Sauver l’Holocauste de la récupération sioniste

Un survivant du génocide européen dirigé par l’Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale, Stephen Kapos, a démissionné du Parti travailliste britannique suite à une menace d’expulsion du fait qu’il devait prendre la parole lors d’un événement en ligne en mémoire de l’Holocauste, événement organisé par une association de gauche.

Stephen Kapos, survivant de l'Holocauste, lors de l'événement
Stephen Kapos, survivant de l’Holocaust, lors de l’événement. Trouvez son intervention dans une vidéo, publiée plus bas dans l’article

Ali Abunimah, 2 février 2023

Lors de cet événement, j’ai discuté avec Stephen Kapos qui était l’hôte du Socialist Labour Network (Réseau travailliste socialiste), le 27 janvier.

Une autre participante était Suzanne Weiss, qui a survécu à l’Holocauste parce qu’on l’avait cachée aux nazis et à leurs collaborateurs français en l’envoyant dans une zone rurale française. La mère de Suzanne Weiss, toutefois, n’a pas survécu. Elle fut assassinée à Auschwitz.

Au nombre des orateurs et des organisateurs figurait également Tony Greenstein qui, récemment, a pris la parole dans un podcast de The Electronic Intifada sur son nouveau livre, Zionism During the Holocaust : The Weaponization of Memory in the Service of State and Nation (Le sionisme pendant l’Holocauste : Comment on a fait du souvenir une arme au service de l’État et de la nation).

Adrian Richard Marsh a livré une présentation sur les victimes rom et sinti de l’extermination nazie.

On peut voir la totalité de la discussion, modérée par Esther Giles et débutant par mon exposé de dix minutes, dans la vidéo figurant en bas de l’article. À la demande de plusieurs participants, j’ai ajouté plus bas le texte de mon entretien – légèrement retouché.

Le thème central de mon propre commentaire est que l’Holocauste a été présenté – de façon ahistorique et rétroactivement – comme une pierre angulaire de l’Union européenne.

Cette réécriture de l’histoire de l’UE a lieu en parallèle avec la mainmise sur le souvenir de tous ceux qui ont été assassinés en guise de justification de l’établissement de colonies de peuplement sionistes en Palestine, de l’expulsion des Palestiniens autochtones et de la perpétration toujours en cours de l’occupation, du colonialisme de peuplement et de l’apartheid par Israël, et ce, avec le plein soutien de l’Europe.

Je prétends que cette équation doit être rejetée.

La collaboration sioniste avec les nazis

Stephen Kapos est né à Budapest, en Hongrie, en 1937. Lors de l’occupation nazie, son père fut déporté aux camps de concentration de Belsen, puis de Theresienstadt, alors que lui, sa mère et ses frères et sœurs passaient dans la clandestinité en utilisant de faux papiers.

Un demi-million de Juifs hongrois ne purent s’échapper. Ils furent assassinés par les nazis, qui furent aidés entre autres par Rezső Kasztner, le chef du Mouvement sioniste travailliste en Hongrie.

Bien que le sionisme ait été un point de vue minoritaire chez les Juifs de Hongrie à l’époque, la politique sioniste de collaboration joua un rôle important en aidant les nazis à exterminer les Juifs hongrois.

Kasztner savait que les nazis prévoyaient de déporter et d’assassiner les Juifs hongrois. Mais il conclut un marché secret avec les nazis : Il les aiderait à empêcher une rébellion parmi les masses juives hongroises vouées à une mort certaine.

En échange, il lui serait permis de choisir un certain nombre de juifs sortant du lot ainsi que les membres de sa famille afin de quitter le pays en toute sécurité à bord d’un train.

Pendant ce temps, Kasztner et ses agents mentaient aux communautés juives en leur disant que les trains dans lesquels les nazis les faisaient monter les emmenaient dans une autre partie de la Hongrie afin de les y réinstaller. En fait, leur destination était Auschwitz.

Après la guerre, Kasztner se rendit en Israël, où il devint fonctionnaire du gouvernement, homme de radio et candidat parlementaire. En Israël, il dut affronter des accusations de collaboration avec les nazis et il fut amadoué par les dirigeants embarrassés d’Israël afin d’intenter un procès pour diffamation à un pamphlétaire qui avait lancé ces accusations.

