Les « Six d’Elbit » de Palestine Action pourraient être trainés en justice

Les ” Six d’Elbit ” sont accusés de conspiration en vue de détruire ou d’endommager des biens privés, ainsi que de conspiration en vue de commettre un cambriolage et d’endommager des biens – le tout « sans justification légale ».

Cinq des « Six d’Elbit » après leur comparution à la Cour des magistrats de Highbury Corner, à Londres. (Photo : Mohamed Elmaazi)

Cinq des « Six d’Elbit » après leur comparution à la Cour des magistrats de Highbury Corner, à Londres. (Photo : Mohamed Elmaazi)

Mohammed Elmaazi, 7 avril 2021

Six activistes britanniques qui ont mené une action directe contre une société israélienne d’armement ont demandé que soient levées les charges prononcées contre eux.

Les militants de la campagne Palestine Action, Huda Ammori, Richard Barnard, Jocelyn Cooney, Caroline Brouard, Genevieve Scherer et Robin Refualu ont tous été accusés de conspiration contre Elbit Systems – le plus gros fabricant privé d’armement en Israël.

Les premières audiences du tribunal ont eu lieu à la Cour des magistrats de Highbury Corner, à Londres, le 31mars.

Prenant la parole à l’extérieur, Ammori a déclaré :

« Les véritables criminels, c’est Elbit Systems, qui fabrique des armes destinées à tuer des êtres humains. ».

Un résumé de la procédure lu par The Electronic Intifada indique aussi que les six militants sont accusés de conspiration en vue de détruire ou d’endommager des biens privés, ainsi que de conspiration en vue de commettre un cambriolage et d’endommager des biens – le tout « sans justification légale ».

Les plaidoyers auront lieu le 28 avril. Mais The Electronic Intifada comprend que les six sont susceptibles de plaider non coupable, en prétendant qu’ils ont l’excuse légale de vouloir empêcher des crimes de guerre par ailleurs facilités par

Un procès similaire est tombé à l’eau en janvier de l’an dernier quand le Ministère public n’a plus insisté, après qu’Elbit avait refusé de faire des révélations sur ses activités au Royaume-Uni.

Audiences et caution

The Electronic Intifada a assisté aux audiences d’avant les plaidoiries mettant en présence les « Six d’Elbit », la semaine dernière.

Dans ce que les militants perçoivent comme une victoire, la police a également restitué deux passeports dont les militants prétendaient qu’ils leur avaient été volés par les policiers en février.

Les charges concernent une série de huit protestations ciblant les installations d’Elbit au Royaume-Uni, entre le 7 juin et le 9 septembre, l’an dernier.  

Cela comprend les bureaux d’Elbit au centre de Londres et une usine à Manchester, ainsi que les bureaux de deux des propriétaires d’ Elbit, LaSalle à Londres et Discovery Park dans le Kent.

Les militants sont accusés d’être entrés dans les bureaux d’Elbit et d’avoir aspergé de la peinture rouge à l’intérieur et à l’extérieur des sites et d’avoir placardé des affiches à l’extérieur.

Le Ministère public prétend que les dégâts s’élevaient à plus de 41 000 £.

« La raison pour laquelle la Couronne requiert d’autres conditions est que ces bâtiments ont déjà été ciblés un certain nombre de fois »,

a déclaré la procureure du gouvernement Louise Ahmed à la cour, via un lien vidéo.

Elle a déclaré qu’il était « nécessaire de protéger efficacement ces bâtiments et les gens qui y travaillent, ainsi que cette société ». 

Le juge a déclaré aux accusés :

« Si vous ne respectez pas les modalités de caution, vous serez ramenés au tribunal et votre caution sera reconsidérée, ce qui signifie généralement que vous serez placés en détention préventive en attendant votre procès. »

Du soutien

Un groupe de sympathisants s’est constitué à l’extérieur du tribunal afin d’exprimer sa solidarité avec les militants, y compris des membres de Women of Colour in the Global Women’s Strike (Femmes de couleur dans la grève mondiale des femmes) et du Réseau international des juifs antisionistes.

À la fin des audiences, les passeports d’Ammori et de Barnard leur ont été restitués. La police avait saisi les passeports au cours d’un raid à leur domicile le 3 février.

Au tribunal, The Electronic Intifada a entendu le sergent détective Matthew Hearing informer l’avocat de la partie civile qu’il désirait garder les passeports.

Barnard a déclaré qu’il avait l’intention d’intenter un procès à la police. Il a ajouté que la privation de passeport s’était traduite par des restrictions dans leurs déplacements et leur accès à certaines prestations.

« Cela montre bien une chose, c’est que la police s’aligne à 100 pour 100 sur les trafiquants d’armes et les assassins et qu’elle les protège plutôt que de protéger les innocents et les enfants en Palestine et dans le monde entier »,

a-t-il insisté.

L’affaire sera proposée à un jury d’un tribunal de la Couronne. Le magistrat a prévu le plaidoyer et l’audience de préparation du procès à partir de 10 heures du matin, le 28 avril prochain, au tribunal de la Couronne de Snaresbrook, un faubourg du nord-est de Londres.

En dehors du tribunal, Ammori a déclaré :

« Nous avons entrepris des actions contre une société d’armement, Elbit Systems, qui teste littéralement ses armes (…) sur les Palestiniens et les exporte vers d’autres régimes d’oppression dans le monde entier. »

« De la sauvagerie »

Elle a déclaré qu’Elbit

« était complice dans des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité (…) C’est de la sauvagerie, c’est barbare. Et si nous voulons nous considérons comme des gens civilisés, nous devons nous débarrasser de ces firmes d’armement ».

Deux nouvelles dates ont été fixées pour les militants de Palestine Action : le 17 mai cette année et le 4 janvier de l’an prochain.  

Si l’action prévue pour le 17 mai a bien lieu, ce sera la première fois que ce telles poursuites contre les militants ciblant Elbit seront portées à leur terme, estime Ammori.

En janvier 2020, le Ministère public avait laissé tomber un procès contre sept militants qui avaient fermé une usine à Sandwich, dans le sud de l’Angleterre, après qu’Elbit avait refusé de dévoiler des informations à la défense concernant les armes et les composantes que la firme produisait.

Depuis 2014, Elbit a été la cible d’actions répétées de militants de la solidarité avec la Palestine.

La firme a exporté des drones dans 31 pays au moins, dont la Colombie, la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Mexique, l’Uruguay et les Pays-Bas, estime Corporate Watch.

Selon la Campagne contre le commerce des armes, Elbit est le premier producteur d’armes d’Israël et l’un des plus au monde.

Elbit fabrique la grande majorité de la flotte de drones d’Israël. La société produit également des systèmes de surveillance et des plates-formes de ciblage.


Publié le 7  avril sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Bon à savoir :

En Belgique, les entreprises OIP situées à Oudenaarde et à Tournai, sont également la propriété d’Elbit.

Lisez également :

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