Manifestation à Beyrouth en solidarité avec les journalistes palestinien.ne.s assassiné.e.s et emprisonné.e.s
Lundi, 1er septembre, place des Martyrs à Beyrouth, a eu lieu une journée internationale d’action des médias et de solidarité avec les journalistes ciblé.e.s et assassiné.e.s par le régime sioniste dans le cadre de son génocide à Gaza. Cette manifestation de solidarité faisait suite à un appel lancé par les journalistes libanais.es et palestinien.ne.s à soutenir les journalistes palestinien.ne.s de la bande de Gaza confronté.e.s à des assassinats, à des bombardements et à un siège interminable de la part des forces d’occupation sionistes.
Les participant.e.s brandissaient des écriteaux réclamant la fin de la politique israélienne d’assassinat des journalistes ainsi que la liberté des journalistes détenu.e.s dans les prisons de l’occupation, et affirmant ainsi leur position aux côtés de leurs collègues de Gaza pour affronter la guerre ouverte contre la vérité et la liberté d’expression. Samidoun participait à l’événement, en promouvant les appels à l’action des journalistes et défenseurs des droits internationaux et en dénonçant la politique des assassinats de journalistes, c’est-à-dire d’autres crimes de guerre et crimes contre l’humanité imputables au régime génocidaire.
Plus de 247 journalistes en Palestine ont été assassinés par l’occupation sioniste, dont Anas al-Sharif, Ismail al-Ghoul, Hassan Esleih, Hossam Shabat, Wafa al-Udaini, Maryam Abu Daqqa et, tout récemment, Islam Abed, tué le 31 août. En même temps, plus de 50 journalistes palestinien.ne.s sont détenu.e.s dans les prisons de l’occupation, soumis à des tortures sévères, à l’affamement et à l’isolement dans le cadre d’une politique systématique de ciblage des voix des journalistes palestinien.ne.s et de tout travail voulant exposer aux yeux du monde les réalités du génocide sioniste-impérialiste.
De brefs discours ont été tenus, durant ce rassemblement, entre autres par le chef du Syndicat de la presse libanaise Awni El-Kaaki, le chef du Syndicat des rédacteurs en chef Joseph Kossaifi et le journaliste palestinien Walid Kilani, qui a pris la parole au nom de la collectivité des journalistes palestiniens.
La journaliste Wafaa Bahani a prononcé le discours d’introduction du rassemblement, affirmant que l’occupation israélienne continuait de cibler les journalistes à Gaza et dans toute la Palestine occupée « parce qu’ils dénoncent ses crimes et démasquent sa brutalité ». Elle a insisté en disant que « le sang des journalistes n’était pas bon marché » et que « la vérité ne mourrait pas, aussi intense que puisse être la criminalité sioniste ».
Bahani a fait remarquer que la caravane des martyrs de la vérité et de la liberté de parole était longue, à commencer par Ghassan Kanafani, Ali Fouda et Shireen Abu Akleh et allant jusqu’à Anas al-Sharif, Farah Omar, Rabie al-Maamari, Ghassan Najjar, Mohammed Reda, Wissam Qassam, Hadi al-Sayyed et Issam Abdallah et elle a insisté sur le fait que les journalistes « poursuivraient la voie de la vérité jusqu’à la libération ».
Elle a également exprimé son entière solidarité avec les journalistes du Yémen, déplorant la mort de son collègue Hashem Sharaf al-Din, le ministre yéménite de l’Information et ancien correspondant d’Al-Manar, récemment tué lors de la série d’assassinats qui, le 28 août, a ciblé le gouvernement yéménite de Sanaa, dirigé par le Premier ministre Ahmad al-Rahwi. Elle a affirmé que « son message resterait vivant aussi longtemps que le peuple combattrait dans les tranchées de la liberté et de la dignité ».
De son côté, Charlotte Kates, coordinatrice internationale du Réseau Samidoun de solidarité avec les prisonniers palestiniens, a encensé l’initiative des médias à Beyrouth, considérant leur démarche comme « un message fort face à l’occupation et à ses tentatives en vue d’assassiner la voix de la vérité », et réclamant que « l’on défende le peuple palestinien et son droit de résister jusqu’à la libération et le retour ».
