La Belgique “condamne” mais refuse de sanctionner Israël

La Belgique a condamné la destruction commandée par le gouvernement israélien de maisons financées par la Belgique à al-Rakeez, au sud d’Hébron, et a invité Israël à s’abstenir de détruire des écoles palestiniennes financées par l’UE. C’est ce qu’on peut lire dans le communiqué de presse du SPF Affaires étrangères, Commerce équitable et Coopération au Développement, le vendredi 6 novembre.

La Belgique se dit aussi consternée par la destruction le 3 novembre dernier de plus de 80 structures dans le village de Khirbet Humsa al-Fuqa, dans la vallée du Jourdain. 

Le 3 novembre, l'armée israélienne a détruit le village bédouin de Humsa al-Fuqa dans la vallée du Jourdain : l'annexion de fait se poursuit. La Belgique et l'UE "s'inquitent", sont "consternées", mais refusent d'agir.

Le 3 novembre, l’armée israélienne a détruit le village bédouin de Humsa al-Fuqa dans la vallée du Jourdain : l’annexion de fait se poursuit. La Belgique et l’UE “s’inquitent”, sont “consternées”, mais refusent d’agir.

 

Amira Hass : “Condamner ne suffit pas, appliquez des sanctions !”

En 2017 déjà, Amira Hass lançait cet appel aux Pays-Bas, à la Belgique et à la France :

Européens, vos dénonciations sont perçues par Israël comme dénuées de caractère urgent. Ce que vous devez faire, c’est appliquer des sanctions douloureuses.

Il ne suffit pas de condamner uniquement par des mots la politique de destruction menée par Israël, qui détruit des infrastructures et des habitations financées avec l’argent de vos contribuables.

C’est une bonne chose que vous soyez en colère, mais le tempo de l’accumulation de votre colère est de loin inférieur au rythme effréné et dangereux des bulldozers de l’Administration civile et des Forces de défense des colonies en Cisjordanie.

Vos condamnations sont perçues comme dénuées de caractère urgent. Vous devez entreprendre des actions réelles.

Oui, des sanctions ouvertes et déclarées, qui emprunteront la voie d’une sévérité accrue. Des sanctions douloureuses.

Cessez de vous effrayer du chantage affectif israélien. Israël utilise le souvenir de nos familles assassinées en Europe afin d’accélérer l’expulsion des Palestiniens de l’ensemble du territoire cisjordanien et de les déporter dans les enclaves de l’Autorité palestinienne.

Telle est l’intention qui sous-tend toutes les démolitions et confiscations ainsi que les interdictions de bâtir, d’élever du bétail et d’irriguer les champs.

Tous ceux qui planifient et appliquent cette lente politique d’expulsion pensent déjà à la grande expulsion, cette fois vers la Jordanie.

Et que ferez-vous alors ? Vous publierez des condamnations tout en envoyant des réservoirs d’eau et des tentes aux personnes qui auront été expulsées ?

La Belgique se soucie-t-elle réellement des enfants et des écoles ?

On peut lire dans le communiqué de presse du Ministère :

“La Belgique est particulièrement préoccupée par la démolition d’écoles. Comme tous les enfants du monde, les enfants palestiniens ont droit à l’éducation. La Belgique appelle donc les autorités israéliennes à ne pas exécuter les ordres de démolition des écoles de Ras al-Tin, Jinba et Khirbet al-Fakheit, ainsi qu’à protéger les 52 écoles de Cisjordanie qui risquent d’être démolies.”

Les paroles sont aisées, ce sont les actes qui comptent. Rappelons simplement deux faits :

-En  septembre 2018, Alexander De Croo, actuel Premier ministre, mais à ce moment-là ministre de la Coopération au développement, avait stoppé le soutien belge aux écoles palestiniennes, sous prétexte que des écoles porteraient le nom de Dalal al-Mughrabi, une résistante pour les Palestiniens, une “terroriste” pour Israël et la Belgique.

-Au mois de février de cette année, la Belgique a cédé aux pressions israéliennes en vue d’annuler l’invitation de Brad Parker, représentant de l’ONG DCI-P (Defense for Children-Palestine), au Conseil de sécurité. Ce faisant, elle a contribué à saper les droits humains des enfants palestiniens, y compris leur droit à l’éducation.

Ces enfants, dont les trajets scolaires et les journées de classe sont marqués par la violence des soldats et des colons israéliens. Ces enfants arrêtés, emprisonnés, privés d’éducation. Chaque année, Israël arrête et poursuit entre 500 et 700 enfants palestiniens devant ses tribunaux militaires. Les enfants palestiniens emprisonnés par les autorités israéliennes vivent entassés les uns sur les autres, souvent dans des conditions sanitaires déplorables, avec un accès limité aux ressources nécessaires pour maintenir des habitudes hygiéniques minimales. Qu’a fait la Belgique pour mettre des pressions sur Israël, pour que ces enfants soient libérés immédiatement, particulièrement dans cette période de Covid-19 ?

-En  septembre 2018, Alexander De Croo, actuel Premier Minister, mais à ce moment-là ministre de la Coopération au développement, avait stoppé le soutien belge aux écoles palestiniennes, sous prétexte que des écoles porteraient le nom de Dalal al-Mughrabi, une résistante pour les Palestiniens, une “terroriste” pour Israël et la Belgique.

Finalement, ce sont toujours les bonnes relations commerciales qui comptent

Les faibles mots de protestation n’ont aucun impact sur un régime d’État voyou comme celui d’Israël, particulièrement quand la Belgique et d’autres États de l’UE continuent à récompenser Israël pour ses crimes via une coopération plus proche et l’encouragement des relations commerciales, y compris avec l’industrie militaire israélienne.

La Belgique veut maintenir avant tout ses bonnes relations commerciales avec Israël, en particulier le commerce des armes et le commerce des diamants, tant pis pour les droits des Palestiniens et le droit international. Et ce ne sont pas quelques phrases creuses concernant la Palestine dans la déclaration du nouveau gouvernement Vivaldi qui y changeront quelque chose.

A nous, associations pour la Palestine, organisations syndicales, comités d’action, de dénoncer et de nous mobiliser contre cette complicité belge et de construire un mouvement BDS fort contre les multinationales qui collaborent avec l’Etat d’apartheid (en particulier dans les campagnes actuelles concernant HP, PUMA, AXA…) et de boycotter tous les produits israéliens.

Myriam De Ly

Photo à la Une : 4 novembre 2020. Fatima Abu Awwad est assise en face de ce qui a été sa maison, après que les forces israéliennes ont détruit son village de Khirbet Humsah, dans la vallée du Jourdain. Ses biens sont pour l’instant empilés et recouverts d’une bâche en plastique. (Photo: Yumna Patel / Mondoweiss)

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