Une troisième Intifada en Cisjordanie ?

Deux incidents récents en Cisjordanie indiquent qu’une explosion de la résistance armée peut être imminente.

Primo, des membres de la Brigade des Martyrs d’al-Aqsa, affiliée au mouvement du Fatah, ont organisé un déploiement armé, brandissant des armes automatiques en plein jour dans le camp de réfugiés d’al-Am’ari. Ils ont sorti une déclaration jurant de se venger et de « rendre la terre brune sous les pas des sionistes », si le moindre mal était fait à Nasser Abou-Zaïd, l’un des fondateurs du groupe emprisonné par Israël. L’homme souffre d’un cancer et il a été connecté à un respirateur après une longue période de négligence médicale apparemment délibérée.

Naser Abu Hmeid

Secundo, la réaction qui a suivi l’arrestation et le tabassage bestial par les forces sécuritaires de l’Autorité palestinienne de Muhammad al-Zubaidi, fils du prisonnier Zakaria al-Zubaidi qui fut l’un des héros de la fameuse évasion de la prison de Gilboa l’an dernier. Un groupe armé a organisé une manifestation à l’extérieur du quartier général de l’AP à Ramallah, où Zubaidi était détenu, ce qui a forcé les autorités de le relâcher, dans une tentative de maîtriser la situation avant qu’elle ne dégénère en un affrontement armé.

Muhammad al-Zubaidi, fils du prisonnier Zakaria al-Zubaidi

La réapparition des Brigade des Martyrs d’al-Aqsa, ses déploiements armés très visibles dans les camps de réfugiés et les villes, de même que ses menaces de venger ses membres emprisonnés, pourraient être des signes d’une rébellion naissante au sein même du Fatah et de ses jeunes recrues contre la direction et la politique d’Abbas et de son entourage.

Cela pourrait considérablement altérer la situation au désavantage du Fatah, en Cisjordanie ainsi que dans la bande de Gaza. Le Fatah dispose toujours dans les deux régions d’un large soutien qui pourrait « rendre la terre brune sous les pas des sionistes », comme l’affirme la menace.

Les membres plus jeunes constituent la majorité, dans les rangs du Fatah et ils se sont mis à élever la voix avec colère contre la situation humiliante dans laquelle le mouvement a été mené – en tant que sous-traitant de l’occupation, chargé de contribuer à maintenir cette dernière en place et à la protéger, elle et ses colons.

Les hommes de la sécurité de l’AP qui ont brutalement tabassé le jeune Mahmoud al-Zubaidi peuvent avoir hâté par inadvertance le déclenchement d’une troisième Intifada armée – non pas contre l’occupation, mais contre l’AP et une direction du Fatah qui s’est ossifiée et détachée en même temps, en transformant le mouvement en un outil répressif de l’occupation.