par le Malmab, le département très secret de la sécurité du ministère de la Défense (le nom est un acronyme hébreu pour « directeur de la sécurité de l’institution de la défense »), dont les activités et le budget sont classifiés. Le rapport affirme que le Malmab a éloigné illégalement des documents historiques et sans l’autorité pour le faire et, au moins dans certains cas, a mis sous scellés des documents qui avaient été précédemment empêchés d’être édités par la censure militaire. Certains des documents placés dans des chambres fortes avaient déjà été publiés.

Un rapport d’enquête de Haaretz a découvert que le Malmab avait dissimulé des témoignages de généraux des FDI sur des massacres de civils et sur la démolition de villages, ainsi que de la documentation sur l’expulsion de Bédouins au cours de la première décennie d’existence de l’État. Des entretiens menés par Haaretz avec des directeurs d’archives tant publiques que privées ont révélé que le personnel du département de la sécurité avait traité les archives comme si elles étaient sa propriété ; dans certains cas, le personnel avait même menacé les directeurs mêmes des archives.

Yehiel Horev, qui a dirigé le Malmab pendant deux décennies jusqu’en 2007, a reconnu dans un entretien avec Haaretz qu’il avait lancé le projet, toujours en cours actuellement. Il s’obstine à prétendre qu’il est logique de masquer les événements de 1948, parce que les révéler déclencherait des troubles parmi la population arabe du pays. Quand on lui a demandé quelle était l’utilité de retirer des documents qui avaient déjà été publiés, il a expliqué que l’objectif était de saper la crédibilité des études sur l’histoire du problème des réfugiés. Du point de vue de Horev, une allégation faite par un chercheur qui s’appuie sur un document original n’est pas la même qu’une allégation qui ne peut être prouvée ou réfutée. 

Le document recherché par Novick aurait pu consolider le travail de Morris. Durant l’enquête, Haaretz parvint en fait à retrouver la note d’Aharon Cohen, qui résumait une réunion du Comité politique du Mapam à propos des massacres et des expulsions de 1948. Les participants à la réunion demandaient de pouvoir coopérer avec une commission d’enquête censée investiguer sur les événements en question. L’un des cas discutés par le comité concernait des « actions graves » menées dans le village d’Al-Dawayima, à l’est de Kiryat Gat. A ce propos, un participant mentionna la milice clandestine du Lehi, dissoute à l’époque. Des actes de pillage furent également rapportés : « Lod et Ramle, Be’er Sheva, il n’y a pas un seul magasin [arabe] qui n’ait été cambriolé. La 9e Brigade cite le chiffre de 7, la 7e Brigade dit 8. »

« Le parti », explique le document vers la fin, « s’oppose à l’expulsion si celle-ci n’est pas justifiée militairement. Il existe diverses approches concernant l’évaluation de cette nécessité. Et il vaut mieux qu’il y ait des explications supplémentaires. Ce qui s’est passé en Galilée, ce sont des actes nazis ! Chacun de nos membres doit rapporter ce qu’il sait ! »

La version israélienne

L’un des documents les plus fascinants sur l’origine du problème des réfugiés palestiniens a été rédigé par un officier du Shai, le précurseur du service de sécurité du Shin Bet. Il explique pourquoi le pays a été vidé de tant de ses habitants arabes et il s’attarde sur les circonstances de chaque village. Rédigé fin juin 1948, il était intitulé « L’émigration des Arabes de Palestine ».

Lisez ici une traduction du document

Ce document constitua la base d’un article publié en 1986 par Benny Morris. Après la parution de l’article, le document fut retiré des archives et fut rendu inaccessible aux chercheurs. Des années plus tard, l’équipe du Malmab réexamina le document et ordonna qu’il reste classifié. Ils ne pouvaient savoir que, quelques années plus tard, des chercheurs d’Akevot allaient découvrir une copie du texte et qu’ils allaient soumettre à la censure militaire, laquelle autorisa sa publication sans y mettre de conditions. Aujourd’hui, après avoir été dissimulé des années durant, l’essentiel du document est révélé dans le présent article.