Charlotte Kates a insisté sur l’importance, lors des rencontres avec nombre de journalistes,
« de soutenir la voix des journalistes palestinien.ne.s détenus dans les prisons de l’occupation et celle de leurs collègues qui transmettent au monde la réalité des crimes commis quotidiennement par les sionistes et les Américains contre les Palestiniens à Gaza et dans toute la Palestine occupée ».
Elle a en outre dénoncé les déplorables déclarations de l’envoyé américain Tom Barrack à l’encontre des journalistes libanais alors qu’il demandait que le Liban cède aux exigences des EU et d’« Israël » en vue de désarmer la résistance et elle a qualifié ces déclarations de
« langage colonial arrogant qui reflète bien la dégradation morale de Barrack et des gens qu’il représente parmi les criminels de guerre de Washington et de Tel-Aviv ».
Elle a fait remarquer que la déshumanisation des journalistes palestinien.ne.s et libanais.es, manifeste dans les propos de Barrack, faisait partie de la même déshumanisation délibérée utilisée par le régime sioniste afin de perpétuer le génocide et l’assassinat de centaines de journalistes palestinien.ne.s à Gaza, et elle a invité les journalistes occidentaux à assumer leurs responsabilités en prenant parti pour leurs collègues et en dénonçant les crimes de l’occupation sioniste et des puissances impérialistes.
L’intervention de Wafaa Bahani
Cher.e.s bien-aimé.e.s, cher.e.s journalistes libres,
Au nom de la vérité et au nom de la parole qu’on ne peut assassiner…
Nous sommes ici aujourd’hui dans un état de colère et de loyauté et nous élevons nos voix pour les journalistes qui se font assassiner jour après jour à Gaza, parce qu’ils (elles) ont dénoncé les crimes de l’occupation et qu’ils (elles) continuent de les dénoncer.
Et cette occupation criminelle n’éprouve nul besoin de justifier ses assassinats… car elle est criminelle de nature : Toute personne qui tue des enfants n’hésitera pas à assassiner les personnes qui dénoncent ses crimes.
De Ghassan Kanafani à Ali Fouda, à Shireen Abu Akleh, à Maryam Abu Daqqa, à Mohammed Mansour, à Mohammed Balousha, à Anas al-Sharif et à toute une longue constellation de journalistes martyr.e.s – voilà ceux et celles qui ont emprunté la voie du don et du sacrifice, qui ont sauvegardé leurs mots et leurs images et qui restent aussi odorants que la fleur de sureau dans nos souvenirs ; aussi déterminés que les racines de l’olivier ; aussi nobles et inflexibles ; et qui sont devenus martyrs en restant debout.
Et nous rappelons aussi les âmes des martyr.e.s du journalisme au Liban, qui ont été assassiné.e.s par l’occupation dans le sud : Farah Omar, Rabie al-Maamari, Issam Abdallah, Mohammed Shehadeh et la liste est loin d’être terminée.
Ils sont comme le cèdre puissant qu’aucune tempête ne peut ébranler, comme le phénix qui renaît plus fort de ses cendres, ils gardent vivante la voix de la vérité et leurs propos sont une flamme qui attise la conscience humaine.
Et nous n’oublions pas le journaliste militant et ministre yéménite de l’Information, Hashem Sharaf al-Din, qui a été dans le temps correspondant d’Al-Manar, et que l’ennemi sioniste a honteusement assassiné au cours d’une frappe ciblée, ajoutant ainsi son nom à la caravane des martyr.e.s de la vérité et du verbe.
Nous le disons aujourd’hui d’une voix audacieuse :
Le sang des journalistes n’est pas bon marché… Leurs crimes ne nous réduiront pas au silence… et rien ne parviendra jamais à éteindre la vérité.
Nos collègues martyr.e.s sont présent.e.s dans chaque image qu’ils (elles) ont captée, dans chaque mot qu’ils (elles) ont écrit, dans chaque larme qu’ils (elles) ont transmise depuis Gaza, depuis le Sud, depuis le Yémen à la conscience du monde.
Nous continuerons d’écrire, de prendre des photos, de témoigner… jusqu’à ce que la vérité triomphe et que les projets de mort et de falsification s’écroulent.
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Publié sur Samidoun, le 1er septembre 2025
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
Vidéo-reportage sur l’événement. A partir de 5:30, le commentaire de Charlotte Kates, au nom de l’IADL