Israël détruit et confisque les structures de Khirbet Humsa

L’administration civile israélienne a démoli et confisqué la plupart des structures du village palestinien de Khirbet Humsa, dans le nord de la vallée du Jourdain. C’était la deuxième opération d’envergure sur le site ces trois derniers mois. L’administration civile a enjoint aux 73 résidents du village, dont une moitié d’enfants, d’aller s’installer à quelques kilomètres vers l’ouest. Plus de 30 enfants palestiniens se retrouvent sans toit.

La Belgique refuse toujours de sanctionner Israël.

Un Palestinien fait les cent pas à proximité des biens de sa famille, près des ruines de sa maison, démolie par les bulldozers israéliens à  Khirbet Humsah le 2 février 2021. (Photo: Shadi Jarar’ah/APA Images)

Amira Hass, 4 févier 2021

Mercredi soir, l’armée a déclaré que la zone était une zone militaire fermée. Elle a arrêté nombre d’activistes palestiniens qui s’étaient rendus sur place et en a empêché d’autres ainsi que des résidents de la communauté de réinstaller les tentes et les enclos à moutons.

La mission de l’Union européenne à Jérusalem a annoncé mercredi que d’éminents diplomates de ses États membres et de divers autres pays allaient se rendre sur le site jeudi. L’annonce disait que Khirbet Humsa,

« une fois de plus, avait assisté à une démolition massive et à une saisie de ses biens et de ses structures d’une ampleur sans précédent en Cisjordanie depuis des années. Cette fois, la communauté doit faire face à une menace immédiate de déportation par la force. »

Les résidents de Khirbet Humsa se sont vu proposer de s’installer sur des sites alternatifs temporaires du fait que leur emplacement actuel se trouvait dans la Zone de tir 903 (comprenant 80 000 dounoums – 8 000 hectares ou 80 km2 de terres de villages palestiniens du nord de la Cisjordanie), ont fait savoir deux déclarations récentes émanent du bureau du porte-parole du COGAT (coordinateur des activités gouvernementales) dans les Territoires.

Selon le COGAT,

« l’équipe de l’administration civile a expliqué aux résidents palestiniens les risques qu’ils encouraient s’ils restaient dans la zone de tir ».

L’annonce du COGAT, lundi, disait également que les résidents avaient été d’accord de s’en aller – de plein gré, donc – avec l’aide de l’unité de supervision et que la démolition et la confiscation avaient été opérées « conformément aux ordres et aux procédures du fait que les groupements de tentes avaient été érigés sans permis ».

Un résident de Khirbet Humsa a déclaré que « le commandant de l’administration civile dans la zone » (son nom n’a pas été mentionné) était présent sur le site lors de la confiscation de lundi, qu’il avait rencontré chaque famille et qu’il leur avait dit qu’elles devaient quitter le site dans les 24 heures. Lundi, les bulldozers et les employés de l’administration civile n’ont pas démoli toutes les structures mais en ont laissé quelques-unes en place.

Les résidents ont également été informés que, s’ils se rendaient à 15 kilomètres vers l’ouest, dans le village d’Ein Shibli, les biens qu’on leur avait confisqués leur seraient rendus. Les biens confisqués ont été transférés jusqu’au check-point de Beka’ot, que traverse la route menant à Ein Shibli. Quant aux résidents qui n’ont pu récupérer leurs biens, on les a envoyés aux entrepôts de l’administration civile. Mercredi, celle-ci a recommencé à démolir le reste des structures après que les résidents eurent refusé de vider les lieux.

Deux colonies – Beka’ot vers le sud et Ro’i vers le nord – sont installées à proximité immédiate de Khirbet Humsa.

Le 3 novembre 2020, l’administration civile en Cisjordanie avait déjà démoli la majeure partie des structures de logement et des enclos à moutons de Khirbet Humsa. Les résidents, avec l’aide de Palestiniens et d’internationaux, avaient relevé une partie des ruines et réaménagé les enclos, remis en place les tentes et le reste des structures.

Lundi, le bureau des Nations unies pour la coordination humanitaire a déclaré que 25 structures avaient été saisies, dont 17 qui avaient été financées par des nations donatrices.

Huit familles, comptant en tout 55 personnes, dont 32 enfants, ont perdu le toit qui les abritait. Trois autres familles, comptant 18 personnes, ont également souffert de l’action de confiscation et de démolition.

Au départ, ces familles proviennent du village de Samu’a, dans les collines au sud de Hébron. Au début des années 1970, elles ont commencé à se déplacer vers le nord de la vallée du Jourdain, quand les interdictions militaires et les plans de construction israéliens dans les environs de Samu’a et de Yatta ont considérablement réduit la superficie des pâturages tout en en compliquant l’accès ainsi que l’approvisionnement en eau. En 1948, les familles de Samu’a avaient déjà perdu une importante partie de leurs terres, c’est-à-dire toute la partie située du côté israélien de la Ligne verte.


Article publié le 4 février 2021 sur Haaretz
Traduction : Jean-Marie Flémal

Et la Belgique refuse toujours de sanctionner Israël !

Le Ministère des Affaires Etrangères belges a tweeté :

« Nous condamnons les démolitions des structures humanitaires à Humsa Al Bqai’a (Cisjordanie), qui ont été en partie financées par la Belgique. Plus de 50 personnes, dont des enfants, ont été affectées. Cette pratique va à l’encontre des lois humanitaires internationales. Nous demandons instamment que les autorités israéliennes y mettent un terme. »

 

Ali Abunimah, Palestinien, co-fondateur du site The Electronic Intifada a réagi :

« Les mots ne suffisent pas. La Belgique doit mettre un terme à son trafic d’armes avec ce régime criminel d’apartheid et s’engager publiquement à arrêter les criminels de guerre israéliens dès qu’ils posent un pied sur son territoire. »

C’est également notre avis.

Lisez à ce propos : La Belgique “condamne” mais refuse de sanctionner Israël

 

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