Souvenons-nous de Therese Halasa, révolutionnaire palestinienne
Ce 28 mars 2020, Therese Halasa, combattante et révolutionnaire palestinienne depuis toujours, est décédée à Amman, en Jordanie, à l’âge de 66 ans.
Née en 1954 à Acre, en Palestine ’48 occupée et de parents palestiniens et jordaniens, elle avait grandi sous la loi martiale imposée par Israël aux Palestiniens.
Après la guerre de 1967 et l’occupation du reste de la Palestine – la Cisjordanie, Jérusalem et la bande de Gaza – elle avait été inspirée par le même appel que des milliers de jeunes Palestiniens qui avaient rallié les camps des mouvements combattants de l’Organisation de libération de la Palestine.
Elle avait terminé son enseignement secondaire à Acre, avait étudié le nursing à Nazareth et avait quitté la Palestine en 1971, sans en informer sa famille, afin de rejoindre le mouvement palestinien de libération.
Dans une interview accordée aux responsables du projet « Apprendre la Palestine », elle avait décrit son propre passage de la frontière séparant la Palestine ’48 du Liban en vue de rallier la révolution palestinienne.
Elle insiste sur le fait qu’elle n’avait pas rejoint la révolution en raison de « quelque souffrance, mais d’un sentiment de patriotisme inspiré par Abdel Nasser et mon père ».
Voir la vidéo et le commentaire en bas de l’article.
En 1972, combattante palestinienne de 18 ans, Teresa était l’une des quatre militants qui avaient détourné un avion de la Sabena (Belgique), le Vol 571 à destination de Tel-Aviv.
Leur revendication : la libération de 315 prisonniers palestiniens et arabes des prisons israéliennes.
Les quatre combattants palestiniens, Therese Halasa, Rima Tannous (une jeune Jordanienne), Ali Taha Abu Sneineh et Abdel-Aziz al-Atrash, et l’avion furent attaqués par les forces israéliennes après avoir atterri en Palestine.
Les Israéliens étaient déguisés en travailleurs de la Croix-Rouge et en techniciens d’aviation.
Parmi les forces qui avaient attaqué l’avion et tué Abu Sneineh et al-Atrash – de même qu’une passagère de 22 ans, Miriam Anderson – se trouvaient Ehud Barak et Benjamin Netanyahou ; Netanyahou lui-même reçut une balle dans l’épaule et Therese Halasa fut grièvement blessée.
Rima Tannous et Therese Halasa furent amenées devant un tribunal militaire israélien et condamnées à l’emprisonnement à vie, mais elles continuèrent à s’instruire et à lutter derrière les barreaux de leur prison.
Rima Tannous a fait le récit des tortures qu’elles a endurées lors des interrogatoires israéliens dans un compte rendu qu’elle a publié après sa libération en 1979 au cours d’un échange de prisonniers.
Therese Halasa, de son côté, avait été libérée quatre ans plus tard, en 1983, lors d’un autre échange de prisonniers avec la résistance palestinienne.
Au moment même de sa libération, elle était engagée en même temps que d’autres prisonniers dans une grève de la faim collective.
Après sa libération, Therese Halasa avait été expulsée de la Palestine occupée. Elle allait passer le reste de son existence en Jordanie, se marier et travailler comme infirmière au service de patients atteints de handicaps.
Elle avait continué à raconter son histoire, entre autres à des documentaristes et cinéastes intéressés par l’histoire du détournement de l’avion de la Sabena et de la révolution palestinienne.
En dépit de sa maladie et de son combat contre un cancer du poumon, elle avait continué à être présente dans d’innombrables sit-ins et autres manifestations pour la Palestine organisés en Jordanie.
Rima Tannous, la soeur d’armes de Therese, a partagé son histoire d’engagement, de résistance, de torture et d’oppression à l’intérieur des prisons israéliennes dans une déclaration publiée dans un recueil en 1979, après sa libération : Palestinian Political Prisoners: Struggle Behind Iron Bars (Prisonniers politiques palestiniens : le combat derrière les barreaux).
Le livre a été publié par le Département unifié de l’information de l’OLP et par le Comité de défense des prisonniers politiques dans les prisons israéliennes.
Vous trouvez l’histoire de Rima ICI dans le PDF publié dans l’article de Samidoun (en anglais).
Elle comprend une description détaillée de ses retrouvailles avec Therese derrière les barreaux, ainsi que leur interaction avec des prisonniers politiques internationaux détenus par Israël en raison de leur implication dans la lutte palestinienne.
Publié le 28 mars 2020 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal
Trouvez ci-dessous la vidéo et le commentaire publié dans l’article Les mouvements révolutionnaires – l’enrôlement, qui fait partie du cours en ligne de Karma Nabulsi, La Révolution palestinienne, publié dans son entièreté sur ce site.
Voici l’extrait concernant Therese Halasa :
À l’époque, la révolution s’était considérablement déplacée de la Jordanie vers le Liban. Therese avait été élevée au sein d’un ménage politisé, elle écoutait en permanence les idées révolutionnaires diffusée par la radio et elle s’était engagée dans les activités locales.
Si les personnes vivant sous l’autorité israélienne désiraient rejoindre la révolution, il leur fallait gagner le Liban en secret, puis subir une procédure de contrôle extensive avant d’être admises au sein du mouvement.
Des cadres comme Abu Sa’ado et Therese s’affilièrent après la guerre des Six-Jours, en 1967, lorsque la révolution opérait à ciel ouvert. Toutefois, au cours années de clandestinité qui avaient précédé, la situation avait été très différente.
Les mouvements clandestins devaient se montrer prudents en protégeant leurs membres des arrestations et de la torture et en évitant que leurs plans ne soient éventés suite à des infiltrations.
Les aspirants révolutionnaires ne pouvaient être admis qu’après une procédure rigoureuse de recrutement, laquelle était souvent facilitée toutefois par des proches, des amis, des collègues ou des connaissances.