Un combattant adulé de la résistance palestinienne meurt au combat

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Le combattant Udai Tamimi est devenu un héros populaire après avoir tué la soldate israélienne le 8 octobre, à proximité du camp de réfugiés de Shuafat.

Jeudi, à Gaza, des Palestiniens participent à un rassemblement en l’honneur d’Udai Tamimi, un combattant de la résistance tué au cours d’un échange de coups de feu la nuit précédente en Cisjordanie occupée. (Photo : Youssef Abu Watfa / APA images)

Jeudi, à Gaza, des Palestiniens participent à un rassemblement en l’honneur d’Udai Tamimi, un combattant de la résistance tué au cours d’un échange de coups de feu la nuit précédente en Cisjordanie occupée. (Photo : Youssef Abu Watfa / APA images)

 

Tamara Nassar, 20 octobre 2022

Le Palestinien qui avait mortellement blessé une soldate israélienne à un check-point de Jérusalem a été tué mercredi soir alors qu’il menait une autre attaque contre des militaires israéliens.

Udai Tamimi, qui avait tué la soldate israélienne Noa Lazar le 8 octobre, a tiré sur des gardes de la sécurité à proximité de la colonie de Maaleh Adumim, construite sur des terres palestiniennes occupées, à l’est de Jérusalem.

Une vidéo dramatique montre Tamimi occupé à tirer dans la direction de la caméra. Bien qu’il soit lui-même la proie des balles, il continue de tirer alors que cela fait plus de 20 secondes qu’il gît au sol.

On le voit alors tenter de recharger son arme, mais il est à nouveau touché avant de pouvoir le faire. Il a été déclaré mort sur place, a-t-on dit.

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Un garde sécuritaire d’une colonie israélienne a été soigné pour des blessures provoquées à sa main par des éclats métalliques.

Tamimi est devenu un héros populaire après avoir tué la soldate israélienne le 8 octobre, à proximité du camp de réfugiés de Shuafat, et après s’être échappé avant que les forces d’occupation ne lui mettent la main dessus. Le jeune homme de 22 ans était originaire du camp.

Son attentat à Shuafat a eu lieu après d’intenses raids militaires en Cisjordanie, au cours desquels les forces israéliennes ont tué quatre Palestiniens en 24 heures, tous des adolescents dont trois étaient encore des enfants.

Une vidéo de cet incident montre Tamimi descendre calmement d’un véhicule, marcher vers un groupe de soldats et de gardes sécuritaires et leur tirer dessus à bout portant avant de disparaître.

Les forces d’occupation israéliennes ont bouclé le camp de réfugiés de Shuafat pendant des journées entières pour essayer de le retrouver. Sa réapparition à Maaleh Adumim, bien loin du camp et après avoir échappé aux forces israéliennes pendant 10 jours, va constituer un problème majeur pour Israël.

 

Un soutien venu de partout

La mère de Tamimi a dit aux médias que bien qu’elle ressentît de la douleur, elle se sentait également en paix. « J’avais confié mon fils à Dieu, afin qu’il puisse prendre soin de lui et le protéger », dit-elle.

Elle a dit de son fils qu’il était fidèle et animé du sens du devoir, toujours désireux d’aider et de prendre soin d’elle quand elle était en mauvaise santé. « C’était un héros, Dieu merci », a-t-elle ajouté.

 

Des Palestiniens de toute la Palestine historique se sont rassemblés pour Tamimi jeudi, afin d’exprimer le fort soutien populaire à la résistance armée contre les forces d’occupation israéliennes.

Il y a eu des défilés et des grèves dans des villes et des camps de réfugiés de toute la Cisjordanie :

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Tamimi a reçu du soutien des Palestiniens de Gaza aussi, où la police est venue saluer des affiches à son effigie :

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https://twitter.com/Alresalahpress/status/1583060272779968512?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1583060272779968512%7Ctwgr%5E00e051a3d3939f78309eb10a00b7a25e5f2b089e%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fcelebrated-palestinian-resistance-fighter-killed-combat

 

Déjà avant de mourir mercredi soir, Tamimi avait obtenu son statut de légende.

Les jeunes hommes du camp de réfugiés de Shuafat rasaient leur tête – non seulement pour lui ressembler par solidarité – mais pour qu’il soit plus difficile pour les forces d’occupation israéliennes de les identifier.

