Points forts dans l’actualité de la 31e semaine du génocide à Gaza
Toute la semaine dernière, les forces israéliennes ont lourdement bombardé nombre de zones de la bande de Gaza, et plus particulièrement la ville de Rafah, dans le sud de l’enclave.
Nora Barrows-Friedman, 9 mai 2024
The situation in Rafah is terrifying. The army ordered the evacuation of eastern Rafah, then immediately began shelling the homes of civilians and the warehouses of international organizations and traders. Israel is burning your aids! pic.twitter.com/Wp6W1gB7zG
— Ahmed El-Madhoun (@madhoun95) May 7, 2024
L’armée a ordonné l’évacuation de plusieurs quartiers de la partie orientale de Rafah vers les dunes de sables d’al-Mawasi, sur la côte, déjà surpeuplées de personnes déplacées qui n’ont aucun accès à des services, même élémentaires.
https://twitter.com/SometimesPooh/status/1787379102351044792?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1787379102351044792%7Ctwgr%5Ef1cb4542558e5b39a2f106edca27479493e718fc%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Fnora-barrows-friedman%2Fnews-highlights-week-31-israels-genocide-gaza
Très tôt, mardi matin, au moins 20 Palestiniens ont été tués par des bombardements israéliens, la plupart à Rafah. Plus tard dans la journée, des tirs d’artillerie israéliens ont touché le quartier général du gouvernement local à Rafah, rapporte Al Jazeera.
Mardi également, à Rafah, les forces israéliennes ont bombardé des tentes appartenant à des Palestiniens déplacés.
This video is from Rafah earlier today , Israeli occupation forces bombing the tents of the displaced civilians . pic.twitter.com/d5ToOB1L6o
— حسام شبات (@HossamShabat) May 7, 2024
Lundi soir, les bombardements israéliens ont tué des douzaines de femmes et d’enfants et des journalistes palestiniens ont expliqué que les bombardements avaient été si intenses qu’ils avaient disloqué les gens « en morceaux ».
Dimanche soir, les forces israéliennes avaient bombardé la maison de la famille Qeshta à Rafah.
A grieving child bids a tearful farewell to members of his family who were killed in the Israeli airstrike targeting the Qashta family home in Rafah. pic.twitter.com/iTsyqQjmWQ
— Quds News Network (@QudsNen) May 6, 2024
Les patients et les travailleurs médicaux ont commencé à fuir l’hôpital al-Najjar à Rafah après qu’Israël a ordonné l’évacuation de la zone lundi.
Maureen Clare Murphy a rapporté :
« L’hôpital est actuellement le seul à Gaza où fonctionne un département de dialyse pour patients souffrant d’une maladie rénale, et sa fermeture va immédiatement mettre en danger la vie de 200 personnes au moins, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). »
À la maternité de l’hôpital Emirati de Rafah, la dernière maternité encore en état de fonctionnement très limité, la docteure Dorotea Gucciardo, du Projet Glia, a évoqué la situation dangereuse et précaire des nouveau-nés dans l’unité de soins néonatals intensifs, ainsi que celle de leurs familles et du personnel soignant, et ce, en raison de la menace imminente d’une opération militaire à grande échelle.
Glia's Director of Development, Dorotea Gucciardo, is in Rafah now, coordinating our 10th medical delegation. Here, she speaks from Emirati Hospital, the last maternity hospital in Gaza. Listen as she outlines the perilous situation as the Israeli military begins to occupy Rafah pic.twitter.com/tRM8jL0gQ3
— The Glia Project (@Glia_Intl) May 7, 2024
Maureen Clare Murphy a encore rapporté que plus d’un million de Palestiniens avaient fui vers Rafah
« après avoir été déplacés à maintes reprises d’autres zones. Certaines de ces zones, dont les quartiers évacués lundi sur ordre d’Israël, avaient été déclarés précédemment ‘zones sûres’ par l’armée ».
Lundi, Israël a fermé Kerem Shalom, le principal passage commercial vers Gaza, après que quatre soldats israéliens avaient été tués la veille dans une attaque à la roquette, a ajouté Maureen Clare Murphy.
Mardi, Israël a déclaré qu’il s’était emparé du « contrôle opérationnel » du passage frontalier de Rafah vers l’Égypte, fermant ainsi la seule voie permettant aux Palestiniens de quitter l’enclave et aux équipes médicales d’y entrer.
