Samidoun : « Ne touchez pas à Mohammed Khatib ! Soutenons la Palestine » !
Le réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens est solidaire avec son coordinateur pour l’Europe, Mohammed Khatib, et appelle à l’expression d’une solidarité et d’un soutien les plus larges possible contre le ciblage et la répression dont il fait l’objet.
Nous faisons remarquer qu’il ne s’agit pas uniquement d’une tentative de cibler Mohammed en tant qu’individu et Samidoun en tant qu’organisation, mais qu’il s’agit avant tout d’une tentative de faire taire la voix croissante et massive du peuple qui se tient aux côtés de la Palestine contre le génocide, et plus particulièrement de faire taire le mouvement de libération des prisonniers palestiniens et de défendre la légitimité et le bien-fondé de la résistance palestinienne, et plus spécifiqueme de la résistance armée.
Signez pour soutenir la campagne de défense de Mohammed, de Samidoun et de la Palestine
Le 15 avril 2024, Nicole De Moor, secrétaire belge à l’Asile et à la Migration, annonçait dans une déclaration publique qu’elle demandait aux services d’immigration belges de retirer le statut de réfugié à Mohammed Khatib. Mohammed, né dans le camp de réfugiés de Ain el-Helweh au Liban, a été un réfugié toute sa vie, privé de son droit de retourner chez lui dans sa patrie en Palestine, d’où sa famille a été expulsée de force lors de la conquête sioniste de la Nakba, en 1947-1948. La déclaration de Mme De Moor est, par essence, une tentative de déplacer une fois de plus un réfugié palestinien qui a déjà été déplacé à de multiples reprises en raison du colonialisme, de l’impérialisme, de la guerre et de l’exploitation.
Le mouvement grandissant pour la libération de la Palestine
De Moor a qualifié Mohammed Khatib de « prêcheur de haine », illustrant par ces termes le dernier exemple en date de l’inversion totale de la réalité pratiquée par les responsables européens, américains et canadiens. Un génocide est actuellement perpétré par les forces d’occupation israéliennes contre le peuple palestinien à Gaza, un génocide qui suscite une intense indignation mondiale contre le régime sioniste, entraînant des manifestations dans les rues de Belgique depuis plus de six mois, réunissant des dizaines et des centaines de milliers de personnes, mais aussi des actions directes visant les banques et les fabricants d’armes, ainsi qu’un mouvement étudiant pour la Palestine en plein essor, parallèle à celui observé sur les campus américains comme Columbia, Rutgers et ailleurs; et une mobilisation à grande échelle au sein de la population palestinienne en Belgique.
Alors que le mouvement mondial de soutien à la Palestine, au peuple palestinien et à sa résistance s’est développé au-delà des frontières et des continents, amenant des millions de personnes à se mobiliser au cœur du noyau impérialiste, il a été confronté à une sévère répression de la part des mêmes États qui arment et financent le génocide sioniste à Gaza. Ce n’est pas la seule attaque en Belgique ; les manifestations organisées par Samidoun à Bruxelles ont été annulées et interdites par la police. ZINTV, un collectif indépendant, a accueilli un événement organisé par Samidoun sur la répression en Europe visant la Palestine en octobre 2023; depuis lors, ils ont été menacés par le gouvernement local (la commune de Jette) et, quelques mois plus tard, en mars 2024, ils ont fait l’objet d’une descente de police soudaine et d’une enquête sur le « financement du terrorisme » en représailles à l’organisation de cet événement politique public.
Répression contre les Palestiniens qui s’organisent en Europe
En Allemagne, probablement l’exemple le plus extrême, des organisations palestiniennes, dont Samidoun, ont été interdites. Des militants comme Zaid Abdulnasser et Musaab Abu Atta ont fait l’objet d’interdictions politiques, suivis peu après par d’éminentes personnalités internationales, dont Salman Abu Sitta, le Dr Ghassan Abu Sittah et Yanis Varoufakis. Des manifestations et des conférences ont été interrompues de force et dispersées par la police allemande, qui a battu les manifestants dans les rues de toutes les villes du pays. Des centaines de personnes ont été arrêtées. Des descentes de police ont eu lieu au domicile de Palestiniens et de militants de la solidarité avec la Palestine, dans le cadre de campagnes médiatiques de diffamation soutenues par le gouvernement. Des dizaines de Palestiniens font l’objet de procédures visant à leur retirer leur permis de séjour, à bloquer leur demande de citoyenneté et à les expulser du pays. Des organisations, notamment juives, qui s’opposent au génocide ont vu leurs comptes bancaires fermés. Le niveau extrême de répression en Allemagne ne présente pas seulement le spectre, mais la réalité d’une résurgence du fascisme, alors même que le gouvernement allemand a multiplié par 10 ses exportations d’armes vers le régime israélien depuis le 7 octobre 2023.
