Israël tue cinq personnes dans le raid contre Jéricho

Lundi, les forces d’occupation israéliennes ont tué cinq Palestiniens au cours d’un raid dans le camp de réfugiés d’Aqabat Jabr, dans la périphérie de Jéricho, en Cisjordanie

 

Gaza, 6 février 2023. Des partisans du Hamas se rassemblent en faveur de la résistance contre l’occupation, suite au raid meurtrier des Israéliens à Jéricho Photo : Ashraf Amra / APA images

Gaza, 6 février 2023. Des partisans du Hamas se rassemblent en faveur de la résistance contre l’occupation, suite au raid meurtrier des Israéliens à Jéricho (Photo : Ashraf Amra / APA images)

 

Maureen Clare Murphy, 7 février 2023

Ce raid a eu lieu moins de deux semaines après que les forces israéliennes ont tué neuf Palestiniens au cours d’une opération similaire visant des activistes de la résistance armée dans le camp de réfugiés de Jénine. Un dixième Palestinien était mort de ses blessures quelques jours plus tard.

La zone de Jéricho de la vallée cisjordanienne du Jourdain est sous état de siège depuis plus d’une semaine suite à une tentative d’attentat par balles contre un restaurant fréquenté par des colons, près de Jéricho, fin janvier.

 

Selon les médias israéliens, deux Palestiniens armés s’étaient enfuis en direction de Jéricho après que l’un d’eux eut ouvert le feu dans le restaurant. L’arme s’était enrayée après avoir tiré une seule balle.

Samedi, les forces israéliennes ont fait irruption dans le camp d’Aqabat Jabr et ont tiré un missile antichar guidé contre un bâtiment et ont également utilisé des balles réelles et des gaz lacrymogènes, blessant au moins 13 Palestiniens, au cours du raid de poursuite des deux hommes, qui a duré cinq heures.

Les médias israéliens, citant l’armée, ont déclaré que les forces d’occupation « n’étaient pas parvenues à appréhender les deux hommes » lors du raid de samedi.

L’armée a prétendu que les deux hommes impliqués dans la tentative d’attentat du restaurant faisaient partie des cinq personnes tuées au cours d’un échange de coups de feu du raid de lundi, très tôt le matin.

Les Palestiniens tués ont été identifiés : il s’agir de Raafat Uweidat, 21 ans, Ibrahim Wael Uweidat, 27 ans, Malik Awni Lafi, 22 ans, Adham Majdi Uweidat, 22 ans, et Thaer Uweidat, 28 ans.

Israël retient leurs corps de façon à pouvoir les utiliser comme monnaie d’échange lors de futures négociations – il s’agit d’une violation des lois internationales pourtant approuvées par les plus hautes instances judiciaires de l’État.

La Société palestinienne du Croissant-Rouge a déclaré que six personnes avaient été blessées, dont une grièvement, lors du raid. Les forces d’occupation ont empêché le travail des infirmiers et ont attaqué une ambulance, prétend l’organisation.

Au cours du raid de lundi, les forces israéliennes ont arrêté huit personnes.

 

Des enfants « traumatisés » lors du raid de Jénine

Des détails additionnels sont apparus concernant l’occupation par l’armée israélienne de la maison d’une famille palestinienne lors de son raid du 26 janvier dans le camp de réfugiés de Jénine.

Muhammad Abu al-Hayja a expliqué à CNN que lui, sa femme et leurs deux filles, toutes deux âgées de moins de trois ans, dormaient quand les soldats israéliens ont défoncé leur porte.

Abu al-Hayja a été menotté, emmené dans sa salle de bain, forcé de s’agenouiller avec une serviette de bain nouée autour de la tête afin de l’empêcher de voir.

 

La famille est restée couchée sur le sol pendant plus de trois heures pendant que les militaires israéliens utilisaient plusieurs pièces de la maison pour tirer sur les combattants palestiniens à proximité, lesquels à leur tour ont tiré en direction de l’appartement.

Adam Bouloukos, le directeur de l’UNRWA (l’agende de l’ONU pour les réfugiés palestiniens) pour la Cisjordanie, a déclaré à CNN que les filles d’Abu al-Hayja avaient été « visiblement traumatisées ».

Il a également dit que « ce genre d’intrusion violait non seulement les lois internationales, mais aussi la simple décence élémentaire ».

La police, les militaires et les colons israéliens ont tué plus de 40 Palestiniens – dont sept enfants – en Cisjordanie depuis le début de l’année.

