Israël procède à une expansion importante de son site nucléaire
Des images par satellite révèlent l’expansion importante, ces quelques dernières années, du site situé dans le désert.
Israël procède à une expansion importante de son site nucléaire de Dimona, dans le désert du Néguev où, historiquement, il a produit les matériaux (isotopes) fissiles destinés à son arsenal nucléaire.
Les travaux de construction sont évidents, sur les nouvelles images par satellite publiées jeudi dernier par l’International Panel on Fissile Material (IPFM – Panel international sur les matériaux fissiles), un groupe d’experts indépendants. La zone où ont eu lieu les travaux se situe à quelques centaines de mètres au sud et à l’ouest du réacteur à dôme et du site de traitement au Centre de recherches nucléaires Shimon Peres du Néguev, à proximité de la petite ville de Dimona, dans le désert.
Pavel Podvig, un chercheur du programme science et sécurité mondiale à l’Université de Princeton, a déclaré :
« Il s’avère que la construction a débuté tout au début de 2019, voire fin 2018 déjà, si bien qu’elle est en route depuis deux ans environ, mais c’est tout ce que nous pouvons en dire pour l’instant. »
L’ambassade d’Israël à Washington n’a pas fait de commentaire sur les nouvelles images. Israël a délibérément décidé de rester ambigu à propos de son arsenal nucléaire, ne confirmant ni ne niant son existence. La Fédération des hommes de science américains estime qu’Israël dispose d’environ 90 ogives nucléaires, fabriquées à l’aide de plutonium produit dans le réacteur à eau lourde de Dimona.
Avner Cohen, un éminent expert concernant le programme nucléaire israélien a qualifié d’« intrigantes » les nouvelles images et il a fait remarquer que l’empreinte du site de Dimona était restée essentiellement inchangée durant des décennies.
On rapporte que le site nucléaire a été utilisé par Israël pour créer des répliques des centrifugeuses à uranium iraniennes afin de tester le ver informatique Stuxnet utilisé dans le sabotage du programme iranien d’enrichissement de l’uranium, à Natanz. Mais c’était voici plus de dix ans, bien avant le début de l’actuelle expansion.
Israël a construit le réacteur de Dimona dans les années 1950, avec une aide importante, tenue secrète, du gouvernement français. Vers la fin de la décennie, on estime qu’environ 2 500 citoyens français vivaient à Dimona, qui avait son propre lycée français, mais tout cela était couvert par une possibilité de démenti officiel.
Selon l’« option Samson », du journaliste d’investigation Seymour Hersh, les travailleurs français n’avaient pas le droit d’écrire directement chez eux, mais leurs lettres étaient envoyées via une fausse boîte postale en Amérique latine.
Le rôle de Dimona dans le programme d’armes nucléaires d’Israël fut révélé pour la première fois par un ancien technicien du site, Mordechai Vanunu, qui raconta son histoire au journal britannique The Sunday Times en 1986.
Avant même la publication, il fut attiré de Grande-Bretagne en Italie par une agente israélienne, puis enlevé par le Mossad. Vanunu passa 18 ans en prison, dont 11 en isolement, pour avoir révélé les secrets de Dimona.
Publié le 18 février 2021 The Guardian
Traduction : Jean-Marie Flémal – Charleroi pour la Palestine
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