Mais le juge israélien estima que les accusations de collaboration étaient fondées.

« On ne peut évaluer les dégâts provoqués par la collaboration de Kasztner et établit le nombre de victimes que cela fit parmi les Juifs hongrois »,

écrivit le juge.

« Ce ne sont pas seulement les milliers de juifs de Nodvarod ou de toute autre communauté de la région frontalière, mais les Juifs dans l’ensemble qui auraient pu s’échapper en franchissant la frontière, si le chef de leur comité de secours avait rempli ses devoirs à leur égard »,

décida le juge.

Vidéo avec Stephen Kapos, survivant hongrois de l’Holocauste

« Je me souviens de l’atmosphère très intimidante et triste au sein des membres de la famille quand ils durent confectionner pour de bon leurs propres étoiles jaunes et les coudre sur leurs vêtements »,

rappelait Stephen Kapos lors de l’événement du 27 janvier, à propos du durcissement des restrictions qui avaient suivi l’invasion nazie en Hongrie, en 1944.

Très rapidement, les nazis avaient forcé les juifs à vivre dans des ghettos surpeuplés ou des maisons également marquées d’étoiles jeunes dans l’attente d’être transportés vers leur mort.

Stephen Kapos dit que son père et ses oncles avaient entendu parler du plan de Kasztner et que, peut-être, par le biais de connexions professionnelles ou familiales, ils s’étaient arrangés pour y faire figurer la famille.

Mais le train à bord duquel on avait fait monter son père ne mit jamais le camp sur la Suisse comme les nazis l’avaient promis. En lieu et place, le père de Stephen Kapos se retrouva à Belsen, puis à Theresienstadt où il faillit mourir de la typhoïde.

En attendant, de retour en Hongrie, Stephen Kapos et d’autres de ses proches furent cachés par des membres de l’Église protestante hongroise, dans le cadre d’un effort secret en vue de protéger les Juifs, effort dirigé par le pasteur luthérien Gabor Sztelho.

Bien que séparés, Stephen Kapos, sa mère et son père survécurent à la guerre et purent finalement se retrouver. Stephen Kapos alla s’installer au Royaume-Uni dans les années 1950 et il y fit toute sa carrière comme architecte.

Menace d’expulsion du Parti travailliste

Quelques jours à peine avant notre discussion du 27 janvier, Stephen Kapos a reçu un courriel d’un responsable du Parti travailliste le prévenant qu’il allait être exclu du parti s’il participait à l’événement de commémoration, parce que le Réseau travailliste socialiste avait été interdit par le Comité exécutif de direction du Parti travailliste.

Stephen Kapos répondit en déclarant :

« En tant qu’enfant survivant et l’un des témoins directs de l’Holocauste de moins en moins nombreux à être toujours vivants, je sens qu’il est impérativement de mon devoir de témoigner et de m’exprimer à ce propos sur toute plate-forme qui m’invitera et devant n’importe quel public disposé à écouter. »

« J’ai une expérience personnelle du projet Kasztner en Hongrie, lequel a été mené par l’idéologie sioniste »,

a expliqué Stephen Kapos.

« Mon père a été victime du projet de Kasztner et il a fini par échouer dans les camps de concentration de Belsen et de Theresienstadt. Moi-même, j’ai été brièvement interné dans un camp de détention dirigé par Kasztner à Budapest. »

« La défense des Palestiniens qui vivent sous une occupation brutale est très importante, à mes yeux, particulièrement en tant que survivant de l’Holocauste »,

a ajouté Stephen Kapos, qui est membre de la Campagne de solidarité avec la Palestine.

« Les Palestiniens vivent sous un système d’apartheid, comme l’ont reconnu Amnesty International et d’autres organisations importantes des droits humains. »

Refusant de se laisser réduire au silence, Stephen Kapos a démissionné du Parti travailliste.

« Votre tentative en vue de m’empêcher carrément de m’exprimer sur l’Holocauste lors de la Journée du souvenir de l’Holocauste a été la goutte d’eau, pour moi »,

a écrit Stephen Kapos.

