La Palestine : De Jénine à Al-Quds …

La voie de Jénine à Al-Quds dépeint des scènes de sang versé, de pénibles sacrifices et de ferventes larmes de mères palestiniennes, bien que celles-ci sachent toujours comment transformer leur deuil, leur chagrin et leurs craintes de perdre quelqu’un en une expression de défi, de détermination et de résistance, laquelle expression témoigne d’un niveau très élevé de résolution dans le cadre même de leur résistance quotidienne.

La voie de Jénine à Al-Quds dépeint des scènes de sang versé, de pénibles sacrifices et de larmes de mères palestiniennes

Makram Khoury-Machool, 29 janvier 2023

Le fait que la confrontation est sanglante ne devrait pas laisser planer une ombre sur le facteur psychologique qui accompagne la lutte contre l’occupation sioniste. Au fil des décennies, le mouvement sioniste mondial a fait la propagande de l’arrogance israélienne à tous les niveaux afin de se refermer sur la Palestine et de tenter de « domestiquer » le peuple palestinien et d’affaiblir sa résistance de façon à se détourner de la libération de la Palestine et de la concrétisation de son indépendance.

Tout cela a commencé à faiblir progressivement à partir de la Première Intifada palestinienne, en décembre 1987 ; le mouvement s’est poursuivi jusqu’à la Seconde Intifada en 2000 et l’opération Seif Al-Quds en mai 2021. Toutefois, ce qui attire l’attention, c’est la poursuite de la violence « israélienne » et le manque d’intelligence au sein même de ses appareils.

Tout ce que font les forces israéliennes, c’est tuer avec une extrême violence et instantanément, en ignorant le moyen terme et le long terme qui caractérisent l’action palestinienne aux niveaux social, politique, économique et psychologique. Elles se vantent du statut élevé de leurs centres de recherche, de leurs analyses et de leurs intelligences et, par conséquent, elles font irruption sur les marchés internationaux avec leurs produits technologiques tout en se livrant à des massacres on ne peut plus haineux contre le peuple palestinien en recourant précisément à cette même « technologie » dont elles font vaniteusement étalage.

Tous les produits et réalisations technologiques des entreprises israéliennes sont utilisés pour consolider l’oppression du peuple palestinien, et cela va des véhicules militaires aux programmes d’intelligence artificielle présents à tous les coins. Malgré leurs « programmes et projets », elles agissent selon leur sentiment du fascisme criminel sans prendre ses répercussions en considération, et cela contredit ce qu’elles promeuvent dans le cadre de leur guerre psychologique en cours. La raison à cela, c’est qu’elles pensent que le retour des criminels meurtriers de Jénine vers leurs résidences illégales en Palestine occidentale occupée et le fait qu’elles leur assurent la protection à leurs portes mêmes devraient leur permettre de dormir sur leurs deux oreilles.

Elles croient aussi que la « coordination sécuritaire » (de l’entraînement « daytonien » et du financement américano-sioniste) avec l’une des ailes de l’Autorité palestinienne va garantir leur sécurité. Elles sont même allées jusqu’à penser que si les forces sécuritaires palestiniennes étaient « paralysées » et écartées de la lutte populaire, elles-mêmes pourraient vivre en paix sur les corps sans vie des Palestiniens. Dès lors, que se passe-t-il donc dans « leurs esprits » ?

Il va sans dire que les statistiques nous fournissent des nombres et des pourcentages ; la sociologie nous propose des modèles de comportement et la psychologie nous offre des motivations conscientes et subconscientes du comportement humain. Toutes leurs institutions scientifiques n’ont-elles pas mené des études et des recherches en vue de comprendre la psyché palestinienne ?

Le pourcentage de Palestiniens qui collaborent réellement avec elles (malgré tous les incitatifs que sont les armes, l’argent, les pots-de-vin et la trahison) n’excède pas 1 % du peuple palestinien, celui-ci étant à majorité absolue rebelle et animé d’une détermination infinie. Toute l’arrogance de l’occupation associée à la supériorité scientifique n’est pas applicable sur le terrain. Toutes leurs actions indiquent une ignorance absolue de l’essence même du peuple qu’ils occupent par tous les moyens possibles.

Les orchestrations de stratégies sécuritaires et de systèmes militaires invincibles se sont muées en rhétoriques complètement creuses une fois qu’on les a comparées à la détermination et à la persévérance des Palestiniens. Israël a un establishment militaire (répondant, suppose-t-on, aux modèles internationaux de qualité) et, malgré cela, toute l’intelligence de l’occupation israélienne, son budget énorme, son « savoir » scientifique (dont Israël prétend qu’il existe) et sa technologie de haute finalité en vue de contrôler les Palestiniens tombent aux pieds de n’importe quel jeune Palestinien, dont le cœur et l’âme sont emplis d’angoisse et de colère, armé de sa détermination et de son sentiment débordant de l’injustice et de l’oppression et du besoin de remplir son devoir de résistance, et à l’aide d’une technologie et d’un budget très rudimentaires : une simple arme de poing.

L’observation scientifique permanente de la psyché d’un individu palestinien et de son système éthique prouve encore et toujours que, malgré le caractère criminel de l’occupation israélienne et l’oppression émanant de la coordination sécuritaire entre l’AP et « Tel-Aviv », l’esprit palestinien bouillant refuse de s’agenouiller, mais se propulse dans le ciel afin d’agir comme une balise de la liberté ! L’occupation israélienne n’a jamais appris quoi que ce soit sur le peuple palestinien et, depuis le point culminant de la Nakba, en 1948, elle n’a laissé derrière son fascisme consistant à semer le colonialisme de peuplement sur les ruines d’un peuple, qu’un encouragement à résister sur tous les fronts et à refuser de semer des graines étrangères dans ses champs de verdure irrigués par le sang des martyrs palestinien.

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Makram Khoury-Machool est un universitaire palestino-britannique spécialisé dans les relations internationales et dans la communication politique. Il dirige le Centre européen pour l’étude de l’extrémisme à Cambridge, en Grande-Bretagne.

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Publié le 29 janvier 2023 sur Al-Mayadeen
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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