Le document de 25 pages débute par une introduction qui approuve carrément l’évacuation des villages arabes. Selon l’auteur, le mois d’avril « était excellent pour un accroissement de l’émigration », alors que mai « fut béni par l’évacuation d’un maximum d’endroits ». Le rapport aborde alors « les causes de l’émigration arabe ». Selon la version israélienne, elle fut ventilée sur les années et la responsabilité de l’exode hors d’Israël incombe aux hommes politiques arabes qui ont encouragé le départ de la population. Toutefois, selon le document, 70 pour 100 des Arabes s’en allèrent suite aux opérations militaires juives.

1er Janvier 1950. Des enfants palestiniens attendent la distribution de lait per l’UNICEF au convent des soeurs franciscaines de Nazareth. Photo : Archives AW / UN

1er Janvier 1950. Des enfants palestiniens attendent la distribution de lait per l’UNICEF au convent des soeurs franciscaines de Nazareth. Photo : AW / UN.

L’auteur – resté anonyme – du texte range les raisons du départ des Arabes par ordre d’importance.  La première raison, ce sont « les actes juifs d’hostilité directe contre les sites arabes d’implantation ». La deuxième raison fut l’impact de ces actions sur les villages voisins. En trois, « les opérations des dissidents », à savoir les clandestins de l’Irgoun et du Lehi. En quatre, l’exode arabe résulta d’ordres émanant des institutions et ‘gangs’ arabes (c’est ainsi que le document désigne tous les groupes arabes combattants) ; la cinquième raison fut les « ‘opérations de bouche à oreille’ des juifs pour amener les habitants arabes à fuir » ; et le sixième facteur fut les « ultimatums d’évacuation ».

L’auteur affirme que, « sans aucun doute, l’hostilité des opérations fut la principale cause du déplacement de la population ». En outre, « des haut-parleurs en langue arabe prouvèrent leur efficacité lors des occasions où ils furent utilisés correctement. » Quant aux opérations de l’Irgoun et du Lehi, le rapport fait remarquer que « de nombreux villages de la Galilée centrale se mirent à fuir suite à l’enlèvement des notables de Sheikh Muwannis [un village au nord de Tel-Aviv]. Les Arabes apprirent qu’il ne suffisait pas de bricoler un arrangement avec la Haganah alors qu’il y avait d’autres juifs [c’est-à-dire les milices dissidentes] dont il y avait lieu de se méfier. »

L’auteur fait remarquer que les ultimatums concernant le départ furent particulièrement utilisés en Galilée centrale, et moins dans la région de Mont Gilboa. « Naturellement, la déclaration de cet ultimatum, de même que l’effet du ‘conseil amical’, vinrent après une certaine préparation du terrain, au moyen d’actions hostiles dans la zone. » 

Un appendice au document décrit les causes spécifiques de l’exode depuis chacune des dizaines de localités arabes : Ein Zeitun« la destruction du village par nos soins » ; Qeitiya« harcèlement, menace d’action » ; Almaniya « notre action, de nombreux tués » ; Tira« conseil d’amis de la part des juifs » ; Al’Amarir« après des vols et des meurtres commis par les dissidents » ; Sumsum « notre ultimatum » ; Bir Salim« attaque contre l’orphelinat » ; et Zarnuga« conquête et expulsion ».

Au quart de tour

Au début des années 2000, le Centre Yitzhak Rabin a organisé une série d’interviews d’anciennes personnalités publiques et militaires dans le cadre d’un projet de description de leurs activités au service de l’État. Le bras long du Malmab fit également main basse sur ces interviews. Haaretz, qui avait obtenu les textes originaux de plusieurs de ces interviews, les compara aux versions actuellement accessibles au public, après que d’importantes quantités de ces textes eurent été déclarés classifiés.

Parmi ceux-ci, par exemple, des passages entiers du témoignage du général de division (réserviste) Aryeh Shalev à propos de l’expulsion au-delà de la frontière des résidents d’un village qu’il appelait « Sabra ». Plus loin dans l’interview, les phrases suivantes ont été effacées : « Il y eut un très grave problème, dans la vallée. Des réfugiés voulaient y retourner, dans le Triangle [une concentration de villes et villages arabes dans l’est d’Israël]. Nous les avons chassés. Je les ai rencontrés afin de les persuader de ne pas vouloir revenir. J’ai des papiers, à ce propos. »

Dans un autre cas, le Malmab décida d’occulter le passage suivant d’une interview du major-général (de réserve) Elad Peled par l’historien Boaz Lev Tov :

Lev Tov : « Nous parlons d’une population – des femmes et des enfants ? »

