A voir en ligne : le film «Les femmes palestiniennes»

Deux courts métrages de la légendaire réalisatrice libanaise Jocelyne Saab, récemment disparue, vont être diffusés gratuitement en ligne, pendant une semaine seulement, à la fin de ce mois. Les deux films, « Les femmes palestiniennes » (1974) et « Les enfants de la guerre » (1976) seront diffusés dans le cadre des séries de films Mizna, du 23 au 27 juin. Ces séries de films dureront une semaine chaque mois pendant les trois mois à venir, et se concentreront sur Beyrouth, une année après l’explosion qui a complètement dévasté le port.

Jocelyne Saab

Le programme de juin tournera surtout autour du travail de Jocelyne Saab sur les Palestiniens des camps de réfugiés et quartiers défavorisés de Beyrouth, et il comprendra également des discussions en ligne et des textes critiques publiés sur le site internet de Mizna.

Au départ, « Les femmes palestiniennes » avait été commandé par la Télévision française (Antenne 2) mais n’avait jamais été diffusé pour des raisons de censure. C’est un problème auquel Saab, qui a très souvent traité des sujets particulièrement chauds, a été confrontée de façon récurrente tout au long de sa carrière.

Le film présente des interviews de femmes dans les camps de réfugiés, pendant l’entraînement et à l’université, ce qui permet aux spectateurs d’avoir un regard assez intime sur le peuple palestinien de l’époque, et ce, selon un point de vue féministe et centré sur les classes sociales.

« Les enfants de la guerre », réalisé deux ans après « Les femmes palestiniennes », est une chronique des jours qui ont suivi le massacre de Karantina (1500 morts), perpétré en 1976 par les Phalangistes dans un bidonville à proximité du port de Beyrouth.

Dans le film, Saab rencontre un groupe d’enfants qui ont échappé au carnage. Elle donne des crayons à ces enfants, dont bon nombre viennent de perdre des membres de leur famille, et elle les encourage à dessiner pendant qu’elle tourne. Tout en filmant, Saab fait une amère découverte : reflétant ce dont ils ont été témoins et ce qu’ils ont vécu en temps de guerre, le seul jeu dans lequel ces enfants s’engagent consiste à jouer à la guerre, un jeu qui ne tarde pas à se muer en un bain de sang dans la vie réelle, d’après le film.

Ces films n’ont été restaurés que récemment et ils n’avaient jamais été aisément disponibles, de sorte que l’occasion de les découvrir se présente rarement.

Un film que l’on peut visionner également dans le cadre des séries de juin est « Beyrouth, génération de la guerre » (1988), un film de Mai Masri et Jean Chamoun tourné dans les rues de Beyrouth. Il explore les expériences vitales de jeunes qui luttent pour survivre en grandissant dans la capitale du Liban ravagée par treize années de guerre. En présentant des interviews de jeunes dans le cadre même de leur existence quotidienne, ce documentaire, qui a été salué par plusieurs récompenses, retrace en la nuançant l’histoire de la guerre civile libanaise et montre les modes de vie qui en ont découlé.

Les Mizna Film Series sont organisées par Michelle Baroody, la programmatrice de Mizna Film Programs, et par Ahmed AbdulMageed, coordinateur de Mizna Film Programs, avec un important apport du comité de sélection de films de Mizna.

Pour assister à ces sélections en ligne, les spectateurs peuvent se procurer des tickets individuels ou un pack de trois qui peut être utilisé pour chacun des trois programmes tout au long de l’année.

Aux tickets pour l’activité en ligne sera appliquée la formule « payez ce que vous voulez », de sorte qu’ils seront gratuits si vous le souhaitez, bien que vous soyez encouragés à soutenir financièrement l’initiative si vous êtes en mesure de le faire.


Publié le 13 juin 2021 sur Esquire Middle East
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Lisez également : Jocelyne, l’indomptable

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