La résistance s’engage à poursuivre le combat après les nouveaux assassinats israéliens
Le tribut en vies humaines avait encore grimpé jeudi, troisième jour des hostilités entre Israël et les combattants de la résistance palestinienne à Gaza, après l’attaque surprise d’Israël, mardi, qui avait tué trois dirigeants du Djihad islamique en même temps que plusieurs enfants ainsi que des membres de leurs familles et des voisins.
Tamara Nassar, 11 mai 2023
La violence a également coûté son premier mort à Israël, où une personne a été tuée quand un missile lancé depuis Gaza a frappé un immeuble à appartements à Rehovot, une ville située dans le centre d’Israël.
La roquette faisait partie d’une salve tirée par le Djihad islamique le lendemain de l’assassinat par Israël de deux autres de ses chefs à Gaza.
Depuis mardi, au moins 30 Palestiniens, dont six enfants, ont été tués dans le territoire.
Plus de 90 Palestiniens ont été blessés.
Au moins 25 personnes ont été blessées en Israël suite aux tirs de roquettes des Palestiniens, entre autres alors qu’elles se hâtaient vers les abris. Les médias israéliens ont fait état d’une énorme anxiété parmi la population.
Quoi qu’il en soit, jeudi, tous les efforts en vue de dégager un cessez-le-feu négocié avaient échoué, puisque Tel-Aviv a rejeté les demandes que lui a adressées le Djihad islamique d’abandonner sa politique d’assassinat des chefs de la résistance palestinienne et de restituer le corps de Khader Adnan, le gréviste de la faim décédé la semaine dernière dans une prison israélienne.
Même les États-Unis, son principal fournisseur d’armes, a invité instamment Israël à mettre un terme à cette violence.
« Deux grands formats de la politique américaine se sont entretenus avec leurs homologues israéliens jeudi soir et ont insisté pour que l’escalade soit évitée »,
rapporte le quotidien de Tel-Aviv, Haaretz.
La ville, le conseiller en sécurité de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, avait eu une conversation avec son homologue israélien et « avait mis l’accent sur la nécessité de réduire les tensions et empêcher d’autres pertes en vies humaines ».
Mais Al Jazeera a fait savoir jeudi soir que les contacts en vue de dégager un cessez-le-feu avaient pris fin, réduisant encore un peu plus les espoirs de trêve immédiate.
Jeudi, dans une déclaration télévisée, un porte-parole de l’aile militaire du Djihad islamique a déclaré que l’organisation étaient bien décidée à forcer Israël de mettre un terme à sa politique d’assassinat et qu’elle ne ferait pas marche arrière quel que soit le prix de sa décision.
L’organisation a dit qu’elle était prête à un long combat et qu’elle étendrait sa gamme de cibles si les combats devaient se poursuivre. Le porte-parole a ajouté que l’assassinat par Israël des dirigeants de l’organisation ne ferait qu’encourager les membres de cette dernière à poursuivre leur combat.
Alors que le Hamas n’a pas participé aux opérations militaires, la salle des opérations commune, où sont représentées toutes les factions de la résistance, a réaffirmé sa détermination à faire face à toutes les éventualités – un signe de ce qu’elles allaient se joindre au combat si l’escalade se poursuivait.
Jeudi soir, le cabinet du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé qu’Israël poursuivrait ses attaques contre Gaza et qu’il
« ferait payer au Djihad islamique un prix élevé pour son agression contre les citoyens israéliens ».
Les tueries
Alors qu’Israël prétend chercher un cessez-le-feu, il semble mettre tout en œuvre pour rendre moins probable encore la fin de la violence.
Dès les premières heures de jeudi, des avions de combat israéliens ont frappé un immeuble à appartements à Khan Younis, dans le sud de l’enclave, tuant Ali Hasan Ghali, 50 ans, dont on dit qu’il commandait le personnel affecté aux roquettes de Saraya al-Quds, l’aile militaire du Djihad islamique.
Ont également été tués : Mahmoud, le frère d’Ali, 33 ans, et Mahmoud Walid Abd al-Jawad, 26 ans.
L’attaque a provoqué des dégâts considérables dans l’immeuble, blessant sept autres personnes, dont trois femmes et un enfant.
