Les travailleurs palestiniens en grève triomphent !

Après 19 jours d’une grève au finish pour réclamer leurs droits humains et leurs droits en tant que travailleurs, les travailleurs palestiniens de Yamit ont suspendu leur action le 20 janvier. Le Comité des travailleurs a pris cette décision suite à l’accord de l’entreprise de répondre à leurs revendications.

Assemblée des grévistes

New Unions, 20 janvier 2021

L’accord, qui doit toujours suivre la filière des procédures juridiques devant les tribunaux israéliens, propose ce qui suit :

Les travailleurs retournent au travail et poursuivent les négociations avec Yamit durant une période de trois mois.
Durant cette période, les travailleurs recevront une augmentation salariale d’environ 200 USD.
Les travailleurs palestiniens bénéficieront en juillet des mêmes congés payés que les travailleurs israéliens et ces congés seront calculés sur base annuelle.
Les travailleurs qui terminent leurs carrière chez Yamit devront recevoir des primes de fin de carrière calculées d’après leur nombre d’années d’ancienneté au sein de l’entreprise.
Yamit n’a pas le droit d’embaucher de nouveaux travailleurs sans le consentement du comité des travailleurs qui a dirigé la grève et qui dirige désormais les négociations.

Cette victoire est importante mais elle n’est encore que partielle. Elle ne sera complète que lorsque la période des négociations se terminera par la concrétisation de la totalité des revendications légitimes des travailleurs.

Mohammed Blaidi, le secrétaire général des PNFTU, a commenté l’accord comme suit :

« C’est une victoire pour nos travailleurs en grève. Ce succès a été tout sauf facile.

À tous les syndicalistes et amis de la Palestine qui ont honnêtement témoigné leur solidarité aux grévistes, je dis que cette victoire est la vôtre aussi. En soutenant la grève, vous avez rallié le combat contre l’oppression, le racisme, l’apartheid, l’esclavage et l’exploitation. Merci !

Nous espérons que cette petite victoire sera le début d’autres victoires de nos travailleurs et de notre peuple soumis par l’apartheid inhumain et l’oppression coloniale d’implantation d’Israël.”

Avant ce succès des travailleurs, Yamit avait tenté de briser leur volonté en refusant d’écouter leurs revendications, en tentant ensuite de les remplacer par d’autres travailleurs, en supprimant leur salaire pendant la période de grève et en les menaçant de licenciement pur et simple.

Cependant, les travailleurs étaient bien conscients qu’ils n’étaient pas seuls. Le soutien terrible qu’ils ont reçu de la part de syndicats et de personnes du monde entier les a remplis de l’espoir de tenir.

C’est en raison de cette solidarité qu’Ofer Talmi, le CEO et propriétaire de Yamit, a été forcé d’adresser une lettre rédigée en hébreu et en arabe aux travailleurs en grève, lettre dans laquelle il présentait ses excuses pour la précédente lettre raciste qu’il leur avait adressée :

Chers travailleurs,

Les récents incidents qui ont eu lieu m’ont amené à décider de vous contacter personnellement afin de vous entretenir de quelques réflexions qui ne viennent du fond du cœur.

J’aimerais vous présenter mes excuses et retirer ma déclaration disant que la terre d’Israël appartient au peuple d’Israël et que j’ai écrite dans un moment de colère. Ceci n’a rien à voir avec les affairesde l’entreprise.

Je suis navré et choqué […] d’avoir été décrit dans les médias comme un personnage « raciste » et cruel avec les travailleurs.

(d’après la traduction en anglais du texte… d’abord rédigé en arabe)

Bien que Talmi ait envoyé une lettre d’excuses aux travailleurs, il est clair d’après sa déclaration ci-dessus qu’il ne regrette pas le fait d’être quelqu’un de raciste qui croit que seul le peuple israélien devrait avoir droit à la terre qu’il a colonisée et usurpée en la volant au peuple palestinien depuis des décennies. Ce qu’il regrette réellement, c’est d’avoir ouvertement affirmé son idéologie raciste, un acte qui a fait du tort à son entreprise.

Rien que cela nous permet d’affirmer que la lutte de nos travailleurs est non seulement un combat anticapitaliste et une lutte de classe, mais également et avant tout une lutte anticoloniale.

La lutte devrait se poursuivre et s’intensifier afin de mettre un terme aux conséquences graves de la mentalité raciste, suprémaciste de d’apartheid d’Israël, dans laquelle l’état d’esprit affiché par Tami est la règle plutôt que l’exception dans cette situation coloniale qu’Israël a créée.


Publié le 20 janvier 2021 sur New Unions
Traduction : Jean-Marie Flémal

Lisez également : Grève illimitée des travailleurs de l’usine Yamit Sinon près de Tulkarem

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