Le Théâtre national palestinien « Al Hakawati » a publié aujourd’hui un appel aux institutions de Jérusalem et aux hommes d’affaires de la ville dans le but de sauver le théâtre de sa fermeture, prévue dans les 48 heures.
D’après la déclaration du théâtre, son directeur Amer Khalil a reçu ce jeudi 26 un appel téléphonique de l’Autorité israélienne des recouvrements et saisies (ECA), responsable des recouvrements de dettes et de l’application de la loi, lui notifiant l’intention de procéder à la saisie dans les 48 heures de l’immeuble qui accueille le théâtre.
La déclaration ajoutait également que, voici deux semaines, l’ECA israélienne a également saisi le compte bancaire du théâtre et qu’elle avait transmis une notification écrite de la saisie du théâtre à son directeur.
Depuis lors, la direction a adressé un appel à de nombreuses institutions dans l’espoir de trouver le soutien financier qui lui permettrait d’apurer sa dette envers les autorités israéliennes (y compris la municipalité, l’Assurance nationale et la compagnie d’électricité, mais cet appel est resté vain jusqu’à présent, ajoute la déclaration.
Nombreux sont ceux qui estiment que cette procédure pourrait sembler normale de la part d’un État désireux de recouvrer les sommes dues par ses citoyens mais, vu la situation complexe de Jérusalem et la vulnérabilité des institutions palestiniens sous l’occupation et les mécanismes d’oppression israéliens, le problème devient une affaire politique par excellence.
Le théâtre Al Hakawati est le dernier théâtre palestinien encore en activité et l’une des rares institutions culturelles restantes à Jérusalem, après le long processus de liquidation par Israël de la vie culturelle et politique palestinienne dans la ville. Situé au centre de Jérusalem, le Théâtre national palestinien (fondé en 1984) est devenu une institution importante et un centre de la culture et de l’art palestiniens.
Toutefois, Al Hakawati n’a jamais été à l’abri de la machine d’oppression israélienne. Selon la direction du théâtre, Israël a interrompu les activités d’Al Hakawati a plus de 35 reprises. En 2008, la police israélienne avait déployé ses forces devant le théâtre et l’avait ainsi empêché d’organiser un festival culturel intitulé « Jérusalem, capitale culturelle arabe en 2009 ». De même, en 2013, Israël avait empêché la tenue d’un festival de marionnettes destinés aux enfants censé se dérouler dans le théâtre.
Ne parlons pas des tentatives des colons de s’emparer de force du site du théâtre. Désormais, ils ont une excuse, en admettant qu’il leur en faille une.
En outre, la menace qui pèse sur Al Hakawati montre bien la pauvreté du soutien politique et financier (inconditionnel) dont bénéficient les institutions palestiniennes de Jérusalem.
Finalement, voici une nouvelle illustration de la manière dont l’occupation israélienne constitue une affaire juteuse. Dans l’intention de financer votre colonialisme, vous imposez lourdement ceux qui le subissent.
Publié le 26 novembre 2015 sur le site d’Abir Kopty
Traduction : Jean-Marie Flémal
Abir Kopty. Palestinienne. Militante sociale, féministe et politique. Est née et a grandi à Nazareth, a également vécu quelques années à Haïfa, Londres et Ramallah. Durant de nombreuses années, a travaillé dans les médias et le domaine de la communication, y compris en tant que porte-parole du Centre Massawa et du Comité de coordination de la lutte populaire. Ancienne conseillère municipale de la ville de Nazareth. Titulaire d’une maîtrise en Communication politique de l’Université de la Ville de Londres. Actuellement, candidate au doctorat à l’Institut des études sur les médias et la communication de l’Université libre de Berlin.