Dans l’après-midi, Israël a assassiné Ahmad Abu Daqqa, un autre chef de Saraya al-Quds.
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Des rapports émanant d’organisations des droits humains fournissent une image plus nette de l’impact de la violence quand leurs enquêteurs de terrain couvrent les incidents qui se sont produits un peu partout à Gaza.
Mercredi après-midi, un missile a frappé la maison de Jawdat Fathi Elayyan, 48 ans, à Gaza même, le tuant lui ainsi que ses deux enfants, Layan Madoukh, 8 ans, et Yazan Jawdat Elayyan, 16 ans.
Douze autres personnes, dont deux enfants, ont été blessées lors de cette frappe, rapporte l’organisation des droits humains Al-Mezan, dont le siège est à Gaza. L’organisation n’a pas spécifié l’origine du missile.
Le Centre palestinien pour les droits humains a déclaré qu’il enquêtait sur l’incident mais que les informations initiales suggèrent qu’il pourrait avoir été causé par une roquette palestinienne à la portée déficiente.
Mercredi après-midi également, les avions de combat israéliens ont lancé un missile sur un groupe de personnes à l’est de Rafah, dans le sud de l’enclave, tuant Ayman Karam Saydam, 26 ans, et Ilm al-Din Samir Abdel Aziz, 23 ans.
Un missile a également frappé la maison d’Ahmad Muhammad al-Shabaki, 50 ans, mercredi après-midi, le tuant lui et blessant son épouse, rapporte Al-Mezan.
Le CPDH a déclaré que son enquête se poursuivait mais qu’il y avait au départ des indications que l’incident dans la ville de Beit Lahiya, dans le nord, pourrait avoir été dû lui aussi à une roquette palestinienne à la portée déficiente.
Un peu plus tôt, mercredi, un drone israélien a tiré un missile sur une terre agricole à l’est de Khan Younis, dans le sud de Gaza, blessant Muhammad Yousef Abu Tuayma, 23 ans, et Alaa Maher Abu Tuayma, 28 ans.
Tous deux ont été emmenés dans un hôpital mais sont morts plus tard de leurs blessures.
Des attaques contre des maisons
Jeudi matin, les avions de combat israéliens ont poursuivi leurs attaques contre des zones résidentielles à forte densité de population.
Depuis mardi, au moins huit habitations palestiniennes ont été complètement détruites au cours d’attaques israéliennes. Des douzaines d’autres ont été endommagées, ce qui constitue une conséquence directe de la politique israélienne consistant à attaquer des immeubles à appartements sans le moindre égard pour la sécurité des personnes qui y séjournent.
Par exemple, mercredi soir, un drone israélien a attaqué l’habitation de Ziyad Musa al-Agha, 54 ans, à Khan Younis et l’a complètement détruite.
Plus de la moitié des 19 Palestiniens vivant dans l’immeuble de trois étages étaient des enfants.
Très peu de temps après, des avions de combat israéliens ont frappé la maison de Muhammad Saadi al-Masri, 67 ans, à Beit Lahiya, la détruisant complètement.
Cette attaque a laissé quatre familles sans abri, dont huit enfants.
Jeudi, très tôt, les forces aériennes israéliennes ont également détruit une maison inhabitée dans la partie est de Khan Younis.
La punition infligée aux patients atteints de cancer
La fermeture totale par Israël du check-point d’Erez, le seul passage pour les personnes entre Gaza et Israël, est entrée dans son troisième jour ce jeudi.
Cette forme silencieuse de violence cible spécifiquement les patients médicaux.
Depuis mardi, plus de 430 Palestiniens, dont surtout des patients du cancer, et leurs accompagnateurs, sont empêchés de quitter Gaza afin d’accéder à des traitements dans des hôpitaux en Cisjordanie et en Israël, fait savoir le ministère de la Santé de Gaza.
Ceci vient s’ajouter aux 27 patients qui nécessitent un traitement indispensable pour leur sauver la vie.
Les autorités israéliennes ont également fermé le check-point de Kerem Shalom, le seul endroit par lequel Israël permet la circulation de marchandises de ou vers Gaza. Ce faisant, Israël bloque la seule entrée de carburant destiné à l’unique centrale électrique de Gaza.