Richard Brennan, directeur des urgences régionales pour la Méditerranée orientale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déclaré que l’impact de la fermeture par Israël du passage de Rafah « aggravait encore une situation déjà passablement désastreuse et catastrophique ».
« Aujourd’hui, nous comptions évacuer 140 patients [en état critique], mais maintenant cette ligne de vie a été coupée pour les patients »,
a-t-il dit.
Une prise de vue extraite d’une vidéo montrant un char israélien fonçant à travers tout du côté palestinien du passage de Rafah et détruisant délibérément la panneau emblématique « I Love Gaza », a circulé mardi sur les médias sociaux.
Israeli army tanks storm the Palestinian side of the Rafah border crossing. pic.twitter.com/3WklPvXQDI
— Quds News Network (@QudsNen) May 7, 2024
Mardi, le département de coordination du ministère de la Santé à Gaza a fait savoir que la fermeture du passage de Rafah
« empêchait l’entrée des camions de médicaments et de matériel médical, de même que l’entrée du carburant nécessaire pour les hôpitaux et qu’elle empêchait également la sortie de milliers de blessés et de malades attendant de pouvoir voyager ».
Mardi, Hind Khoudary a parlé pour Al Jazeera de l’impact des ordres d’évacuation.
"People in Rafah were displaced more than 9 times. They were first displaced from the northern area, then to the central area, then to Khan Younis, then to Rafah… whats different now is there is no place [for them to go]"@Hind_Gaza reporting from Deir Al Balah pic.twitter.com/nBXZhPPnVp
— Saul Staniforth (@SaulStaniforth) May 7, 2024
L’ONG humanitaire Oxfam a méchamment éreinté les plans israéliens d’invasion de Rafah.
Lundi, la directrice régionale de l’ONG pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Sally Abi-Khalil, a déclaré :
« Nous sommes horrifiés par l’ordre israélien d’évacuation d’environ 100 000 personnes et par ce qui s’avère être une invasion imminente de Rafah, en dépit de la promesse universelle des dirigeants mondiaux de mettre un terme à cet assaut permanent et barbare. »
« La peur à Rafah est palpable, puisque les gens qui ont déjà été forcés de fuir à maintes reprises partout à Gaza, doivent le faire une nouvelle fois »,
a-t-elle dit.
« Maintenant qu’Israël empêche l’aide, le carburant ou les marchandises d’entrer par les deux passages incontournables que sont Rafah et Kerem Shalom, les efforts humanitaires en vue de sauver des vies seront encore plus difficiles. »
Sally Abi-Khalil a encore dit :
« Pendant plus de six mois, Israël a délibérément et systématiquement ciblé des civils et des travailleurs humanitaires, y compris dans les zones clairement désignées comme ‘zones sûres’ et ‘routes d’évacuation’. Désormais, la moindre de ses affirmations disant que les civils peuvent être évacués en toute sécurité, a perdu toute crédibilité. La zone d’Al-Mawasi – une prétendue zone humanitaire sûre où l’on a ordonné aux gens de se réfugier – a déjà été bombardée à deux reprises. »
« Il est inimaginable qu’il soit permis à un gouvernement d’ignorer on ne peut plus impunément toutes les mises en garde concernant le coût humanitaire catastrophique et de vouloir grossièrement aller plus avant encore dans son froid mépris de la vie humaine, des lois internationales et des décisions de la CIJ en vue d’empêcher le génocide »,
a conclu Sally Abi-Khalil.
Une société privée américaine va-t-elle « assumer la gestion » du passage de Rafah ?
Entre-temps, le quotidien de Tel-Aviv Haaretz rapportait mardi qu’Israël et l’Égypte s’étaient mis d’accord pour qu’« une société américaine privée de sécurité assume la gestion du passage après que l’armée israélienne aura terminé son opération », dont ils ont également prétendu qu’elle serait limitée.
Haaretz a ajouté que des négociations privées étaient en cours avec ladite société, dont le nom n’a pas été révélé, mais qui « se spécialise dans l’assistance aux armées et aux gouvernements du monde entier engagés dans des conflits militaires ».
