Les forces israéliennes et les colons tuent cinq Palestiniens en Cisjordanie
En Cisjordanie, en moins de 48 heures, ces mercredi et jeudi, les forces d’occupation israéliennes et les colons ont tué cinq Palestiniens.
Maureen Clare Murphy, 13 janvier 2023
La police, les militaires et les colons israéliens ont tué neuf Palestiniens depuis le début de cette année, uniquement en Cisjordanie. Parmi les morts figurent trois enfants.
Deux Palestiniens ont été tués par balles jeudi à Qabatiya, une ville située près de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Le ministère de la Santé les a identifiés : Il s’agit de Habib Kumail, 25 ans, et d’Abdulhadi Fakhri Nazzal, 19 ans.
Les deux hommes ont été mortellement blessés lors de confrontations qui ont eu lieu au cours d’un raid effectué en plein jour dans le cadre d’une arrestation et d’une confiscation d’armes. L’armée israélienne a prétendu que ses hommes s’étaient fait tirer dessus. Aucun des militaires n’a toutefois été blessé, rapportent les médias.
Les médias israéliens ont fait savoir que les combattants de la police des frontières avaient effectué un raid à Qabatiya afin d’arrêter l’activiste de la résistance Muhammad Alawneh.
Un peu plus tôt, ce jour-là, les militaires israéliens avaient tué Samir Awni Harbi Aslan, 41 ans, après avoir arrêté son fils de 17 ans dans le camp de réfugiés de Qalandiya, près de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie.
Les militaires avaient refusé les premiers soins à Aslan, qui avait continué à se vider de son sang pendant plus d’une heure avant de mourir, affirme le Centre palestinien pour les droits humains (CPDH).
L’organisation, qui a interviewé le frère d’Aslan, témoin du drame et de ses suites, a déclaré que les soldats avaient fait irruption dans l’immeuble de quatre étages de la famille avec l’intention d’arrêter le fils d’Aslan.
Après avoir assisté à l’agression de l’adolescent par les soldats à l’entrée de l’immeuble, Aslan était monté sur le toit de sa maison en compagnie de membres de sa famille, afin d’assister au départ des militaires.
Quelques minutes plus tard, « plusieurs jeunes gens ont jeté des pierres vers les soldats israéliens » en train de quitter l’immeuble, rapporte le CPDH. À ce moment, des snipers de l’armée postés sur des toits voisins « ont ouvert le feu avec intensité et dans toutes les directions », touchant Aslan à la poitrine d’une balle qui « a explosé à l’intérieur de son corps ».
Video of Israeli forces shorting live ammunition near the house of Samir Aslan, 41, who was shot to death tonight as his son was arrested, at Qalandia refuge camp #westbank pic.twitter.com/VkABcSES67
— Oren Ziv (@OrenZiv_) January 12, 2023
La famille d’Aslan a tenté de l’évacuer en voiture vers un hôpital, mais les soldats israéliens ont arrêté le véhicule, ont arrêté Aslan et ont menacé d’abattre toute personne qui voulait l’approcher.
Une vidéo montre les soldats agenouillés ou debout autour d’Aslan afin d’empêcher les Palestiniens de l’approcher :
A Palestinian father dared to defend his son from #Israel's IDF last night.
So, they shot him in the chest & at gun point, prevented neighbors from helping him. IDF held his body until he bled to death, then detained his son!
Samir Aslan, the 3rd Palestinian killed in 24 hours! pic.twitter.com/WKfopEGnxu
— Muhammad Shehada (@muhammadshehad2) January 12, 2023
3 Samir's wife says the IDF were kicking her minor son & beating him up with rifles downstairs.
Samir went up to the roof to yell at them, they shot him & took his body. She ran to help, the soldiers forced her to back inside. She watched him from the balcony bleed for an hour! pic.twitter.com/SZy8lcl1K5
— Muhammad Shehada (@muhammadshehad2) January 12, 2023
Une fois que les troupes se sont retirées du camp, une équipe d’ambulanciers a évacué Aslan vers un hôpital, où il a été déclaré mort dès son arrivée.
L’arme israélienne a fait savoir aux médias que
« des soldats avaient été pris en embuscade par un groupe qui leur avait jeté des pierres et que, par conséquent, ils avaient ouvert le feu »,
peut-on lire dans le quotidien de Tel-Aviv, Haaretz.
Mercredi, un autre Palestinien, Ahmad Abu Junaid, 21 ans, a été tué d’une balle dans la tête au cours d’un raid contre le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie.
L’organisation de contrôle humanitaire de l’ONU, l’OCHA, a déclaré qu’en 2022, 75 Palestiniens, dont 16 enfants, avaient été tués lors de raids de recherche et d’arrestation en Cisjordanie. À la date du 19 décembre, il y avait eu en tout quelque 3 500 raids de ce genre, estime l’organisation.
L’an dernier, plus de 200 Palestiniens ont été tués par l’armée, la police et les colons israéliens en Cisjordanie, à Gaza et à l’intérieur d’Israël, ou sont morts de blessures subies au cours des années précédentes, selon une recherche effectuée par The Electronic Intifada.
Mercredi également, Sanad Samamreh a été tué par balle par un Israélien après avoir prétendument poignardé et blessé superficiellement un colon d’un poste avancé des collines du sud de Hébron.
Israël prépare activement des plans en vue de déporter de force quelque 1 000 Palestiniens de la région de Masafer Yatta dans les collines du sud de Hébron, en prétextant que la terre sera utilisée pour des entraînements et exercices militaires.
L’an dernier, la haute cour israélienne a rejeté une contestation juridique des plans de l’État en vue de transformer la région en une zone d’entraînement militaire.
L’un des juges israéliens qui a prononcé le verdict est un colon né au Royaume-Uni et qui vit dans une colonie de Cisjordanie réservée exclusivement aux juifs. Cette colonie a été établie en violation totale des lois internationales.
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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.
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Publié le 13 janvier 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine