Un deuxième enfant palestinien emprisonné est testé positif au Covid-19

Ramallah, 30 septembre 2020 — Un ado palestinien de 14 ans, arrêté à la mi-septembre en Cisjordanie occupée par les forces israéliennes, a été testé positif au Covid-19 après avoir été placé durant deux jours en détention chez les Israéliens.

22 septembre 2020, Gaza. En rue, un petit Palestinien passe devant une fresque représentant le coronavirus Covid-19. (Photo : AFP / Mohammed Abed)

Le 15 septembre, vers midi, les forces israéliennes ont arrêté un adolescent palestinien* de 14 ans dans le quartier de Bab al-Zawya, dans la ville occupée de Hébron, en Cisjordanie. Le garçon a été transféré au poste de police de Kiryat Arba, une colonie illégale située tout au sud du gouvernorat de Hébron, en Cisjordanie. Après l’avoir interrogé et accusé de jet de pierre, les autorités israéliennes l’ont transféré au centre de détention d’Etzion vers 20 heures.

Vers 1 h 30 du matin, le 17 septembre, les autorités israéliennes ont transféré l’adolescent d’Etzion vers la prison de Megiddo située en Israël, au nord de la Cisjordanie occupée. Il y est arrivé vers 4 h du matin et a été placé dans un local où étaient déjà détenus deux autres enfants palestiniens. 

Le 17 septembre, après le petit déjeuner, les autorités israéliennes ont pratiqué un test Covid-19, a expliqué l’adolescent à DCI-P. Le surlendemain, le 19 septembre, les autorités carcérales israéliennes l’ont informé qu’il avait été testé positif au coronavirus. On ne sait pas si le garçon a contracté le virus avant son arrestation ou pendant sa détention en Israël. Les autorités israéliennes l’ont placé dans une cellule séparée avant de le transférer vers un poste de police israélien de la ville d’Akka (Acre), dans le nord d’Israël, un site habituellement utilisé pour la mise en quarantaine des prisonniers.  

« Les autorités israéliennes ont fait preuve d’un mépris quasi total pour la santé et le bien-être des enfants palestiniens emprisonnés, durant la pandémie de Covid-19 »,

a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation de DCI-P.

« En continuant à arrêter des enfants palestiniens et à les soumettre à la détention par défaut, les autorités israéliennes les mettent imprudemment en danger et montrent bien là leur incapacité à protéger de façon adéquate les jeunes détenus du virus. Les autorités israéliennes doivent relâcher immédiatement tous les enfants emprisonnés. »

Le 24 septembre, depuis le poste de police d’Akka, l’adolescent a assisté à une séance du tribunal via un lien vidéo. Il était représenté par Iyad Misk, un avocat du DCI-P. Durant la séance, au cours d’une procédure anormalement accélérée sans doute en raison de son test positif, l’adolescent a été condamné pour le délit de jet de pierre à une peine couvrant la durée d’emprisonnement déjà purgée et au paiement d’une caution de 2000 NIS (580 USD) qui serait définitivement confisquée si l’adolescent devait être arrêté de nouveau par les forces israéliennes.

D’après les renseignements collectés par DCI-P, les enfants palestiniens emprisonnés par les autorités israéliennes vivent en étroite proximité les uns et les autres, souvent dans des conditions sanitaires déplorables, avec un accès limité aux équipements censés assurer un minimum d’hygiène. L’impact du Covid-19 est encore exacerbé par ces conditions de vie, ce qui rend de plus en plus vulnérables les enfants palestiniens enfermés dans les prisons et centres de détention israéliens.

Il s’agit ici du deuxième cas confirmé par DCI-P et impliquant un enfant palestinien testé positif au Covid-19 dans un centre de détention israélien. En août, DCI-P avait rapporté qu’un jeune détenu palestinien de 15 ans, arrêté fin juillet dans le camp de réfugiés d’Al Jalazoun, était le premier cas confirmé d’enfant palestinien détenu par Israël et infecté par le coronavirus.

