Ghassan Kanafani et l’ère des médias révolutionnaires palestiniens
Le Palestinien Ghassan Kanafani, écrivain, artiste, journaliste et homme politique, a laissé un héritage durable au monde arabe.
Certains des plus grands noms de la littérature – Dickens, Hemingway, Garcia Marquez, par exemple – ont fait leurs débuts dans le journalisme. Toutefois, si leurs écrits journalistiques tendent à tomber dans l’oubli, il n’en va pas de même de leur prose, qui leur a largement survécu.
Ghassan Kanafani est un nom que vous pouvez ajouter à cette liste. Kanafani était un écrivain palestinien qui, par le biais de livres comme Des hommes sous le soleil, a humanisé la condition palestinienne et la dépossession et de la déportation. Toutefois, il fut tout d’abord – et avant toute chose – un grand journaliste.
Il était également un produit du Beyrouth des années 1960 – une période durant laquelle la ville attira comme un aimant de jeunes journalistes, des révolutionnaires, des migrants et des inadaptés et accueillit également la direction palestinienne en exil. Ce fut à Beyrouth que Kanafani produisit Al Hadaf, un magazine palestinien hautement progressiste et qui, aujourd’hui, s’est quelque peu perdu dans les brumes du temps.
Depuis Beyrouth, au Liban, Tariq Nafi, du Listening Post, parle de l’héritage de Ghassan Kanafani et l’époque des médias révolutionnaires palestiniens.
Contributeurs :
Refqa Abu-Remaileh – professeur de littérature et cinéma arabes modernes, directeur du projet « PalREAD – Country of Words » (Le pays des mots), à l’Université libre de Berlin
Elias Khoury – romancier et dramaturge
As’ad AbuKhalil – professeur de sciences politiques, Université de l’Etat de Californie
Publié le 19 juillet 2020 sur Al Jazeera
Traduction et sous-titres : Collectif Palestine Vaincra
https://www.facebook.com/CollectifPalestineVaincra/videos/3238767439549136/
Palestinien, né à Jaffa en 1936, Ghassan Kanafani entame le chemin de l’exil en 1948 à l’âge de 12 ans.
Après un bref séjour au Liban, sa famille s’établit à Damas où il poursuit ses études.
Exclu de l’université de Damas pour son engagement dans le mouvement des nationalistes arabes (MAN – pan-arabist Movement of Arab nationalists), fondé par Georges Habache, il s’en va pour le Koweït.
Il retourne à Beyrouth en 1960 où il poursuit son travail de journaliste engagé. L’aile palestinienne du MNA devient en 1967 le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et Ghassan Kanafani en devint le porte-parole.
En 1972 Ghassan Kanafani est assassiné par les services secrets israéliens dans un attentat à la voiture piégée, en même temps que sa nièce adolescente et fait ainsi partie de la longue liste de dirigeants palestiniens éliminés par le Mossad.
Sa femme danoise, Anni, a décrit ainsi l’événement :
« Nous avions l’habitude de faire des courses ensemble tous les samedis matin et, ce jour là, il accompagnait sa nièce Lamees. Quelques minutes après leur départ, j’ai entendu le bruit d’une énorme explosion. J’ai couru mais je n’ai vu que les restes de notre petite voiture explosée. Lamees gisait à quelques mètres de là, mais je n’ai pas pu trouver Ghassan. J’espérais le retrouver blessé, mais je n’ai trouvé que sa jambe gauche. J’étais dévastée, et notre fils Fayez a commencé à se frapper la tête contre le mur. La petite Layla criait ; Papa…Papa… J’ai rassemblé ses restes, et les habitants de Beyrouth l’ont escorté jusqu’à sa dernière demeure au cimetière de Shuhada où il a été enterré à côté de Lamees qui l’aimait et qui était morte avec lui. »
Ghassan Kanafani n’a cessé de joindre l’écriture et l’action politique. Journaliste révolutionnaire le jour, romancier la nuit, il avait l’art d’exprimer la tragédie des palestiniens de la diaspora et leur désenchantement désespéré.
Il a écrit dix-huit livres, et écrit des centaines d’articles sur la culture, la politique et la lutte du peuple palestinien. Ses livres parlent essentiellement de la Palestine et de la lutte palestinienne et il évoque souvent ses propres expériences en tant que réfugiés.
Ses œuvres les plus connues sont « Des Hommes dans le Soleil » et « Retour à Haifa ».
Trouvez ici des textes de Ghassan Kanafani et des articles le concernant, publiés sur ce site