En Nouvelle-Zélande, les activistes défient l’interdiction d’exhiber les couleurs palestiniennes dans la capitale

Le maire de la capitale de la Nouvelle-Zélande s’est opposé aux plans en vue d’illuminer d’un des édifices exemplatifs de la ville aux couleurs du drapeau palestinien, après que le gouvernement lui avait dit que la chose pourrait choquer Israël.

Des activistes ont mis en scène une « projection de guérilla » à Wellington après que le maire de la capitale néo-zélandaise avait interdit l’illumination pourtant prévue d’un important édifice aux couleurs de la Palestine. (Photo : Justice for Palestine)

Des activistes ont mis en scène une « projection de guérilla » à Wellington après que le maire de la capitale néo-zélandaise avait interdit l’illumination pourtant prévue d’un important édifice aux couleurs de la Palestine. (Photo : Justice for Palestine)

Ali Abunimah, 17 mai 2022

Le Centre Michael Fowler, une salle de concert et de rencontre située au centre de Wellington, avait été illuminée aux couleurs du drapeau de l’Ukraine quelques jours après que les forces russes avaient envahi cette dernière, en février.

Il avait également été illuminé l’an dernier afin de soutenir les droits trans.

Mais, quand la conseillère Tamatha Paul a promu avec insistance une initiative en vue d’illuminer l’édifice aux couleurs de la Palestine en préambule de la Journée de la Nakba, le maire Andy Foster a carrément annulé le plan.

Célébrée chaque année le 15 mai, la Journée de la Nakba commémore le nettoyage ethnique, en 1948, d’environ 800 000 Palestiniens avant et après la proclamation de l’État d’Israël sur les ruines de nombreux villages, villes et cités de Palestine.

Selon The Dominion Post, le maire a bloqué l’initiative

« après que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce extérieur (le MFAT) avait exprimé des inquiétudes à propos des sensibilités israéliennes ».

L’illumination « était

prête à être lancée lundi, jusqu’au moment où Foster avait pris conseil auprès du MFAT, qui lui avait dit que cette action « pouvait être interprétée comme une reconnaissance d’État »,

a ajouté le journal.

Le maire a confirmé qu’il « n’avait pas cherché de conseil à l’extérieur lors des récentes décisions d’illuminer le centre aux couleurs de l’Ukraine et à celles des trans », a encore dit le journal.

La conseillère de la ville, Tamatha Paul a condamné les « deux poids, deux mesures » utilisés par le monde politique, ajoutant que le maire avait été

« démocratiquement élu par tous les citoyens, y compris les Palestiniens de Wellington, qui ont été particulièrement affectés par la Nakba et ont le droit d’entretenir le souvenir de leur histoire ».

L’interdiction pourrait être interprétée comme un autre exemple où l’on traite la Palestine et les Palestiniens comme des exceptions dans un « Occident » pourtant censé démocratique. Dimanche, la police de Berlin a agressé et arrêté des activistes tout simplement parce qu’ils portaient des foulards traditionnels palestiniens, et ce, en sus d’une interdiction catégorique de toute manifestation de soutien à la Palestine.

Les activistes de Wellington, à l’instar de ceux de la capitale allemande, ont décidé de ne pas se laisser faire.

Lundi soir, l’organisation de solidarité Justice for Palestine a opéré une « projection de guérilla » à l’adresse des structures publiques.

« Le drapeau de la Palestine et l’effigie de Shireen Abu Akleh ont illuminé Te Whanganui-a-Tara le soir même, sur le côté du musée Te Papa,

a déclaré Justice for Palestine sur Facebook, utilisant le nom maori de la ville.

« Le maire Foster, suite aux conseils du MFAT, nous a empêchés d’éclairer le Centre Michael Fowler aux couleurs palestiniennes. Mais nous l’avons quand même fait,

a ajouté l’organisation.

Alternative Jewish Voices New Zealand (Voix alternatives juives – NZ) a condamné l’action du gouvernement et de la ville visant à réduire les Palestiniens au silence.

« Une fois encore, les Palestiniens ont été empêchés de s’exprimer parce que quelqu’un pourrait s’en plaindre. Oubliez la validité des plaintes – il n’y avait rien à évaluer »,

a déclaré l’organisation de solidarité.

« La simple perspective de discours palestiniens ou du déploiement d’un drapeau palestinien a été problématisée à l’avance. »

John Minto, président du Réseau Aotearoa (= NZ, NdT) de solidarité avec la Palestine, a écrit à la ministre des Affaires étrangères Nanaia Mahuta en lui demandant

« d’annuler les conseils adressés par les responsables du MFAT et de retirer l’objection adressée au Conseil municipal de Wellington d’illuminer le Centre Fowler aux couleurs du drapeau palestinien ».

Mais, selon la correspondance tombée sous les yeux de The Electronic Intifada, aucune réponse n’a été reçue, ni de Nanaia Mahuta, ni de ses fonctionnaires.

Malgré l’interdiction prononcée par Wellington, des événements de solidarité avec la Palestine ont eu lieu dans des lieux publics à Auckland et à Christchurch.

Il y a également eu des critiques de la réponse terne du gouvernement de la Première ministre Jacinda Ardern à propos de l’assassinat de Shireen Abu Akleh.

Dimanche, quelques jours après ce triste événement, Nanaia Mahuta a tweeté que

« Aotearoa – NZ avait été profondément attristée par la mort de la journaliste d’Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, à Jénine et part les violences qui ont eu lieu lors de ses funérailles ».

Aotearoa est le nom maori du pays.

« Nous réclamons une enquête indépendante, transparente et approfondie sur les circonstances de sa mort »,

a ajouté la ministre des Affaires étrangères.

Nanaia Mahuta, la première femme autochtone à occuper la plus haute fonction diplomatique de la Nouvelle-Zélande, a oublié de mentionner qui a tué Shireen Abu Akleh – toutes les preuves désignent Israël de façon écrasante – ou qui a agressé le cortège funéraire – Israël, une fois de plus.

La réaction essentiellement négative à la déclaration tardive de Nanaia Mahutai a attiré l’attention des médias.

« Il est embarrassant qu’après cinq jours, cette déclaration particulièrement tiède soit la meilleure chose qu’Aotearoa ait pu faire »,

a écrit l’un des nombreux critiques.

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Ali Abunimah, cofondateur et directeur exécutif de The Electronic Intifada, est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine, paru chez Haymarket Books.

Il a aussi écrit : One Country : A Bold Proposal to end the Israeli-Palestinian Impa

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Publié le 17 mai 2022 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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