“Les Héros” (1) : Comment l’idée de libération a-t-elle été conçue ?

Le premier épisode de la série documentaire “Les héros” révèle comment est née l’idée de se libérer de la prison lourdement fortifiée et les premières mesures prises par les prisonniers à cette fin.

Al-Mayadeen, 30 septembre 2022.

« Je donne mon accord à Al Mayadeen pour écrire l’histoire, et nous sommes tous fiers de confier [au réseau] la documentation de toute l’histoire… La chaine Al Mayadeen a un grand impact sur nos vies, et si Dieu le veut, le peuple palestinien tout entier n’oubliera pas son rôle. »

Avec ces mots du prisonnier palestinien Mahmoud Al-Aridah, commence le premier épisode de Les Héros, dans lequel Al Mayadeen, sur la base des récits de Mahmoud Al-Aridah et de ses cinq compagnons, présente les détails de la libération des prisonniers de la prison de Gilboa.

Dans cet épisode, Al Mayadeen raconte la façon dont l’idée de libération est venue au prisonnier Mahmoud Al-Aridah et comment il l’a partagée avec les autres prisonniers. L’épisode décrit également la prison de Gilboa et ses fortifications imposantes, qui impressionnaient guère les prisonniers et d’où ils parvinrent à s’échapper. L’épisode aborde également la formation du Mouvement des Prisonniers et son rôle dans la lutte palestinienne au sein des prisons de l’occupation.

Il est vrai qu’il existe d’innombrables histoires de libération de la captivité ou de l’emprisonnement, et de nombreuses opérations de libération à travers le monde ont commencé en creusant. Pourtant, quand une telle histoire vient de la prison de Gilboa, c’est une autre histoire, peut-être même L’histoire, avec un grand L..

Gilboa n’est pas un centre de détention traditionnel. C’est « le coffre-fort en acier » comme l’appellent les Israéliens. Les autorités d’occupation ont mis tout en œuvre pour en faire l’une des prisons les plus fortifiées. A travers Gilboa, l’occupation voulait que ces prisonniers et des milliers d’autres comme eux soient oubliés, mais elle a oublié que la lutte du peuple du pays ne serait jamais entravée par un geôlier.

La prison de Gilboa

Il est très difficile de s’évader de la prison de Gilboa. Tous les mouvements inhabituels tels que des coups sur les murs et les sols, sont surveillés par des capteurs électroniques, de l’intérieur des cellules jusqu’aux clôtures qui encerclent la prison.

Non seulement cela, mais cette prison est fortement gardée par des miradors 24h / 24, séparés les uns des autres que de quelques mètres. Un groupe de chiens de garde précédemment placés sur les murs de la prison a été réparti sur chaque section des prisonniers dits de haute sécurité.

Des perquisitions sont effectuées trois fois par jour à l’intérieur de Gilboa, dont l’une consiste à identifier les prisonniers à l’aide de leurs photos tout en lisant leurs noms complets. En outre, tout au long du mois, des inspections, décrites par les prisonniers comme sévères, sont menées, et elles comprennent des transferts entre les sections. Ces transferts n’impliquent pas seulement de déplacer les prisonniers dans d’autres cellules, mais aussi de déplacer toute la section avec tous ses prisonniers.

L’occupation a eu recours à des études de sécurité universitaires et à une expertise étrangère pour renforcer son « coffre d’acier », en tenant compte de chaque détail. Les sols sont renforcés avec de l’acier et recouverts de béton. Les cellules sont entièrement fortifiées et les portes sont très épaisses.

 

Les premières étapes du plan de libération

Toutes ces fortifications et ces mesures de sécurité strictes n’ont pas empêché le prisonnier Mahmoud Al-Aridah de garder à l’esprit la libération de la prison, et dans la cellule n° 5 de la section 2, Mahmoud a décidé de commencer à creuser. Il avait précédemment suggéré le plan à Yaqoub Qadri, son compagnon et l’un des combattants de la liberté des Brigades Al-Quds pendant l’Intifada d’Al-Aqsa, que l’occupation a tenté d’assassiner plusieurs fois.

