Les troupes israéliennes tuent 3 Palestiniens en Cisjordanie

 Vendredi 7 juillet, les militaires israéliens ont tué trois Palestiniens en Cisjordanie occupée après que, la veille, un soldat avait été tué par balles dans une colonie.

Le 7 juillet, des Palestiniens portent les corps de deux des leurs, tués par les troupes israéliennes à Naplouse dans le nord de la Cisjordanie

Le 7 juillet, des Palestiniens portent les corps de deux des leurs, tués par les troupes israéliennes à Naplouse. (Photo : Alaa Badarneh / EFE)

 

Maureen Clare Murphy, 7 juillet 2023

Vendredi après-midi, Abd al-Jawad Hamdan Saleh, 24 ans, est mort après avoir été touché à la poitrine par des soldats à Um Safa, une localité proche de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie.

Les forces israéliennes se sont déployées sur Um Safa au moment des prières du vendredi qui avaient lieu sur la place principale du village, juste avant une marche de protestation contre un avant-poste d’une colonie toute proche.

Un membre du conseil du village a expliqué à WAFA, l’agence d’information officielle palestinienne, que les soldats avaient fermé toutes les entrées d’Um Safa et qu’ils s’étaient positionnés sur les toits des immeubles les plus élevés.

Pendant ce temps, des colons attaquaient les villageois sous la garde de l’armée.

Um Safa est de plus en plus harcelé par les colons israéliens qui, le mois dernier, ont détruit toute une série de jeunes oliviers dans le village.

Fin juin, dans le village, des colons, dont certains étaient armés de fusils, avaient bouté le feu à des maisons et à des véhicules et ce, sous la garde des paramilitaires de la police israélienne des frontières, après que quatre Israéliens avaient été tués au cours d’une fusillade dans une colonie. Les colons déchaînés

« avaient tiré sans discrimination sur tout ce qui se trouvait sur leur chemin, y compris des habitations et des véhicules »,

selon WAFA.

Plus tôt, le même jour, deux hommes avaient été tués par les forces israéliennes à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, au cours de ce qui aurait aisément pu passer pour des exécutions extrajudiciaires.

Des soldats ont fait irruption dans un quartier de la Vieille Ville de Naplouse et ont entouré un bâtiment dans une débauche de coups de feu, tout en exigeant que les deux hommes se rendent.

Les autorités israéliennes ont prétendu que les deux hommes – Khairi Shahin, 34 ans, et Hamza Maqbul, 32 ans – avaient été « tués au cours d’un échange de coups de feu avec nos forces ».

Toutefois, des témoins oculaires palestiniens ont affirmé aux journalistes que les hommes avaient été tués après avoir déposé les armes et demandé aux militaires de ne pas tirer.

Un des témoins a expliqué aux médias qu’il avait entendu un soldat s’adresser à l’un des hommes qui se tenaient dans une maison et lui dire de se rendre. L’homme avait répondu qu’il était désarmé mais qu’il craignait de sortir parce que les soldats pourraient l’abattre.

Après une dizaine de minutes de négociations, l’homme avait accepté de sortir – et il l’avait fait, les mains en l’air, tout en suivant les instructions du soldat. Malgré les promesses verbales claires de la part du soldat, disant que l’homme ne serait pas abattu s’il se rendait, l’homme le fut quand même par les soldats israéliens quelques secondes à peine après être sorti de la maison, ont ajouté les témoins oculaires.

Israël prétend que les hommes tués à Naplouse vendredi avaient tiré sur un véhicule de la police dans une colonie à proximité de Naplouse, mercredi. Il y avait eu des dégâts, mais pas de blessés, dans cette attaque.

Jeudi, un soldat israélien de la brigade Givati a été tué près de la colonie de Kedumim, dans le nord de la Cisjordanie.

Le soldat a été abattu et tué sur le coup par un assaillant palestinien assis dans une voiture qui avait été arrêtée pour inspection par la patrouille de sécurité à proximité de la colonie, a rapporté Haaretz, le quotidien de Tel-Aviv.

Le tireur palestinien supposé, Ahmad Yassin Ghaidhan, 19 ans, du village de Qibya, a été tué à son tour par des militaires.

Très tôt vendredi, des militaires ont fait incursion dans le village de Qibya et ont pris les mesures de la maison appartenant à la famille de Ghaidhan en préparation de sa démolition. Israël démolit habituellement les maisons des Palestiniens qu’il accuse d’attentats. Il s’agit d’une action de punition collective qui est interdite par les lois internationales.

Le Hamas a revendiqué la responsabilité de l’attentat de Kedumim.

L’organisation de résistance a lancé un avertissement à l’adresse de Bezalel Smotrich – le ministre israélien des Finances qui vit précisément à Kedumim et qui cherche à imposer un pouvoir théocratique juif à toute la Palestine historique – disant que ses combattants « avaient presque frappé à sa porte ».

Les brigades Qassam, l’aile armée du Hamas, ont déclaré jeudi qu’elles étaient également responsables de la fusillade du 20 juin dans la colonie d’Eli, au cours de laquelle quatre Israéliens avaient été tués. Les brigades Brigades ont ajouté que c’était en réponse à un raid à Jénine, deux jours plus tôt, qui avait tué six Palestiniens.

Le Hamas a dit qu’il était également responsable d’un attentat à la voiture-bélier mardi à Tel-Aviv, au cours duquel sept Israéliens avaient été blessés, dont certains grièvement. L’assaillant palestinien présumé avait été abattu et tué sur les lieux mêmes de l’attentat.

Abu Obaida a expliqué que les attentats de Tel-Aviv et de Kedumim étaient une « réponse aux crimes de l’ennemi à Jénine ».

 

Le 6 juillet, des soldats israéliens fouillent des véhicules à un check-point situé près de la colonie de Kedumim, dans le nord de la Cisjordanie.

Le 6 juillet, des soldats israéliens fouillent des véhicules à un check-point situé près de la colonie de Kedumim, dans le nord de la Cisjordanie. (Photo : Mohammed Nasser / APA images)

 

Au moins 12 Palestiniens et un soldat israélien ont été tués lors d’une offensive militaire de deux jours la semaine dernière à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie – c’était la plus grosse opération israélienne en Cisjordanie depuis environ deux décennies.

Israël a lancé des frappes aériennes et une offensive terrestre, laissant derrière lui de très importantes destructions dans le camp de réfugiés de Jénine.

Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a déclaré vendredi qu’il avait été « profondément secoué » par les événements de Jénine, ajoutant que

« manifestement, dans cette situation, il y avait eu un recours excessif à la force par les forces israéliennes ».

Un groupe d’experts indépendants des droits de l’homme travaillant pour l’ONU a déclaré mercredi que les frappes aériennes et l’invasion israéliennes pouvaient constituer un crime de guerre.

Plus de 190 Palestiniens ont été tués par la police, l’armée et les colons israéliens depuis le début de l’année, ou sont morts de blessures subies antérieurement, selon les calculs de The Electronic Intifada. Parmi ces morts figurent 33 garçons et filles.

Le nombre des pertes palestiniennes en 2023 a déjà éclipsé celui de l’année précédente. Trente personnes en Israël et Israéliens en Cisjordanie, dont cinq enfants, ont été tués par des Palestiniens dans le contexte de l’occupation, ou sont morts de blessures subies antérieurement, durant la même période.

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Maureen Clare Murphy est rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 7 juillet 2023 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

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