La culture révolutionnaire : la dissémination (8)

La dissémination de la culture palestinienne dans la période de la révolution palestinienne : publications, affiches, cinéma, littérature...

Dans le sillage immédiat de la Nakba, les révolutionnaires se mirent à formuler des idées en vue d’analyser l’événement cataclysmique que les Palestiniens venaient de subir et ils tentèrent d’articuler une vision de la façon de répondre à leur crise nationale.

Ces idées furent diffusées par le biais de divers périodiques, comme par exemple celui de la Jeunesse nationaliste arabe, Al-Tha’r. Ces publications, souvent interdites, étaient produites à peu de frais par des volontaires œuvrant dans la clandestinité. Ils n’en exerçaient pas moins une influence énorme dans les concentrations de Palestiniens, tels les camps de réfugiés, et ils contribuaient à mobiliser des cadres et à les amener dans les rangs des partis révolutionnaires.

Au début, le développement des mouvements fut souvent lié à ces publications. Au cours de ses premières années d’existence, par exemple, le Fatah s’identifia étroitement à Filastinuna, un journal qui fut fondé en 1959.

Dans les années 1960, les mouvements révolutionnaires se mirent à consacrer des ressources à la création de journaux et de magazines produits de façon plus professionnelle, tel Al-Huriya, l’organe du Mouvement des nationalistes arabes. De telles publications diffusaient des analyses révolutionnaires, des articles de journalisme ainsi que des critiques culturelles.

Elles agissaient également comme des vecteurs de diffusion de thèmes radicaux internationalistes et anticoloniaux. Sur ce plan, on accordait autant d’attention aux images utilisées qu’à la substance des articles.

Dans les années 1970, des journaux radicaux non partisans, alignés sur la révolution, commencèrent également à proliférer, tel As-Safir, de Beyrouth.

Au plus fort de l’ère de la radio, la révolution palestinienne se concentra de plus en plus sur l’utilisation des ondes pour diffuser la conscience révolutionnaire. Elle lança ainsi la station de radio Sawt al-Thawra.

La sensibilité révolutionnaire, de même que les idées révolutionnaires, furent transmises via la diffusion de chansons.

La révolution palestinienne donna naissance à l’une des traditions de l’art de l’affiche les plus florissantes du monde anticolonial et produisit des milliers d’images à thèmes politiques, commémoratifs et intellectuels.

Un nombre croissant de films sortirent aussi. Cinéastes et caméramen palestiniens étaient envoyés à l’étranger pour y suivre des formations, surtout dans les pays socialistes.

Des artistes révolutionnaires arabes et étrangers contribuèrent également aux efforts palestiniens dans le cinéma en ralliant la section cinématographique de l’OLP.

La révolution propagea des formes traditionnelles variées de production culturelle, comme la broderie, par exemple. Ce genre de savoir-faire ancestral acquit une nouvelle signification qui transcenda la valeur d’usage originale de ses produits.

Dans un contexte où il y avait d’énormes pressions pour effacer l’identité palestinienne, les

métiers artisanaux traditionnels assurèrent la poursuite de la connexion entre les Palestiniens et leurs traditions culturelles plus anciennes. Dans un même temps, ils fournirent un moyen de production économique et d’autosuffisance économique pour les femmes des camps de réfugiés.

La révolution palestinienne ouvrit également des voies de diffusion de la production culturelle expérimentale, par le biais d’institutions comme l’Union des arts plastiques de l’OLP.

Les idées de la révolution palestinienne se répandirent directement dans le monde anticolonial, influençant de façon significative l’activité révolutionnaire en Amérique latine, en Afrique et en Asie.

Sur un plan personnel, elles transformèrent les existences de cinéastes, artistes et écrivains radicaux, comme Jean Luc Godard, l’artiste Claude Lazare et les écrivains James Baldwin et Jean Genet, en même temps que des symboles internationaux du radicalisme, comme les Black Panthers, Malcolm X et Mohammed Ali.

Mohamed Ali en soutien à la révolution palestinienne dans les camps de réfugiés

 


Karma Nabulsi est chargée de cours en politique au collège St Edmund Hall de l’université d’Oxford.

Avec son équipe elle a réalisé un cours en ligne sur la révolution palestinienne.

Le cours est disponible sur : The Palestinian Revolution

Le texte ci-dessus est le huitième chapitre de la partie
Apprendre la révolution

Traduction : Jean-Marie Flémal

Mise en page + quelques photos et liens supplémentaires : la rédaction de ce site

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