Peled : « Tout. Oui, tout. »

Lev Tov : « Vous ne faites pas de distinction entre eux ? »

Peled : « Le problème est très simple. Il y a la guerre entre deux populations. Ils sortent de leurs maisons. »

Lev Tov : « Si la maison existe, ils ont un endroit où retourner, non ? »

Peled : « Ce ne sont pas encore des armées, ce sont des bandes. Nous aussi, en fait, nous sommes des bandes. Nous sortons de la maison et nous retournons à la maison. Ils sortent de la maison et retournent à la maison. C’est soit leur maison, soit notre maison. »

Lev Tov : « Les scrupules appartiennent à la génération plus récente ? »

Peled : « Oui. Celle d’aujourd’hui. Quand je suis en chaise roulante ici et que je réfléchis à ce qui s’est passé, toutes sortes de pensées me viennent à l’esprit. »

Lev Tov : « Ce n’était pas le cas à l’époque ? »

Peled : « Voyez, permettez-moi de vous raconter une chose moins jolie même, cruelle, à propos du grand raid contre Sasa [un village palestinien en Haute-Galilée]. Le but était en fait de les dissuader, de leur dire, ‘Chers amis, le Palmach [les ‘troupes de choc’ de la Haganah] peut atteindre n’importe quel endroit, vous n’êtes pas à l’abri.’ C’était le cœur de l’implantation arabe. Mais qu’est-ce que nous avons fait ? Ma section a fait sauter 20 maisons avec tout ce qui se trouvait à l’intérieur. »

Lev Tov : « Alors que des gens y dormaient ? »

Peled : « Je suppose. Ce qui s’est produit là, c’est que nous sommes venus, nous sommes entrés dans le village, avons planté une bombe contre chaque maison et, après cela, Homesh a soufflé dans une trompette, parce que nous n’avions pas de radios, et ce fut le signal [pour nos forces] de nous en aller. Nous faisons demi-tour en courant, les artificiers restent, ils tirent. Tout cela, c’est primitif. Ils allument la mèche ou tirent le détonateur et toutes ces maisons sont parties. »

1948. Des soldats du FDI gardant des Palestiniens à Ramle. Collection de Benno Rothenberg/The IDF and Defense Establishment Archives

1948. Des soldats du FDI gardant des Palestiniens à Ramle. Collection de Benno Rothenberg/The IDF and Defense Establishment Archives

Un autre passage que le ministère de la Défense a voulu dissimuler au public venait de l’entretien du Dr Lev Tov avec le major-général Avraham Tamir.

Tamir : « J’étais sous les ordres de Chera [le major-général Tzvi Tzur, plus tard chef d’état-major des FDI] et j’avais d’excellentes relations de travail avec lui. Il me donnait toute liberté d’agir – ne me posez pas de questions – et il se faisait que j’étais chargé de l’état-major et du travail des opérations pendant deux développements dérivant de la politique du Premier ministre David Ben-Gourion. Un de ces développements se produisit quand des rapports arrivèrent à propos de marches de réfugiés venus de Jordanie pour se rendre dans des villages abandonnés [en Israël]. Et alors Ben-Gourion décida comme mesure de nous faire démolir les villages de façon qu’ils n’aient plus d’endroit où retourner. C’est cela, tous les villages arabes, dont la plupart étaient dans la zone couverte par le Commandement central, enfin, la plupart d’entre eux. »

Lev Tov : « Ceux qui étaient toujours debout ? »

Tamir : « Ceux qui n’étaient pas encore habités par des Israéliens. Il y avait des endroits où nous avions déjà installé des Israéliens, comme Zakariyya et d’autres. Mais la plupart d’entre eux étaient toujours des villages abandonnés. »

Lev Tov : « Qui étaient toujours debout ? »

Tamir : « Debout. Il était nécessaire qu’il n’y ait pas de place où ils puissent retourner, de sorte que j’ai mobilisé tous les bataillons du Génie du Commandement central et, dans les 48 heures, j’ai fait détruire complètement tous les villages. Point final, Ils n’avaient plus d’endroits où retourner. »

Lev Tov : « Sans hésitation, j’imagine. »

Tamir : « Sans hésitation. Telle était la politique. J’ai mobilisé, j’ai mis tout sur pied et j’ai fait la besogne. »

Des caisses dans des chambres fortes

La chambre forte du Centre de recherche et de documentation de Yad Yaari se trouve à un niveau en dessous du niveau du sol. Dans la chambre forte, en fait, une petite pièce bien protégée, se trouvent des piles de caisses contenant des documents classifiés. Les archives hébergent les documents du mouvement Hashomer Hatzair, du mouvement du Kibboutz Ha’artzi, du Mapam, de Meretz et d’autres organisations telle Peace Now.

