L’un des fondateurs de la Brigade de Jénine succombe à ses blessures de jeudi, lors du massacre de Jénine

Omar al-Saadi, l’un des fondateurs de l’organisation de résistance armée, la Brigade de Jénine, a succombé aux blessures qu’il avait subies lors de l’offensive militaire israélienne contre le camp de réfugiés de Jénine, ce qui porte à dix le nombre de victimes du massacre.

29 janvier 2023. Des Palestiniens assistent aux funérailles d’Omar Al-Saadi, 24 ans, mort des blessures subies lors du raid israélien contre le camp de réfugiés de Jénine jeudi dernier. (Photo : Ahmed Ibrahim / APA Images)

29 janvier 2023. Des Palestiniens assistent aux funérailles d’Omar Al-Saadi, 24 ans, mort des blessures subies lors du raid israélien contre le camp de réfugiés de Jénine jeudi dernier. (Photo : Ahmed Ibrahim / APA Images)

 

 

Mariam Barghouti, 29 janvier 2023

Samedi 28 janvier, Karam Ali Salman, 18 ans, a été abattu et tué par un colon israélien armé à proximité de la colonie illégale de Kedumim, à la périphérie de Naplouse. La veille, à la suite des tueries de Jénine, les Palestiniens y avaient organisé une journée de protestation et de résistance.

Outre Salman, un autre Palestinien, Omar Al-Saadi, 24 ans, a succombé aux blessures qu’il avait subies jeudi 26, lors de confrontations avec l’armée israélienne. Al-Saadi avait reçu une balle dans l’abdomen durant le raid israélien dans le camp, raid qui visait une cellule militaire et s’était traduit par le massacre de 9 Palestiniens (un dixième avait été tué le même jour au cours d’affrontements avec l’armée israélienne à al-Ram, à la périphérie de Jérusalem). La mort d’Al-Saadi porte à dix le nombre de Palestiniens qui ont perdu la vie au cours de ce raid même.

Al-Saadi est l’un des fondateurs de la Brigade de Jénine, une organisation de résistance qui a vu le jour en 2021 mais s’est illustrée en 2022 lors de la résurgence de la résistance armée en Cisjordanie. La Brigade est en quelque sorte une coordination regroupant diverses factions politiques, dont la Brigade des Martyrs d’Al-Aqsa et les Brigades Al-Quds, les ailes militaires, respectivement, du Fatah et du mouvement du Djihad islamique.

Dans une déclaration du 29 janvier, les Brigades Al-Quds ont proclamé que la mort d’Al-Saadi

« ne fera qu’accroître notre détermination et notre volonté ».

« Le sang versé se muera en carburant, qui viendra entretenir les braises de la résistance, dont les flammes gagneront ensuite tous les fronts »,

poursuivait la déclaration.

Concluant par une promesse de poursuivre la résistance jusqu’à la libération, la déclaration était signée par la Brigade de Jénine, ce qui signifie qu’elle était soutenue par toutes les factions politiques du camp.

La mort d’Al-Saadi porte à 32 le nombre de Palestiniens tués au mois de janvier 2023.

 

Les vies emprisonnées des combattants de la résistance

Dimanche, les forces israéliennes ont transféré le détenu politique Sami Ghuneim en détention administrative, ce qui veut dire qu’il sera emprisonné sans accusation ni procès. Les deux fils de Ghuneim, Noor, 25 ans, et Mohammad, 28 ans, ont été tués jeudi dernier, au cours du raid sanglant contre Jénine. Son troisième fils, Ahmad Ghuneim, a été très grièvement blessé et il est toujours dans un état critique à l’hôpital au moment de la rédaction du présent article.

Actuellement, plus de 4 700 Palestiniens sont emprisonnés en Israël, dont 835 sont emprisonnés arbitrairement. Cette pratique est considérée comme illégale par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ICCPR).

C‘est également une caractéristique constante de la vie palestinienne et bien des combattants de la résistance de la Brigade de Jénine sont d’anciens prisonniers. Al-Saadi lui-même avait été emprisonné pendant trois ans.

Le mouvement des prisonniers palestiniens continue d’inspirer l’intensification de la résistance armée palestinienne. Al-Saadi était le neveu de Shaikh Bassam al-Saadi, le dirigeant du Djihad islamique palestinien (DIP), arrêté au camp de réfugiés de Jénine en août dernier, lors de l’opération « Brise-lame ».

Depuis 2021, les autorités carcérales israéliennes ont intensifié les intrusions dans les cellules de prison, en aspergeant les détenus de gaz lacrymogènes et en instaurant des pratiques punitives qui violent les droits des prisonniers politiques.

 

Les mesures punitives de l’armée et des colons

L’armée israélienne a justifié ses agressions et assassinats extrajudiciaires à grande échelle de l’an dernier – principalement centrés sur les camps de réfugiés de Jénine et Balata et sur la Vieille Ville de Naplouse – en prétextant de cibler des combattants palestiniens et en présentant ces actions comme une forme stratégique de « dissuasion ».

La résistance palestinienne n’a fait que croître, en réponse à cette stratégie.

La chose a été rendue particulièrement évidente vendredi 27 janvier dernier, quand Khairi Alqam, 21 ans, de Jérusalem, a tué par balles sept colons israéliens dans la colonie illégale de Neve Yaacov, à Jérusalem-Est. Immédiatement après cette fusillade à Jérusalem, un colon israélien s’est rendu à l’entrée du village de Beita, près de Naplouse, et a ouvert le feu sur de jeunes Palestiniens, faisant trois blessés.

Bien qu’il s’agisse de représailles évidentes suite à la fusillade de Jérusalem, Beita est spécifiquement la cible, depuis des années, d’attaques de plus en plus fréquentes de la part des colons, qui tentent d’étendre les colonies jusqu’au mont Sbein, lequel appartient en fait aux résidents de Beita. En juillet dernier, suite au meurtre d’Amjad Abu Alia, 16 ans, des témoins palestiniens de l’incident ont fait remarquer que le coup fatal avait été tiré par un colon armé et ils ont mis en garde contre la fréquence accrue de ce genre d’agressions meurtrières de la part des colons, en ajoutant qu’elles n’allaient plus cesser de se multiplier, à l’avenir.

En effet, 2022 a vu la violence des colons battre des records.

Cette année, on a simplement assisté à une hausse de cette tendance. Samedi 28 janvier, plus de 144 attaques de colons avaient été répertoriées pour le seul district de Naplouse, affirme le fonctionnaire palestinien responsable du dossier des colonies en Cisjordanie, Ghassan Daghlas. Ces attaques se sont surtout concentrées sur Huwwara et Madama.

De plus, dans le sillage de l’attentat de Jérusalem, le gouvernement israélien cherche à rendre la législation sur le port d’arme plus permissive pour les colons. Cela fait partie d’un passage à toute une panoplie de mesures punitives envisagées par le gouvernement Netanyahou suite à cet attentat de Jérusalem.

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Mariam Barghouti est la principale correspondante de Mondoweiss sur la Palestine. 

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Publié le 29 janvier 2023 sur Mondoweiss
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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