 

La Fosse aux Lions

Il y a également eu dans toute la Palestine historique un large soutien à la Fosse aux Lions, une organisation de combattants palestiniens cantonnée à Naplouse et qui a revendiqué la responsabilité du meurtre d’un autre militaire israélien ce mois-ci.

Israël n’a toujours pas capturé la ou les personnes qui ont organisé cet attentat.

Lundi soir, la Fosse aux Lions a appelé les Palestiniens à grimper sur leurs toits mardi, juste après minuit, afin d’exprimer leur soutien.

« Que tout citoyen qui est en mesure de se battre en recourant à quoi que ce soit s’y prépare pleinement »,

a déclaré l’organisation sur sa chaîne Telegram.

Les vidéos vues à The Electronic Intifada indiquent que des milliers de Palestiniens ont manifesté dans les villes et les camps de réfugiés de Cisjordanie occupée en réponse à l’appel de l’organisation.

Des dizaines de résidents de Naplouse ont convergé dans les rues pour scander des slogans de soutien à l’organisation de résistance.

La Fosse aux Lions, qui passe pour n’être associée à aucune faction politique en particulier, est apparue en août. Elle est associée à Ibrahim al-Nabulsi, un jeune combattant de la résistance tué en compagnie de l’un de ses camarades lors d’une attaque israélienne contre Naplouse ce même mois.

Ses appels au public pour qu’il témoigne son soutien – et auxquels il a été répondu avec force – ainsi qu’un hymne populaire célébrant le courage et les capacités de ses membres, ont encouragé et captivé l’imagination des Palestiniens.

https://youtu.be/1KEsfTLAImE?t=34

 

La nouvelle organisation de résistance a tourmenté Israël qui, jusqu’à présent, s’est avéré incapable d’en venir à bout malgré l’intensification de ses attaques et de la répression à Naplouse et environs.

Les Nations unies ont déclaré mardi qu’elles étaient « préoccupées » à propos des restrictions de mouvement extrêmes imposées à Naplouse par les autorités d’occupation israéliennes, qui limitent l’accès des Palestiniens « aux soins de santé, à l’éducation et à leur gagne-pain ».

https://twitter.com/ShehabAgency/status/1582141739338301441?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1582141739338301441%7Ctwgr%5E00e051a3d3939f78309eb10a00b7a25e5f2b089e%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fcelebrated-palestinian-resistance-fighter-killed-combat

 

D’importants témoignages de soutien à l’organisation au cœur de Ramallah vont particulièrement embarrasser l’Autorité palestinienne, qui a précisément son QG dans cette ville.

L’AP, qui collabore étroitement avec Israël pour tenter d’écraser la résistance palestinienne, a perdu son emprise sur les villes importantes de Cisjordanie, et plus particulièrement Jénine et Naplouse dans le nord, où la résistance armée à l’occupation a réapparu et gagne sans cesse du soutien.

 

L’AP a déployé ses forces à Naplouse au même moment plus ou moins où les résidents manifestaient mardi soir en guise de soutien à la Fosse aux Lions :

 

À Silwad, un village de Cisjordanie, ont eu lieu des manifestations similaires :

 

Un soutien du même genre – en guise de réponse directe à l’appel de la Fosse aux Lions – lui a fait écho dans le camp de réfugiés de Jénine :

 

Les Palestiniens de Gaza, où la résistance armée a l’un de ses bastions, se joignent également à leurs camarades de Cisjordanie.

« Nous observons également avec fierté, gloire et honneur la résistance héroïque et opiniâtre qui s’intensifie en Cisjordanie et à Jérusalem occupées »,

a déclaré vendredi dernier le centre des opérations conjointes des factions armées à Gaza.

« Nous constatons l’ampleur de l’humiliation et de la soumission que ressent l’ennemi suite à votre héroïsme, à votre entêtement et à votre persévérance quand vous lui infligez des leçons qu’il n’oubliera pas de sitôt. »

 

Une année meurtrière

Pour les Palestiniens de la Cisjordanie occupée, cette année a été la plus meurtrière depuis 2006, estiment les Nations unies.

