Les criminels de guerre israéliens sèment de fausses joies à Noël

Il est très fréquent que l’armée israélienne se fasse passer pour une organisation humanitaire. Ainsi, il n’a guère été surprenant, tout dernière, qu’elle ait cherché à transformer une annonce à propos des fêtes de Noël en un geste de bonne volonté.

En réalité, l’annonce confirmait ce qu’aucun Palestinien n’ignore : Israël leur dicte ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire. Pour les chrétiens, cela inclut de décider de l’endroit où ils passeront Noël.

 

Bethléem sera sous occupation militaire, ce Noël – ainsi que tout au long de l’année. (Photo : Wajed Nobani / APA images)

 

Fedaa al-Qedra, 17 décembre 2021

Si Israël tient parole, jusqu’à 500 chrétiens vivant à Gaza pourront visiter la Cisjordanie, qui est également sous occupation militaire israélienne. Ils pourront dès lors participer à la saison des fêtes à Bethléem, où l’on croit qu’est né Jésus Christ.

L’annonce israélienne – semblable à celles des années précédentes – est loin d’être altruiste.

Du fait qu’une limite frappe le nombre de personnes pouvant se rendre à Bethléem, ce genre d’annonce aura deux effets possibles : Soit les membres d’une même famille passeront Noël séparés les uns des autres, soit les voyages à Bethléem n’auront pas lieu.

« Il est inhabituel qu’une famille entière obtienne l’autorisation [de se rendre à Bethléem] », a expliqué Kamel Ayyad, porte-parole de l’église Saint-Porphyre à Gaza.

« Parfois, les autorités israéliennes n’accordent l’autorisation qu’à un ou deux membres d’une même famille. Cela signifie que la famille est forcée d’annuler ses plans de voyage. »

Avec plus de 700, le nombre de demandes de permis de voyage a rapidement dépassé le quota fixé par Israël.

« Tout le monde devrait se voir octroyer le permis », a déclaré Kamel Ayyad.

« Nous avons tous le droit à la liberté de mouvement. Et à la liberté du culte. »

Noël à Gaza tend à se perdre. L’an dernier, les festivités ont été effectivement annulées en raison de la pandémie de Covid-19.

 

« Un sentiment spécial »

Cela fait longtemps que les chrétiens palestiniens sont soumis à rude épreuve par l’occupation. Un grand nombre d’entre eux se sentent si frustrés par les brutalités incessantes d’Israël qu’ils finissent par émigrer.

À Gaza, le nombre de chrétiens a chuté d’environ 3 000 en 2010 à un millier environ aujourd’hui.

Hani Farah, une figure marquante du secteur YMCA, fait partie de ceux qui ont demandé une autorisation de visiter Bethléem. Il attend toujours de savoir si sa demande sera acceptée ou pas.

« J’aime prier à l’église de la Nativité [à Bethléem] », dit-il. « Cela apporte un sentiment spécial. »

Hani Farah fait remarquer que les deux années écoulées ont été extrêmement stressantes en raison de la pandémie ainsi que de l’importante agression israélienne. Il espère que toute sa famille sera autorisée à visiter Bethléem ce Noël.

« Nous avons besoin de ces jours de fête », ajoute-t-il.

Bethléem n’est qu’à 75 kilomètres de Gaza. Accéder à la ville devrait être relativement facile avec l’aide des transports modernes.

Pourtant, pour avoir une chance d’atteindre Bethléem, il est tout d’abord nécessaire de passer par Erez, un check-point qui sépare Gaza et Israël.

 

« Nous aimons la vie »

La tâche de décider de qui peut quitter Erez a été assignée au Coordinateur israélien des activités gouvernementales dans les territoires (le COGAT). Ce corps est actuellement commandé par un général du nom de Ghasan Alyan.

Il a été l’un des commandants de la Brigade Golani, une unité d’élite de l’armée israélienne.

Sous la direction d’Alyan, la Brigade Golani a perpétré un massacre dans le quartier de Shujaiya à Gaza, en juillet 2014. Quelque 55 civils palestiniens – dont 19 enfants – ont été tués lors de ce massacre.

Cela signifie que les décisions concernant la façon dont les Gazaouis peuvent mener leur existence sont approuvées ou rejetées par un homme qui a commis des crimes de guerre. Loin de subir un châtiment, Alyan a au contraire obtenu une promotion.

Khader Tarazi, 23 ans, s’est rendu à Bethléem une seule fois dans sa vie – quand il était tout petit. Ses souvenirs du voyage sont fragmentés, quoique joyeux.

« Chaque année, j’introduis une demande de permis », dit-il. « Mais elle est rejetée pour des raisons que j’ignore. »

Israël rejette de façon typique la plupart des requêtes d’autorisation de se rendre à Bethléem à Noël. En 23019, environ 800 requêtes ont été adressées par des chrétiens de Gaza ; Israël a accordé un peu plus de 300 permis.

Alors que Gaza n’est en aucun cas synonyme de joie à Noël, les personnes qui passent la saison des fêtes ici tentent de faire de leur mieux pour avoir du bon temps.

Florence Khouri était l’une des invitées à une fête au début de ce mois, organisée par le YMCA de Gaza.

« Éclairer le sapin de Noël revêt une signification spéciale, à Gaza », dit-elle. « Nous aimons la vie, en dépit de tous ces temps sombres. »

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Fedaa al-Qedra est journaliste et vit à Gaza.

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Publié le 17 décembre sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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