Les Pays-Bas rejettent les calomnies de Wilders contre Al Mezan à Gaza

Le financement par les Pays-Bas d’Al Mezan avait été remis en question par Geert Wilders, dirigeant du Parti de la Liberté, et par deux autres membres du Parlement appartenant eux aussi au groupe d’extrême droite.

L'ONG Monitor attaque les associations palestiniennes des droits de l'homme afin de saper leur travail visant à mettre un terme à l'impunité israélienne. (Photo : Ahmad Al-Bazz ActiveStills)

L’ONG Monitor attaque les associations palestiniennes des droits de l’homme afin de saper leur travail visant à mettre un terme à l’impunité israélienne. (Photo : Ahmad Al-Bazz ActiveStills)

Maureen Clare Murphy, 23 octobre 2020

Une campagne visant à saper le travail des organisations palestiniennes des droits de l’homme en les associant à des groupes « terroristes » vient de subir un contrecoup important.

Plus tôt, ce mois-ci, le gouvernement des Pays-Bas avait déclaré qu’il n’y avait « aucune raison de présumer » qu’il y eût des liens entre Al Mezan, une organisation des droits humains de Gaza, et l’organisation de gauche Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP).

Le financement par les Pays-Bas d’Al Mezan avait été remis en question par Geert Wilders, dirigeant du Parti de la Liberté, et par deux autres membres du Parlement appartenant eux aussi au groupe d’extrême droite.

Après la publication d’un document diffamant Al Mezan et émanant de l’ONG Monitor, une organisation antipalestinienne aux liens étroits avec le gouvernement israélien et le mouvement des colons, les députés hollandais avaient émis des accusations affirmant que « l’argent hollandais aidait des terroristes palestiniens ».

Le document en question répète les calomnies éculées utilisées par les organisations proches d’Israël contre les associations palestiniennes des droits de l’homme qui s’emploient à faire réclamer des comptes à Israël par des institutions mondiales telle la Cour pénale internationale.

L’ONG Monitor décrit Al Mezan comme

« très active dans les campagnes juridiques contre Israël » et la critique pour ses « tentatives en vue de faire délivrer des mandats d’arrêt contre des officiels israéliens et ce, pour ”crimes de guerre” supposés ».

L’ONG installée à Jérusalem affirme que des photos et des posts publiés sur les médias sociaux prouvent des liens entre, d’une part, le Conseil d’administration et l’équipe d’Al Mezan et, d’autre part, le FPLP et le Hamas, qui sont désignés comme groupes « terroristes » par l’Union européenne.

Des allégations rejetées

Dans sa réponse de sept pages, le gouvernement hollandais déclare qu’il « prend de telles allégation au sérieux », mais qu’il déclare infondées les affirmations de l’ONG Monitor.

Le gouvernement hollandais affirme que transmettre des violations supposées aux institutions internationales sont des activités « légitimes » et normales pour des organisations des droits humains.

Et d’ajouter qu’il fait objection aux posts des médias sociaux concernant la résistance armée venant de la part des membres de l’équipe d’Al Mezan en leur capacité personnelle. Il a encore ajouté que ces posts avaient été créés avec Al Mezan, qui, d’après lui, allait veiller à ce qu’ils soient supprimés.

Toutefois, un consensus international reconnaît que les peuples occupés et colonisés ont le droit de résister par les armes à toute domination étrangère.

Et, alors qu’elle impose des conditions draconiennes au financement des ONG palestiniennes, l’UE récompense Israël pour ses crimes.

Il en résulte une « restriction croissante de l’espace civique » dans lequel les organisations palestiniennes des droits humains peuvent opérer – et c’est bien là l’intention du gouvernement israélien et des organisations qui lui sont proches.

« Des incitations malveillantes »

Tout en accueillant favorablement la réponse du gouvernement hollandais aux réclamations introduites par l’ONG Monitor, Al Mezan a demandé le rejet sans équivoque des « incitations malveillantes » destinées à protéger Israël contre toute demande de comptes.

L’ONG Monitor, qui se présente comme une organisation « chien de garde », a favorisé des alliances avec des personnalités et partis d’extrême droite en Europe et ce, dans le cadre de ses efforts en vue de consolider un soutien inconditionnel à Israël.

Cela fait partie d’une tendance générale de groupes étroitement alignés sur Israël à trouver une cause commune avec les extrémistes en Europe, y compris des négationnistes de l’Holocauste.

Les opinions antimusulmanes de Wilders ont été abondamment citées avec approbation dans le manifeste d’Anders Breivik, qui avait massacré des douzaines de personnes en Norvège en 2011.

Le politicien hollandais a également donné son soutien aux efforts israéliens en vue d’annexer des terres de la Cisjordanie en violation des lois internationales.

Il y a dix ans, l’ONG Monitor avait ciblé une organisation d’aide hollandaise pour son soutien financier à The Electronic Intifada, en s’appuyant sur les allégations diffamatoires qui sont caractéristiques de ses campagnes de calomnie.

Aujourd’hui, le département d’État américain s’appuie sur les allégations de l’ONG Monitor qui, dit-on, est en passe de dénoncer d’éminentes organisations internationales, comme Amnesty International, Human Rights Watch et Oxfam comme « antisémites ».

Le département d’État met ces groupes en évidence du fait qu’ils défendent les droits palestiniens.

Des moyens massifs ont été déployés pour étouffer le travail des organisations qui contestent l’impunité israélienne.

Mais, en dépit de ces manœuvres d’intimidation, ces demandes de comptes pourraient bien se rapprocher du fait que la Cour pénale internationale avance petit à petit vers l’ouverture d’une enquête à grande échelle sur les crimes de guerre en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Un peu plus tôt cette année, les médias israéliens ont rapporté que le gouvernement compilait

« une liste secrète d’officiels de l’armée et des renseignements qui pourraient être soumis à des arrestations à l’étranger »,

au cas où une enquête de la CPI devrait avoir lieu.


Publié le 23 octobre 2016 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal
 

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