Israël n’a pas cessé d’armer les nazis ukrainiens

Des armes antichars israéliennes sont utilisées par les militaires nazis ukrainiens.

Asa Winstanley, 21 avril 2022

Une vidéo publiée fin avril sur Twitter par le bataillon (aujourd’hui régiment) ukrainien Azov montrait un de ses combattants occupé à lancer un missile antichar. Dans le tweet, Azov prétendait avoir touché un véhicule russe.

Mercredi, les médias israéliens identifiaient le système de missile de la vidéo d’Azov comme étant un Matador, une arme développée par un consortium impliquant Rafael, un manufacturier d’armes israélien.

L’arme que l’on voit dans la vidéo correspond bien aux photos officielles du Matador.

Le mois dernier, Yahoo News rapportait que l’Ukraine avait acheté 5 100 exemplaires du système de missile chez un manufacturier allemand – la même firme qui avait développé le Matador conjointement avec Rafael.

Matador est un « portemanteau » d’« antichar portable doublé d’un anti-porte », puisqu’on l’utilise aussi pour percer des murs au cours de combats dans des zones urbaines.

 


Testé à Gaza

« La fonction de perce-muraille du Matador est particulièrement appréciée » des militaires israéliens, rapporte The Jerusalem Post. Israël a utilisé l’arme « dans des environnements densément bâtis, telle la bande de Gaza » », ajoute le journal – un euphémisme pour exprimer la façon dont les habitations palestiniennes ont presque certainement été attaquées à l’aide de cette arme.

La vidéo postée par Azov fin avril a également été filmée dans un environnement urbain. Longtemps, le quartier général d’Azov a été situé dans la ville portuaire du sud-est, Marioupol, qui fait partie de la région orientale de l’Ukraine à majorité russophone, le Donbass.

Marioupol a été le théâtre d’intenses combats, depuis le début de l’invasion, le 24 février. Cette semaine, et des sources russes et des sources ukrainiennes ont dit que la ville était sur le point de tomber aux mains des forces russes.

Jeudi matin, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré que la majeure partie de la ville avait été conquise. Les 2 000 derniers combattants ukrainiens de la ville sont restés terrés dans l’aciérie Azovstal, a-t-il ajouté.

L’arme antichar israélienne Matador exposée lors des célébrations de la destruction de la Palestine, pendant la « journée de l’indépendance » israélienne, en 2014. (Photo : Wikimedia Commons)

Azov a attiré comme un aimant les volontaires d’extrême droite qui, ces derniers mois, sont venus de partout dans le monde pour affluer en Ukraine. Lundi, deux citoyens britanniques capturés par les forces russes à Marioupol sont apparus menottés à la télévision russe.

Le volontaire capturé Aiden Aslin portait un t-shirt du bataillon Azov avec son symbole nazi distinctif, le Wolfsangel (le crampon ou crochet de loup).

« Le grand Israël »

Le bataillon Azov (aujourd’hui régiment Azov) lui-même tire son nom de la mer d’Azov, qui baigne Marioupol.

Azov est sorti des bandes de rue de l’extrême droite et des hooligans du football qui constituaient l’avant-garde du coup d’État de 2014 contre le gouvernement ukrainien élu. Le régime issu du coup d’État a ensuite intégré Azov à ses forces armées régulières.

Malgré les récentes tentatives des médias traditionnels de blanchir l’image d’Azov, il est communément admis que le groupe est une organisation nazie d’extrême droite – et de surcroît soutenue par l’État.

En 2018, The Electronic Intifada révélait qu’Israël autorisait l’utilisation par les forces spéciales en Ukraine des fusils de style Tavor, lesquels étaient donc utilisés pour équiper la brigade nazie du gouvernement.

L’ambassadeur d’Ukraine en Israël répondait par une lettre exprimant sa « profonde inquiétude » au sujet de notre rapport, prétendant qu’il s’appuyait sur des « éléments non prouvés » et des « informations partiales ».

Mais une lettre émanant de l’agence des exportations d’armes du ministère israélien de la Défense, ainsi que des photos et vidéos de la présentation même d’Azov en ligne prouvaient bel et bien le contraire.

Le bataillon nazi ukrainien Azov à la parade, en 2017. (Photo : azov.org.ua)

Comme l’expliquait la lettre que nous avons publiée dans le cadre de notre rapport original, le ministère israélien de la Défense déclarait qu’il « agissait avec prudence quand il accordait des licences » à des exportateurs d’armes « en pleine coordination avec le ministère des Affaires étrangères et d’autres entités gouvernementales ». La lettre – envoyée en guise de réponse à une demande de l’avocat des droits humains Eitay Mack – ne réfutait pas la livraison d’armes aux nazis ukrainiens.

L’ambassadeur d’Ukraine en Israël niait qu’il y ait eu des livraisons d’armes à partir d’Israël « depuis 2014 ». Mais dans un tweet sur la question, il semblait se contredire en admettant que les fusils de style Tavor étaient produits « sous des licences d’IWI – Israel Weapon Industries, un manufacturier d’armes israélien dont toutes les licences doivent être approuvées par le gouvernement israélien.

Les fusils Tavor d’IWI ont été utilisés ces dernières années par les snipers israéliens pour tirer sur les Palestiniens protestant près de la frontière entre Gaza et Israël.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est un ardent supporter de l’Israël de l’apartheid.

Il a salué un « grand Israël » comme modèle pour son pays et a déclaré dans son discours du parlement israélien, le mois dernier, que les deux pays étaient confrontés aux mêmes menaces.

Mais, dans son discours, il critiquait également Israël qui n’envoyait pas suffisamment d’armes en Ukraine. Israël avait d’étroites relations à la fois avec l’Ukraine et la Russie – d’où proviennent en fait de nombreux citoyens israéliens.

Les députés palestiniens au parlement israélien ont boycotté le discours de Zelensky pour protester contre sa position anti-israélienne. « Le discours de Zelensky était un discours sioniste par excellence, atteignant le fond quand il conférait à Israël le statut historique de victime », avait posté le député Ahmad Tibi sur Twitter.

Bien que les médias traditionnels insistent beaucoup sur l’héritage juif de Zelensky, la président apparaît comme un otage de l’extrême droite et des forces antisémites de son pays.

Élu en 2019 sur une plate-forme de paix avec la Russie, l’ancien comédien a fait une volte-face rapide quand il a été menacé par Azov et d’autres milices d’extrême droite. Ces gens l’ont empêché d’appliquer sa promesse électorale de concrétiser les accords de paix de Minsk en vue de la désescalade de la guerre civile qui bat son plein dans l’est de l’Ukraine depuis le coup d’État de 2014.

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Publié le 21 avril 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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