Le 27 janvier, un tireur palestinien a tué sept personnes dans une colonie israélienne, avant d’être abattu et tué à son tour par la police.

Vendredi, les soldats israéliens ont tué et abattu Abdullah Qalalweh, 26 ans, au check-point de Huwwara, dans le nord de la Cisjordanie, un point d’éclair fréquent de la violence meurtrière de l’occupation.

L’armée israélienne a prétendu que Qalalweh, qui n’était pas armé, avait « tenté de s’emparer de l’arme d’un des soldats israéliens avant d’être abattu », a rapporté Middle East Eye.

Les autorités israéliennes ont prétendu la même chose après avoir abattu et tué Ahmad Kahlah à un check-point le mois dernier, et ce n’est que plus tard qu’elles ont admis dans un rapport parvenu entre-temps aux médias que sa mort ne se justifiait pas.

 

Des réfugiés tués dans le tremblement de terre

Pendant ce temps, près de deux douzaines de Palestiniens ont perdu la vie en Syrie lors d’un tremblement de terre qui a tué des milliers de personnes dans la région, selon WAFA, l’agende d’information de l’État palestinien.

On rapporte que près de 4 000 personnes ont été tuées suite au tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a ébranlé la Turquie et la Syrie et qui a été ressenti dans bien d’autres pays également. Une réplique presque aussi forte a encore frappé plusieurs heures plus tard.

Un fonctionnaire de l’ONU a mis en garde en disant que le nombre de morts pourrait être multiplié par huit. L’institution mondiale a ajouté que l’ampleur des destructions entravait considérablement l’apport d’aide humanitaire.

En Turquie, les efforts de secours ont été empêchés par les conditions de blizzard dans certaines régions, alors que des milliers de survivants restaient dehors dans le froid, avec peu ou pas de nourriture, de chaleur ou de possibilité d’abri, ou en se terrant dans leurs voitures par crainte que les bâtiments endommagés ne s’effondrent suite aux répliques du séisme.

Près de trois millions de personnes du nord-ouest de la Syrie, à proximité de l’épicentre du tremblement de terre dans le sud-est de la Turquie, ont été déplacées au cours de la guerre en Syrie et dépendent déjà de l’aide pour leur survie.

Un docteur présent dans la région a dit à la BBC que les hôpitaux étaient surpeuplés et que le personnel médical devait décider qui il allait traiter et qui il laisserait mourir en raison du manque sévère de personnel et de fournitures.

On rapporte que les cinq personnes, dont trois enfants, d’une famille palestinienne ont toutes perdu la vie dans le tremblement de terre de Turquie.

Les écoles de l’UNRWA en Syrie ont servi d’abris pour les réfugiés palestiniens du camp de Lattaquié, où trois maisons se sont effondrées.

L’agence a fait savoir que quatre enfants, réfugiés palestiniens, avaient perdu la vie dans le désastre. Deux de ces enfants ont été piégés sous une maison à Lattaquié, en même temps que leurs parents, qui sont morts avec eux.

L’UNRWA a ajouté que les villes côtières de Lattaquié et Neirab, non loin d’Alep, ont été les plus affectées parmi les douze camps de l’agence dans le pays.

 

Quelque 440 000 réfugiés palestiniens vivent en Syrie et les camps de l’UNRWA ont été vilainement affectés au cours de la décennie de guerre qui a ravagé le pays.

Le mois dernier, Philippe Lazzarini, qui dirige l’UNRWA, a déclaré que réhabiliter les installations de l‘agence en Syrie constituait une priorité absolue.

« J’ai été choqué par le niveau de destruction des maisons et des bâtiments de l’UNRWA dans certains camps de réfugiés palestiniens en Syrie”,

expliqué Lazzarini après avoir visité le pays en janvier.

« La destruction quasi-totale de lieux comme Yarmouk et Ein el Tal a provoqué des souffrances inimaginables »,

a-t-il ajouté.

L’agence, qui est régulièrement sous-financée, a lancé un appel de 1,6 milliard de USD en janvier pour ses services de santé, d’éducation et autres services de base destinés aux réfugiés palestiniens en Cisjordanie, à Gaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie.

Le tremblement désastreux de lundi en Syrie ne fera qu’exacerber les besoins dramatiques des Palestiniens dans le pays, l’une des communautés les plus vulnérables de la région.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 7 février 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Lisez également : Israël tue cinq résistants à Jéricho

 

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