Grève de la faim des « Prisonniers pour la Palestine » dans les prisons britanniques

La grève de la faim des « Prisonniers pour la Palestine » dans les prisons britanniques commence le jour anniversaire de la Déclaration Balfour
2 novembre 2025. 

 

Affiche « Prisoners for Palestine » (Prisonniers pour la Palestine)

Affiche « Prisoners for Palestine » (Prisonniers pour la Palestine)

 

Les « Prisonniers pour la Palestine » dans ce qu’on appelle le Royaume-Uni annoncent une grève de la faim massive :

« Nous avons épuisé toutes les autres options. »

Aujourd’hui, les deux premiers « Prisonniers pour la Palestine »Amu Gib et Qesser Zuhrah – ont refusé toute nourriture pour la première fois, inaugurant ainsi la première étape de la grève de la faim tournante.

 

Amu Gib et Qesser Zuhrah de Prisoners for Palestine ont démarré leur grève de la faim le 2 novembre 2025

Amu Gib et Qesser Zuhrah (via Prisoners4Palestine sur Instagram)

 

Des dizaines de prisonniers politiques dans plusieurs prisons de Grande-Bretagne ont annoncé leur intention de se lancer dans une grève de la faim collective dès le 2 novembre, une date choisie en raison de sa signification historique : l’anniversaire de la Déclaration Balfour en 1917, par laquelle le gouvernement britannique exprimait son soutien officiel au projet sioniste de colonisation de la Palestine.

L’action sera coordonnée par le collectif Prisonniers pour la Palestine, avec le soutien de CAGE International, et pourrait bien devenir la plus grande grève de la faim organisée dans les prisons britanniques depuis 1981, lorsque dix prisonniers républicains irlandais avaient péri après 66 jours de grève dans les prisons de l’Irlande du Nord occupée.

Les prisonniers dénoncent l’État britannique pour avoir criminalisé la solidarité avec la Palestine et protégé les intérêts des sociétés d’armement qui fournissent le régime israélien. Pendant des mois, ils ont souffert les punitions, l’isolement, la censure et l’agression en raison de leur militantisme anti-colonial et de leur engagement en faveur de la résistance palestinienne.

 

« Nous sommes emprisonnés pour avoir tenté d’arrêter le génocide »

Le 20 octobre, d’anciens prisonniers politiques et les porte-parole Audrey Corno et Francesca Nadin, toutes deux arrêtées pour leur action directe contre les sites d’Elbit Systems, la principale société d’armement israélienne, ont fait parvenir au ministère britannique de l’Intérieur une lettre au nom des 33 personnes emprisonnées pour avoir tenté d’arrêter le génocide à Gaza.

Dans cette lettre, les prisonniers énoncent cinq revendications claires et urgentes :

La fin immédiate de toute censure et de toutes restrictions sur leur correspondance et leurs communications.
Leur libération immédiate et inconditionnelle sous caution.
Le droit à un procès équitable et transparent.
La levée d’interdiction de Palestine Action.
La fermeture permanente de tous les sites d’Elbit Systems au Royaume-Uni.

« Nous avons épuisé toutes les autres options », ont déclaré les porte-parole du groupe, qui insistent sur le fait que leurs arrestations sont totalement motivées politiquement. Dans bien des cas, aucune accusation officielle n’a été avancée et les personnes restent détenues en vertu de la législation antiterroriste, un outil de répression de plus en plus fréquemment utilisé contre les activistes et les défenseurs des droits humains.

Certains prisonniers sont détenus depuis plus d’un an sans procès, dans des conditions dégradantes et avec des restrictions sévères portant sur les visites de la famille, la pratique religieuse et la communication avec le monde extérieur.

 

Des usines d’armes aux cellules de prison

Les sabotages et les perturbations infligés à Elbit Systems — une société israélienne fabriquant des drones et des armes utilisées dans les attaques contre Gaza – sont devenus un symbole du mouvement d’action directe pour la Palestine. Depuis 2020, Palestine Action a organisé de nombreuses occupations d’usines et de centres de distribution liés au complexe militaire sioniste.

Confronté à la pression populaire, l’État britannique a répondu par une vague d’arrestations, de perquisitions domiciliaires et de procédures juridiques qui criminalisent les personnes osant dénoncer publiquement la complicité du Royaume-Uni dans les crimes de guerre perpétrés en Palestine.

Les prisons sont donc devenues un nouveau front dans la lutte : la résistance y continue sous d’autres formes.

« Ce qui a commencé comme une campagne en vue d’arrêter la production d’armes pour le génocide à Gaza s’est transformé en une lutte pour la liberté menée à l’intérieur des prisons »,

a expliqué l’un des avocats du collectif.