Zakaria Al-Zubaidi a lui aussi été informé du projet d’évasion ; il a donc demandé à être transféré à la section 2 avant d’aller dans la cellule où l’opération avait débuté juste avant son arrivée.

Ensuite, Ayham Kamamji a été informé du plan, ce qui n’est pas étonnant pour quelqu’un qui avait l’habitude de prononcer le sermon et de diriger la prière du vendredi. Ayham est un avocat renommé contre l’injustice, un combattant pour la liberté qui n’a pas hésité à prendre les armes contre l’occupant.

Observateur, puis creuseur et fervent partisan de l’évasion, Mohammad Al-Aridah était l’un des militants les plus en vue. Il fut également l’un des fondateurs des Brigades Al-Quds et l’un des plus anciens prisonniers palestiniens.

Il convient de mentionner ici que ce que Yaqoub et Ayham ne savaient pas, c’est que quelqu’un d’autre était au courant du plan : Munadel Nafi’at.

En fin de compte, les quatre prisonniers, Mahmoud, Yaqoub, Mohammad et Ayham, se sont rencontrés dans la même cellule, sachant que ces quatre héros ne sont généralement pas rassemblés dans une seule pièce parce que l’administration pénitentiaire de Gilboa ne met pas ceux qui ont un casier judiciaire au même endroit.

Malgré la classification des prisonniers comme « dangereux » par l’occupation, l’administration pénitentiaire de Gilboa s’enorgueillissait de ne pas tenir compte de nombreuses règles, car elle considérait la prison comme inviolable.

« Ces quatre personnes faisaient partie des individus dangereux, et ils font également partie des individus qui ont déjà tenté de s’échapper. Ces personnes ont une carte d’identité rouge. Ainsi, il leur est interdit de rester dans la même cellule pendant plus de 3 mois »,

a déclaré le prisonnier libéré Mohammad Arandas. 

« Le geôlier les a mis au défi dans cette cellule, comme s’il leur disait : ‘Oui, vous avez déjà essayé, mais cette prison est différente des autres, alors voyons si vous pouvez faire quelque chose ici’ »,

a déclaré le prisonnier libéré Kifah Al-Aridah.

Revenons au plan de libération des prisonniers ; peu de gens le savaient. Ce qui est remarquable, c’est que les autres prisonniers qui étaient dans la même cellule ne savaient rien. Ils étaient dans la même cellule et n’ont rien remarqué. Ce qui se passait, c’est que les prisonniers essayaient de trouver un endroit où ils pourraient cacher leurs téléphones portables.

Le Mouvement des Prisonniers, une histoire de lutte

Selon le journaliste et rédacteur en chef Annan Najeeb d’Al-Quds, l’opération Tunnel de la Liberté fait partie d’une très longue chaîne de luttes et de réalisations lancées par le Mouvement des Prisonniers à l’intérieur des prisons de l’occupation israélienne il y a environ 70 ans.

Le Mouvement des Prisonniers a accompli de nombreuses réalisations, dont l’une des plus importantes est peut-être d’avoir forcé l’administration pénitentiaire à reconnaître l’existence d’organisations avec lesquelles elle doit traiter.

L’occupation a tenté d’affaiblir les mouvements, les organisations et les corps des prisonniers. La prison de Gilboa elle-même a été témoin de tentatives répétées de diviser les prisonniers, dont la plus importante a eu lieu en 2007, après les événements de Gaza. Cependant, toutes les factions de la résistance ont rejeté l’idée de séparation et sont restées dans les mêmes sections.

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Publié sur Al-Mayadeen le 30 septembre 2022
Traduction : ISM France / MR

Lisez également : “Les Héros” sur Al Mayadeen : histoire complète de l’évasion de la prison de Gilboa (intro)

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