Si l’Allemagne est probablement l’exemple le plus extrême de répression en Europe, elle n’est hélas pas la seule. En France, qui a déjà cherché à dissoudre ou à interdire des organisations de solidarité avec la Palestine comme le Collectif Palestine Vaincra et le Comité Action Palestine, plus de 628 dossiers ont été ouverts par des procureurs cherchant à enquêter ou à poursuivre des personnes pour avoir fait des déclarations en faveur de la résistance palestinienne, tandis que des fonctionnaires et des politiciens d’extrême droite menacent de dissoudre Samidoun Paris Banlieue, CAPJPO EuroPalestine, Urgence Palestine et d’autres mouvements de masse. Des manifestations ont lieu actuellement dans toute la France, mais cela n’a été rendu possible que par un mouvement de désobéissance massive qui a permis de mettre en échec la tentative d’interdiction des manifestations pour la Palestine dans tout le pays, en octobre et novembre 2023.
En Espagne, aux Pays-Bas et dans d’autres pays européens, les attaques contre les organisateurs pour la Palestine se poursuivent. Bien sûr, les exemples les plus extrêmes de cette répression sont les prisonniers politiques pour la Palestine dans les prisons européennes, y compris Georges Abdallah, emprisonné depuis près de 40 ans en France; Amin Abu Rashed, emprisonné depuis plus de 300 jours aux Pays-Bas ; et les cas émergents en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne et dans d’autres États.
Aux Pays-Bas et en Suisse, en particulier, l’ambassade d’Israël et des organisations sionistes ont tenté à plusieurs reprises d’empêcher la tenue d’événements au cours desquels Mohammed Khatib était invité à prendre la parole. Ces tentatives ont échoué, en grande partie grâce au fait que Mohammed est déjà résident belge. L’ambassadrice d’Israël en Belgique, relayée par des figures de l’extrême droite belge, a demandé à plusieurs reprises que Samidoun soit interdit et que nos événements soient réduits au silence. Il est difficile de voir dans ces dernières attaques autre chose qu’une tentative d’apaiser le même régime sioniste qui tue actuellement plus de 40 000 Palestiniens à Gaza et bombarde des hôpitaux, des écoles, des mosquées, des églises, des immeubles résidentiels et des camps de réfugiés.
L’attaque contre Mohammed Khatib est une attaque contre nous tous
L’attaque contre Mohammed Khatib et la menace envers son statut de réfugié font partie intégrante de cette répression. Il s’agit d’une menace pour tous les autres Palestiniens et tous les autres réfugiés reconnus en Belgique : s’ils s’expriment – en particulier s’ils s’expriment haut et fort sur la libération et la résistance palestiniennes – ils seront menacés de perdre leur résidence et leurs moyens de subsistance. La ministre ne tente même pas de prétendre que Mohammed et Samidoun ont fait autre chose qu’organiser des manifestations, des protestations, des mobilisations de masse et des événements d’éducation politique pour la Palestine en Belgique. Ainsi, le « niveau de menace 3 sur 4 » identifié par des « agences de sécurité » (sans que ces dernières ne soient identifiées) est lié à la « menace » posée par le mouvement croissant pour la libération de la Palestine en Belgique. Tout cela est d’autant plus scandaleux que la VRT, le radiodiffuseur public belge, note dans une interview de Mohammed Khatib que « les services de sécurité estiment principalement que l’organisation [Samidoun] peut nuire aux relations internationales de la Belgique avec Israël ».
Répression contre les prisonniers et contre la résistance
L’attaque contre Mohammed et Samidoun vise spécifiquement à faire taire le soutien aux prisonniers palestiniens. Il y a actuellement plus de 9 500 prisonniers palestiniens dans les prisons de l’occupation israélienne. Des milliers d’autres Palestiniens de Gaza ont été enlevés par le régime sioniste, en particulier des travailleurs de la santé et des civils dans les zones ciblées par les invasions de l’armée d’occupation israélienne. Ces prisonniers palestiniens sont soumis à de graves tortures, à la famine et à des abus de la part du système pénitentiaire israélien. En même temps, les prisonniers palestiniens sont des leaders de la cause palestinienne, ciblés pour leur rôle dans la résistance à l’occupation, de l’organisation des étudiants et des travailleurs à la direction des forces armées. La libération des prisonniers palestiniens est précieuse pour l’ensemble du peuple palestinien et pour sa résistance. Le régime israélien veut les isoler de leur peuple et de notre mouvement international – et c’est la raison principale pour laquelle ils attaquent Samidoun et nous qualifient de « terroristes ». Nous nous engageons à faire entendre encore plus fort et plus largement la demande de libération de tous les prisonniers palestiniens.
