Vidéo : Un soldat abat un Palestinien d’une balle dans la nuque

Un clip vidéo très court diffusé sur les médias sociaux ce lundi montrait un Palestinien qui se faisait abattre d’une balle dans la nuque par un soldat israélien au cours d’un raid diurne dans le village de Beita, au sud de Naplouse, en Cisjordanie.

 

19 août 2023. Les forces d’occupation israéliennes fouillent des véhicules palestiniens au check-point de Huwwara. Trouvez dans l'article la vidéo : Un soldat abat un Palestinien d’une balle dans la nuque

19 août 2023. Les forces d’occupation israéliennes fouillent des véhicules palestiniens au check-point de Huwwara , au sud de Naplouse, en Cisjordanie. (Photo : APAWire)

 

Maureen Clare Murphy, 21 août 2023

La vidéo montre un homme en train de marcher puis de courir vers un groupe de personnes évacuant un blessé, quand un soldat émerge de derrière un coin et abat l’homme, qui s’écroule aussitôt.

L’homme qui, en fait, n’a rien dans les mains et tourne le dos au soldat qui l’abat, ne pose absolument aucun danger concevable pour qui que ce soit.

L’agence de presse officielle palestinienne, Wafa, a rapporté que huit personnes avaient été blessées à balles réelles et qu’un médecin avait été arrêté au cours de ce raid. Des douzaines d’autres personnes avaient été blessées après avoir inhalé du gaz lacrymogène.

On peut voir la vidéo dans ce tweet :

 

Plusieurs Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne à Beita, depuis l’installation d’Evyatar, un avant-poste de colonie, sur des terres du village en mai 2021.

Evyatar, qui avait été évacué quelque temps en 2021, est devenu un site symbolique du mouvement de peuplement fortement encouragé par des personnalités politiques de premier plan du gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahou.

Au cours d’une visite à Evyatar, en juin, Itamar Ben-Gvir, le faiseur de roi de la fragile coalition de Netanyahou, a instamment invité les colons « à occuper les collines ». Il a insisté pour que l’on tue des « milliers » de terroristes « afin d’accomplir notre grandiose objectif : la terre d’Israël pour le peuple d’Israël » et a assuré les colons que « nous vous couvrons ».

 

Une femme colon tuée

Un peu plus tôt, lundi, une Israélienne qui résidait dans une colonie, a été abattue et tuée alors qu’elle conduisait un véhicule dans les collines du sud d’Hébron, en Cisjordanie. Un Israélien a été grièvement blessé au cours du même incident et une fillette de 12 ans, qui se trouvait également dans la voiture, en est sortie indemne.

Le quotidien de Tel-Aviv, Haaretz, a rapporté que

« le tireur s’est enfui, incitant les forces sécuritaires israéliennes à se lancer dans leur deuxième chasse à l’homme en trois jours ».

Samedi, un Israélien et son fils adulte avaient été abattus dans un car wash à Huwwara, une ville palestinienne à proximité de Naplouse.

Les prises de vue de la fusillade par les caméras de sécurité montrent le tireur s’approchant à pied des Israéliens avant de les abattre à bout portant, dans le même temps que l’employé qui lave leur voiture s’enfuit à toutes jambes.

Haaretz a rapporté que les résidents de Huwwara avaient apporté les premiers soins aux blessés en attendant l’arrivée des paramédicaux israéliens qui les avaient déclarés morts sur les lieux mêmes.

« L’arme de l’agresseur a été retrouvée dans un terrain dégagé à quelques centaines de mètres de la scène de la fusillade et on croit que le tireur se trouve toujours dans les parages »,

a expliqué le journal dimanche.

 

Netanyahou et Galant accusent l’Iran

Benjamin Netanyahou et Yoav Galant, le Premier ministre d’Israël et son ministre de la Défense, ont accusé l’Iran des meurtres récents commis en Cisjordanie sur des Israéliens.

« Nous sommes au beau milieu d’une offensive terroriste encouragée, dirigée et financée par l’Iran et ses intermédiaires »,

a déclaré Netanyahou lundi.

Galant, de son côté, a dit :

« Nous allons entreprendre plusieurs actions qui rétabliront la sécurité des citoyens d’Israël »,

ajoutant que « toutes les options sont sur la table ».

Quel que soit le soutien que l’Iran peut avoir ou n’avoir pas donné aux organisations armées palestiniennes en Cisjordanie, la racine de la violence qui empire réside en fin de compte dans le régime israélien de colonialisme de peuplement, d’occupation et d’apartheid imposé à des millions de Palestiniens.

La colonisation de la terre palestinienne et la violence des colons contre les Palestiniens et leurs avoirs ont rapidement accéléré depuis le début de l’année, quand la coalition au pouvoir de Netanyahou a pris le contrôle du gouvernement.

Lundi, Bezalel Smotrich, le ministre théocratique des finances d’Israël, s’est hâté de finaliser son plan d’expansion des colonies en Cisjordanie et de régularisation de douzaines d’avant-postes.

Toutes les colonies de Cisjordanie sont illégales, aux yeux des lois internationales, qui interdisent à une puissance occupante de transférer sa population civile dans un territoire occupé.

Lors de son briefing au Conseil de sécurité, ce lundi, Tor Wennesland, l’envoyé au Moyen-Orient du secrétaire général des Nations unies, a déclaré que, ces derniers mois, on avait

« assisté à une continuation de la trajectoire négative qui caractérise ce conflit depuis bien trop longtemps ».