Après que le virus a été quelque peu endigué en mai, des cas se sont mis à apparaître en juin en Israël et en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, et dans la bande de Gaza. Le 18 septembre, dans un effort en vue de freiner la propagation du virus, le gouvernement israélien imposait un lock-down de trois semaines en Israël et à Jérusalem-Est, lock-down susceptible d’être encore étendu. A ce jour, Israël a enregistré au moins 239 806 cas, dont 65 511 cas actifs et 1 547 morts, d’après Haaretz. En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, il y a eu au moins 50 541 cas en tout, y compris 426 nouveaux cas enregistrés le 30 septembre, et 368 morts, selon le ministère palestinien de la Santé.

Fin juin, 151 enfants palestiniens étaient enfermés dans les prisons et centres de détention israéliens, une augmentation de 6 pour 100 par rapport à mai, selon des données fournies par les Services pénitentiaires israéliens (IPS). 48 pour 100 des enfants palestiniens arrêtés étaient détenus dans l’attente de leur procès, selon les données de l’IPS. Les autorités israéliennes détenaient 79 pour 100 des enfants palestiniens prisonniers dans des prisons et centres de détention à l’intérieur d’Israël, et tous ces transferts sont considérés comme illégaux par la Quatrième Convention de Genève. 

Le 19 mars, DCI-P avait demandé aux autorités israéliennes de libérer immédiatement tous les enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes en raison de la propagation rapide du Covid-19 au niveau mondial.

En mai, trois fonctionnaires des Nations unies avaient également demandé aux autorités israéliennes de libérer tous les enfants détenus et de mettre un terme aux arrestations durant la pandémie, déclarant dans un communiqué de presse commun :

« Dans tout pays, la meilleure façon de préserver les droits des enfants détenus au cours d’une dangereuse pandémie, consiste à les libérer de leur détention et à établir un moratoire sur les nouvelles admissions dans les centres de détention. Nous demandons aux autorités israéliennes et palestiniennes d’agir immédiatement en ce sens. »

Au niveau mondial, l’Organisation mondiale de la santé, le Bureau du haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme et les spécialistes des droits de l’homme des Nations unies ont tous sorti des directives et des déclarations insistant sur la nécessité d’empêcher la propagation du Covid-19 dans les lieux de détention.

Israël a ratifié la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant en 1991, ce qui l’oblige à appliquer toute une série de droits et protections compris dans le traité, qui mentionne également que les intérêts de l’enfant constitueront une considération prioritaire dans toutes les décisions affectant les enfants, et la détention ne pourra être utilisée qu’en tant que mesure de dernier recours et ce, pendant la période la plus courte nécessaire.

Israël a la distinction douteuse d’être le seul pays au monde qui arrête et poursuit automatiquement et systématiquement des enfants dans des tribunaux militaires où sont absents tous les droits fondamentaux à un procès équitable ainsi que toutes formes de protection. Israël arrête et poursuit dans des tribunaux militaires entre 500 et 700 enfants palestiniens chaque année. Près de trois enfants palestiniens sur quatre arrêtés par les forces israéliennes subissent l’une ou l’autre forme de violence physique, selon des renseignements collectés par DCI-P.  

*Le nom de l’adolescent est connu de DCI-P mais n’est pas révélé ici pour des questions de vie privée.


Publié le 30 septembre 2020 sur Defense for Children-Palestine (DCI-P)
Traduction : Jean-Marie Flémal

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Pour rappel : la  Belgique, présidant le Conseil de Sécurité  début 2020 avait honteusement décidé de retirer l’invitation de l’ONG palestinienne Defense for Children International – Palestine à un briefing sur le Moyen-Orient

Ci-dessous, le communiqué qu’avait diffusé BACBI – Campagne belge pour le boycott académique et culturel d’Israël :

BACBI : « Nous avons honte d’être belges »

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