En outre, il s’agit également d’une attaque contre la résistance palestinienne. De plus en plus de gens, partout dans le monde, reconnaissent clairement l’illégitimité et le racisme du sionisme, la nécessité d’une Palestine libre du fleuve à la mer, et la légitimité de la résistance palestinienne, en particulier de la lutte armée. Malgré toutes les tentatives de diffamation et de criminalisation des organisations de résistance palestinienne, y compris leur inscription sur la liste des « organisations terroristes » aux États-Unis, dans l’Union européenne, en Grande-Bretagne et au Canada, les peuples du monde – et au sein même du noyau impérialiste – reconnaissent que c’est la résistance palestinienne (et les forces de résistance alliées au Yémen, au Liban et dans toute la région) qui défendent l’humanité contre le génocide. Non seulement le droit des Palestiniens à résister par tous les moyens est inscrit dans le droit international, mais il s’agit d’un droit fondamental et naturel de tout peuple soumis à l’occupation et à la colonisation. Ces attaques, une fois de plus, ne visent pas seulement Mohammed et Samidoun, mais sont une tentative de criminaliser et de réprimer le soutien croissant à la résistance sous toutes ses formes, en particulier la résistance armée, en Palestine.
Racisme anti-palestinien, impérialisme et droit au séjour et au retour
Nous devons également souligner que cette attaque s’inscrit dans le cadre du racisme structurel permanent contre les migrants en Belgique, en particulier contre les noirs, les Africains, les Arabes et les autres migrants de couleur. Des politiciens d’extrême droite comme Theo Francken s’engagent dans des campagnes électorales qui font la part belle à l’islamophobie et au racisme anti-arabe, tandis qu’il brandit des photos de Mohammed au parlement belge et déclare que les rues de Bruxelles « ressemblent à Jenin ou à Gaza », dans le but d’insulter ses habitants. Des enfants palestiniens ont été déchus de leur nationalité belge, tandis que les énergies et les violences policières sont régulièrement dirigées contre les communautés de couleur. Bien entendu, la migration vers la Belgique est elle-même conséquence du colonialisme et de l’impérialisme qui rendent la vie difficile, voire impossible, dans le monde entier et imposent de ce fait une forme de migration forcée aux peuples du Sud, tout en multipliant guerres, changements de régime, ingérence et exploitation économique, vols des richesses et des ressources à l’encontre des peuples du Sud. Les Palestiniens qui se voient refuser le droit de rentrer chez eux depuis 76 ans ont vécu des migrations forcées, tout en étant confrontés à des régimes de persécution, de marginalisation et d’exclusion permanentes, luttant simultanément pour le droit de rester et le droit de retourner dans leurs maisons et sur leurs terres en Palestine. La lutte pour défendre Mohammed est une lutte contre le racisme et la répression sous toutes leurs formes.
Soutenez Mohammed Khatib. Aux côtés de Samidoun. Aux côtés des prisonniers palestiniens, de la résistance palestinienne et de la libération de la Palestine, du fleuve à la mer.
Passez à l’action :
1. La chose la plus importante à faire est de poursuivre et d’intensifier les mobilisations, les actions directes, les campements et toutes les formes d’organisation pour mettre fin au génocide à Gaza et libérer la Palestine. Dans ce contexte, prenez position contre la répression et parlez de ce cas et d’autres cas dans votre région.
2. Signez la campagne de soutien à Mohammed. Cliquez ici ou utilisez le formulaire ci-dessous pour apporter votre soutien !
3. Publier une déclaration de solidarité. Publier une déclaration de solidarité. Des organisations comme Charleroi pour la Palestine, LABO, UPJB, Bruxelles Pantheres, ABP, l’ont déjà fait. Publiez votre propre déclaration et indiquez clairement que Nicole de Moor ne parle pas au nom du peuple.
4. Invitez Mohammed à prendre la parole. Qu’il s’agisse d’un événement local en Belgique ou ailleurs en Europe ou d’un événement virtuel, Mohammed peut parler de son cas et de la lutte plus large pour la libération. Envoyez-nous un courriel à supportmohammed@samidoun.net pour planifier un événement.
5. Parlez des prisonniers palestiniens et de la Résistance. Mettez en avant les cas des prisonniers palestiniens et leur lutte permanente pour la liberté et la libération. Soulignez les demandes du peuple palestinien et de sa résistance pour la libération des prisonniers palestiniens dans le cadre d’un véritable échange de prisonniers. Soutenez la légitimité de la résistance palestinienne.
6. Exigez que les organisations de résistance palestiniennes et libanaises soient retirées des « listes terroristes » des États-Unis, de l’Union européenne, du Canada, de la Grande-Bretagne et d’autres pays. Ces organisations représentent la volonté et l’engagement du peuple palestinien à libérer sa terre de l’occupation sioniste illégitime.
Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre !
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Publié le 23 avril sur Samidoun