La Palestine a déclenché une « révolution mondiale », déclare Francesca Albanese

« Ce qu’Israël inflige aux Palestiniens équivaut à écrire l’une des pages les plus sombres de l’histoire des génocides », a déclaré le 12 juin, lors du livestream de The Electronic Intifada, Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits humains dans les Territoires palestiniens occupés.

Eli Gerzon     The electronic Intifada, 16 juin 2025

Elle a loué les efforts populaires et a estimé que les États membres de l’ONU devaient entreprendre des actions afin de faire cesser le génocide. Les Européens en particulier doivent « faire éclater la bulle coloniale et agir différemment », a-t-elle dit.

Mais Albanese considère à tout le moins sidérants le silence et la complicité des États arabes.

« Si vous n’êtes pas contre cet abattoir, vous en êtes les complices », leur dit-elle.

La flottille du « Madleen » – avec à son bord l’activiste suédoise Greta Thunberg, la députée européenne franco-palestinienne Rima Hassan et d’autres participants – « a fait plus que n’importe qui d’autre – autre que les Palestiniens, du moins », estime Albanese, « en faisant la lumière sur ce qui se passe à Gaza. »

Les milliers de personnes qui ont tenté de fournir de l’aide au territoire assiégé avec la Marche mondiale sur Gaza et le Convoi du Sumud ont « prouvé » ce qu’elle pensait depuis des années : « La Palestine a déclenché une révolution mondiale. »

Albanese a invité instamment les États à suivre l’exemple du « Madleen » et à envoyer à Gaza des navires chargés « de vivres, de lait maternisé pour bébé, de médicaments, de médecins et de personnel soignant », ajoutant que les hommes politiques pourraient s’y rendre en personne afin d’éliminer toute perception de menace envers Israël.

« Ce qui est en jeu, ce n’est pas la sécurité d’Israël, mais son impunité », a-t-elle ajouté.

La complicité des entreprises dans le génocide.

Durant l’année écoulée, Albanese a rédigé deux rapports officiels de l’ONU sur le génocide d’Israël contre les Palestiniens.

Son prochain rapport, dont la sortie est prévue en juillet, identifiera les entreprises qui ont tiré profit du génocide.

Elle ne pouvait en dire plus à ce stade, mais elle a fait part de ce qu’elle pensait à propos d’une entreprise privée en particulier : la Gaza Humanitarian Foundation (GHF – Fondation humanitaire pour Gaza). « Elle n’a d’humanitaire que le nom car, en réalité, il s’agit d’une entreprise criminelle conjointe », a déclaré Albanese.

Notre directeur exécutif Ali Abunimah a interrogé Albanese sur le rôle de l’Autorité palestinienne dans la situation actuelle.

« Vous êtes la première personne qui me pose cette question – il me semble – sur plus de 600 interviews », a-t-elle répondu.

Albanese a fait l’éloge de certaines personnes qui travaillent au sein de l’AP et de l’Organisation de libération de la Palestine, particulièrement parmi celles représentant les Palestiniens au niveau international.

Mais elle l’a fait entendre clairement : « L’Autorité palestinienne n’est pas là, institutionnellement parlant, pour servir le peuple palestinien en termes de protection. C’est un fait. »

En lieu et place, l’AP travaille avec Israël, y compris dans les questions « sécuritaires » et elle « opère à l’intérieur du périmètre que lui a accordé Israël ».

Catégorique et courageuse dans son plaidoyer pour qu’Israël soit tenu responsable devant les lois internationales, Albanese est une cible de haut profil pour le gouvernement israélien et ses groupes de pression, qui la diffament sans arrêt et exigent son retrait de son rôle indépendant à l’ONU.

Elle est également la proie d’un intense harcèlement en ligne, à des remarques sexistes de la part de journalistes et à d’autres formes d’abus.

Quand on lui a demandé ce qui la motivait face à ces attaques, elle a fait référence à son contexte italien du sud et a déclaré qu’elle était « incroyablement romantique ».

« Il n’y a personne dans la vie que j’aime davantage que mes enfants… Et je ne pense pas que les enfants palestiniens ou les enfants israéliens valent moins que les miens » a-t-elle expliqué.

Albanese s’est longtemps demandé comment l’Holocauste nazi des Juifs, des Roms, des Sintés et autres a pu être possible en Europe.

« Aujourd’hui, je ne me pose plus la question », a-t-elle dit. La déshumanisation est « infectieuse » et « il faut parler – quiconque a un minimum de visibilité. »

Les forces spéciales israéliennes piégées par une embuscade meurtrière.

« Alors que tout est présenté comme (…) une destruction et une défaite, ce n’est pas ce que nous voyons de la part de la résistance », a remarqué notre contributeur Jon Elmer.

Il a dénombré cinquante opérations de la résistance au cours de la semaine écoulée, disant qu’il s’agissait de la période la plus ruineuse pour l’armée israélienne depuis qu’elle a repris sa guerre à grande échelle en mars.

Cela comprenait une opération qui a bénéficié d’une très grande couverture de la part des médias israéliens : Au moins quatre soldats de l’unité de génie de combat Yahalom ont été tués dans une habitation piégée à l’aide d’un engin explosif improvisé à Bani Suheila, près de Khan Younis.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, le commandant en chef de l’armée israélienne Eyal Zamir et Abu Obaida, le porte-parole de l’aile militaire du Hamas, les Brigades Qassam, ont tous trois commenté l’opération.

Zamir a fortement conseillé aux soldats israéliens d’éviter les affrontements directs avec la résistance – ce qui constitue une reconnaissance du peu de contrôle qu’exerce actuellement Israël à Gaza, malgré ses incessantes destructions et tueries sur place.

De son côté, Abu Obaida a déclaré : « L’ennemi public a deux choix : forcer ses dirigeants à mettre un terme à cette guerre génocidaire ou se préparer à recevoir bien davantage de ses fils dans des cercueils. »

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Vous pouvez visionner l’émission en anglais sur YouTube, Rumble ou Twitter/X, ou vous pouvez l’écouter (en anglais aussi) sur votre plate-forme podcast préférée.

Tamara Nassar a produit et dirigé l’émission. Michael F. Brown a contribué à l’assistance de préproduction et Eli Gerzon à l’assistance de postproduction.

Vous pouvez visionner les précédents épisodes du livestream de The Electronic Intifada sur notre canal YouTube.

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Traduction pour la Plateforme Charleroi pour la Palestine : Jean-Marie Flémal