Sous le dirigeant du Parti travailliste Keir Starmer, qui a déclaré qu’il soutenait le sionisme « sans qualification », il y a eu une escalade de la chasse aux sorcières ciblant les membres de gauche du parti, et tout particulièrement ceux qui soutenaient les droits palestiniens.

Un nombre disproportionné de personnes ayant fait l’objet d’une enquête, d’une suspension ou d’une expulsion via la prétendue campagne de Starmer contre l’antisémitisme sont elles-mêmes juives.

Le texte de mon commentaire

Voici le texte de mon commentaire lors du webinaire du 27 janvier. Il a été légèrement récrit et il comprend quelques remarques que j’avais sautées lors du webinaire afin de respecter les contraintes de l’horaire :

Durant mon adolescence en Belgique, à la fin du 20e siècle, on m’a enseigné que le génocide des Juifs européens, commis par les chrétiens européens sous la direction de l’Allemagne, avait été une atrocité d’une nature singulière.

En vivant à côté de la question de savoir si ce génocide européen dirigé par les nazis devrait être mis à part et au-dessus des génocides par les Européens et les Américains des peuples indigènes des Amérique, de l’Afrique et de l’Asie, il y avait toujours un sentiment de ce que les leçons pouvant être tirées de l’Holocauste européen étaient universelles : Personne, jamais plus et nulle part, ne serait soumis à la persécution et à l’extermination sur des bases raciales.

Je ne me rappelle pas, vivant à Bruxelles à l’époque, que l’Holocauste eût été présenté comme l’événement marquant et fondateur de l’Europe contemporaine.

Par exemple, Katharina von Schnurbein, la coordinatrice de l’UE contre l’antisémitisme, a récemment affirmé : « Jamais Plus est un serment solennel sur laquelle a été bâtie l’UE. »

Des affirmations similaires ont été proférées par d’autres personnalités de l’UE.

En 2020, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a affirmé :

« L’Holocauste a été une tragédie européenne, il a été un tournant de notre histoire et son héritage est inscrit dans l’ADN de l’UE. »

« Se souvenir de la Shoah n’est pas une fin en soi »,

a-t-elle ajouté.

« C’est une pierre angulaire des valeurs européennes. »

Toutefois, prétendre que l’Holocauste a été en quelque sorte le déclencheur de l’intégration politique et économique européenne est faux.

Ce qui allait devenir l’UE a été créé sur l’idée que l’intégration économique, particulièrement entre la France et l’Allemagne, créerait une interdépendance et empêcherait la guerre d’éclater de nouveau sur le continent européen – du moins entre les États de l’Europe occidentale.

La chose est clairement expliquée dans la déclaration de Maurice Schuman, en 1950, déclaration dans laquelle l’intégration européenne a été proposée officiellement pour la toute première fois.

Cette déclaration ne fait aucunement mention de l’Holocauste.

Pas plus que Jean Monnet, l’un des fondateurs de ce qui allait finalement devenir l’UE, ne mentionnait l’Holocauste dans ses importants discours développant les idées qui sous-tendaient le projet européen.

Le traité de Rome de 1957, qui a instauré la Communauté économique européenne (la CEE), qui allait s’étendre par la suite et être rebaptisée l’Union européenne, ne contient aucune allusion à l’Holocauste non plus.

Disons plutôt que, pour concrétiser la vision de Monnet, les premières institutions européennes furent plus qu’heureuses d’intégrer des nazis de fait.

Par exemple, les premiers juges et hauts personnages de la Cour européenne de justice comprenaient d’anciens fonctionnaires des régimes fascistes tant d’Hitler que de Mussolini.

L’historien Perry Anderson fait remarquer par exemple que le juge allemand au tribunal, Otto Riese, était un nazi dévoué qui avait conservé son affiliation officielle au parti d’Hitler jusqu’en 1945.

Karl Roemer, un avocat général à la cour, avait passé la guerre à gérer des sociétés et banques au profit du régime hitlérien en France sous occupation nazie.

Après la guerre, Roemer avait œuvré comme avocat de la défense pour des membres des Waffen SS accusés du massacre de centaines de civils, hommes, femmes et enfants, du village français d’Oradour-sur-Glane.

