Israël exécute les personnes âgées de Gaza

L’assassinat horrible et manifestement délibéré d’Elham est hélas loin d’être un incident isolé. L’armée israélienne a exécuté des douzaines de personnes âgées dans la bande de Gaza au cours d’opérations de tirs directs.

 

 

Ali Abunimah, 29 décembre 2023

« Je me rappelle que Noël était une fête très spéciale à Gaza »,

déclare Hammam Farah dans la vidéo ci-dessous.

Le thérapeute palestino-canadien né à Gaza se rappelait avoir vu des photos de la saison des fêtes, un an plus tôt, quand ses proches et ses amis de la communauté chrétienne très soudée du territoire s’étaient réunis pour illuminer l’arbre de Noël.

« Ces photos semblaient si festives, si joyeuses »,

rappelle Hammam. Quel contraste terrible avec le présent, puisque la saison de Noël à Gaza n’est marquée d’aucune fête, mais du génocide perpétré par Israël.

Hammam Farah s’adressait en direct à The Electronic Intifada depuis Toronto la semaine dernière et décrivait comment la communauté chrétienne de Gaza – l’une des plus anciennes du monde – était en voie d’extinction par la faute de l’armée israélienne, qui traite tout, mosquées, églises, hôpitaux, écoles, maisons et civils comme des cibles légitimes.

L’une des victimes du génocide dont Hammam parle en détail était une vieille femme très aimée à Gaza, sa grand-tante Elham Farah, 84 ans.

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Musicienne et enseignante retraitée, elle avait été déplacée à l’église de la Sainte-Famille, à Gaza même, début novembre, mais, selon Hammam,

« elle ne supportait plus de devoir rester à l’abri dans l’église et elle avait donc trouvé quelqu’un pour la ramener chez elle, à sa maison ».

« Des proches ont essayé de lui dire que, pour sa propre sécurité, elle ferait mieux de rester à l’église (…) mais c’était une femme très indépendante »,

poursuit Hammam.

Le conducteur ne voulait pas risquer de faire tout le trajet jusque chez elle, de sorte qu’elle était descendue de la voiture. Comme elle parcourait le dernier tronçon du trajet, un sniper israélien lui avait logé une balle juste sous le genou et elle était tombée sur le sol.

 

On l’a laissée mourir dans la rue

Elham s’est servie de son téléphone mobile pour appeler ses proches à l’église, lesquels lui ont dit qu’ils allaient essayer d’envoyer de l’aide. Mais cela s’était avéré impossible. Le Croissant-Rouge devait obtenir la permission de l’armée israélienne qui, comme elle le fait généralement, à interdit l’accès.

Les membres de la famille ont appelé des voisins mais personne ne pouvait faire quoi que ce soit, avec tous ces soldats israéliens dans le secteur.

« Ma grand-tante elle-même disait à nos proches par téléphone :

« Je vois des chars et des snipers partout aux alentours »,

déclare Hammam.

Pendant qu’elle se vidait de son sang à mort sous les yeux des autres qui ne pouvaient rien faire pour l’aider, Elham pouvait parler par téléphone avec les êtres qu’elle aimait. Elle s’était également adressée au prêtre, lui demandant de réciter pour elle la prière des morts.

Ce n’est que le lendemain matin, quand les voisins s’étaient enfuis vers le sud pour échapper à l’impitoyable massacre israélien, qu’ils avaient pu aller voir Elham. Malheureusement, elle était morte de ce qui était sans doute une blessure traitable.

Dans l’émission en direct, Hammam a révélé que sa famille venait seulement d’apprendre comment, lors de la prétendue trêve humanitaire de fin novembre dans le génocide commis par Israël, le personnel de l’église avait tenté de retrouver le corps d’Elham.

« Ils n’ont retrouvé que des parties de son corps, parce qu’il avait été écrasé par un char »,

déclare Hammam.

Des personnes âgées exécutées, écrasées jusqu’à ce que mort s’ensuive

L’assassinat horrible et manifestement délibéré d’Elham est hélas loin d’être un incident isolé.