Le directeur des archives est Dudu Amitai, également président de l’Association des archivistes d’Israël. Selon Amitai, le personnel du Malmab a régulièrement rendu visite aux archives entre 2009 et 2011. Le personnel des archives raconte que des équipes du département de la sécurité – deux retraités du ministère de la Défense qui n’ont aucune formation dans le traitement des archives – se pointaient deux ou trois fois par semaine. Ils cherchaient des documents en fonction de mots clés comme « nucléaire », « sécurité » et « censure », et ils consacraient également beaucoup de temps à la guerre d’Indépendance et au sort des villages arabes d’avant 1948.

« A la fin, ils nous ont soumis un résumé, en disant qu’ils avaient situé quelques douzaines de documents sensibles », déclare Amitai. « Ordinairement, nous ne prenons pas des dossiers à part, et ainsi, des douzaines de dossiers, dans leur totalité, se sont retrouvés dans notre chambre forte et ont donc été retirés du catalogue public. » Un dossier peut contenir plus d’une centaine de documents.

L’un des dossiers mis sous scellés traite du gouvernement militaire qui a contrôlé les existences des citoyens arabes d’Israël de 1948 à 1966. Pendant des années, les documents ont été entreposés dans la même chambre forte, restant ainsi inaccessibles aux érudits. Récemment, suite à une requête introduite par le professeur Gadi Algazi, un historien de l’Université de Tel-Aviv, Amitai a examiné le dossier lui-même et a décidé qu’il n’y avait aucune raison de ne pas le retirer des scellés, n’en déplaise à l’avis contraire du Malmab.

Selon Algazi, il pourrait y avoir plusieurs raisons à la décision du Malmab de garder ce dossier classifié. L’une a trait à une annexe secrète qu’elle comporte d’un rapport établi par une commission qui avait examiné l’opération du gouvernement militaire. Le rapport traite presque entièrement de litiges sur la propriété des terres entre l’Etat et les citoyens arabes et il ne concerne pour ainsi dire pas des questions de sécurité. 

Une autre possibilité réside dans un rapport de 1958 émanant du comité ministériel qui a supervisé le gouvernement militaire. Dans l’un des appendices secrets du rapport, le colonel Mishael Shaham, un officier supérieur du gouvernement militaire, explique qu’une raison de ne pas démanteler l’appareil de la cour martiale n’est autre que le besoin de restreindre l’accès des citoyens arabes au marché de l’emploi et d’empêcher la restauration des villages détruits.

Une troisième explication possible au fait d’avoir dissimulé le dossier concerne un témoignage historique non publié précédemment à propos de l’expulsion des Bédouins. A la veille de la création d’Israël, près de 100 000 Bédouins vivaient dans le Néguev. Trois ans plus tard, leur nombre était retombé à 13 000. Dans les années de la guerre d’indépendance et celles qui ont suivi, un certain nombre d’opérations d’expulsion ont été menées dans le sud du pays. Dans l’un des cas, les observateurs des Nations unies ont rapporté qu’Israël avait chassé 400 Bédouins de la tribu des Azazma et ils citaient des témoignages prétendant que des tentes avaient été incendiées.

L’évacuation d’Iraq al-Manshiyya, près de la localité actuelle de Kiryat Gat, en mars 1949. Collection de Benno Rothenberg/Archives des FDI et de l’institution de la Défense
L’évacuation d’Iraq al-Manshiyya, près de la localité actuelle de Kiryat Gat, en mars 1949. Collection de Benno Rothenberg/Archives des FDI et de l’institution de la Défense

La lettre qui figure dans les documents classifiés décrit une expulsion similaire qui a eu lieu aussi tard qu’en 1956, et qui est de la plume du géologue Avraham Parnes :

« Voici un mois, nous avons visité Ramon [un cratère]. Les Bédouins de la zone de Mohila sont venus à nous avec leurs troupeaux et leurs familles pour nous demander de rompre le pain avec eux. J’ai répondu que nous avions beaucoup de travail et que nous n’avions pas le temps. Lors de notre visite, cette semaine, nous avons de nouveau mis le cap sur Mohila. Au lieu des Bédouins et de leurs troupeaux, il y régnait un silence de mort. Des dizaines de carcasses de chameaux étaient disséminées dans la zone. Nous avons appris que, trois jours plus tôt, les FDI avaient attrapé les Bédouins et détruit leurs troupeaux – les chameaux en les abattant, les moutons en les tuant à la grenade. L’un des Bédouins qui s’était mis à réclamer, fut tué sur place. Les autres s’étaient enfuis. »

Le témoignage se poursuivait : « Deux semaines plus tôt, on leur avait ordonné de rester là où ils étaient pour l’instant et, par la suite, on leur avait ordonné de s’en aller et, pour que les choses aillent plus vite, on avait massacré 500 têtes des troupeaux… L’expulsion fut exécutée avec ‘efficacité’. » La lettre se poursuit en citant ce que l’un des soldats avait dit à Parnes, selon le témoignage de ce dernier : « Ils ne s’en iront pas tant qu’on n’aura pas liquidé leurs troupeaux. Une jeune fille d’environ 16 ans s’est approchée de nous. Elle avait un collier de perles et de serpents de cuivre jaune. Nous avons brisé le collier et chacun d’entre nous a emporté une perle en guise de souvenir. »

A l’origine, la lettre avait été adressée à Yaakov Uri, député à la Knesset pour le Mapai (prédécesseur du Parti travailliste), qui la transmit au ministre du Développement Mordechai Bentov (Mapam). « Sa lettre m’a choqué », écrivit Uri à Bentov. Ce dernier fit circuler la lettre parmi tous les ministres du cabinet, en écrivant : « Mon opinion est que le gouvernement ne peut simplement ignorer les faits relatés dans cette lettre. » Bentov ajouta qu’à la lumière du contenu répugnant de la lettre, il avait demandé à des spécialistes de la sécurité d’en vérifier la crédibilité. Ils avaient confirmé que le contenu « était généralement conforme à la vérité ».

L’excuse nucléaire

Ce fut pendant la durée des fonctions de l’historien Tuvia Friling en tant qu’archiviste en chef d’Israël, de 2001 à 2004, que le Malmab effectua ses premières incursions dans les archives. Ce qui débuta comme une opération destinée à empêcher la fuite de secrets nucléaires, explique-t-il, devint au fil du temps un projet de censure à grande échelle.

« J’ai démissionné au bout de trois ans et ce fut l’une des raisons », explique le Pr Friling. « La classification imposée au document sur l’émigration des Arabes en 1948 est précisément un exemple de ce qui nourrissait mes appréhensions. Le stockage et le système des archives n’est pas un bras des relations publiques de l’Etat. S’il y a bien quelque chose qu’on n’aime pas… Eh bien, c’est la vie. Une société saine tire aussi des leçons de ses erreurs. »

Pourquoi Friling a-t-il permis au ministère de la Défense d’avoir accès aux archives ? La raison, dit-il, était l’intention de permettre au public l’accès au matériel archivé via Internet. Dans les discussions concernant les implications de la digitalisation du matériel, on se dit préoccupé de ce que des références des documents à « certain sujet » seraient rendues publiques par erreur. Le sujet, naturellement, n’est autre que le projet nucléaire israélien. Friling insiste sur le fait que la seule autorisation qu’ait reçue le Malmab concernait la recherche de documents sur cette unique question. 

Mais l’activité du Malmab n’est qu’un exemple d’un problème plus large. Friling fait remarquer : « En 1998, la confidentialité des plus anciens documents des archives du Shin Bet et du Mossad a expiré. Pendant des années, ces deux institutions n’ont cessé d’afficher leur mépris envers le responsable national des archives. Quand j’ai repris le poste, ils ont demandé que la confidentialité de tout le matériel soit portée [de 50] à 70 ans, ce qui est ridicule puisque la quasi-totalité du matériel peut être ouverte. »