Cette mesure a forcé la centrale électrique à réduire l’électricité à 12-14 heures par jour, « ce qui compromet une fourniture permanente aux services essentiels », a déclaré mercredi l’OCHA, l’organe de contrôle humanitaire dépendant des Nations unies.
La fermeture du check-point bloque l’entrée
« chaque jour, de plus de 300 camions de marchandises, dont des denrées particulièrement vitales, comme de la nourriture, des fournitures médicales et du carburant »,
a ajouté l’OCHA.
Ce même jeudi, les forces d’occupation israéliennes ont abattu mortellement Ghazi Yousef Shihab, 66 ans, dans le camp de réfugiés de Nur al-Shams, à Tulkarem, en Cisjordanie occupée.
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Un autre Palestinien a succombé aux blessures qu’il avait subies mercredi, lors du raid israélien sur Qabatiya, une petite ville située à proximité de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.
Il s’appelait Aws Jamal Kamil et il était âgé de 30 ans.
Un soutien tacite aux crimes israéliens
Comme c’est devenu une habitude lors des attaques israéliennes contre Gaza, la réponse de la prétendue communauté internationale a consisté à offrir à Israël un soutien tacite à ses attaques, même en le formulant sous forme d’une critique qualifiée.
Jeudi, l’Union européenne a déclaré qu’elle était « profondément préoccupée par cette nouvelle vague de violence ».
Elle a appelé à « un cessez-le-feu complet et immédiat qui mettra fin aux opérations militaires israéliennes à Gaza et aux actuels tirs de roquettes contre Israël, qui sont inadmissibles ».
Voilà qui est typique de l’UE : La critique est réservée aux Palestiniens qui se défendent avec les moyens limités dont ils disposent, alors qu’Israël, qui a lancé cette agression, échappe aux admonestations.
Faisant preuve d’un même recours à deux poids, deux mesures, le bureau des droits humains de l’ONU a exprimé des « inquiétudes » quant à la façon dont Israël avait mené ses attaques surprises de mardi matin contre des habitations civiles, tuant ainsi des enfants endormis et d’autres non-belligérants, mais il s’est bien abstenu de condamner d’emblée ces attaques criminelles.
Dans le même temps, le bureau des droits humains de l’ONU a déclaré catégoriquement que « le lancement de roquettes sans discrimination à partir de Gaza » en direction d’Israël « violait les lois humanitaires internationales ».
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Un peu plus tôt, jeudi, les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, de l’Égypte et de la Jordanie se rencontraient à Munich afin de se consulter « sur les mesures nécessaires pour réaliser une paix juste et durable ».
Leur communiqué, qui lui aussi réclamait promptement un cessez-le-feu, utilisait un langage presque identique à celui de l’UE.
Alors qu’un cessez-le-feu peut apporter un soulagement temporaire aux Palestiniens à Gaza, un autre cycle de violence entre Israël et les factions de la résistance palestinienne est on peut plus inévitable tant qu’Israël maintiendra son blocus aérien, maritime et terrestre contre l’enclave côtière et qui sévit depuis 2007.
Il est remarquable que les quatre ministres des Affaires étrangères aient exempté Israël de quelque critique que ce soit, déchargeant ainsi la puissance occupante de ses responsabilités.
En lieu et place, ils ont vaguement affirmé, et sur un ton passif, que
« toutes les causes de tension et incitatifs à la violence devaient disparaître, et que cela comprenait les mesures unilatérales sapant la viabilité de la solution à deux États et les perspectives d’une paix juste et durable ».
Ce genre de langage ne sert qu’à fournir une couverture à Israël pour ses crimes en cours et il tente en même temps de cacher la complicité européenne – particulièrement de la France et de l’Allemagne – dans les violations par Israël des droits palestiniens et des lois internationales, derrière tous ces appels rituels en faveur d’une « solution » à deux États dont tout le monde sait qu’il s’agit d’un slogan on ne peut plus creux.
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Ali Abunimah a contribué à la constitution du rapport et à l’analyse.
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Publié sur le 11 mai 2023, The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine