L’interdiction de l’exportation de produits agricoles paralyse les fermiers palestiniens
Oxfam craint de graves conséquences pour l’interdiction par Israël de l’exportation de produits frais en provenance des territoires palestiniens occupés.
Une telle interdiction provoque une exclusion complète des produits agricoles frais des Palestiniens sur le marché international et va donc en droite ligne à l’encontre du protocole de Paris et des prescriptions de l’Organisation mondiale du commerce.
Le secteur agricole est le premier employeur palestinien.
L’effet paralysant sur le secteur, par le biais de mesures injustes et illégales, plongera plus de Palestiniens encore dans la pauvreté.
L’agriculture est donc d’une importance vitale pour les communautés touchées par l’occupation israélienne et dans lesquelles une famille sur trois n’a pas assez à manger.
Le secteur donne non seulement aux familles palestiniennes la possibilité de survivre, mais aussi de pouvoir rester sur leurs propres terres, et ce, dans un contexte de menace d’annexion.
Les fermiers palestiniens paient le prix fort
Oxfam Belgique insiste sur le fait que ce seront les fermiers palestiniens et leurs familles qui paieront le prix fort de cette décision du ministère israélien de la Défense :
« Les sanctions annoncées arrivent au point culminant de la saison des exportations agricoles et donc au beau milieu d’une période critique »,
explique Marion Meyvis, d’Oxfam-Fair Trade (Commerce équitable).
« Nos partenaires palestiniens craignent que les importantes réserves de dattes ne pourrissent parce qu’elles courent le risque de ne pas arriver à destination à temps pour le Ramadan. »
Ces dernières années, suite aux restrictions permanentes imposées par les autorités israéliennes et à la baisse de la production agricole, les fermiers avaient déjà toutes les peines du monde à conserver leur travail.
En 2018, le secteur ne représentait plus que 6,6 pour 100 de l’emploi total en territoire palestinien occupé, contre 14 pour 100 en 2008.
La décision récente provoquera un impact des plus destructeurs sur le secteur.
Oxfam insiste en outre sur le fait que les conséquences se feront également sentir en Belgique.
Ainsi, les Magasins du Monde d’Oxfam ne pourront bientôt plus proposer de dattes et d’huile d’olive en provenance de Palestine.
L’interdiction qui frappe l’exportation peut provoquer de lourds dégâts pour la réputation de toutes les entreprises belges qui importent depuis la Palestine et qui sont donc dépendantes de la livraison de ces produits.
En moyenne, les entreprises belges importent pour quelque 128 000 euros par an de produits agricoles palestiniens.
Appel à une action mondiale
Oxfam appelle à une action internationale afin de mettre fin immédiatement à cette interdiction avant que les Palestiniens n’en paient le prix.
Oxfam-Belgique insiste auprès de la Belgique qui, durant tout le mois de février, occupe la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, afin qu’elle exerce des pressions sur le gouvernement israélien pour qu’il annule sa décision.
« Cette mesure est un exemple marquant de la façon dont Israël contrôle l’économie palestinienne »,
explique Catherine De Bock, coopérante en politique humanitaire pour Oxfam-Solidarité.
« Alors que la situation en territoire palestinien occupé et en Israël est discutée en ce moment sur l’agenda mondial, avec des discussions au Parlement européen et au Conseil extérieur, ainsi qu’au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, pour les communautés palestiniennes, la réalité régresse à un rythme accéléré. »
Publié le 14 février 2020 sur De Wereld Morgen
Marion Meyvis est product manager à Oxfam-Fair Trade.
Catherine De Bock est coopérante humanitaire à Oxfam-Solidarité.
Oxfam-Wereldwinkels, Oxfam-Magasins du Monde et Oxfam-Solidarité constituent ensemble Oxfam-Belgique, qui est membre de la confédération internationale .Oxfam
Lisez aussi : Israël asphyxie l’économie palestinienne