Un autre avocat général à la Cour européenne fut Maurice Lagrange qui, en France, fut un membre important du régime collaborationniste de Vichy et qui, selon Perry Anderson, « fut chargé de la première vague de persécution des Juifs français ».

Anderson y est allé du commentaire que voici :

« Le fait que des personnages de ce genre furent les ornements de la première cour de justice de l’Europe reflétait, naturellement, le resserrement des rangs politiques après le début de la guerre froide, lorsque ce qui importait n’était pas les crimes du passé fasciste mais la menace du présent communiste. »

Et il est bien établi aujourd’hui que, jusqu’aux années 1970, le ministère allemand de la justice fut lui-même dominé par d’anciens membres du parti nazi.

Ce ne sont que quelques exemples de la façon dont les hitlériens furent intégrés à l’ordre de la guerre froide dirigée par les EU en Europe occidentale.

Il est par conséquent révisionniste de suggérer que la contrition à propos de l’Holocauste ait eu quoi que ce soit à voir avec la fondation de l’Union européenne.

Naturellement, il est bon et nécessaire que les Européens reconnaissent leur passé génocidaire, mais l’élévation de l’Holocauste pour en faire une sorte de pierre angulaire de l’UE a lieu en parallèle avec la mainmise totale sur le souvenir de tous ceux qui ont été assassinés en tant que justification du colonialisme de peuplement sioniste en Palestine, de l’expulsion des Palestiniens autochtones et de la perpétration et de l’apartheid par Israël, avec le soutien entier de l’Europe.

Ici, je ne pourrais exprimer les choses mieux que ne le fait le professeur Joseph Massad de l’Université de Columbia, qui écrivait en mai dernier :

« Depuis la Seconde Guerre mondiale et la création d’Israël en 1948, l’histoire arabe palestinienne et l’histoire juive ont été inextricablement liées. Les sionistes se sont approprié les événements de l’histoire juive, y compris l’Holocauste, dans des buts propagandistes en vue d’affirmer leur ‘droit’ à la Palestine – une terre sur laquelle ils avaient placé leurs prétentions coloniales douteuses un demi-siècle déjà avant le génocide.

« En s’appropriant l’Holocauste, Israël affirme que toute reconnaissance du génocide est une reconnaissance du ‘droit d’Israël d’exister en tant qu’État juif’, alors que toute tentative en vue de rejeter ce droit équivaut à nier l’Holocauste.

« Cette formule a été intégrée à la Déclaration de la création de l’État d’Israël, en 1948 : ‘L’Holocauste nazi, qui a engouffré des millions de juifs en Europe, a prouvé une nouvelle fois l’urgence du rétablissement de l’État juif, qui résoudrait le problème de l’itinérance juive en ouvrant la porte à tous les juifs et en hissant le peuple juif au niveau de l’égalité au sein de la famille des nations.’

« Israël s’est mis à utiliser l’Holocauste avec plus d’insistance dans les années 1960 et 1970 en défense de la violence coloniale israélienne contre les Palestiniens. Il a été demandé aux Palestiniens et aux autres Arabes d’accepter comme un compromis global le lien entre l’Holocauste et le ‘droit d’Israël à exister en tant qu’État juif’. L’ancien Premier ministre David Ben-Gourion affirmait sans équivoque que ‘l’État juif est l’héritier des six millions [de juifs qui sont morts dans l’Holocauste] (…) et le seul héritier’. »

Massad fait également remarquer que l’Organisation de libération de la Palestine et les intellectuels palestiniens ont cherché activement à séparer l’Holocauste – qu’ils ont haï à juste titre – de la création d’Israël, qu’ils ont également haïe à juste titre, parce qu’elle signifiait la destruction de la Palestine.

« Ces tentatives ont été condamnées par Israël, qui rejette aussi l’allégation palestinienne disant que les survivants de l’Holocauste ont quitté l’Europe en tant que réfugiés mais sont arrivés en Palestine en tant qu’immigrants coloniaux armés »,

déclare Massad.

Mais le processus d’association des deux événements ne s’est seulement accéléré qu’au cours des dernières années dans l’équation officielle en Europe et plus généralement en Occident du souvenir de l’Holocauste avec le soutien à Israël et avec le silence sur les crimes de ce dernier.

