EU : Les nouveaux démocrates au Congrès sont les ennemis de la cause palestinienne

Une nouvelle classe d’hommes politiques démocrates a prêté serment le 3 janvier.

John Fetterman, un nouveau sénateur américain, a admis qu’il n’avait rien de progressiste sur la question de la Palestine. (Photo : Archie Carpenter UPI)

John Fetterman, un nouveau sénateur américain, a admis qu’il n’avait rien de progressiste sur la question de la Palestine. (Photo : Archie Carpenter UPI)

 

Michael Veronda Hazou, 16 janvier 2023

Après que le parti s’en est tiré bien mieux que prévu lors des élections américaines de la mi-mandat, le Congressional Progressive Caucus (CPC – Caucus progressiste du Congrès) s’est hâté de célébrer ses propres victoires. Pramila Jayapal, la présidente du CPC, a claironné :

« Il est hors de doute que ce sera le caucus démocrate le plus progressiste depuis des décennies. »

Bien des membres de la gauche américaine se sont vantés de cette impressionnante victoire électorale.

N’empêche que, malgré tout ce tapage, les nouveaux représentants ne sont guère progressistes quand on en vient à la question de la Palestine. Ils auraient plutôt accepté le consensus pro-israélien.

Cela ne surprendra personne parmi les gens qui ont suivi cette prétendue gauche à Capitol Hill.

Il est triste de dire que ces « progressistes » sentent qu’ils doivent exprimer leur soutien à Israël et à son idéologie d’État, le sionisme. Ils essaient de dissimuler la façon dont ils aident le système d’apartheid israélien à tenir le coup en perpétuant ce fantasme qu’est la solution à deux États et en exprimant leurs peu sincères inquiétudes à propos des Palestiniens.

C’est un étalage d’hypocrisie auquel on a déjà fréquemment assisté. Et certains des « progressistes » les plus en vue sont coupables.

Bernie Sanders a blanchi le sionisme.

Alexandria Ocasio-Corteza a refusé de s’opposer au Dôme de fer – un système développé par une industrie israélienne de l’armement qui tire profit des attaques contre les Palestiniens.

Jamaal Bowman a soutenu l’aide militaire américaine à Israël et a participé à un voyage d’agrément organisé par l’organisation de lobbying sioniste J Street.

Cette nouvelle couvée de « progressistes » peut elle aussi être interpellée à titre individuel pour son hypocrisie.

John Fetterman, le nouveau sénateur de Pennsylvanie, adopte une position pro-travailliste qui le situe généralement « à gauche de tout autre candidat démocrate de ce cycle au Sénat », a affirmé le magazine Jacobin. Sa victoire sur la personnalité républicaine et télévisuelle Mehmet Oz a été l’une des plus célébrées des élections de la mi-mandat.

 

« Pas vraiment un progressiste »

Malgré son image d’homme du peuple, Fetterman n’a jamais exprimé de sympathie ou de solidarité envers les Palestiniens.

Comme le montrent ses états de service, Fetterman est un ardent partisan d’Israël. En avril 2021, il a dit dans Jewish Insider :

« Chaque fois que je me trouve dans une situation où l’on me demande d’adopter la cause du renforcement de la sécurité d’Israël ou de la consolidation des relations entre les États-Unis et Israël, je penche en sa faveur. »

Fetterman a expliqué qu’il était « consterné » par certains congressistes qui votaient contre le financement du Dôme de fer. Son avis déclaré à propos de BDS ((boycott, désinvestissement, sanctions), une campagne dirigée par les Palestiniens et revendiquant la justice et l’égalité, « c’est que c’est tout simplement mal ».

Le nouveau sénateur est ouvert, à propos de son hypocrisie. Lors de son interview pour Jewish Insider, il a impliqué que soutenir les droits palestiniens était cohérent avec une politique de centre-gauche, mais il a ajouté : « Je ne suis pas vraiment progressiste en ce sens. »

Cela fait manifestement de Fetterman un ennemi de la cause palestinienne et, en cela, il ne diffère aucunement de tous les autres membres de l’establishment de Washington.

Les démocrates nouvellement élus à la Chambre des Représentants ne valent guère mieux.

Summer Lee, une étoile « progressiste » montante, a conquis le 12e district en Pennsylvanie, même si la fameuse organisation pro-israélienne AIPAC a dépensé des millions pour qu’elle soit battue.

Se retrouver sous le feu de l’AIPAC ne fait pas de Lee une alliée des Palestiniens.