The @JoeBiden genocide regime plans to place the Rafah crossing under direct United States occupation using mercenary force https://t.co/X9ZNpH5AFg pic.twitter.com/TBFvIM31M0
— Ali Abunimah (@AliAbunimah) May 7, 2024
La société
« a opéré dans plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient, gardant des sites stratégiques tels champs pétroliers, aéroports, bases militaires et passages frontaliers sensibles. Elle emploie des vétérans des unités d’élite de l’armée américaine »,
rapporte Haaretz.
Toutefois, comme le disent Jon Elmer, un journaliste qui contribue à The Electronic Intifada, et notre ami Justin Podur, de l’Anti-Empire Project, pour qu’il en soit ainsi, naturellement, il faudrait d’abord qu’Israël gagne la guerre.
Mardi, lors de la conférence de presse du département d’État américain, le porte-parole Matt Miller a déclaré qu’il n’était « pas au courant du tout » de plans d’une société privée américaine opérant au passage de Rafah et dont parlait Haaretz. Le porte-parole du conseil de la sécurité nationale, JohnKirby, a lui aussi nié être au courant de ce plan.
Le membre éminent du Hamas, Osama Hamdan, a déclaré que les Palestiniens n’allaient pas répondre à la pression militaire ni aux menaces et qu’ils n’accepteraient pas la moindre « force d’occupation » au passage de Rafah.
De son côté, le Front populaire pour la libération de la Palestine a déclaré :
« Quant à toute présence d’une partie non palestinienne au passage de Rafah, nous la traiterons comme une force d’occupation et nous en ferons une cible légitime de la résistance. »
BREAKING| PFLP: "Any presence of non-Palestinian parties at the Rafah Crossing, we will deal with it as an occupation force and it will be a legitimate target for resistance."
The statement was made following reports that Israel will transfer control of the Rafah border crossing… pic.twitter.com/IwG2aWIpus
— Quds News Network (@QudsNen) May 7, 2024
Israël interdit Al Jazeera, et occupe les bureaux du réseau
Le week-end dernier, le gouvernement israélien a fermé les bureaux et bloqué les opérations du réseau Al Jazeera, quelques semaines après que le parlement israélien avait adopté une loi permettant la fermeture temporaire des émetteurs étrangers considérés comme étant une menace pour la sécurité nationale tout au long des mois de guerre à Gaza.
Israel shuts down Al Jazeera offices. pic.twitter.com/QG27LNa3Az
— Al Jazeera Breaking News (@AJENews) May 5, 2024
La police israélienne a occupé les bureaux du réseau à Jérusalem, a retiré les accréditations de presse et à interdit aux fournisseurs de services d’émettre des informations.
Le réseau a condamné la décision du gouvernement israélien de bloquer ses opérations en Israël en disant qu’il s’agissait d’un « acte criminel ».
Dans une déclaration, Al Jazeera a fait savoir que
« l’actuelle répression par Israël de la presse libre, répression conçue dans un effort en vue de masquer ses actions dans la bande de Gaza, enfreint les lois internationales et humanitaires. Le ciblage direct de journalistes par Israël, les assassinats, arrestations, intimidations et menaces ne dissuaderont pas Al Jazeera de poursuivre son travail de couverture, même si plus de 140 journalistes palestiniens ont été tués depuis le début de la guerre contre Gaza ».
Imran Khan, d’Al Jazeera, a diffusé ce rapport final préenregistré dimanche, depuis Jérusalem-Est occupée :
"If you’re watching this… then Al Jazeera has been banned in Israel."
Al Jazeera's @ajimran recorded his last report from occupied East Jerusalem, pre-empting the Netanyahu gov't’s unanimous decision to close Al Jazeera in Israel ⤵️ pic.twitter.com/ZOzqxpSKGJ
— Al Jazeera English (@AJEnglish) May 5, 2024
Le retour en classe des écoliers
Et, finalement, nous voulions vous apporter plusieurs images et vidéos émanant de journalistes à Gaza, qui ne se contentent pas de rapporter sans cesse sur les atrocités en cours, mais désirent également témoigner de la résilience, de la joie et de la détermination du peuple palestinien.
Gaza Genocide Day 210 pic.twitter.com/MmymUdPrKQ
— Maha Hussaini (@MahaGaza) May 3, 2024
À Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, des danseurs ont exécuté la traditionnelle debke pour les enfants dans une école qui avait été transformée en refuge pour des familles déplacées.
