Une journaliste palestinienne traîne Deutsche Welle devant les tribunaux
Une journaliste palestino-jordanienne licenciée par Deutsche Welle va défendre sa cause au tribunal.

Farah Maraqa
Ali Abunimah, 24 mars 2022
Farah Maraqa a été licenciée par l’organe de diffusion de l’État allemand en janvier, dans le cadre d’une purge des journalistes arabes.
Mercredi, au cours d’une audience préliminaire, un juge a entendu les avocats des deux parties, Farah Maraqa et Deutsche Welle. The Electronic Intifada a appris que les parties ne soumettront pas de motions écrites avant la deuxième audience, prévue pour juillet.
Farah Maraqa a lancé une campagne de collecte de fonds afin de contribuer à payer les frais de son action juridique « sur base d’une fin de contrat injuste » et d’une « campagne de diffamation antisémite ».
For all of you in support and following. My first court date with #DeutscheWelle is set for March 23. I am fighting my unjustified termination and You can support my legal battle at https://t.co/LCpmyjajOU. I will keep you posted on this thread as much as I can. #InSupportOfFarah
— Farah Maraqa (@Farah_Maraqa) March 21, 2022
Le jour même où Deutsche Welle licenciait Farah Maraqa et quatre autres journalistes arabes, l’organe de diffusion de l’État publiait un rapport on ne peut plus partial et trompeur concluant que ces journalistes méritaient d’être licenciés en raison de déclarations
« équivalant à de l’antisémitisme, à la négation ou la relativisation de l’Holocauste, ainsi que des déclarations refusant à Israël le droit à l’existence ».
The authors of the latest investigation of @DeutscheWelle want to embrace a narrative that sees Palestinain demands for freedom as riots led by terrorist groups, and the mere mention of Palestinian Nakba as anti-semitic questioning of Israel’s right to exist. 𝙩𝙝𝙧𝙚𝙖𝙙: pic.twitter.com/1LOofIEw80
— Ramy Abdu| رامي عبده (@RamAbdu) February 9, 2022
Deux des auteurs de ce rapport sont un ancien ministre allemand de la Justice et Ahmad Mansour, un psychologue dont les points de vue antimusulmans, anti-arabes et pro-israéliens lui valent d’être l’une des coqueluches des médias allemands et des institutions financées par l’État.
Une semaine plus tard, Deutsche Welle licenciait deux journalistes palestiniens de plus.
La purge vient en pleine accélération de la répression des libertés médiatiques au sein de l’Union européenne, et ce, dans le cadre de la « lutte contre la désinformation ».
En mai dernier, Deutsche Welle avait sorti des directives internes limitant sévèrement la liberté de ses journalistes et de ses invités sur les ondes dans leurs critiques ou leurs descriptions exactes d’Israël.
La chose suivait une interview en direct de votre serviteur qui critiquait la complicité du gouvernement allemand dans les bombardements de Gaza par Israël, bombardements qui avaient anéanti des familles palestiniennes entières dans leurs habitations.
Here's an inside memo sent around to people at Deutsche Welle concerning how to talk (or rather not) about Palestine and Israel's ongoing brutalization against Palestinians. All in response to @AliAbunimah Truly disgusting from German media. pic.twitter.com/p04u7MyNwF
— Corner Späti (@cornerspaeti) May 15, 2021
Plus tôt, ce mois-ci, des employés de Deutsche Welle avaient organisé ce que le réseau avait appelé – sans le moindre sentiment apparent d’ironie – des rassemblements pour la « liberté médiatique » en solidarité avec leurs collègues en Ukraine.
Standing together in challenging times: DW employees expressed their solidarity with colleagues working in #Ukraine today. They gathered outside our headquarters in Bonn. #MediaFreedom pic.twitter.com/L5233dpZf9
— DW Deutsche Welle (@DeutscheWelle) March 3, 2022
Dans l’intervalle, alors qu’il purge des journalistes palestiniens et d’autres journalistes arabes sous le prétexte de combattre l’« antisémitisme », l’organe de diffusion de l’État allemand s’est employé, ces dernières semaines, à blanchir des nazis bien réels, comme les membres du régiment (anciennement bataillon, NdT) ukrainien Azov.
Welcome to 2022, where German government broadcaster @dwnews is acting as a public relations agency for Nazis. https://t.co/OuQl5NHcBM pic.twitter.com/IPtau2NeEu
— Ali Abunimah (@AliAbunimah) March 22, 2022
Totally normal. German government broadcaster @dwnews whitewashing Nazis. https://t.co/fx4pywqt1F pic.twitter.com/IrieYfGylZ
— Ali Abunimah (@AliAbunimah) March 15, 2022
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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.
Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impa
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Publié le 24 mars 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
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