Depuis le début 2022, les forces israéliennes ont tué eu moins 105 Palestiniens, dont 26 enfants, en Cisjordanie, Jérusalem-Est y compris.

Ce nombre atteint 150 quand on y ajoute Gaza et des zones à l’intérieur de ce qui est aujourd’hui Israël.

En moyenne, un Palestinien par jour a été tué en Cisjordanie occupée ce mois-ci, dont six enfants.

« Il ne se passe guère de jour sans homicide dans les villes et villages de Cisjordanie »,

a déclaré en début de semaine le Centre palestinien pour les droits humains (CPDH).

Le 16 octobre dernier à Salfit, en Cisjordanie occupée, le fils de Mujahed Muhammad Ahmad Daoud se lamente sur le corps de son père. (Photo : Wajed Nobani / APA images)

Le 16 octobre dernier à Salfit, en Cisjordanie occupée, le fils de Mujahed Muhammad Ahmad Daoud se lamente sur le corps de son père. (Photo : Wajed Nobani / APA images)

Mujahed Muhammad Daoud, un plâtrier palestinien de 30 ans, est mort de ses blessures après que des soldats israéliens ont tiré sur des Palestiniens à proximité d’un centre médical la veille.

Les forces d’occupation israéliennes ont encerclé la ville de Qarawat Bani Hassan et ont tenté de confisquer un bulldozer à des villageois qui récoltaient des olives sur leurs terres, sous le prétexte que celles-ci étaient en Zone C, les 60 pour 100 de la Cisjordanie qui restent sous plein contrôle militaire israélien.

Les villageois ont répondu en jetant des pierres en direction des militaires.

Les forces d’occupation israéliennes ont tiré sur les Palestiniens à balles réelles ou d’acier enduites de caoutchouc et elles ont utilisé des grenades incapacitantes et des canettes de gaz lacrymogène, rapporte le CPDH. Un enfant et un adolescent ont été blessés par des munitions réelles et emmenés vers un centre médical tout proche où les villageois les ont suivis.

Les forces israéliennes sont arrivées au centre médical et se sont remises à tirer sur les Palestiniens, faisant trois blessés, dont Daoud, qui a reçu une balle dans la poitrine.

Daoud était en train de travailler sur une maison toute proche et il était descendu de son échafaudage pour voir ce qui se passait.

Un enfant palestinien a succombé à ses blessures jeudi après avoir été abattu par les forces israéliennes le 28 septembre.

Muhammad Fadi Hani Nouri, 16 ans, a été touché « à l’abdomen à balle réelle » alors qu’il se trouvait à une centaine de mètres du check-point israélien de la zone de Bet El, à Ramallah et qu’il observait les confrontations »,

a déclaré Defense for Children International – Palestine.

 

Il s’avère que la Cisjordanie est entrée dans une nouvelle phase de résistance.

Alors que la répression meurtrière d’Israël, ses restrictions, ses raids et ses arrestations visent à mater cette résistance, elles n‘ont fait que l’attiser et l’encourager.

Le correspondant militaire israélien au service d’Amir Bohbot, de Walla News, a cité le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, qui faisait remarquer la situation émergente.

« Une nouvelle génération se développe au sein de l’Autorité palestinienne, et elle n’appartient à aucune organisation »,

µa déclaré Gantz.

Il a affirmé qu’environ deux tiers des Palestiniens qui ont effectué des actions armées cette dernière année n’étaient même pas encore nés lors de la Seconde Intifada, le soulèvement palestinien d’il y a deux décennies. Très peu ont vécu la Première Intifada de la fin des années 1980 et du début des années 1990.

Gantz devrait déduire de cela qu’aucun niveau de violence et de répression de la part d’Israël ne soumettra le peuple palestinien ni ne le convaincra de vivre bien tranquillement sous un régime d’occupation militaire, de colonialisme de peuplement et d’apartheid.

Mais Gantz, comme tous les dirigeants israéliens de la génération précédente – et, effectivement, à l’instar des dirigeants coloniaux tout au long de l’histoire et n’importe où – s’est jusqu’à présent avéré totalement incapable de comprendre une notion aussi élémentaire.

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Ali Abunimah a contribué à la réalisation de cet article.

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

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Publié le 20 octobre sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

 

 

 

 

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