Big Thief répond à l’appel palestinien et annule ses concerts à Tel-Aviv

Encore une victoire du mouvement #BDS dirigé par les Palestiniens : Le groupe de rock indépendant Big Thief a annulé ses deux concerts à Tel-Aviv.

Le groupe de rock indépendant Big Thief sur scène à Copenhague, au Danemark, le 16 mars 2020. (Photo : Christian Larsen Gonzales Photo)Le groupe de rock indépendant Big Thief sur scène à Copenhague, au Danemark, le 16 mars 2020. (Photo : Christian Larsen Gonzales Photo)

Le groupe de rock indépendant Big Thief sur scène à Copenhague, au Danemark, le 16 mars 2020. (Photo : Christian Larsen Gonzales Photo)Le groupe de rock indépendant Big Thief sur scène à Copenhague, au Danemark, le 16 mars 2020. (Photo : Christian Larsen Gonzales Photo)

Tamara Nassar, 9 juin 2022

Le groupe très apprécié a écouté l’appel lancé par les activistes et ses fans à ne pas franchir le piquet établi par les Palestiniens et à ne pas se produire sur scène dans l’Israël de l’apartheid.

« Nous sommes navrés pour les gens que nous avons blessés avec l’insouciance et la naïveté de notre déclaration originale à propos de notre passage en Israël »,

a expliqué Big Thief jeudi.

Les Palestiniens ont chaleureusement accueilli la démarche.

« Nous saluons le courage de Big Thief et sa bienveillance envers l’écoute des opprimés »,

a déclaré PACBI, la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël.

« Nous reconnaissons nous aussi la position claire d’une majorité des fans du groupe, dans le soutien de principe à BDS »,

a ajouté PACBI.

Dans son communiqué original, Big Thief avait déclaré que les deux concerts de juillet étaient un geste d’« amour au-delà du désaccord » et un « apprentissage », des clichés éculés utilisés par les artistes qui tournent le dos à l’appel palestinien à boycotter Israël.

Le groupe avait dit au départ que, « dans la mesure où nous acceptons le boycott, nous ne prétendons pas savoir où se situe le haut niveau de la morale ».

Mais dans sa déclaration de jeudi, le groupe a expliqué que ç’avait été

« en référence spécifique au fait d’assurer des spectacles en Israël à une époque où BDS appelle à un boycott culturel » et « non en référence à l’occupation israélienne et à la déportation des Palestiniens ».

Le groupe a dit qu’il comprenait maintenant la « magnitude » du problème.

« Nous nous opposons à l’occupation illégale et à l’oppression systématique du peuple palestinien »,

a ajouté Big Thief.

« Nous croyons dans la liberté totale et l’autodétermination pour tous les Palestiniens. »

« Bien que nous ayons beaucoup à apprendre, ces réalités fondamentales n’ont jamais été mises en question, pour nous »,

µa dit le groupe.

« Nous reconnaissons aussi qu’il y a des limites dans nos perspectives, lesquelles reposent sur nos diverses couches de privilèges. »

Dans son annonce initiale des deux concerts, Big Thief avait dit que « ses motivations et intentions » pour se rendre en Israël étaient de jouer là où l’un des membres du groupe, le bassiste Max Oleartchik, avait de la famille.

« Notre intention en voulant nous produire à Tel-Aviv, où Max est né, a été élevé et vit actuellement, émanaient d’une simple croyance dans le pouvoir de guérison de la musique »,

a expliqué le groupe dans sa déclaration d’annulation.

« Nous reconnaissons que les concerts que nous avions prévus n’honorent pas ce sentiment. »

Le groupe est également revenu sur son assertion précédente disant que

« nous sommes bien conscients de l’aspect culturel du mouvement BDS ».

Dans sa déclaration de jeudi, le groupe a reconnu que « nous avons compris depuis lors que ce n’est pas le cas ».

Bien des gens qui soutiennent les droits palestiniens ont chaleureusement remercié le groupe dans les médias sociaux.

Mais Barby, la salle de Tel-Aviv où il était prévu que le groupe joue, a montré ses véritables couleurs après l’annonce du groupe.

« L’intimidation nazie des campagnes de boycott sur Instagram vous ont fait plier »,

ont dit les responsables de la salle jeudi, calomniant ainsi le mouvement BDS, qui s’oppose explicitement au racisme sous toutes ses formes, y compris l’islamophobie et le sectarisme antijuif.

La salle a attaqué les membres du groupe qu’elle a qualifiés de « bande de musiciens minables et sans caractère, qui s’effraient de leur propre ombre ».

La salle a souhaité au groupe « tout le mal du monde ! »

La réponse méprisable de Barby n’est pas surprenante étant donné son habitude d’encenser ouvertement les soldats israéliens qui participent au massacre des Palestiniens.

Barby

« a distribué fièrement des t-shirts gratuits avec le logo de la salle et les mots « f**k you, we’re from Israel » (Allez-vous faire e…, nous sommes d’Israël) aux soldats qui avaient participé à l’offensive d’Israël contre Gaza en 2014

, a fait remarquer PACBI.

Au cours de cette offensive de 51 jours, Israël avait tué en moyenne 11 enfants palestiniens par jour.

Les lobbyistes pro-israéliens eux aussi ont piqué leur crise.

StopAntisemitism.org, un site qui prétend combattre l’antisémitisme mais qui calomnie surtout les gens qui critiquent Israël et son idéologie d’État raciste, le sionisme, s’en est pris lui aussi au groupe.

« Vous cédez devant les antisémites – ce n’est pas plus compliqué que ça »,

a dit l’organisation, en calomniant le mouvement BDS.

« Cela n’aide pas les Palestiniens, ça ne fait que favoriser la haine des juifs. »

Big Thief avait joué dans la même salle de Tel-Aviv en 2017. Il avait prévu de faire pareil en mars 2020, mais le concert avait été annulé en raison de la pandémie.

À la suite des 11 jours de bombardement de la bande de Gaza par Israël, en mai 2021, des artistes de premier plan ont signé un engagement à ne pas se produire en Israël et ont instamment invité d’autres artistes à les imiter.

Parmi les artistes qui ont signé l’engagement des Musiciens pour la Palestine, figurent Patti Smith, Noname, Run the Jewels, Sun City Girls, Broken Social Scene, Rage Against the Machine, Julian Casablancas et Vic Mensa.

Les artistes demandent à leurs collègues d’

« affirmer publiquement leur solidarité avec le peuple palestinien », du fait que « la complicité avec les crimes de guerre israéliens s’est faite en silence ».

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Publié le 9 juin 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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