Il a fait remarquer que, cette année, les pertes palestiniennes en vies humaines en Cisjordanie et les pertes israéliennes avaient déjà dépassé les chiffres totaux de 2022.

D’après les calculs de The Electronic Intifada, les soldats, policiers et civils armés israéliens ont tué 218 Palestiniens depuis le début de l’année. Ce chiffre inclut les personnes qui sont mortes de blessures subies au cours des années précédentes.

Trente-deux de ces décès ont eu lieu à Gaza, cinq en Israël et le reste en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est.

Trente-quatre Israéliens et personnes d’autres nationalités ont été tués par les Palestiniens en Israël et en Cisjordanie dans le contexte de l’occupation au cours de la même période. Ce chiffre comprend également des personnes décédées de blessures reçues antérieurement.

Tous ces décès sauf cinq ont eu lieu en Cisjordanie.

The Electronic Intifada avait compté 207 décès palestiniens et 31 décès parmi les Israéliens et autres ressortissants en Israël et en Cisjordanie en 2022.

 

Huwwara

La compagne de Shay Silas Nigrekar, l’aîné des deux Israéliens abattus à Huwwara samedi, a déclaré que Nigrekar et son fils vivaient à Ashdod (Isdud, pour les Palestiniens) mais qu’ils se rendaient fréquemment à Huwwara, où « ils avaient des amis ».

Huwwara se trouve sur le Route 60, entre les colonies qui entourent Naplouse, et c’est un hub commercial en raison de son emplacement central, avec des panneaux en arabe et en hébreu pour faire la publicité des divers services qu’on y trouve.

Deux Palestiniens ont été tués par des civils israéliens lors d’incidents séparés qui avaient eu lieu à Huwwara en 2017 et en 2019 et de nombreux autres ont été tués par les soldats aux check-points militaires israéliens à Huwwara, le long de la Route 60.

Yitzhar, tristement célèbre pour sa population de colons violents, a été créé sur des terres appartenant à Huwwara, dont les résidents palestiniens ont subi de fréquentes attaques de la part des colons.

En février, les colons se sont déchaînés pendant plusieurs heures sur Huwwara après que deux frères israéliens avaient été abattus dans la ville. Un Palestinien de 37 ans avait été tué par les forces d’occupation israéliennes, dans toute cette violence de foule.

Une enquête de la chaîne d’information américaine CNN a découvert que les forces israéliennes s’étaient abstenues de faire cesser l’attaque contre Huwwara en février et qu’elles n’avaient pas «

protégé les résidents quand les colons avaient bouté le feu aux maisons et commerces palestiniens et avaient empêché les services d’urgence d’intervenir ».

 

Des soldats abattent un protestataire de Gaza

Pendant ce temps, lundi, à l’est de la ville de Gaza, un Palestinien était hospitalisé après avoir été touché par un balle réelle tirée par l’armée israélienne. D’autres ont été blessés après avoir inhalé des gaz lacrymogènes au cours d’une manifestation marquant l’anniversaire d’une attaque incendiaire contre la mosquée al-Aqsa de Jérusalem en 1969.

 

En ce jour de 1969, Dennis Michael Rohan, un Australien de 28 ans, essayait d’incendier la mosquée afin de permettre à Israël de construire un temple sur son site et de pouvoir ainsi introduire la seconde venue du Messie.

L’incendie détruisait la chaire en bois connue sous l’appellation de « minbar de Saladin ».

Le statut d’al-Aqsa, l’un des sites les plus sacrés de l’Islam, est un sujet d’une très grande sensibilité, pour les Palestiniens.

Le prétendu Mouvement du Temple, qui a de chauds partisans au sein du gouvernement, du parlement et de l’establishment religieux d’Israël, cherche à accroître le nombre de juifs qui visitent le site de la mosquée al-Aqsa.

Les activistes du Mouvement du Temple ont pour but la destruction du Dôme du Rocher, situé à l’intérieur du site de la mosquée, et la construction d’un temple juif à sa place.

Samedi, Muhammad Abu Asab, 19 ans, est mort après avoir abattu d’une balle dans la tête par des soldats israéliens trois jours plus tôt, au camp de réfugiés de Balata, dans la périphérie de Naplouse, en Cisjordanie.

L’armée israélienne a dit qu’elle avait détruit un laboratoire d’explosifs et une cache de bombes artisanales, et qu’elle avait neutralisé des explosifs placés sur la route menant au camp.

Des soldats avaient riposté contre des tireurs, lors du raid, a ajouté l’armée.

Jeudi dernier, les forces israéliennes ont abattu et tué Mustafa al-Kastouni, 32 ans, au cours d’un raid à Jénine.

La mère du combattant de la résistance a déclaré qu’al-Kastouni n’était pas armé, au moment du raid.

« D’après elle », a rapporté Haaretz, al-Kastouni « a crié à l’adresse des soldats qu’il voulait se retourner, mais elle a prétendu qu’ils ne l’avaient pas écouté. »

Al-Kastouni a été touché à la tête, à la poitrine et à l’estomac.

Une employée de la clinique, une dame de 36 ans, qui se rendait à son travail, a été touchée elle aussi et grièvement blessée par balle, lors du raid.

Le même jour, Hamza Abu Sneineh, 30 ans, est mort de ses blessures encourues lors d’un raid de la police contre le site de la mosquée al-Aqsa, le 7 mars 2021. Abu Sneineh avait été touché au visage par une balle enrobée de caoutchouc qui avait provoqué plusieurs fractures du crâne.

Sa santé s’était considérablement détériorée au cours des semaines qui ont précédé son décès.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 21 août 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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