L’arrestation de l’activiste propalestinien était illégale, tranche un tribunal berlinois

À Berlin, les activistes fêtent la victoire après qu’un tribunal a annulé les charges contre l’un de leurs membres qui était accusé d’avoir manifesté « illégalement » pour soutenir les droits palestiniens.

 

À Berlin, les activistes fêtent la victoire après qu’un tribunal a annulé les charges contre l’un de leurs membres

Ali Abunimah, 17 février 2023

 

« Nous célébrons l’annulation des charges absurdes contre l’un de nos camarades et nous demandons la même chose pour tous ceux qui ont été arrêtés »,

a déclaré le Bund juif, une organisation antifasciste de gauche.

 

« L’interdiction honteuse de la commémoration et des protestations lors de la dernière Journée de la Nakba a été une autre date marquante dans la criminalisation des Palestiniens et de la solidarité avec la Palestine en Allemagne, sous le prétexte de « combattre l’antisémitisme »,

a ajouté l’organisation.

L’activiste du Bund, qui a choisi de garder l’anonymat en même temps que ses camarades, fait partie des deux douzaines de personnes, dont des Palestiniens, qui sont confrontées à des amendes et à des procédures pénales pour avoir violé une interdiction par la police de tout déploiement en public d’un quelconque soutien aux droits palestiniens le 15 mai dernier (journée de la commémoration annuelle de la Nakba) et les jours entourant cette date.

C’est le 15 mai effectivement que les Palestiniens commémorent le nettoyage ethnique de la Palestine en 1948, quand 800 000 Palestiniens ont été chassés ou ont fui leurs foyers lors de l’offensive des milices coloniales sionistes, soutenues par les Britanniques, qui ont instauré Israël.

 

La répression policière

Lors de la dernière Journée de la Nakba, la police berlinoise a parcouru les rues pour attaquer, harceler et arrêter toute personne soupçonnée de montrer son soutien aux droits palestiniens, que ce soit en portant un foulard traditionnel palestinien ou en exhibant un drapeau.

Nombre de badauds ont été englobés dans la répression.

Mais, jeudi, un tribunal de Berlin a rejeté les charges contre l’activiste juif, le premier des procès de la Journée de la Nakba à passer devant le tribunal.

« La cour a estimé l’arrestation illégale en raison de l’interdiction de la manifestation autour de la Nakba et elle a par conséquent clôturé indépendamment l’affaire »,

a expliqué à The Electronic Intifada Ahmed Abed, l’avocat qui représentait les activistes.

« L’accusé défendait la liberté de rassemblement pour manifester contre les crimes israéliens »,

a ajouté Ahmed Abed.

« La pression publique a aidé le tribunal à renoncer à le punir. »

Mais l’avocat a mis en garde contre le fait que cette décision ne couvrait que ce cas individuel et qu’elle n’empêcherait pas nécessairement les autorités berlinoises d’émettre de nouvelles restrictions à la liberté d’expression.

« Malgré la victoire au tribunal, il continuera sans doute à y avoir de sévères restrictions, voire des interdictions, cette année »,

a prévenu l’avocat.

C’est la raison pour laquelle les activistes ont lancé une campagne contre de futures interdictions. Ils récoltent également des fonds en ligne pour aider à payer les coûts juridiques et autres relatifs à la lutte dans les affaires en cours.

Lors de l’audience de jeudi, des activistes se sont rassemblés à l’extérieur du tribunal berlinois.

 

L’hypocrisie allemande

Alors que toute interdiction de la liberté d’expression devrait provoquer l’indignation dans un pays qui se prétend une démocratie, le Bund juif a fait remarquer la situation particulièrement scandaleuse qui règne en Allemagne, où le soutien inconditionnel à Israël – même s’il commet des atrocités contre les Palestiniens – est perçu par les élites comme une expiation de l’Holocauste.

« Au nom de la ‘culture du souvenir’, l’Allemagne interdit aux Palestiniens de pleurer la Nakba »,

a déclaré le Bund juif.

« Le simple fait de mentionner la Palestine ou même de hisser un drapeau palestinien est immédiatement présenté comme potentiellement antisémite. »

Pendant ce temps, estime l’organisation,

« les Allemands blancs, de Weimar à Neukölln, membres d’organisations antisémites bien connues, dont certaines sont les successeuses mêmes du parti nazi, se voient accorder un ‘droit plus étendu à la liberté d’opinion’ que les Palestiniens qui essaient de pleurer l’horreur universellement reconnue de la Nakba. »

S’adressant aux Allemands, le Bund juif ajoute :

« Mus par la complexe de culpabilité pour les crimes de vos ancêtres, vous vous tapez vous-mêmes sur l’épaule en réduisant au silence les Palestiniens, tout en ignorant la présence nazie croissante parmi vos contemporains – comme cela est indigne et hypocrite ! »

Le Bund juif exige que les procureurs berlinois laissent tomber toutes les charges restantes

« et qu’ils se concentrent sur le problème longtemps ignoré de la complicité de l’État avec – et de son inaction contre – les organisations racistes et antisémites ».

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Publié le 17 février sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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