Un appel des travailleurs de Gaza aux syndicats du monde entier : Un cri face à la famine et au génocide

Masar Badil, 23 juillet 2025

 

A tous les travailleurs d’où qu’ils soient,

À nos camarades des organisations et fédérations syndicales du monde entier,

Nous vous transmettons la déclaration des travailleurs de Gaza, telle que diffusée par la Fédération générale des syndicats de Palestine (PGFTU) et adressée aux travailleurs et syndicats du monde entier – cet appel final qu’ils ont nommé « un cri avant la mort ». Il nous vient depuis la famine totale et le siège, du plus profond des décombres des usines et des maisons, et du cœur d’une guerre d’extermination incessante qui se poursuit depuis près de 22 mois en même temps qu’une politique systématique d’affamement massif orchestrée par « Israël » avec le soutien direct des États-Unis et de ses partenaires européens.

La déclaration dit ceci :

« La guerre ‘israélienne’ a détruit 80 % des habitations de Gaza, toutes ses usines et ateliers, ses sources de subsistance, et la plupart de ses terres agricoles ont été nivelées au bulldozer. »

En effet, les existences des travailleurs, pêcheurs, agriculteurs et tous les secteurs sociaux productifs de la bande de Gaza assiégée ont été transformés en un véritable enfer. Leurs familles sont désormais sans abri et sans revenu. Il n’y a ni nourriture ni médicaments. Un travailleur déclare :

« Nous sommes assiégés par des armes américaines et européennes, étouffés par la faim, l’indifférence et le silence – le tout dans une tentative en vue de détruire nos existences, de briser notre résilience et de broyer la volonté de résistance de notre peuple. »

Aujourd’hui, nous nous adressons une fois de plus à vous, pas simplement en tant que victimes mais en tant que travailleurs de la Palestine : une composante intégrale des classes populaires et laborieuses de ce monde et qui lutte pour la justice, la libération et la dignité. Et nous vous demandons de :

-rompre le silence et la complicité, élever vos voix au sein de vos syndicats et fédérations et dénoncer les politiques de famine, de siège et de massacre à Gaza ;
-mettre vos gouvernements sous pression afin qu’ils mettent fin aux accords d’armement et à la coopération militaire avec l’occupation, et qu’ils imposent des sanctions au régime colonial de peuplement de d’apartheid sioniste ;
-boycotter les entreprises qui soutiennent l’occupation et retirer les investissements des syndicats de toutes les entreprises, institutions ou entités impliquées dans le financement de la guerre ou qui en tirent profit ;
-organiser des journées de colère et de solidarité mondiale dans les usines et ateliers, dans les ports et aéroports, dans les rues et sur les places publiques, en soutien de la Palestine et de son peuple courageux.

Nous nous adressons en particulier aux syndicats des marins et des travailleurs portuaires en les invitant instamment à refuser de charger ou de décharger les navires « israéliens » ou ceux à destination des ports sionistes, et à cesser toute forme de coopération maritime ou commerciale avec les outils de la guerre et du siège. La force de vos bras et la vigilance de vos consciences sont capables de mettre à l’arrêt la machine d’extermination et de bloquer les cargaisons de mort envoyées en Palestine. Montrez à toute l’humanité la force de la classe ouvrière en lutte quand elle se dresse unie pour défendre la justice et les valeurs humaines.

D’ici, nous saluons avec fierté et gratitude nos camarades les travailleurs portuaires de Grèce pour leur position courageuse et de principe et pour leur rôle prépondérant dans le boycott des navires « israéliens » et le rejet de toute complicité dans les crimes de guerre. Nous saluons également les syndicats des travailleurs en Norvège, en Espagne, en France, au Canada et ailleurs pour leur rôle pionnier dans la solidarité percutante avec notre peuple via le boycott des institutions de l’occupation. Et nous invitons instamment tous les syndicats de travailleurs du monde entier à rompre les liens avec la fameuse « Histadrut », cette organisation sioniste qui prétend faire partie de la classe ouvrière alors qu’elle participe au siège contre les travailleurs palestiniens, qu’elle justifie le génocide à Gaza et qu’elle constitue une partie intégrante de l’appareil d’occupation « israélien ».