Dans un tweet de 2021, Lee critiquait ouvertement la phrase souvent répétée « Israël a le droit de se défendre », établissant des similitudes entre les abus que subissent les noirs aux EU et les Palestiniens en Israël. Plus tard, elle allait revenir sur ce commentaire suite aux pressions du lobby sioniste en prétendant qu’il y avait « un contexte très spécifique autour » de sa déclaration.

Dans le même souffle, Lee insistait en disant qu’elle croyait « absolument » en la légitimité d’Israël en tant qu’État juif – en d’autres termes, un État qui pratique systématiquement la discrimination contre les gens d’une autre ethnicité ou religion.

Il est hautement probable que Lee va voter en faveur du soutien militaire américain à Israël, au vu de l’importance qu’elle a conféré à l’assistance apportée « à nos alliés » en ce qui concerne leur « légitime défense ».

Le groupe libéral de lobbying prosioniste, J Street, a soutenu Lee et a condamné la campagne virulente de l’AIPAC contre elle.

Le soutien s’est révélé en fin de compte un geste dénué de sens.

Aussi bien J Street que l’AIPAC soutiennent les mêmes intérêts.

Tous deux sont opposés aux droits fondamentaux. Tous deux sont opposés à ce que le retour dans leurs foyers soit permis aux Palestiniens chassés par les forces sionistes en 1948.

Toutes les différences entre les deux ne sont que des questions de rhétorique et de présentation.

Un autre nouveau représentant « progressiste » n’est autre que Greg Casar, qui a été élu au Texas et qui a été soutenu par Bernie Sanders.

Casar s’est vu privé du soutien des socialistes démocratiques américains d’Austin après avoir promis lui-même de soutenir un financement militaire en faveur d’Israël.

Casar affirme qu’il veut une politique étrangère s’appuyant sur la « justice » et la « démocratie ». N’empêche qu’il a insisté sur le fait qu’il ne soutenait pas le mouvement BDS, un mouvement précisément voué à ces mêmes buts en Palestine.


Les promesses rompues de Frost

Maxwell Frost, de Floride, a trahi les Palestiniens de façon méprisable.

Frost, à 25 ans, a fait les gros titres en tant que premier membre du Congrès venu de de la Génération Z et il a reçu de nombreuses louanges de la part de Bernie Sanders.

Frost s’est longtemps profilé comme un allié de la cause palestinienne.

En mars 2021, il avait promis au Florida Palestine Network (FPN – Réseau Palestine Floride) qu’il œuvrerait à mettre un terme à l’aide militaire américaine à Israël et qu’il soutiendrait le mouvement BDS. Il avait également indiqué qu’il ne sortirait aucun document politique sur la Palestine sans consulter le FPN.

 

Frost a trahi ses promesses. Un document qu’il a publié par la suite répétait toute une série de points de discussion émanant du lobby pro-israélien.

Le document prétend que les Israéliens

« sont sous une grande menace et qu’il importe que nous les aidions afin de garantir qu’ils conservent un avantage militaire qualitatif de sorte qu’ils puissent se défendre efficacement ».

Le document de Frost décrit le mouvement BDS comme « extrêmement problématique ». Bien que le mouvement soit explicitement engagé en faveur de l’égalité complète, le document suppose qu’il « ne cherche pas un avenir qui englobe les Palestiniens et les Israéliens ensemble ».

D’autres prétendus progressistes de cette nouvelle brassée de démocrates comprennent les chouchous de J Street Delia Ramirez et Becca Balint. Elles aussi ont accepté la position de l’establishment en faveur d’une aide sans fin à Israël.

Il n’y a rien de progressiste dans le fait de soutenir un État colonial de peuplement comme Israël. Et, si ces représentants veulent encourager les crimes israéliens, pourquoi devrions-nous avoir confiance dans leurs positions concernant les affaires intérieures des EU ?

Les démocrates ont prouvé vers la fin de l’an dernier qu’ils n’étaient pas dignes de la confiance des Américains ordinaires. La plupart des « progressistes » du Congrès ont voté pour que soit rendue illégale une grève des cheminots.

Plutôt que d’avoir quelques démocrates vraiment progressistes au Congrès, nous pouvons nous attendre à ce que les quelques prochaines années soient caractérisées par d’autres échantillons encore de ce genre d’hypocrisie.

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Michael Veronda Hazou est un écrivain palestino-américain. Twitter: @mikevhz

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Publié le 16 janvier 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

 

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