Les discriminations envers les citoyens arabes d’Israël

Alors qu’ils constituent 20% de la population d’Israël, les Palestiniens sont soumis à des discriminations dans presque tous les domaines de leur vie quotidienne :

pour l’éducation de leurs enfants,
pour se rendre à leur travail,
pour se marier avec la personne de leur choix,
pour créer une entreprise ou ouvrir un compte bancaire,
pour des activités touristiques,
pour l’achat d’un appartement,
pour la construction d’une maison,
pour la recherche d’un emploi,
pour se procurer des livres
pour avoir accès à des programmes de télévision dans leur langue,
pour être admis à l’université…

La minorité arabe est constamment opprimée, et beaucoup de ses membres boycottent les élections à cause de cela.

Car dans la pratique Israël est d’abord un État juif, et cela aboutit à donner un statut de seconde classe à ses citoyens qui ne sont pas juifs.

Alors qu’environ 20% de la population totale d’Israël vit sous le seuil de pauvreté, ce taux monte à 53,3% pour les familles arabes et à 66% pour les enfants arabes.

Un rapport de 2015 de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique (OCDE) a montré qu’Israël est l’une des économies les plus inégalitaires des pays de l’OCDE.

L’emploi notamment est un grand problème dans la communauté arabe, en particulier pour les femmes et en raison, pour une part du moins, du manque de crèches dans les localités arabes.

Sur 85 000 employés des sociétés de haute technologie, seuls 1 200 sont arabes.

Seulement 2,5% des chercheurs d’Israël sont arabes.

En 2016 seulement 9,5% des employés du gouvernement étaient arabes, et il y a toujours des départements et des services du gouvernement où l’on ne trouve aucun employé arabe, par exemple au ministère des Affaires Stratégiques, au bureau des Publications gouvernementales, au Département des Transports et à la chaîne de télévision de la Knesset.

Le bas niveau socio-économique et de l’emploi tient en partie au niveau d’éducation relativement bas dans la communauté arabe : 84% des Israéliens juifs âgés de 15 ans et plus ont terminé l’école primaire alors que chez les Arabes du même âge la proportion n’est que de 37%.

Le Bureau Central des Statistiques indique aussi que le pourcentage de travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur est de 17% dans la population arabe alors qu’il est de 40% chez les Juifs.

Qui plus est le taux de réussite aux examens du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) est de 20% inférieur chez les élèves arabes que chez les élèves juifs, quelle que soit leur origine socio-économique.

Les taux de décrochage aussi témoignent d’un écart considérable entre élèves juifs et arabes : tandis que seulement 8% des élèves juifs quittent le lycée prématurément, ce taux monte à 32% pour les élèves arabes.

Plutôt que d’atténuer ces inégalités par des mesures positives, l’État investit beaucoup moins dans les écoles arabes. Selon les statistiques du ministère de l’Éducation, les élèves juifs bénéficient d’un financement par élève supérieur de 35 à 68% par rapport à celui qui est accordé à leurs homologues arabes du même milieu socio-économique.

Les discriminations à l’égard des élèves arabes se poursuivent dans l’enseignement supérieur.

Alors que les Arabes représentent 26% de la population d’Israël en âge d’entrer à l’université, ils ne sont que 16,1% de la population étudiante du premier cycle de l’enseignement supérieur, que 13% des étudiants en formation de master, et que 6,3% de ceux qui préparent un doctorat.

Cela tient largement au financement inférieur des premiers niveaux d’études, mais c’est aussi dû, en partie du moins, au fait qu’il n’y a pas d’université en Israël qui propose des études en langue arabe.

Le petit nombre d’établissement de premier cycle qui en proposent ont peu de financements et de ressources.

Beaucoup d’étudiants israéliens arabes finissent par étudier dans les territoires palestiniens occupés, ou en Jordanie ou encore ailleurs.