Cela a pu se voir dans le bon accueil reçu par le président israélien Isaac Herzog, un raciste antipalestinien engagé, au Parlement européen à Bruxelles cette semaine, dans le cadre des commémorations officielles de l’Holocauste par l’UE.


En recevant Herzog, la présidente du Parlement, Roberta Metsola, a déclaré :

« La journée annuelle de commémoration de l’Holocauste est toujours un moment sombre pour tous les membres de notre Parlement et, cette année, elle est particulièrement significative, puisque nous commémorons également le 75e anniversaire de la déclaration de la création de l’État d’Israël. »

En d’autres termes, commémorer l’Holocauste équivaut à célébrer Israël.

Et Metsola de poursuivre en prétendant que le Parlement européen respectait « la promesse intemporelle du plus jamais », entre autres, en se dressant contre « l’agression russe en Ukraine » et « en sanctionnant le régime en Iran qui exécute des jeunes prenant la défense des femmes, de la vie et de la liberté ».

Mais, alors qu’elle se tenait aux côtés de Herzog, Metsola a été absolument silencieuse quant aux crimes d’Israël.

Au lieu de cela, elle a affirmé que

« l’Union européenne et Israël sont liés par une amitié étroite s’appuyant sur une histoire partagée et des valeurs communes de démocratie, de société d’ouverture et de règne de la loi ».

Metsola n’a pas remarqué non plus l’horrible ironie ressortant du fait que le soutien de l’UE à l’Ukraine a signifié en pratique qu’elle a soutenu et armé les acolytes de Stepan Bandera, le collaborateur d’Hitler en Ukraine occidentale occupée par les Allemands et qui, avec ses complices, avait aidé les nazis à assassiner des centaines de milliers de juifs et de Polonais.

Cette fois, nous en sommes venus à un point où le souvenir de l’Holocauste n’a plus trait en fait à la commémoration des victimes du génocide européen, mais à la transformation en arme de leur mémoire pour justifier la dépossession et la persécution des Palestiniens. C’est une situation particulièrement perverse, comme on peut l’imaginer.

Nous, les Palestiniens, avons toujours compris que notre ennemi n’est pas et n’avait jamais été les juifs en tant que tels, mais le sionisme, un mouvement politique, colonial, ultranationaliste et raciste originaire d’Europe, qui se propose faussement d’agir au nom des juifs de partout.

Mais, pour les Européens, et particulièrement les Allemands, qui cherchent à purifier leur conscience, la simple existence des Palestiniens est parfois considérée aujourd’hui comme antisémite.

Considérez le fait qu’à Berlin, lors de la dernière journée de la Nakba, la police avait reçu l’ordre d’arrêter toute personne qui déployait un drapeau palestinien ou même qui portait un keffieh.

La formule européenne est simple :

« Nous, les Européens, allumons des chandelles et prononçons des discours pieux qui montrent que nous sommes de braves gens, mais ce sont les Palestiniens qui paieront de leur terre et de leurs vies le prix des crimes de nos ancêtres. »

C’est une formule que le peuple palestinien ne pourra ni ne voudra jamais accepter. Les Palestiniens ne paieront pas le prix des crimes horribles de l’Europe.

En tant que Palestinien, en tant qu’être humain, je profite de ce moment pour honorer la mémoire et les vies de toutes les victimes et de tous les survivants du génocide européen dirigé par l’Allemagne et pour exprimer ma solidarité avec les juifs et avec tous les gens qui sont confrontés à la discrimination, à la haine et à la persécution à cause de leur identité.

Honorer véritablement leur souvenir signifie s’engager en faveur de « jamais plus, contre personne » et jamais plus, par personne, y compris Israël.

Nous devons dire : Plus jamais les victimes de l’oppression raciale ne justifieront l’oppression d’autrui sur le plan racial en s’en rapportant au fait que leur propre oppression antérieure leur accorde une licence d’oppression.

Merci.

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Trouvez ici la vidéo de l’événement :

 

 

Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impasse

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Publié le 2 février 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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Lisez également : Pourquoi Israël a refusé la solidarité palestinienne avec les victimes de l’Holocauste

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