Charleroi reçoit une ville israélienne pour parler « développement durable »
Jeudi 3 avril, Charleroi reçoit une ville israélienne pour parler «développement durable». Vous lisez bien.
Mise à jour du 15 mars
Suite à la mobilisation, et à l’envoi de nombreux mails protestant contre cette venue, la Ville de Charleroi a contacté la Plateforme pour affirmer qu’elle avait annulé l’invitation de Be’er Sheva, sans préciser quand aurait eu lieu cette annulation.
Toutefois, la présentation est toujours au programme de l’événement, et Charleroi n’a pour le moment fait aucune communication officielle au sujet de cette annulation.
Restons attentif•ves et continuons la mobilisation, jusqu’à l’engagement clair et public de la Ville de Charleroi sur l’annulation de l’invitation de Be’er Sheva.
RV lundi 17 mars à 18 h devant le conseil communal ! (Place du Manège)
Alors qu’Israël commet depuis 18 mois et 76 ans génocide, éducide et écocide à l’encontre de la Palestine, sa terre et son peuple, la ville de Be’er Sheva, dans le sud d’Israël, est invitée à présenter son « oasis urbaine », exemple de développement durable et faible en carbone dans le désert !
Cette tribune accordée à une collectivité locale d’un pays génocidaire lui est proposée dans le cadre de l’assemblée générale d’Ascend, un réseau de villes européennes, mais aussi turque, arménienne et géorgiennes, qui se présente comme « une communauté d’apprentissage pour des villes du futur ». Pendant 3 jours, la rencontre organisée à Charleroi sera le lieu de réunions et d’échanges entre les villes partenaires du projet et des villes invitées. Dans le cas présent, Be’er Sheva.
Une ville israélienne mise à l’honneur à Charleroi, quel est le problème ?
Israël est engagé depuis octobre 2023 dans des opérations génocidaires de grande ampleur sur le territoire gazoui. La Cour internationale de Justice a reconnu le risque de génocide en janvier 2024, et la Cour pénale Internationale a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de hauts dignitaires israéliens pour crimes de guerre. La décision de la Cour internationale de Justice oblige les autres États (comme la Belgique) à mettre en œuvre des moyens de prévention ou d’arrêt du génocide.
Qu’une ville belge accueille une ville israélienne pour mettre à l’honneur son modèle de développement durable, c’est une violation et de l’arrêt de la CIJ, et des règles élémentaires d’humanité.

13 août 2024. Des familles affligées de Palestiniens tués lors des attaques israéliennes reçoivent afin de pouvoir les enterrer les corps des victimes à la morgue de l’hôpital Nasser de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. (Photo : Abdullah Abu Al-Khair / APA images)
Par ailleurs, des opérations de grande ampleur sont également en cours en Cisjordanie, occupée militairement, avec le déplacement des populations palestiniennes des camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem et Nur Shams.

19 février 2025. Les forces armées israéliennes barrent l’entrée du camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (Photo : Mohammed Nasser / APA images)
Cette situation, si elle s’est démarquée par une violence extrême ces derniers mois, est en continuité avec les 77 ans d’existence d’Israël : une colonie de peuplement qui tue, détruit, exproprie, exploite, procède au nettoyage ethnique et à l’incarcération de masse.
La moitié de la population palestinienne, soit presque 7 millions de personnes, vit aujourd’hui en dehors du territoire de la Palestine, pour la plupart dans des camps de réfugié·es : c’est sur leur expulsion violente qu’Israël s’est construit en 1948, et continue de le faire depuis.
Be’er Sheva se trouve dans les territoires de 48 (« Israël »), dans le désert du Naqab, à 41 km de Gaza, où le peuple palestinien vit une situation apocalyptique.
Si la ville de Be’er Sheva est bien antérieure à la création de l’État d’Israël, elle en est aujourd’hui un de ses centres administratifs importants, et un lieu, toujours, de colonisation, d’expropriation, de déportation et de nettoyage ethnique.
Il y a quelques années à peine, le « plan Prawer » conduisait à l’expropriation et la déportation de quelque 30 000 Palestiniens vivant dans la région.
Depuis des décennies, l’État cherche à éloigner ces communautés de leurs foyers et à les placer dans des zones résidentielles prévues, ce que les organisations de défense des droits assimilent à un transfert forcé, c’est-à-dire à un crime de guerre, en vertu des lois internationales. Pendant tout ce temps, Israël a investi des milliards dans le développement et la promotion de colonies de peuplement juives dans la région.
Dans cette région désertique, vivent encore la moitié des 300.000 Bédouins palestiniens et ce, dans 40 villages « non reconnus » (par Israël). Ces villages et leurs habitant·es sont privés de tout service public, n’ont aucune connexion aux réseaux d’électricité ou d’eau, et se trouvent sous la menace constante d’expulsion et de démolition des habitations. Certains villages ont déjà été détruits près de 200 fois. Le village d’Al-Araqib a même été détruit 236 fois. (*)