En 2010, la période de confidentialité fut effectivement portée à 70 ans ; en février dernier, elle fut de nouveau allongée, jusqu’à 90 ans, cette fois, en dépit de l’opposition du Conseil suprême des archives. « L’Etat peut imposer la confidentialité sur certains de ces documents », explique Friling. « La question est de savoir si le problème de la sécurité n’opère pas comme une sorte de couverture. Dans de nombreux cas, c’est déjà devenu une plaisanterie. »

Aux yeux de Dudu Amitai, de Yad Yaari, il convient de s’opposer à la confidentialité imposée par le ministère de la Défense. Durant son temps à la tête du service, dit-il, l’un des documents placés dans la chambre forte était un ordre donné par un général des FDI au cours d’une trêve dans la guerre d’indépendance et enjoignant à ses troupes de s’abstenir de piller et de voler. Amitai a l’intention désormais de visionner les documents déposés dans la chambre forte, surtout les documents de 1948, et d’en ouvrir le plus possible. « Nous le ferons avec prudence et responsabilité mais en reconnaissant que l’Etat d’Israël doit apprendre à accepter les aspects les moins plaisants de son histoire. »

Le personnel du ministère a cessé de se rendre à Yad Yaari, mais il continue à éplucher des documents à Yad Tabenkin, le centre de recherche et de documentation du Mouvement unifié des kibboutzim. Le directeur du centre, Aharon Azati, est arrivé à un accord avec les équipes du Malmab qui ne transféreront des documents dans la chambre forte que si Azati est convaincu que la chose se justifie. Mais, à Yad Tabenkin aussi, le Malmab a élargi le champ de ses recherches au-delà du domaine du projet nucléaire pour y inclure des interviews d’anciens membres du Palmach réalisées par le personnel des archives et il a même examiné du matériel concernant l’histoire des implantations dans les territoires occupés.

Par exemple, le Malmab a témoigné de l’intérêt pour le livre en hébreu intitulé « Une décennie de discrétion : La politique des colonies dans les Territoires entre 1967 et 1977 », publié par Yad Tabenkin en 1992, et rédigé par Yehiel Admoni, directeur du Département des implantations de l’Agence juive durant la décennie dont il traite dans son livre. Le livre fait état d’un plan prévoyant d’installer des réfugiés palestiniens dans la vallée du Jourdain et de déraciner 1540 familles de Bédouins de la zone de Rafah, dans la bande de Gaza, en 1972, conjointement à une opération visant entre autres à faire obturer des puits par les FDI. Ironiquement, dans le cas des Bédouins, Admoni cite l’ancien ministre de la Justice Yaakov Shimshon Shapira qui aurait dit : « Il n’est pas nécessaire de pousser la raison sécuritaire trop loin. Tout cet épisode bédouin n’est pas un chapitre glorieux de l’Etat d’Israël. »

Selon Azati, « Nous allons de plus en plus vers un resserrement des rangs. Bien que ceci soit une époque d’ouverture et de transparence, il y a manifestement des forces qui poussent dans l’autre direction. »

1948. Des réfugiés palestiniens, quittant leur village, endroit inconnu. (Archives UNRWA) 
1948. Des réfugiés palestiniens, quittant leur village, endroit inconnu. (UNRWA)

Mise au secret non autorisée

Voici un an environ, la conseillère juridique des Archives de l’Etat, l’avocate Naomi Aldouby, a écrit un article d’opinion intitulé « Dossiers fermés sans autorisation au sein des Archives publiques ». Selon Aldouby, la politique d’accessibilité des archives publiques est du ressort exclusif du directeur de chaque institution.

Quoi que pense Aldouby, toutefois, dans l’immense majorité des cas, les archivistes confrontés à des décisions déraisonnables du Malmab n’ont pas soulevé d’objections, du moins jusqu’en 2014, lorsque le personnel du ministère de la Défense est arrivé aux archives de l’Institut de recherche Harry S. Truman de l’Université hébraïque de Jérusalem. A la surprise des visiteurs, leur demande d’examiner les archives – qui contiennent des collections de l’ancien ministre et diplomate Abba Eban et du major-général (de réserve) Shlomo Gazit – fut rejetée par le directeur de l’époque, Menahem Blondheim.