Par ailleurs, le refus délibéré de l’État israélien d’approuver des plans directeurs pour les localités arabes et d’y accorder des permis de construire a accru le manque de logements dans ces mêmes localités, alors que ce même État a, depuis sa création, accordé des terres et assuré des services de planification aux plus de six cents communautés juives.

À part sept communes qui ont été spécialement créées pour concentrer la population bédouine dans le Néguev au sud du pays, l’État n’a créé aucune localité arabe malgré le fait que la population arabe ait été multipliée par seize depuis 1948.

Seulement quatre localités arabes (Nazareth, Taïbeh, Tira et Abou Basma) ont des comités de planification et de construction.

Les autres doivent avoir recours à des conseils régionaux qui, d’une part, ne sont pas en mesure d’accorder l’attention ou les ressources nécessaires à des projets de développement locaux modestes, et d’autre part donnent souvent la priorité à des localités juives.

Il en résulte un niveau tout à fait disproportionné de constructions sans permis de construire au sein de la communauté arabe.

Actuellement plus de 50 000 familles arabes d’Israël vivent dans des maisons construites sans permis, et au moins 200 000 citoyens, soit environ un cinquième des citoyens arabes palestiniens d’Israël, vivent sous la menace permanente de démolition de leur maison.

Plutôt que de résoudre la question des constructions illégales à la racine, l’État continue à mener une politique de punition rétroactive des citoyens arabes pour des délits qu’ils n’ont pas eu d’autre choix que de commettre.

En avril 2017 a été approuvée la loi Kaminitz qui va encore aggraver les sanctions contre les violations des règles de construction, et faire appliquer rigoureusement la loi par un accroissement des démolitions de maisons, des amendes plus fortes et des peines plus lourdes pour les contrevenants !

La Loi sur la nationalité et l’entrée en Israël, aussi appelée Loi sur la citoyenneté et le regroupement familial, devait au moment de sa promulgation le 31 juillet 2003 être une « mesure de sécurité temporaire ».

Mais la Knesset l’a reconduite tous les ans.

Elle refuse le statut de citoyen et de résidence aux conjoints de citoyens israéliens venant des territoires palestiniens occupés ou de soi-disant « États ennemis ».

Du fait des liens sociaux ‘transfrontaliers’ entre les communautés arabes palestiniennes d’Israël et celles des territoires palestiniens occupés, cette loi frappe de façon disproportionnée les citoyens arabes palestiniens d’Israël, divise 24 000 familles arabes en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, et leur impose d’importantes charges financières, physiques et affectives.

Bien que promulguée pour des raisons dites « de sécurité », cette loi cherche surtout à maintenir une suprématie démographique juive en limitant le nombre de Palestiniens jouissant de la citoyenneté israélienne.

Pour le dire simplement : Israël essaie d’accroître le nombre des citoyens juifs et de réduire le nombre des citoyens d’ascendance palestinienne.

Un exemple : l’histoire de Lana et de Taiseer

Lana et Taiseer se sont rencontrés en 2004 à Jénine, la ville natale de Lana en Cisjordanie occupée.

Taiseer, lui, est citoyen palestinien d’Israël. Peu après ils sont tombés amoureux l’un de l’autre, se sont fiancés, puis mariés.

À l’époque ils étaient au courant de la Loi sur la citoyenneté et le regroupement familial, mais malgré les difficultés qu’elle imposait à leurs vies, ils ont décidé de vivre ensemble à Akka en Israël, parce qu’ils pensaient qu’aucune loi au monde n’a le droit d’empêcher des gens de vivre ensemble.

Au cours de leurs premières années à Akka, Lana n’avait pas officiellement le droit d’habiter en Israël et vivait dans la crainte permanente d’être découverte.

Suite à des pressions internationales croissantes, il y avait eu une petite évolution de la loi, dans la mesure où elle permettait aux femmes de plus de 25 ans et aux hommes de plus de 35 ans de solliciter un permis.