Le village d’Al-Araqib a même été détruit 236 fois. Mais les Bédouins palestiniens résistent et reconstruisent.
Que faire ?
Interpeller vos mandataires et représentant·es, à tous les niveaux, mais principalement local : le cabinet du bourgmestre Thomas Dermine, des échevins Eric Goffart (échevinat Nature en ville), Babette Jandrain (échevinat Transition écologique) et Mahmut Dogru (échevinat Bâtiments/Énergie), ou tout autre membre du collège, de la majorité du conseil communal (PS-Engagés), ou même de l’opposition.
Il revient à la Ville de Charleroi de refuser la venue de Be’er Sheva ou de toute autre ville israélienne !
Interpeller IGRETEC, l’intercommunale chargée d’accueillir et d’organiser les trois journées d’Assemblée générale. IGRETEC peut également refuser d’accueillir Be’er Sheva.
Vous pouvez leur écrire (voir leurs coordonnées ci-dessous).
Vous pouvez également interpeller les conseillers et échevins avant leur entrée au Conseil communal de Charleroi le lundi 17 mars. RV à 18 h, place du Manège.
Faisons savoir aux pouvoirs publics que nous sommes là, que nous les observons et que, lorsqu’ils collaborent avec l’entité génocidaire, nous le refusons !
Pour la Plateforme Charleroi-Palestine, le greenwashing du génocide et de la colonisation, à Charleroi, c’est NON !
******
Le Bourgmestre de Charleroi :
Thomas Dermine (PS)
Hôtel de Ville
14 – 15, place Vauban
6000 Charleroi
thomas.dermine@charleroi.be
Tél : 071/86.11.61 — 071/86.12.05 — 071/86.10.97
L’échevin de la « Nature en Ville »
Eric Goffart (Engagés)
Hôtel de Ville de Charleroi
Place Vauban
6000 Charleroi
eric.goffart@charleroi.be
Tél : 071/86.10.81
L’échevine de la Transition écologique
Babette Jandrain (PS)
Hôtel de Ville de Charleroi
Place Vauban
6000 Charleroi
babette.jandrain@charleroi.be
Tél : 071/86.12.13 — 071/86.12.14
L’échevin des Bâtiments/énergie
Mahmut Dogru (PS)
Maison communale annexe
101, avenue Mascaux
6001 Marcinelle
mahmut.dogru@charleroi.be
Tél : 071/866 132
Le Conseil communal
Conseil communal | Ville de Charleroi
IGRETEC
Contact pour le projet : Philippe Meunier
071/20.23.00 philippe.meunier@igretec.com
IGRETEC
Contact presse
Marie MINET
Tél : 071/20.29.26
GSM : 0479/888.475
marie.minet@igretec.com
IGRETEC
Direction générale
Renaud MOENS, Directeur général
Tél : 071/20.29.15
renaud.moens@igretec.com
Nathalie CZERNIATYNSKI, Directrice
Tél : 071/20.28.19
nathalie.czerniatynski@igretec.com
*****
Voici le modèle de mail que vous pouvez envoyer aux responsables politiques de Charleroi pour dire non.
Objet : Opposition à la venue de la ville israélienne Be’er Sheva à Charleroi
Madame, Monsieur,J’ai appris avec stupeur que le jeudi 3 avril, la ville de Charleroi accueillera Be’er Sheva, une ville israélienne, dans le cadre d’une rencontre sur le « développement durable » organisée par le réseau Ascend.
Alors qu’Israël commet depuis 18 mois et 76 ans un génocide, un éducide et un écocide contre la Palestine, sa terre et son peuple, cette invitation revient à blanchir un régime colonial responsable de crimes de guerre.
Be’er Sheva ne peut pas être présentée comme un modèle de ville durable, alors qu’elle est un symbole même de l’expansion coloniale israélienne.
Située à 41 km de Gaza, elle a été le théâtre du Plan Prawer, qui a conduit à l’expropriation et la déportation de 30 000 Palestiniens vivant dans la région. Aujourd’hui encore, les 150 000 Bédouins palestiniens y sont privés de services publics essentiels, sans accès à l’eau, à l’électricité ni aux infrastructures de base, alors que l’État israélien investit massivement dans le développement de colonies exclusivement juives dans cette même région. Parler d’une « oasis urbaine » en plein désert tout en cachant ces injustices est une imposture.
Israël est sous le coup de poursuites internationales. La Cour Internationale de Justice a reconnu en janvier 2024 le risque de génocide à Gaza, et la Cour Pénale Internationale enquête sur des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par ses dirigeants. La Belgique, en tant qu’État membre des Nations unies, a l’obligation d’empêcher toute forme de complicité avec ces crimes.
Accueillir une ville israélienne à Charleroi dans ce contexte, c’est servir d’outil de propagande pour un régime d’apartheid. Cette participation masque la réalité : l’État israélien détruit, exproprie, colonise, et enferme massivement les Palestiniens, tout en se présentant comme une puissance innovante et écologique. Ce « greenwashing » de la colonisation est inacceptable.
Je vous demande donc d’annuler immédiatement la venue de Be’er Sheva et de refuser que Charleroi serve de plateforme de légitimation à un État qui viole systématiquement le droit international et les droits humains fondamentaux.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
[Votre nom] [Votre adresse mail] [Votre ville]
*****
(*) Une délégation belge « Solidarité avec les Bédouins du Néguev – Naqab », issue du collectif « Pour une Paix Juste au Proche-Orient », en compagnie de la journaliste Colette Braeckman (ancienne journaliste du Soir), de Marco Abromovicz (PJPO) et de feu Eric David (spécialiste du droit international de l’ULB), s’était rendue dans la région en 2013, afin de témoigner son soutien aux Bédouins palestiniens. Ci-dessous, des photos de Raymond Saublains, photographe et membre de la Plateforme Charleroi-Palestine.

Destruction de maisons dans la région d’Al-Rara.

Action contre la démolition d’Al-Araqib. .

Une signalisation routière détournée à l’entrée du village d’Alsira : « Attention aux bulldozers qui détruisent les maisons ! »