Camarades,

Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza est un crime de famine massive au vu et au su de tout le monde : son but est de nous déplacer et de nous chasser de notre terre. Ce n’est pas seulement une guerre d’extermination physique, c’est une série de crimes qui surpassent tout ce qu’ont commis le nazisme et le fascisme en Europe. Cette guerre est menée dans le but de nous soumettre en détruisant les conditions mêmes de la vie et de la dignité humaine. Pourtant, les classes ouvrières populaires et leurs syndicats libres dans le monde possèdent un héritage d’histoire, de force et de courage suffisant pour anéantir ces politiques criminelles – s’ils resserrent et unifient leurs rangs et s’ils élèvent leurs voix pour affronter le colonialisme, le sionisme et la sauvagerie du capitalisme.

Nous vous promettons :

Nous reconstruirons les universités, écoles, institutions et usines de Gaza une fois de plus, comme nous l’avons toujours fait après chaque guerre de destruction américano-sioniste. Nous garderons notre détermination, quelle que soit l’énormité des difficultés et des défis qui nous attendent.

Transformons la colère en action et la solidarité en une position concrète.

Rompons la politique de famine et hissons la bannière de la lutte ouvrière en faveur de la justice.  

Pour une Palestine libre, du fleuve à la mer.

Le Mouvement alternatif de la voie révolutionnaire palestinienne (Masar Badil), 23 juillet 2025.

Texte de la déclaration de la Fédération générale des syndicats de Palestine (PGFTU) à Gaza

Le cri des travailleurs avant la mort

C’est un cri que nous poussons afin d’interpeller les consciences et la dignité de nos camarades des syndicats, d’appeler à la mobilisation afin de soutenir les enfants qui ne peuvent trouver du lait ou même un morceau de pain, les mères qui ne sont plus en mesure d’allaiter, les patients qui attendent la mort par famine, les personnes âgées qui craignent de mourir de faim et les travailleurs qui ne peuvent trouver ni travail ni pain.

Nos camarades libres,

Depuis 22 mois, l’occupation se livre incessamment au massacre des civils et à la destruction des maisons – elle a détruit 80 % de l’habitat de Gaza, la totalité de ses usines, elle a nivelé au bulldozer la quasi-totalité de ses terres agricoles et elles a complètement bloqué la plupart des sources de subsistance de l’enclave.

Nos honorables collègues,

Nous pensons bien à vous et, ainsi donc, retroussez vos manches pour rompre le siège contre Gaza. Nous attendons de vous un rôle humain et moral afin de sauver Gaza d’un blocus au cours duquel l’occupation criminelle a hermétiquement fermé toute ouverture à l’entrée de vivres, de médicaments et d’eau pour ses habitants.

Nos camarades des syndicats,

Nous espérons que vous remplirez votre rôle en faisant entendre le cri adressé par les enfants et les travailleurs de Gaza aux preneurs de décisions et aux gens de la rue. Vous êtes les plus dignes d’assumer cette responsabilité – et, ainsi donc, soyez notre soutien, mobilisez les rues et faites cesser les ventes d’armes qui tuent enfants, femmes et travailleurs. Mobilisez les sympathisants et supporters pour qu’ils rompent le siège contre Gaza, et faites entendre votre voix libre à ceux qui prennent les décisions.

Il n’y a pas d’excuse pour ceux qui abandonnent Gaza et son peuple, ou qui abandonnent les travailleurs.

Gaza restera témoin de ceux qui se sont dressés en poussant leurs clameurs en faveur de l’humanité et de la liberté et elle restera un symbole pour les gens libres du monde entier.

Nous invitons instamment les travailleurs et leurs organisations à nous contacter, en adressant un courriel à workers@masarbadil.org.

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Publié le 23 juillet 2025 sur Masar Badil
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine