La vraie cible d’Israël n’est pas le Djihad islamique

Le problème d’Israël n’est pas l’idéologie de certaines organisations palestiniennes ; son problème, c’est le Palestinien qui résiste à l’occupation. Le véritable but d’Israël est de briser cette volonté palestinienne de résistance. Israël veut la capitulation de la Palestine sous son autorité coloniale, sous la domination de l’apartheid.

Des personnes en deuil assistent aux funérailles de sept Palestiniens tués par des frappes aériennes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 7 août 2022. (Photo : Ashraf Amra)

Des personnes en deuil assistent aux funérailles de sept Palestiniens tués par des frappes aériennes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 7 août 2022. (Photo : Ashraf Amra)

Ahmed Abu Artema, 9 août 2022

Une autre vague d’agressions israéliennes contre Gaza a pris fin après avoir provoqué la mort de 44 Palestiniens, dont 15 enfants, affirme le ministère palestinien de la Santé à Gaza.

Plus de 300 Palestinien s ont également été blessés et au moins 1 500 unités résidentielles ont été détruites ou endommagées.

Israël a lancé son offensive le 5 août sous le prétexte que le Djihad islamique prévoyait de lancer une attaque à partir de Gaza. Un peu plus tôt cette semaine, Israël avait arrêté l’un des dirigeants de cette organisation en Cisjordanie.

Pourtant, il n’y avait pas eu d’attaque palestinienne à partir de Gaza, ce qui révélait manifestement la fausseté de la propagande israélienne qui avait précédé et suivi cette offensive.

Dans les quelques jours antérieurs, les médias israéliens avaient fait tout un tapage médiatique autour de la perspective d’une attaque « imminente » du Djihad islamique, rapportant même que les colonies qui entouraient la bande de Gaza étaient sous « haute alerte ».

Ensuite, après avoir fermé des routes et organisé tout un afflux de soldats israéliens, les forces aériennes israéliennes avaient bombardé Gaza.

Israël avait ainsi exercé des représailles contre une attaque palestinienne imaginaire.

Cette dernière offensive montre que l’agression de l’occupation contre les Palestiniens n’est nullement une réponse à des actions palestiniennes mais qu’en lieu et place, elle a été fortement influencée par la politique interne du gouvernement israélien.

L’État colonial d’Israël n’a pas à justifier sa politique d’agression. Pourtant, la machine de propagande israélienne s’est focalisée sur le Djihad islamique comme sur une cible militaire acceptable afin de justifier ses offensives contre les Palestiniens et de priver ces derniers de soutien international.

Cela n’a rien d’un nouveau stratagème.

Israël bénéficie toujours d’une couverture pour ses actions. Bien sûr, il n’admettra pas ouvertement que son problème réel se situe dans la totalité du peuple palestinien. C’est pourquoi les actions d’Israël sur le terrain sont plus importantes que ses paroles.

En remontant un peu en 1982, nous pouvons voir comment Israël, sous le prétexte de s’en prendre à l’OLP, avait attaqué Beyrouth, massacrant ainsi des Palestiniens et provoquant des dégâts très étendus.

En 2007, Israël imposait un blocus brutal aux Palestiniens de la bande de Gaza – un blocus qui a paralysé l’économie, affaibli les services essentiels pour plus de 2 millions de personnes et débouché sur une situation de malnutrition très répandue parmi les enfants.

Au cours de ces quinze années de siège, Israël a lancé quatre attaques majeures contre la bande de Gaza, tuant des milliers de civils et détruisant des dizaines de milliers de logements. Pourtant, pour chaque attaque, Israël a déclaré que sa cible était le Hamas.

Cette fois, la nouvelle « cible » d’Israël est le Djihad islamique.

Les cibles et les gros titres peuvent changer, mais les actions israéliennes restent les mêmes : davantage de victimes civiles, davantage de maisons détruites et une stratégie permanente visant à briser la résolution palestinienne.

En son cœur même, le problème ne concerne pas une faction palestinienne ou une autre. Il s’agit d’un processus incessant d’épuration ethnique et de déracinement forcé des Palestiniens.

L’État colonial d’Israël a été bâti sur les ossements des victimes palestiniennes ; il est soutenu par une politique d’agression, de déracinement et d’apartheid contre le peuple autochtone.

Il en résulte que toutes les agressions contre Gaza, qu’importe le prétexte, se produisent dans le même contexte que les annexions d’Israël, l’érection du mur et les check-points en Cisjordanie.

On ne demande pas de nous que nous soutenions ou défendions d’idéologie de l’une ou l’autre faction. Nous avons pleinement le droit de critiquer le Hamas, le Djihad islamique et d’autres encore.

Toutefois, il est essentiel de se rappeler la racine du problème : le projet colonial sioniste. Avant la création du Hamas ou du Djihad islamique, il y avait le nettoyage ethnique par Israël, les massacres, les colonies et les emprisonnements massifs.

Les factions dont Israël se sert pour excuser ses crimes ont été créées et alimentées par l’atmosphère politique créée par les injustices israéliennes pendant plus de 70 ans. La soumission et l’injustice poussent les gens vers des idéologies plus radicales.

Israël perçoit l’existence des Palestiniens comme une menace – et y répond en tant que telle. D’où l’agression contre le cortège funèbre de Shireen Abu Akleh ou l’arrestation de toutes personne brandissant un drapeau palestinien.

Le problème d’Israël n’est pas l’idéologie de certaines organisations palestiniennes ; son problème, c’est le Palestinien qui résiste à l’occupation. Le véritable but d’Israël est de briser cette volonté palestinienne de résistance. Israël veut la capitulation de la Palestine sous son autorité coloniale, sous la domination de l’apartheid.

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Ahmed Abu Artema est un écrivain et activiste palestinien. C’est également un réfugié de Ramle.

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Publié le 9 août 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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