 

« De Guantánamo à Gaza : la même machinerie répressive »

Le Dr Asim Qureshi, directeur de la recherche à CAGE International, a décrit la grève de la faim comme étant « la première du genre depuis vingt ans au moins » et une première étape « mettant particulièrement en évidence la violence du système carcéral au Royaume-Uni ».

« De Guantánamo à Gaza, l’infrastructure des lois antiterroristes autoritaires mise sur pied pour emprisonner, faire taire et réprimer l’action en faveur de la Palestine et les voix qui contestent les guerres et le génocide, doit être démantelée. Les prisonniers sont le cœur vivant de notre mouvement pour la justice. Nous devons honorer leurs sacrifices et nous dresser pour combattre les injustices qu’ils affrontent. »

Les allégations d’abus systématiques comprennent agressions physiques, mise en isolement prolongé, confiscation de la correspondance et du matériel de lecture, refus de soins médicaux et restriction d’accès au Coran. Confrontés à l’échec de leur appels et à l’indifférence institutionnelle, les prisonniers ont décidé de recourir aux derniers instruments de résistance qui leur sont laissés : leurs propres corps.

 

La continuation d’une longue tradition de résistance

Cette nouvelle grève s’inscrit dans une tradition qui unit les prisonniers britanniques et palestiniens. Début 2025, l’activiste Teuta « T » Hoxha, l’une des « 24 de Filton », entamait une grève de la faim de 28 jours qui allait parvenir à dénoncer publiquement la répression interne et à imposer la restauration des droits élémentaires à la prison de Peterborough.

Son action avait déclenché une vague de solidarité internationale : des prisonniers politiques aux États-Unis, comme Casey Goonan et Malik Muhammad, l’accompagnaient dans une grève de la faim de solidarité afin de dénoncer la répression à l’échelle mondiale des personnes qui soutiennent la Palestine.

« Nous savons qu’il ne s’agit pas que de récupérer un emploi ou encore un privilège à l’intérieur de la prison »,

avait déclaré Hoxha à l’époque,

« mais d’affirmer notre dignité et de rejeter le silence que l’État tente de nous imposer. »

Leur victoire partielle allait inspirer des dizaines de camarades dans la préparation d’actions collectives plus larges, susceptibles de rompre l’isolement et de mettre en exergue le lien existant entre la répression interne et le colonialisme mondial.

 

La prison comme théâtre de lutte

Le mouvement palestinien a transformé l’emprisonnement en un espace de résistance. Tout au long de l’occupation sioniste, des milliers de prisonniers palestiniens ont recouru à des grèves de la faim collectives, en unissant leurs corps en une lutte commune contre la déshumanisation.

De même, les prisonniers politiques irlandais, les activistes sud-africains contre l’apartheid et les prisonniers de Guantanamo ont montré que le corps du prisonnier pouvait devenir une arme politique, lorsque tous les autres moyens d’action avaient été épuisés.

Reprenons les mots du dirigeant palestinien Ahmad Sa’adat, secrétaire général du Front populaire pour la libération de la Palestine :

« D’Ansar à Attica, de Lannemezan à Nafha, la prison n’est pas qu’un lieu de confinement, mais aussi un champ de bataille où les opprimés affrontent l’oppresseur. »

La grève de la faim des prisonniers pour la Palestine au Royaume-Uni fait partie de la même tradition de dignité. C’est une affirmation de la vie et de l’humanité face à la déshumanisation coloniale et carcérale.

 

Un appel urgent à la solidarité internationale

Samidoun, le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens,  invite toutes les organisations, mouvements et personnes solidaires à amplifier les voix de ceux et celles qui résistent aujourd’hui derrière les murs des geôles britanniques, à mettre la pression sur les autorités et à dénoncer la criminalisation de la solidarité avec la Palestine.

« Après que nous serons partis, que déclarerez-vous avoir fait ? Avez-vous été avec nous dans notre lutte, où vous êtes-vous conformés au système même qui nous a menés à la mort ? »,

avait dit le martyr irlandais Patsy O’Hara au cours de sa grève de la faim, en 1981.

Aujourd’hui, ces mots résonnent fortement, depuis les prisons du Royaume-Uni jusque dans les cellules sous occupation en Palestine.

Les prisonniers de Palestine nous mettent tous au défi : Leur résistance nous renvoie l’image de notre responsabilité collective.

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Publié sur Samidoun le 2 novembre 2025
Traduction : Jean-Marie Flémal,  Charleroi pour la Palestine

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3 novembre 2025 : Heba Muraisi devient la troisième prisonnière palestinienne à rejoindre la grève de la faim illimitée.
Source : Prisoners4Palestine

 

 

Le soutien de Georges Abdallah

Chers Camarades, Face à la répression dont font l’objet les militant »e »s de « Prisoners for Palestine » j’exprime par ce message toute ma solidarité avec les camarades de « Prisoners for Palestine » en grève de la faim à partir [d’aujourd’hui].

Georges Abdallah

Source : Prisoners4Palestine

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