Des colons s’en prennent à la famille du gréviste de la faim Maher al-Akhras

Une vidéo publiée par des médias locaux cette semaine montrait des Israéliens harcelant la famille de Maher al-Akhras à l’intérieur même du Centre médical Kaplan et menaçant même de le tuer.

Tamara Nassar, 26 octobre 2020

21 octobre 2020. Une fresque en l'honneur du gréviste de la faim palestinien Maher al-Akhras, dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. (Photo : Ashraf Amra APA images)

21 octobre 2020. Une fresque en l’honneur du gréviste de la faim palestinien Maher al-Akhras, dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. (Photo : Ashraf Amra APA images)

Al-Akhras reste gravement malade. En refusant de prendre la moindre nourriture depuis plus de 90 jours, il proteste contre son emprisonnement sans accusation ni procès par Israël.

Une vidéo publiée par des médias locaux cette semaine montrait des Israéliens harcelant la famille d’al-Akhras à l’intérieur même du Centre médical Kaplan et menaçant même de le tuer.

https://twitter.com/ALquds_News/status/1320251742957821952?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1320251742957821952%7Ctwgr%5Eshare_3%2Ccontainerclick_1&ref_url=https%3A%2F%2Felectronicintifada.net%2Fblogs%2Ftamara-nassar%2Fisraelis-mock-abuse-family-hunger-striker

 

On peut entendre les Israéliens chanter un chant nationaliste juif et criant « Nous vous vaincrons ».

Taguid, la femme d’Al-Akhras, a déclaré à l’agence de presse palestinienne Safa que leurs enfants et la mère de son mari étaient dans le couloir à l’extérieur de sa chambre quand ils avaient été pris à partie par des colons.

Safa a expliqué que les Israéliens scandaient également qu’al-Akhras était un « terroriste » qui méritait d’être tué. Le personnel sécuritaire israélien, a-t-il été dit, était présent, mais n’est pas intervenu quand les membres de la famille d’al-Akhras ont été agressés dans les couloirs de l’hôpital.

Un spécialiste des droits de l’homme des Nations unies réclame la libération immédiate.

Vendredi, Michael Lynk, le rapporteur spécial de l’ONU dans les territoires palestiniens occupés, a déclaré que les médecins qui examinaient al-Akhras expliquaient qu’il « était sur le point de souffrir d’un dysfonctionnement majeur de ses organes », ajoutant que « certaines lésions pourraient être irréversibles ».

Lynk a demandé à Israël de relâcher « immédiatement », sauf s’il avait des preuves « qui seraient acceptables dans tout état démocratique ».

Israël accuse al-Akhras d’être membre de l’organisation politique palestinienne de résistance du Djihad islamique, ce que nie al-Akhras.

Israël considère quasiment tous les partis politiques palestiniens comme des organisations « terroristes », ce qui signifiee que toute personne politiquement active pourrait être ciblée à des fins d’arrestation.

Le rapporteur spécial a également demandé à Israël d’abolir sa pratique de la détention administrative, puisqu’elle constitue « un anathème dans toute société démocratique qui suit les règles des lois ».

Avec ses ordonnances de détention administrative, Israël peut emprisonner des individus sans accusation ni procès et les personnes ainsi arrêtées n’ont pas le droit de voir les preuves contre elles.

En septembre, 350 Palestiniens, dont deux députés, étaient emprisonnés en détention administrative en Israël.

Libération refusée

Al-Akhras, 49 ans et père de six enfants, vient de la localité de Silat al-Dahr, près de Jénine, en Cisjordanie occupée.

Israël l’a emprisonné à plusieurs reprises et il y a passé en tout cinq ans en prison.

Les forces israéliennes l’ont arrêté une nouvelle fois le 27 juillet et lui ont signifié une ordonnance de détention administrative de quatre mois, laquelle peut-être renouvelée à l’infini.

Al-Akhras a décidé immédiatement de refuser toute nourriture.

Israël n’a fait valoir aucun chef d’accusation contre lui et il n’a pas eu de procès non plus, pas même dans un tribunal militaire israélien, où le taux de condamnation des prévenus palestiniens est d’à peu près 100 pour 100.

À de multiples reprises, son avocat, Ahlam Haddad, a adressé des requêtes à la cour suprême afin qu’elle fasse libérer al-Akhras.

La cour suprême a chaque fois rejeté toutes les requêtes, insistant sur le fait qu’al-Akhras resterait emprisonné jusqu’à la fin de son ordre de détentioin administrative, le 26 novembre, et ce, bien que la cour ait admis qu’il ne constituait en aucun cas une menace, vu son état de santé.

La « neutralité » de la Croix-Rouge

Dans sa première déclaration depuis qu’al-Akhras a entamé sa grève de la faim, le Comité international de la Croix-Rouge s’est dit « sérieusement inquiet » de l’état de santé « critique » d’al-Akhras.

Et d’ajouter qu’il « ne soutenait ni ne rejetait les grèves de la faim », en sa qualité d’organisation humanitaire.

Mais, malgré sa position « neutre » autodéclarée, la Croix-Rouge a imputé la responsabilité au prisonnier, à ses représentants et aux « autorités compétentes » pour « trouver une solution qui évitera toute perte de vie humaine ».

Pompeo défend Israël

Pendant ce temps, lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière, un journaliste a demandé au secrétaire d’État américain Mike Pompeo un commentaire sur la grève de la faim d’al-Akhras.

« Il en est à son 87e jour de grève de la faim, il est sur le point de mourir », a dit Said Arikat, du journal palestinien Al-Quds, à Pompeo.

Pompeo a refusé de se prononcer sur le cas d’al-Akhras ou sur la détention administrative en général mais a affirmé qu’Israël avait

« le droit de se défendre et de prendre les décisions appropriées nécessaires pour assurer sa propre sécurité, et nous continuerons à défendre ce point de vue ».


Publié le 26 octobre sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal

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