Lana a ainsi pu obtenir un permis de vivre à Akka, mais il doit être renouvelé tous les six mois et ne lui ouvre aucun droit, comme par exemple trouver un emploi, se faire soigner ou passer le permis de conduire.

Même actuellement, 15 ans plus tard et titulaire d’une licence en économie, Lana ne peut trouver un emploi à cause des lourdeurs administratives et de la bureaucratie qu’implique l’embauche d’une personne de son statut.

Les employeurs potentiels répugnent à s’engager dans des démarches auprès des multiples services gouvernementaux pour être autorisés à l’embaucher.

En Cisjordanie militairement occupée, avec tous ses chars, toutes les armes et toutes les contraintes, Lana serait relativement libre de travailler, de conduire une voiture et de vivre de façon autonome. Mais dans la « démocratie » israélienne, tout cela est impossible !

Lana et Taiseer ont aujourd’hui trois enfants : Adnan, 10 ans, Yosra, 9 ans, et Sali, 3 ans.

Malgré leur jeune âge, les enfants se rendent compte que leur mère est traitée autrement. Parce que Lana ne peut légalement pas conduire, c’est Taiseer ou quelqu’un d’autre qui doit chaque fois les emmener et les rechercher.

Chaque fois qu’ils vont rendre visite à leur grand- mère à Jénine, les enfants voient Lana devoir passer à pied par le checkpoint militaire alors qu’eux-mêmes et Taiseer sont autorisés à rester dans la voiture…

Taiseer milite dans une association qui dénonce les lois de citoyenneté.

Il se bat pour lui- même et pour Lana et pour toutes les familles qui vivent dans la misère à cause de cette loi. Il dit :

« Nous croyons que le mal ne peut pas l’emporter. Nous pensons que les lois racistes peuvent être abolies comme elles l’ont été en Afrique du Sud où il y avait aussi des gens qui n’avaient pas le droit de vivre ensemble… Aucune loi ne devrait empêcher des gens de vivre ensemble pour des raisons de nationalité, de religion ou d’appartenance ethnique. Un jour elle sera supprimée ! »

Action

Aidez les familles à vivre ensemble !

Si vous voulez venir en aide à Lana et Taiseer ainsi qu’à d’autres familles comme la leur ou à des familles qui souffrent de la démolition de leur maison à cause de la loi Kaminitz, nous vous invitons à contacter votre ministère des Affaires Étrangères par téléphone, courrier ou courriel pour lui dire ce que vous pensez de ces lois israéliennes.

Beaucoup de ministères des Affaires Étrangères ont un service spécialement consacré à Israël. Vous pourrez lui adresser vos commentaires.

Organisation

Mossawa, Centre pour la défense des citoyens arabes palestiniens en Israël, est une organisation non gouvernementale à but non lucratif créée en 1997 en vue de promouvoir les droits économiques, sociaux, culturels et politiques des citoyens arabes palestiniens d’Israël, et la reconnaissance de cette communauté comme minorité nationale indigène avec ses spécificités nationales, culturelles et historiques.

Mossawa veut promouvoir une société démocratique et agit contre toutes les formes de discrimination fondées sur la race, la nationalité, l’appartenance religieuse, le statut social, le genre et les handicaps.

Le Centre Mossawa a recours à toutes sortes de méthodes pour promouvoir les droits de la minorité arabe palestinienne.

Cela va des plaidoyers à la Knesset (le parlement israélien) et auprès du gouvernement israélien aux plaidoyers internationaux, tout  particulièrement en direction de l’Europe, des États-Unis et de l’Afrique du Sud, aux recherches socio-économiques, à l’analyse des budgets avec des campagnes médiatiques, des projets de formation au sein de la société civile arabe, et la coopération avec des groupes locaux et des ONG locales et internationales.

Vous pouvez trouver le Centre Mossawa, en anglais, sur son site web ou sur Facebook ou sur Twitter à , ou encore par YouTube.


Publié le 12 février 2020 sur Amis de Sabeel-France

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