« L’armée israélienne a exécuté des douzaines de Palestiniens âgés dans la bande de Gaza au cours d’opérations de tirs directs »

a déclaré la semaine dernière l’Observatoire-Réseau euro-méditerranéen des droits humains (REMDH).

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« Ce groupe incroyablement vulnérable de civils souffre deux fois plus »,

ajoute l’organisation des droits humains,

« puisqu’Israël a transformé tous les habitants de la bande en cibles, depuis le début, le 7 octobre, de son génocide en cours contre les Palestiniens de l’endroit. »

Plus de 1 000 personnes âgées ont été tuées par Israël, soit environ 1 pour 100 de ce groupe d’âge, estime REMDH. Les personnes âgées représentant un mort sur vingt-cinq, dans le génocide.

« La majorité d’entre elles ont été écrasées jusqu’à ce que mort s’ensuive sous les débris de leurs maisons ou des abris où elles avaient cherché un lieu sûr après que l’aviation israélienne avait bombardé leurs maisons, ou alors qu’elles étaient occupées par la force des choses à se mettre en quête de denrées de base dans les rues et sur les marchés »,

ajoute REMDH.

« Ce qui est alarmant, toutefois, c’est que des douzaines d’entre elles ont été ciblées dans des assassinats et des exécutions sommaires sur le terrain. »

Des témoignages rassemblés par l’organisation des droits font état d’incidents au cours desquels

« des soldats abattent des personnes âgées immédiatement après leur avoir ordonné d’évacuer leurs maisons et, dans certains cas, les exécutent quelques instants à peine après les avoir relâchées, suite à des heures ou des journées entières de détention arbitraire ».

 

 

Photographié à des fins de propagande, ensuite abattu

Lors d’un incident particulièrement choquant, le 10 novembre, les forces d’occupation israéliennes ont exécuté Bashir Hajji, 71 ans, qui vivait à Gaza, dans le quartier d’al-Zaytoun.

« Son assassinat a eu lieu très peu de temps après que l’armée israélienne a publié une photo montrant un de ses soldats en conversation avec Hajji ; sur la photo, le soldat fait semblant de protéger et d’aider les civils palestiniens au cours de leur déplacement »,

déclare REMDH.

Hala Hajji, sa petite-fille, a déclaré à REMDH que Hajji était mort après avoir reçu plusieurs balles dans la tête et dans le dos.

La photo de l’armée, ainsi que les images de Hajji après son exécution, ont été publiées par les médias, à l’époque.

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Dévêtus et brutalisés

Israël a également attaqué les infrastructures fragiles qui prennent soin des aînés les plus vulnérables.

En novembre, Israël a bombardé l’hôpital al-Wafa et son home gériatrique dans le district d’al-Zahra, à Gaza, tuant son directeur, le Dr Midhat Muhaisen.

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Israël n’a épargné aux personnes âgées de Gaza aucune des brutalités qu’elle impose au reste de la population.

Des photos et des vidéos de l’armée israélienne bouclant des centaines d’hommes palestiniens dans le stade al-Yarmouk ces derniers jours

« montrent les prisonniers, dont des enfants, des personnes âgées et des handicapés, forcés dans des circonstances dégradantes de se déshabiller et de ne garder que leurs sous-vêtements »,

a déclaré mardi l’organisation de contrôle de l’ONU, l’OCHA.

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Dans des témoignages sur vidéo qui ont suivi leur libration, des personnes arrêtées,

« dont des personnes âgées, ont prétendu qu’elles avaient été torturées et maltraitées en captivité, et des extraits de vidéo montraient des hématomes et des brûlures sur leurs corps »,

explique l’OCHA.

« Ces personnes ont également dit qu’elles avaient été privées de nourriture, d’eau et d’accès aux toilettes, et qu’elles avaient été exposés aux éléments. »

Les Palestiniens qui ont de la famille à Gaza ont honoré leurs aînés, dont beaucoup n’ont survécu à la Nakba, le nettoyage ethnique sioniste de la Palestine, soutenu par les Britanniques en 1948, que pour être assassinés pendant le génocide perpétré par Israël en 2023.

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

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