Selon Blondheim, « Je leur ai dit que les documents en question dataient de plusieurs décennies et que je ne pouvais imaginer qu’il y eût le moindre problème de sécurité justifiant la restriction de leur accès aux chercheurs. En réponse, ils ont dit : ‘Et si nous disons qu’il y a ici un témoignage affirmant que des puits ont été empoisonnés durant la guerre d’indépendance ?’ J’ai répondu : ‘Bien, ces gens devraient être conduits devant un tribunal.’ »

Le refus de Blondheim déboucha sur une réunion avec un responsable supérieur du ministère. Seulement, cette fois, l’attitude qu’il rencontra fut différente et des menaces explicites furent formulées. Finalement, les deux camps dégagèrent un arrangement.

Benny Morris n’est pas surpris par l’activité du Malmab« J’étais au courant », dit-il. « Pas officiellement, personne ne m’a informé, mais j’ai été confronté au problème quand j’ai découvert que des documents que j’avais visionnés dans le passé étaient désormais sous scellés. Il y avait des documents des Archives des FDI que j’avais utilisés pour un article sur Deir Yassin et qui sont sous scellés aujourd’hui. Quand je suis arrivé aux archives, on ne m’a plus autorisé de consulter l’original, de sorte que j’ai fait remarquer dans une note [dans l’article en question] que les Archives de l’Etat avaient refusé l’accès à des documents que j’avais publiés 15 ans plus tôt. »

Le cas du Malmab n’est qu’un exemple de la bataille qui fut livrée pour l’accès aux archives en Israël. Selon le directeur exécutif de l’Institut Akevot, Lior Yavne, « Les Archives des FDI, qui sont les plus importantes en Israël, sont occultées presque hermétiquement. Un pour 100 environ du matériel est ouvert. Les archives du Shin Bet, qui contiennent du matériel d’une importance immense pour les universitaires, sont totalement fermées, sauf pour une poignée de documents. »

Un rapport rédigé par Yaacov Lozowick, l’ancien archiviste en chef des Archives de l’Etat, au moment de se retraite, fait allusion à l’emprise de l’establishment de la défense sur les matériaux d’archives du pays. Dans ce rapport, il écrit : « Une démocratie ne doit pas dissimuler des informations parce que celles-ci sont susceptibles d’embarrasser l’Etat. Dans la pratique, l’establishment sécuritaire d’Israël et, dans une certaine mesure, celui des relations étrangères aussi, font de l’ingérence dans le débat [public]. »

Les partisans de la mise au secret ont fait valoir plusieurs arguments, fait remarquer Lozowick : « La révélation des faits pourrait fournir à nos ennemis une arme efficace contre nous et affaiblir la détermination de nos amis ; elle est susceptible d’exciter la population arabe ; elle pourrait affaiblir les arguments de l’Etat dans les tribunaux ; et ce qui serait révélé pourrait être interprété comme des crimes de guerre israéliens. » Cependant, dit-il, « Tous ces arguments doivent être rejetés. C’est une tentative de cacher une partie de la vérité historique dans l’intention de mettre sur pied une version plus adéquate. »

Ce qu’en dit le Malmab

Yehiel Horev a été le gardien des secrets de l’establishment sécuritaire pendant plus de deux décennies. Il a dirigé le département de la sécurité du ministère de la Défense de 1986 à 2007 et s’est naturellement tenu en dehors des feux de la rampe. A son crédit, il a désormais accepté de s’entretenir franchement avec Haaretz à propos du projet des archives.

« Je ne me rappelle plus quand il a commencé », déclare Horev, « Mais je sais que c’est moi qui l’ai lancé. Si je ne me trompe, cela a débuté quand des gens ont voulu publier des documents provenant des archives. Nous avons dû constituer des équipes afin d’examiner tout le matériel en question. »

De conversations avec des directeurs des archives, il apparaît clairement qu’une grande partie des documents auxquels le secret avait été imposé ont trait à la guerre d’Indépendance. Occulter les événements de 1948 faisait-il partie de l’objectif du Malmab ?

Preuves du nettoyage ethnique : 1948. Des réfugiés palestiniens dans la région de Ramleh. Boris Carmi / The IDF and Defense Establishment Archives 
1948. Des réfugiés palestiniens dans la région de Ramleh. Boris Carmi / The IDF and Defense Establishment Archives

« Que signifie ‘faisait partie de l’objectif’ ? Le sujet est examiné en s’appuyant sur une approche visant à savoir si cela pourrait nuire aux relations étrangères et à l’establishment de la défense d’Israël. Voilà pour les critères. Je pense que c’est toujours pertinent. Il n’y a pas eu de paix depuis 1948. Je puis me tromper mais, au mieux de ce que je sais, le conflit arabo-israélien n’a toujours pas été résolu. Et ainsi, oui, il pourrait subsister des sujets problématiques. »

Quand on lui demande de quelle façon de tels documents pourraient poser problème, Horev parle de la possibilité d’agitation parmi les citoyens arabes du pays. De son point de vue, chaque document doit être soigneusement examiné et chaque cas tranché selon ses mérites.

Si les événements de 1948 n’étaient pas connus, on pourrait se poser des questions sur la pertinence réelle de cette approche. Ce n’est pas le cas. De nombreux témoignages et études sont apparus sur l’histoire du problème des réfugiés. A quoi cela sert-il de cacher des choses ?

« La question est de savoir si cela peut nuire ou pas. C’est une matière très sensible. Tout n’a pas été publié sur la question des réfugiés et il y a toutes sortes de discours à ce propos. Certains disent qu’il n’y a pas eu de fuite du tout, mais uniquement des expulsions. Ce n’est ni tout noir ni tout blanc. Il y a une différence entre les fugitifs et ceux qui ont été expulsés de force. C’est une image différente qu’il convient de discuter avant qu’une décision soit prise à propos de ce qu’il convient de publier. »

Depuis des années, le ministère de la Défense impose le secret sur un document détaillé qui décrit les raisons du départ de ceux qui sont devenus des réfugiés. Benny Morris a déjà écrit sur ce document. Par conséquent, quelle logique y a-t-il de la garder occulté ?

« Je ne me souviens pas du document auquel vous faites allusion mais, s’il l’a cité et que le document même n’est pas là [c’est-à-dire là où Morris prétend qu’il se trouve], dans ce cas, ces faits ne sont pas probants. S’il dit : « Oui, j’ai le document », je ne peux discuter ce fait. Mais s’il dit qu’il figure là par écrit, ce pourrait être vrai et ce pourrait être faux. Si le document avait déjà été sorti et qu’il a été occulté dans les archives, je dirais que c’est de la folie. Mais, si quelqu’un l’a cité – il y a la même différence qu’entre le jour et la nuit, en termes de validité des preuves qu’il a citées. »

Dans le cas présent, nous parlons du spécialiste le plus cité quand il s’agit des réfugiés palestiniens.

« Le fait que vous dites ‘spécialiste’ ne m’impressionne en aucun cas. Je connais des gens dans les universités qui lâchent des absurdités sur des sujets que je connais de A à Z. Quand l’Etat impose la confidentialité, le travail publié est affaibli, parce qu’il ne dispose pas du document. »

Mais le fait de dissimuler des documents s’appuyant sur des notes dans des ouvrages ne constitue-t-il pas une tentative de fermer la porte de l’écurie après que les chevaux se sont précipités dehors ?

« Je vous ai donné un exemple montrant que ce ne devait pas être le cas. Si quelqu’un écrit que le cheval est noir et si le cheval n’est pas hors de l’écurie, vous ne pouvez prouver qu’il est vraiment noir. »

Il y a des avis juridiques prétendant que les activités du Malmab dans les archives sont illégales et non autorisées.

« Si je sais que des archives contiennent du matériel classifié, je dispose de l’autorité nécessaire pour dire à la police de se rendre sur place et de confisquer le matériel. Je puis également recourir aux tribunaux. Je n’ai pas besoin de l’autorisation des archivistes. S’il y a du matériel classifié, je dispose de l’autorité qu’il faut pour agir. Vous voyez, il y a une politique. Les documents ne sont pas mis sous scellés sans raison. Et, malgré tout, je ne vous dirai pas que tout ce qui a été mis sous scellés justifiait [la mise sous scellés] à 100 pour 100. »

Le ministère de la Défense a refusé de répondre à des questions spécifiques à propos des conclusions de ce rapport d’enquête et il s’est limité à la réponse suivante : « Le directeur de la sécurité de l’establishment de la défense opère en fonction de sa responsabilité de protéger les secrets de l’Etat et ses avoirs sécuritaires. Le Malmab ne fournit pas de détails sur sa façon d’agir ni sur ses missions. »


(1) Publié le 5/7/2019 sur Haaretz
Traduction : Jean-Marie Flémal

Lee Rotbart a apporté son aide en fournissant les recherches visuelles de cet article.

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