A group of young people and children, displaced in one of the schools in Deir al-Balah in the center of the Gaza Strip, showcase the Palestinian Dabkeh dance as a form of entertainment and a reminder not to abandon our authentic, enduring heritage. pic.twitter.com/Ufy82QUKIb
— Gaza Notifications (@gazanotice) May 4, 2024
Certains enfants sont retournés à l’école cette semaine, dans le nord de Gaza, excités à l’idée de redémarrer leur éducation après sept mois de l’actuel génocide.
Al Jazeera a interviewé plusieurs écoliers qui étaient impatients de pouvoir exhiber leurs nouveaux uniformes.
These Palestinian girls in Gaza are excited to wear their school uniforms again as they attend classes in a tent near al-Aqsa hospital ⤵️ pic.twitter.com/BpTJd6iSnl
— Al Jazeera English (@AJEnglish) May 5, 2024
Gaza continues to resist.
Kids return to school for the first time in Beit Lahia, Northern Gaza. pic.twitter.com/MaVOTcfvFE
— الأخ الكبير (@BIG__Brother7) May 5, 2024
Cette semaine, un étudiant universitaire a défendu avec succès sa thèse de maîtrise dans une tente à Rafah, même si son institution, l’Université Al-Azhar, a été bombardée par Israël début novembre. L’université a installé cette tente afin que les étudiants puissent poursuivre leurs études.
Tamer Abu Moussa defends his MA thesis in Psychology at the new encampment of Al-Azhar university. Tamer finding power to produce knowledge under a genocide is the kind of exceptional resilience Israel can’t defeat. pic.twitter.com/NXNrRzOpO4
— Hanine Hassan حنين (@Hanine09) May 5, 2024
La thèse de Tamer Abu Moussa était intitulée
« L’immunité psychologique en tant que variable modératrice entre les agents psychologiques du stress et la motivation de réussite parmi les conseillers en éducation des gouvernorats du sud de la Palestine ».
En mars, nous avions parlé d’enfants de la bande de Gaza qui portaient le fardeau de la politique de famine d’Israël en tant que punition collective, et nous vous avions parlé de Fadi Zant, le garçonnet de six ans atteint de fibrose cystique et dont les parents et les médecins étaient incapables d’aborder ses graves besoins médicaux en raison du blocus et de la crise de la faim orchestrés par Israël.
Fadi Alzant, a 6-year-old from Gaza has endured months of inadequate nutritional and medical care for his Cystic Fibrosis. Stranded in Kamal Adwan hospital in northern Gaza, his chronic condition steadily worsened with each passing day leaving him acutely malnourished and… pic.twitter.com/EyeN6MEKHL
— The PCRF (Palestine Children's Relief Fund) (@ThePCRF) May 5, 2024
L’enfant souffrait de malnutrition aiguë ainsi que d’une pneumonie quand il avait été évacué par des équipes médicales travaillant avec le Fonds de secours des enfants de Palestine (PCRF) et l’Organisation mondiale de la Santé.
Son équipe de thérapeutes a annoncé cette semaine qu’
« une fois arrivé dans le sud de Gaza avec l’équipe du PCRF sur le terrain, nous avons pu faciliter son évacuation vers l’Égypte, où il a reçu des soins immédiats en vue de stabiliser son état ».
Update on Fadi Zant, the 6-year-old Palestinian boy who nearly died of severe malnutrition & dehydration in Northern Gaza.@ThePCRF helped evacuate Fadi for treatment, thankfully, & it's heartwarming to see that his health improved a lot. pic.twitter.com/7k5Ems1Q8Z
— Ihcen 🔻 (@ihcentoo) May 6, 2024
Fadi est actuellement à New York avec sa mère et il reçoit enfin le traitement complet dont il a désespérément besoin.
Et les enfants de Gaza ont écrit et imprimé des messages de solidarité avec les étudiants des États-Unis et du Canada qui se sont soulevés pour réclamer que ce génocide prenne fin et que leurs universités désinvestissent des sociétés qui tirent profit des crimes d’Israël.
Breaking: Children from displacement camps in Gaza are raising the names of American universities whose students have protested against the Israeli genocide in Gaza. pic.twitter.com/KEcZfsqMwu
— Ramy Abdu| رامي عبده (@RamAbdu) May 1, 2024
*****
Publié le 9 mai sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine